« Watringue » : différence entre les versions

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{{À sourcer|date=novembre 2023}}{{voir homonymes|Watergang}}
[[Image:P4040396 Watergang v d Benteleres.JPG|thumb|Modèle d'un petit watergang, de la taille d'un fossé, mais dont le profil évasé permet d'augmenter la contenance et le débit au fur et à mesure de la montée de l'eau ; l'enherbement le protège de l'érosion et la pente relativement douce rend visibles les [[rat musqué|rats musqués]] aux prédateurs ou piégeurs.]]
 
Une '''watringue''', '''wateringue''' ou un '''watergang''' est un [[fossé (infrastructure)|fossé]] ou un ouvrage de [[drainage agricole|drainage]] à vocation de dessèchement de bas-marais, de zones humides ou inondables situées en plaines maritimes sous le niveau des hautes mers ([[polder]]s), aux Pays-Bas, en Belgique et en France.
 
LDans le nord de la France, l'expression « les wateringues » peut également désigner {{citation|une association syndicale forcée de propriétaires<ref>Cadart, F. X. (2004)., « Les wateringues, une association syndicale forcée de propriétaires (Doctoral» (dissertation doctorale, Lille 2).</ref>}}, aujourd'hui dénommée [[Institution interdépartementaleintercommunale des wateringues]], qui doit notamment gérer les interactions entre [[eau douce]] et [[eau marine]]<ref>Longuepée, J., & Petit, O. (2007) [http://tem.revues.org/503 ''« Les interactions entre eau douce et eau marine : étude des risques potentiels et modalités de gestion »], ''. Territoire en mouvement. Revue de géographie et aménagement]. Territory in movement Journal of geography and planning,'' (1), 14-30.</ref>.
 
== Étymologie ==
« Watringue » est un terme masculin ou féminin provenant du [[néerlandais]] ''{{lang|nl|watering (wetering)}}'', lui-même issu du terme ''{{lang|nl|water}}'' qui signifie « [[eau]] » en [[néerlandais]].
 
Ce terme est utilisé en France dans la [[région française|région]] [[Hauts-de-France]], en [[Belgique]] et aux [[Pays-Bas]]{{refnec}}.
 
Par [[métonymie]], le mot décrit aussi l'association (parfois obligatoire) des propriétaires qui financent en commun les travaux d'entretien et de fonctionnement du réseau. Dans le Nordnord de la France, le réseau est divisé en « sections de wateringues » dont les membres doivent entretenir leur réseau, avec l'aide de l'administration et de subventions de collectivités le cas échéant.
 
== Utilisation ==
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=== Christianisation du pays ===
Plusieurs tentatives seront effectuées. La première se fait au {{s-|IV|e}} par deux prêtres de Rome mais ils furent chassés du pays. Un siècle plus tard, [[saint Victrice]], soldat converti et évêque de Rouen, commence avec succès l'évangélisation mais les Francs réduisent à néant son œuvre. Il faudra attendre les {{sp-|VI| et |VII|}}s pour que les institutions monastiques s'installent, dont la première à [[Thérouanne]].
[[Audomar|Saint Omer]], l'évêque de Thérouanne, dira de ''Sithiu'' (aujourd'hui la ville de [[Saint-Omer (Pas-de-Calais)|Saint-Omer]]) ''{{citation|Basilica in insula Sithiu, ubi antea monasterium}}'', ce qui prouve l'insularité de Saint-Omer et que l'asséchement n'est pas encore commencé. Malgré tout, l'expansion du christianisme est rapide dans les Flandres grâce à [[saint Mommelin]], [[Bertin de Sithiu|saint Bertin]], ou encore [[Winoc de Bergues|saint Winoc]]. En fait, cette christianisation sera surtout due à la faculté des moines de cultiver les terres marécageuses en les asséchant. Mais à chaque fois, cette progression des terres cultivables s'arrête à la limite du domaine. Les gens vont suivre ces préceptes et on s'arrange pour envoyer l'eau chez son voisin, occasionnantce qui suscite de nombreuses querelles.
 
Toutefois les inondations de l'Aa (eau douce) et les fortes marées (eau salée) ainsi que les invasions normandes empêchèrent l'agrandissement de ces domaines. Pendant tout ce temps, les cultures ne furent pratiquées que sur des hauteurs, sans doute quelques cultures estivales voire épisodiques étaient pratiquées sur les terres les plus basses, recouvertes au gré des inondations.
 
