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{{En-tête label|AdQ|année=2012}}
{{Infobox Édifice religieux
| nommonument = Tōdai-ji
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| géolocalisation = Nara/Japon2
}}
[[Fichier:Temple bouddhiste Tōdai-ji.jpg|vignette|Temple bouddhiste Todai-ji.]]
 
Le {{japonais|'''Tōdai-ji'''|東大寺||littéralement « grand temple de l’Est »}}, de son nom complet {{japonais|''Kegon-shū daihonzan Tōdai-ji''|華厳宗大本山東大寺}}, est un [[Temples bouddhistes au Japon|temple bouddhique]] situé à [[Nara]] au Japon. Il est le centre des écoles [[Kegon]] et [[Ritsu]], mais toutes les branches du [[Bouddhisme au Japon|bouddhisme japonais]] y sont étudiées et le site comprend de nombreux temples et sanctuaires annexes. Dans l’enceinte se trouve la plus grande [[bois (matériau de construction)|construction en bois]] au monde toujours existante<ref name= JNTO>{{lien web | langue = en | url = https://www.japan.travel/en/spot/1009/ | site = www.japan.travel | titre = Todaiji Temple (東大寺) | consulté le = 3 décembre 2019}}.</ref>{{,}}<ref>Robert E. Buswell Jr. & [[Donald Sewell Lopez Jr.|Donald S. Lopez Jr]]., ''The Princeton Dictionary of Buddhism,'' Princeton, Princeton University Press, 2014, {{ISBN|978-0-691-15786-3}} p. 575 (« Nara daibutsu »)</ref>, le {{japonais|[[Daibutsu-den]]|大仏殿||salle du Grand Bouddha}}, qui abrite une statue colossale en bronze du [[bouddha]] [[Vairocana]] appelée {{japonais|''[[Daibutsu]]''|大仏}}, c'est-à-dire «  Grand Bouddha  ». Le bâtiment, d’une largeur de huit [[Travée|travées]] de piliers (soit {{unité|57|mètres}}), est un tiers plus petit que le temple originel qui en comprenait douze.
 
De nombreux bâtiments secondaires ont été groupés tout autour de la salle du Grand Bouddha sur le flanc de coteau légèrement incliné du [[mont Wakakusa]]. Parmi eux, le {{japonais|[[Kaidan-in]]|戒壇院||salle d’ordination}}, le {{japonais|[[Shōsō-in]]|正倉院}}, ancien grenier qui fut transformé en entrepôt d’objets d’art et le {{japonais|[[Hokke-dō]]|法華堂}}, réputé pour sa collection de sculptures du {{s-|VIII}}. Le rôle du temple est étroitement lié à la fonction impériale, les rites et cérémonies qui s’y déroulent devant protéger le pays et la famille de l’empereur.
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Dans l’histoire de l’art et de l’architecture du Japon, le Tōdai-ji joue un rôle moteur lors de sa construction au milieu du {{s-|VIII}} et lors de sa restauration fin du {{sp-|XII|et début du|XIII}}. Il s’agit pour la première phase du plus important projet de toute la [[période Tenpyō]], dont les [[pagode]]s de plus de cent mètres (aujourd’hui disparues) sont par exemple les plus hautes connues du Japon. Les artistes du temple excellent dans la sculpture naturaliste en bronze, en laque sèche et en terre influencée par la [[Dynastie Tang|Chine des Tang]]. Le Shōsō-in détient en outre une collection inestimable d’objets d’art et d’effets personnels de l’empereur venant du Japon et de toute l’Asie via la [[route de la soie]]. Lors de la restauration de 1181, le Tōdai-ji redevient un important foyer d’art, principalement grâce aux techniques architecturales provenant des [[Dynastie Song|Song du Sud]] en Chine et à la sculpture dynamique de l’[[école Kei]], dernier âge d’or de la [[sculpture japonaise]]. Toutefois, la plupart des bâtiments actuels ainsi que le bouddha colossal résultent des reconstructions du {{sp-|XVI|et du|XVII}}, où le génie créatif se ressent moins dans l’architecture et la sculpture.
 