=== Les comtes de Flandre ===
Bauduin {{Ier}}, dit « Bras de fer », hérite du [[comté de Flandre]] par mariage avec la fille de [[Charles le Chauve]]. Les invasions normandes font rage mais il faudra attendre 100une anscentaine plus tardd'années, ausoit le milieu du {{s-|X|e}}, pour que [[Baudouin III de Flandre|Baudouin III]] s'émeuve des actes de barbarie et fortifie plusieurs bourgs dans lesquels les paysans viennent se réfugier.
Le pouvoir central n'ayant aucune puissance pour maintenir l'ordre, les chefs militaires, gouverneurs et comtes lèvent des armées pour combattre les ennemis. Le chef militaire est appelé ''châtelain'', commandant les forces des seigneurs voisins pour résister aux Normands. Cette association donne naissance à la [[châtellenie]], nom donné au pays dominé par le châtelain ainsi qu'à la confédération instituée sous ses ordres. Les châteaux et les places fortes sont ensuite entourés d'enceintes fortifiées pour les classes subalternes, places appelées bourg. La défaillance du pouvoir central va permettre aux châtelains et comte de mettre en place unle système féodal. Vers le début du {{s-|XI|e}}, alors que les invasions normandes ont cessé, le sol s'affaisse et laisse entrer l'eau de mer. La plaine est de nouveau inondée jusque Saint-Omer.
 
Ces inondations eurent pour effet de relever le niveau du sol par dépôts d'alluvions. Les gens reprennent leurs travaux d'endiguements et d'asséchements en envoyant l'eau par gravitation à la mer, ou alors dans les effondrements lorsque les terres sont plus basses que la mer, formant ainsi de grands lacs (les moëres) qui dégagent des odeurs pestilentielles et souvent causes d'épidémies.
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Afin de stimuler les travaux de dessèchement du pays, les comtes de Flandre vont accorder aux institutions monastiques toutes les terres gagnées par eux sur la mer. La première charte accordant ce droit est celle de [[Baudouin de Lille]], qui accorde à l'abbaye Saint-Winoc à [[Bergues]] {{citation|des dunes, des terres et des privilèges, avec le droit d'obtenir la propriété […] sur les terrains gagnés sur les marais qu'elle pourrait transformer en terres arables ou productives}}. Les successeurs, dont [[Robert de Flandre]] ou [[Charles le Bon]] accorderont les mêmes droits à d'autres abbayes.
 
Toutefois, alors que la plaine maritime s'assèche rapidement, les nouveaux propriétaires, pressés d'obtenir de nouvelles terres, étaitétaient peu regardants sur les moyens d'arriver à leurleurs finfins, coupant souvent le réseau d'écoulement du voisin. Des conflits survinrent.
 
=== Philippe d'Alsace ===
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=== Après la Révolution française ===
Selon l'[[ingénieur en chef des ponts et chaussées]] (et membre de la [[légion d'honneur]]) [[Joseph Louis Étienne Cordier]] (1775-1849), '': {{Citation|Les deux tiers de l'arrondissement de Dunkerque, se trouvant au-dessous du niveau de la mer, ainsi que la Hollande, furent inondés en [[1793]] par mesure de défense. Les sept années suivantes, le sol [[Salinisation|imprégné de sel]] fut presque stérile et le peuple devint très-malheureux. On lui accorda, par cette raison, le privilège de se régir. Les propriétaires de terres des Watteringues ont, depuis cette époque, le droit de se réunir, de nommer des commissaires, et de les revêtir d'un grand pouvoir. Ces commissaires, ou administrateurs, choisis parmi les propriétaires les plus éclairés (1), établissent des impôts, en règlent l'emploi}}''<ref name=Cordier1820>Joseph Louis Étienne Cordier (1820), ''[https://books.google.fr/books?id=kPDWhI70TuMC&dq=De+la+navigation+int%C3%A9rieure+du+d%C3%A9partement+du+Nord&hl=fr&source=gbs_navlinks_s « De la navigation intérieure du département du Nord et particulièrement du canal de la Sensée »]'' (Livrelivre numérique Google), Hopwood chez Goeury, Libraire des Ponts et Chaussées, quai des Augustins, n.° 41 ; A Lille, 1820 - 118 pagesp.</ref>.}}
 
Cordier ajoute : {{citation|La seule mesure de sûreté, prise par la loi, est l'obligation imposée aux commissaires de faire approuver chaque acte par le Préfet. Cette précaution prévient tous les abus, sans occasionner des retards dans la marche des affaires, car le Préfet seconde de tout son pouvoir une institution aussi utile. Cette administration paternelle jouit d'une telle considération qu'elle obtient librement des contribuables plus de 200,000 fr. par an ; et l'influence des travaux qu'elle exécute est si prompte qu'en moins de dix ans les terres des Watteringues ont doublé de valeur. Ce pays prospère aussi vite que les États-Unis d'Amérique et par les mêmes raisons. Chaque année on ouvre des chemins ; on construit des écluses, des canaux de dessèchement et d'irrigation ; la population croît rapidement ; des fermes s'élèvent de toutes parts ; l'agriculture fait des progrès rapides ; et déjà l'on remarque sur ces terres, naguère marécageuses, des récoltes superbes en [[lin cultivé|lin]], [[colza]], cultures précieuses qu'on jugeait autrefois privilégiées et particulières au seul arrondissement de Lille. Si le pays des Watteringues, maintenant si riche, était soumis à la loi commune ; si le droit de s'imposer extraordinairement lui était refusé, en moins de trois années il rentrerait sous l'eau<ref name=Cordier1820/>.}}.
 
== Les wateringues ==
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=== Louis XIV ===
[[Louis XIV]], après la conquête de la Flandre, s'immisça également dans l'organisation des wateringues en remplaçant le ''moermaistre'' général par des Intendants de la Flandre maritime.
Il faudra attendre la Révolution pour que ceux-ci disparaissent définitivement, mais rapidement remplacés par les [[Ponts_et_chausséesCorps des ponts et chaussées|Ponts-et-Chaussées]] par un arrêté du [[conseil général (France)|conseil général]] du Pas-de-Calais du {{date-|28 février 1793}}.
 
== Compléments ==
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Pour leur part, les propriétaires privés doivent entretenir leurs berges de manière à assurer un bon écoulement des eaux, éviter les problèmes hydrauliques (taille des saules têtards, recépage, élagage{{etc}}), ce qui peut parfois contredire les besoins ou projets de [[renaturation]] de la [[trame verte et bleue]] afin de retrouver le [[bon état écologique]] du bassin versant (dans les zones habitées, les riverains et collectivités ont souvent fortement [[artificialisation|artificialisé]] les berges (tunage bois, tôle métallique, palplanches, plaque de béton, murs de brique, gravats{{etc}}) pour limiter l'érosion et la divagation des cours d'eau).
 
En complément, l'Institution interdépartementaleintercommunale des wateringues<ref>[http://institutionwateringuesnpc.pagesperso-orange.fr/ Portail institutionnel des wateringues]</ref> assure la gestion, l'exploitation et la maintenance des grands ouvrages d'évacuation à la mer. En outre, divers syndicats ayant compétence sur l'eau contribuent également à entretenir les cours d'eau ({{ex}} SMAGE Aa, SYMSAGEL, SAGE du Delta de l'Aa, Syndicat de rivière de la [[Melde (cours d'eau)|Melde]] dans le [[Pays de Saint-Omer]]<ref name=Diagnostic2012ADSO>Agence d'urbanisme de St Omer, ''[http://www.aud-stomer.fr/fichier/file/120215_TVB_Pays_St_Omer_DIAG_v2.pdf TRAME VERTE ET BLEUE DU PAYS DE SAINT-OMER Phase 1 - Diagnostic Syndicat Mixte Lys Audomarois]'', Doc travail soumis aux partenaires de l’étude lors du Comité de pilotage du 22.02.2012, Voir pages 40 et suivantes, consulté 2012-09-30</ref>). Les [[Schéma d'aménagement et de gestion des eaux|SAGEs]] font partie des lieux de mise en cohérence de ces actions.
 