De nos jours, le Tōdai-ji est toujours actif et sa communauté de moines tientaccomplit les rites et cérémonies annuels ou quotidiens nécessaires, dont le plus important reste la cérémonie de l’eau et du feu nommée ''[[Shuni-e]]''. Le temple figure enfin au [[patrimoine mondial]] de l’[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]] et nombre de ses bâtiments ou biens sont classés au patrimoine culturel du Japon.
 
== Historique ==
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[[Fichier:Todaiji daibutsuden.jpg|vignette|alt=Un lac au premier plan dans lequel se reflète la végétation et un mur d’enceinte blanc. Le [[Daibutsu-den]] en arrière plan.|Vue sur le cloître intérieur, le [[Bâtiment principal (Bouddhisme japonais)|bâtiment principal]] (salle du Grand Bouddha ou [[Daibutsu-den]]) et le lac.]]
 
À l’[[époque de Nara]], la civilisation chinoise a une grande influence sur le Japon, l’État s’inspirant en tout de la glorieuse [[dynastie Tang]]<ref name="Swann67.45">{{harvsp|Swann|1967|p=45-46}}.</ref>. Ainsi, l’administration centralisée et puissante liée à l’aristocratie qui se met en place prend pour modèle la vaste bureaucratie chinoise, et le [[bouddhisme]] commence à se répandre dans l’archipel, accroissant le besoin en images pieuses<ref name="Murase96.50">{{harvsp|Murase|1996|p=50}}.</ref>. Confrontée à une charge administrative de plus en plus importante, la cour impériale choisit pour nouvelle capitale [[Heijō-kyō]] en 710, de nos jours [[Nara]]<ref name="Swann67.45"/>. À partir du déplacement de la capitale débute l’[[période Tenpyō|ère Tenpyō]], durant laquelle les grandes constructions de temples bouddhiques sont légionslégion. Ces grandsvastes temples ont un impact très important sur le peuple, qui voit dans cette nouvelle religion une source de protection puissante pour le pays<ref name="Ienaga79.41">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Saburō|nom1=Ienaga|lien auteur1=Saburō Ienaga|titre=Japanese Art: A cultural appreciation|sous-titre=|numéro d’édition=|éditeur=Weatherhill|lien éditeur=|année=1979|collection=[[Nihon no bijutsu|Heibonsha Survey of Japanese Art]]|volume=30|passage=41-42|isbn=978-0834810297}}.</ref>.
 