En {{date-|2009}}, une [[cindynique|étude de risque]] a été lancée par la [[DREAL]] pour mieux évaluer et comprendre le niveau de risque d'inondation dans le polder des Wateringues en cas de synergie défavorable entre la météorologie (par exemple en cas de crues des bassins versants conjuguées à un ou des épisode(s) pluvieux ayant saturé les sols du polder) et une [[grande marée]] et/ou une [[surcote]] et éventuels dysfonctionnements d'ouvrages, tout en tenant compte du [[dérèglement climatique]] et de la [[hausse du niveau marin]]. Une méthode de quantification de l'aléa a été créée pour cela, inspirée de celle développés pour l'étude des niveaux extrêmes le long de la Loire estuarienne par Lepelletier en {{date-|2010}}<ref name=Lepelletier2014>Lepelletier, T., Lemoigne, E., Henique, J., Clerc, F., Parent, P. & Cusenier, P (2014) ''Détermination de l'aléa risque inondation dans le secteur des Wateringues.'' La Houille Blanche, (4), 20-25. [http://www.shf-lhb.org/articles/lhb/abs/2014/04/lhb2014034/lhb2014034.html résumé]</ref>. Une telle étude nécessite une très bonne connaissance du fonctionnement hydro-écologique du bassin qui alimente les watringues en eau<ref name=Lepelletier2014/>.
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== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* Jos Schramme, ''Des Wateringues'', Bruxelles : E. Scheller ; Bruges : Ad. Maertens-Matthys, 1899. [http://nordnum.univ-lille.fr/ark:/72505/a01140480534940g78d/c1999e3521 (lire en ligne]), 1899.
* Alfred Antoine, A., & Mahieu, A. (1923). ''Les Wateringues françaises (Nord et Pas-de-Calais)'', par Alfred Antoine. Préfacepréface par M. Albert Mahieu, etc. impr. Joly-Thuilliez, 1923.
* Barraqué, B. (2011)., ''Des bisses aux wateringues..., De l’usage en commun des eaux en Europe''. Les Bisses, écono., 2011.
* Khaladi, A., (1992)« ''Gestion automatique des transferts d'eau en réseaux hydrauliques mailles à surface libre (application au réseau des Wateringues)'' », Thèsethèse de Doctoratdoctorat ([http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=149796 notice INIST-CNRS]), 1992.
* Lepelletier, T., Lemoigne, E., Henique, J., Clerc, F., Parent, P., & Cusenier, P., (2014)« ''Détermination de l'aléa risque inondation dans le secteur des Wateringues. », '' La Houille Blanche,blanche'' (4), 20-25 ([http://www.shf-lhb.org/articles/lhb/abs/2014/04/lhb2014034/lhb2014034.html résumé]), 2014.
* Masson, F. X., (1979) « ''Recherche sur les sols et leur cartographie dans la plaine maritime des Wateringues du Nord et du Pas-de-Calais'' » (Doctoral dissertation doctorale), 1979.
* Planque, T. (2019) [https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02178388 ''« Aménagements hydrauliques et enjeux de pouvoirs à Dunkerque et dans sa périphérie rurale (1852-1929)'' »], mémoire de Mastermastère, Universitéuniversité Lumière -Lyon 2. Histoire., 2019.
* [[Louis Quarré-Reybourbon|Quarré-Reybourbon Louis-François]] (1892), [http://www.westhoekpedia.org/wp-content/uploads/downloads/2014/01/Dessechement-des-wateringues-et-des-moeres.pdf ''« Dessèchement des wateringues et des Moeres dans l'arrondissement de Dunkerque... travail communiqué au congrès national de géographie de Lille, le 2 août 1892 ''»], WESTHOEKPEDIA1892 - Westhoekpedia Reprints, {{date-|Janvierjanvier 2014}}.
 
=== Vidéographie ===
* [https://www.youtube.com/watch?v=o4F0gB71ijA Film sur les Wateringues] ; réalisé dans le cadre du projet européen Floodcom (sur YouTube).
 
=== Articles connexes ===
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* [[Drainage (agricole)]]
* [[Marais audomarois]]
Ligne 121 ⟶ 122 :
* [[Polder]]
* [[Zones humides]]
* [[Fossé (infrastructure)|Fossé]]}}
 
=== Liens externes ===
* [http://environnement.wallonie.be/aww Site de l'Association des wateringues wallonnes]
* [https://www.institution-wateringues.fr/le-territoire/les-wateringues-comment-ca-marche/ Les wateringues, comment ça marche ?]
* [http://institutionwateringuesnpc.pagesperso-orange.fr/ Portail de l'Institution des wateringues]
 
{{Palette |Irrigation et drainage}}
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[[Catégorie:Nord-Pas-de-Calais]]
[[Catégorie:Ouvrage hydraulique]]
[[Catégorie:Copropriété]]