L’empereur [[Shōmu]] est le principal artisan de la fondation du Tōdai-ji ; influencé par la grandeur de la Chine des Tang et fervent défenseur du bouddhisme, il aspire à renforcer l’unité et la puissance de l’État, souhaitant conférer à l’empereurla fonction d’empereur un rôle plus central et essentiel dans la vie politique du Japon par rapport aux différentes familles ou factions de la cour<ref name="Mino86.20">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=20}}.</ref>. Dès les années 730, il soutient la construction de nombreux temples à travers l’archipel<ref name="Brown93.249">{{harvsp|Brown|1993|p=249}}.</ref>. En 741, il initie un vaste programme de construction de monastères (''[[Kokubunji|kokubun-ji]]'') et de couvents (''kokubinin-ji'') dans toutes les [[provinces du Japon]]<ref name="Shimizu01.68">{{harvsp|Shimizu|2001|p=68}}.</ref> ; chaque monastère doit être flanqué d’une [[pagode]] à sept étages et détenir dix copies du [[Sūtra du Lotus]] et dix autres du Sūtra de la Lumière dorée, afin de garantir le bien-être du pays<ref name="Mino86.22">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=22}}.</ref>. Cette politique survient en effet en réaction à la [[Épidémie de variole de 735-737 au Japon|grave épidémie de [[variole]] qui sévit jusque dans la capitale entre 735 et 737, à la révolte de 740 menée par [[Fujiwara no Hirotsugu]] et aux disettes<ref name="Brown93.250">{{harvsp|Brown|1993|p=250-252}}.</ref>. Shōmu prévoit également d’établir un grand temple qui doit patronner les monastères ; il proclame en 743 la construction de cet édifice et d’une statue colossale (Grand Bouddha ou [[Daibutsu]]) du bouddha [[Vairocana]] (''Rushana'' en japonais) en bronze, couverte de feuilles d’or : il s’agira du Tōdai-ji<ref name="Kobayashi75.22">{{harvsp|Kobayashi|1975|p=22}}.</ref>. Fervent croyant, Shōmu poursuivait sa vision d’un Japon centralisé aussi bien en matière politique que religieuse, afin de renforcer son autorité sur les provinces et les différentes familles nobles<ref name="Morse96.113">{{chapitre|langue=en|prénom1=Samuel C.|nom1=Morse|titre chapitre=Japan, Sculpture, Nara Period|auteurs ouvrage=Jane Turner|titre ouvrage=The Dictionary of Art|éditeur=Grove's Dictionaries|année=1996|volume=17|passage=113-116|isbn=9781884446009 }}.</ref> : pour lui, la cour et l’empereur doivent administrer le pays tout comme le Tōdai-ji doit occuper une place centrale parmi tous les temples bouddhiques secondaires<ref name="Murase96.49">{{harvsp|Murase|1996|p=49}}.</ref>. Le choix du bouddha Vairocana n’est ainsi pas anodin, car il s’agit d’un bouddha abstrait, celui qui, placé au centre de l’univers, contient et anime tous les mondes<ref name="Mino86.20" />. Par le parallèle avec Vairocana, Shōmu veut de fait suggérer l’importance de l’empereur (au centre du pays) et du bouddhisme, modèle là encore proche de la Chine des Tang<ref name="Herail86.76">{{ouvrage|langue=fr| auteur=[[Francine Hérail]]|titre=Histoire du Japon. Des origines à la fin de l’époque Meiji|éditeur=Publications orientalistes de France|lien éditeur=|année=1986|passage=76-77|isbn=9782716902380|lire en ligne=}}.</ref>{{,}}<ref name="Coaldrake96.76">{{harvsp|Coaldrake|1996|p=76}}.</ref>. Le temple doit enfin devenir le centre l’école [[Kegon]], celle parmi lesdes six écoles bouddhiques de Nara qui a la préférence de l’empereur, car proche de son modèle idéal d’État centralisé bouddhique<ref name="Mason05.59">{{harvsp|Mason|Dinwiddie|2005|p=59}}.</ref>.
 
=== Construction du temple ===
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Trois moines jouent un rôle déterminant dans la fondation du Tōdai-ji : ils sont parfois désignés avec Shōmu comme les quatre saints fondateurs du temple. Le moine [[Rōben]] d’abord, appartenant à l’école [[Kegon]], est un proche conseiller de Shōmu officiant au petit ermitage du Konshō-ji<ref name="Mason05.68">{{harvsp|Mason|Dinwiddie|2005|p=68-69}}.</ref>. Il est notamment chargé de trouver le financement pour la statue colossale du bouddha Vairocana voulue par Shōmu<ref name="Mino86.20" />. [[Gyōki]] est quant à lui responsable de la campagne de levée de fonds (''kanjin'') pour financer le chantier, sollicitant tous les habitants du pays pour contribuer financièrement ou participer volontairement aux travaux<ref name="Mino86.22" />{{,}}<ref name="Coaldrake96.78">{{harvsp|Coaldrake|1996|p=78}}.</ref>. Enfin, le moine indien [[Bodhisena]], proche de Rōben et Gyōki, est un érudit du sūtra Kegon ([[sūtra Avatamsaka]]) qui préside la cérémonie d’ouverture des yeux de la statue colossale<ref name="Mino86.22"/>. Néanmoins, le projet titanesque du Tōdai-ji suscite des résistances dans l’entourage de l’empereur. Des aristocrates critiquent le modèle centralisé importé de Chine que Shōmu tente de mettre en place, et des moines conservateurs craignent que la statue n’occulte la recherche intérieure de la foi<ref name="Mino86.23">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=23}}.</ref>. Deux événements viennent cependant conforter Shōmu dans son entreprise : d’une part la découverte providentielle d’une mine d’or dans la [[province de Mutsu]] permet de réunir suffisamment de minerai pour dorer la statue colossale, d’autre part un oracle du [[kami (divinité)|kami]] shinto [[Hachiman]] provenant du sanctuaire [[Usa Hachiman-gū]] rapporte vouloir protéger le Grand Bouddha en construction (certains documents d’époque rapportent même que l’oracle aurait permis la découverte du gisement d’or)<ref name="Guth85.39">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Christine|nom1=Guth|titre=Shinzō: Hachiman Imagery and Its Development|éditeur=Harvard University Asia Center|année=1985|passage=39-40|isbn=9780674806504|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=xKuEXrKXdOgC}}.</ref>{{,}}<ref name="Brown93.256" />. Hachiman devient ainsi une divinité protectrice du temple et son culte est déplacé à Nara, sur le site du Tōdai-ji au sanctuaire Hachiman<ref name="Mason05.161">{{harvsp|Mason|Dinwiddie|2005|p=161}}.</ref>.
 
La cérémonie d’ouverture des yeux (''kaigen'') du Grand Bouddha, qui doit conférer à la statue son pouvoir spirituel, se tient en 752 avant même son achèvement final, en raison de la santé fragile de Shōmu (il renonce d’ailleurs au trône en 749 en faveur de sa fille pour entrer en religion avec sason femmeépouse Kōmyō)<ref name="Mino86.20"/>. Plus de dix mille moines {{incise|japonais, indiens et chinois}} ainsi que de nombreux courtisans assistent aux festivités qui durent plusieurs jours<ref name="Mino86.24">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=24}}.</ref>. Bodhisena dessine lui-même les iris des yeux de la statue, le pinceau relié par des ficelles à Shōmu<ref name="Mino86.24"/>. La statue est achevée en 757, après la pose de la dorure et les gravures du piédestal<ref name="Morse96.113"/>. De nombreux éléments décoratifs ou rituels utilisés lors de la cérémonie ont été conservés au [[Shōsō-in]], comme les masques en bois typiques de la danse nommée ''[[gigaku]]''<ref name="Murase96.51">{{harvsp|Murase|1996|p=51}}.</ref>.
 
Chantier gigantesque qui a marqué durablement le règne de Shōmu, les spécialistes estiment que la construction a mobilisé {{unité|370000|forgerons}} et {{unité|500000|charpentiers}}, laissant exsangues les finances de la jeune administration dans une situation exsangue<ref name="Shimizu01.69"/>{{,}}<ref name="Stanley90.46">{{harvsp|Stanley-Baker|1990|p=46}}.</ref>.
 
=== Époques de Nara et de Heian : rapports mouvants avec la cour impériale ===
[[Fichier:20100716 Nara Todaiji 2271.jpg|vignette|alt=Porte dans le mur d’enceinte, aux poutres rouges et aux murs blancs. Toit à demi-croupes au faîte plat, courbé à l’extrémité.|Porte intérieure, {{s-|XVII}}.]]
 
Le Tōdai-ji apparaît comme le centre spirituel principal de la nouvelle capitale et symbolise le dynamisme du bouddhisme au Japon, à l’apogée du système bouddhique centralisé mis au point par Shōmu<ref name="Brown93.255">{{harvsp|Brown|1993|p=255}}.</ref>. Il fait d’ailleurs partie des quinze temples principaux ([[Nanto Shichidai-ji]]) désignés par l’État, et devient à sa construction le centre de l’école bouddhiste [[Kegon]], ainsi que le centre du [[Ritsu]] à partir de 754<ref name="Cornu06.620">{{harvsp|Cornu|2006|p=620}}.</ref>. Shōmu et ses successeurs immédiats poursuivent leur politique très favorable en faveur du bouddhisme. Les grands temples se voient accorder des champs (''konden'') et des exemptions d’impôt, de façon assez inégale ; le Tōdai-ji, principal temple du pays, est doté d’un domaine de quelque {{formatnum:unité|6000|hectares}} hectares par l’État<ref name="Sansom88.78">{{ouvrage|langue=fr|prénom1=George|nom1=Sansom|titre=Histoire du Japon|éditeur=Fayard|année=1988|passage=78-79|isbn=9782213018515|lire en ligne= }}.</ref>. Entre 749 et 756, des représentants du temple ont la tâche de prospecter et choisir les terres les plus favorables aux cultures. Un registre de 770 indique la possession de {{unité|92 |domaines}} (''[[shōen]]'') répartis sur {{unité|23 |provinces}}<ref name="Shively99.255">{{harvsp|Shively|McCullough|1999|p=255}}.</ref>. Favorisant l’amélioration des techniques et des outils agricoles, les grands temples attirent de plus en plus les paysans<ref name="Sansom88.78" />.
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Le Tōdai-ji apparaît comme le centre spirituel principal de la nouvelle capitale et symbolise le dynamisme du bouddhisme au Japon, à l’apogée du système bouddhique centralisé mis au point par Shōmu<ref name="Brown93.255">{{harvsp|Brown|1993|p=255}}.</ref>. Il fait d’ailleurs partie des quinze temples principaux ([[Nanto Shichidai-ji]]) désignés par l’État, et devient à sa construction le centre de l’école bouddhiste [[Kegon]], ainsi que le centre du [[Ritsu]] à partir de 754<ref name="Cornu06.620">{{harvsp|Cornu|2006|p=620}}.</ref>. Shōmu et ses successeurs immédiats poursuivent leur politique très favorable en faveur du bouddhisme. Les grands temples se voient accorder des champs (''konden'') et des exemptions d’impôt, de façon assez inégale ; le Tōdai-ji, principal temple du pays, est doté d’un domaine de quelque {{formatnum:6000}} hectares par l’État<ref name="Sansom88.78">{{ouvrage|langue=fr|prénom1=George|nom1=Sansom|titre=Histoire du Japon|éditeur=Fayard|année=1988|passage=78-79|isbn=9782213018515|lire en ligne= }}.</ref>. Entre 749 et 756, des représentants du temple ont la tâche de prospecter et choisir les terres les plus favorables aux cultures. Un registre de 770 indique la possession de 92 domaines (''[[shōen]]'') répartis sur 23 provinces<ref name="Shively99.255">{{harvsp|Shively|McCullough|1999|p=255}}.</ref>. Favorisant l’amélioration des techniques et des outils agricoles, les grands temples attirent de plus en plus les paysans<ref name="Sansom88.78" />.
 
[[Fichier:Todaiji island.jpg|vignette|gauche|alt=Île verdoyante au milieu d’un lac, avec un torii rouge.|[[Torii]] shinto sur la petite île de l’étang du Miroir.]]
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=== Destruction de 1180 et reconstruction ===
[[Fichier:Tōdai-ji temple main gate.jpg|vignette|alt=Large porte en bois nu à un étage, avec deux toits superposés et trois grands portiques.|Grande porte sud (''Nandaimon'') du temple.]]
 
La fin de l’époque de Heian correspond au déclin de l’autorité de l’empereur et de l’aristocratie ; les seigneurs locaux ([[daimyo]]s ou ''[[bushi]]''), propriétaires terriens et chefs de guerre, ont acquis peu à peu une force et une autonomie suffisante pour se disputer la domination du Japon. Parmi eux, deux principaux clans, les [[Clan Taira|Taira]] et les [[Clan Minamoto|Minamoto]], se livrent plusieurs guerres entre 1156 et 1185. À la fin de 1180, le Tōdai-ji est incendié lors des [[Guerre de Genpei|guerres civiles de GuenpeiGenpei]] par les Taira, car les moines de Nara s’étaient ralliés aux Minamoto. La plupart des bâtiments {{incise|dont la Salle du Grand Bouddha, les pagodes, le Kaidan-in, les bains, les dortoirs et le réfectoire}} sont détruits et le Grand Bouddha apparaît sérieusement endommagé, notamment la tête<ref name="Mino86.28">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=28}}.</ref>.
 
La destruction de ce symbole politique et religieux choque la population<ref name="Mason05.169">{{harvsp|Mason|Dinwiddie|2005|p=169}}.</ref> et rallie de nombreux alliéspartisans aux Minamoto<ref name="Sansom88.249">{{harvsp|Sansom|1988|p=249}}.</ref>. L’empereur retiré [[Go-Shirakawa]], qui n’exerçait alors qu’un pouvoir limité, décide de la restauration du temple. Le Tōdai-ji étant depuis Shōmu un symbole de la puissance de l’État, Go-Shirakawa souhaite réaffirmer la gloire du trône et sa prépondérance sur le Japon, en impliquant dans le projet toutes les franges de la population<ref name="Goodwin90-article">{{article|langue=en|prénom1=Janet R.|nom1=Goodwin|titre=The Buddhist Monarch: Go-Shirakawa and the Rebuilding of Tōdai-ji|périodique=Japanese Journal of Religious Studies|mois=juin-sept.|année=1990|volume=17|numéro=2/-3|pagespassage=219-242|url=https://www.jstor.org/stable/30234019}}.</ref>. Il était de plus réputé être un fervent bouddhiste, tout comme Shōmu avec lequel il s’efforçait de créer un parallèle à son avantage. Il doit néanmoins faire face à deux difficultés majeures : d’une part les finances de la cour sont largement insuffisantes, d’autre part il doitlui faut composer avec [[Taira no Kiyomori]], chef du clan Taira, qui domine dans un premier temps la guerre civile et s’installe à [[Heian-kyō]] (Kyoto) pour contrôler le pouvoir dès 1059<ref name="Goodwin90-article"/>. Le Tōdai-ji lui-même n’avait alors pas les ressources nécessaires pour assumer les travaux, d’autant plus que les Taira confisquent ses terres<ref name="Goodwin90-article"/>.
 
Malgré tout, les premiers plans de restauration sont étudiés dès 1181, par l’intermédiaire d’un proche conseiller de Go-Shirakawa, Fujiwara no Yakitaka, qui se rend sur place. Après s’être entendu avec les fondeurs de Nara pour la reconstruction du Grand Bouddha, il suggère en mars 1181 à l’empereur de mener une campagne de collecte de fonds dans tout le pays (''kanjin''), sur le modèle de la campagne menée au {{s-|VIII}} par Gyōki. Outre le financement, impliquer le peuple doit permettre de concrétiser le lien direct voulu entre l’empereur et ses sujets<ref name="Goodwin90-article"/>.
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[[Fichier:NaraTodaijiL0202.jpg|vignette|upright|gauche|alt=Lanterne avec des gravures en bronze représentant des bodhisattvas jouant de la musique.|Lanterne octogonale en bronze sculpté.]]
 
L’organisation de la compagnecampagne de levée de fonds, ainsi que la supervision de l’ensemble des travaux, est confiée à un moine nommé [[Chōgen|Shunjōbō Chōgen]], qui prétend avoir eu un rêve prémonitoire lui ordonnant d’aider le Tōdai-ji, tandis que Fujiwara no Yakitaka assure l’intendance générale du projet. Le choix de [[Chōgen]] peut surprendre, car il ne s’agissait pas d’un moine très haut placé dans la hiérarchie religieuse. Toutefois, il cumulait un certain nombre d’avantages : il avait déjà mené deux campagnes de dons pour la construction de deux modestes temples de province, il aurait effectué trois voyages en Chine afin d’étudier les techniques de construction avancées des [[Dynastie Song|Song]], et il serait un proche de [[Hōnen]], moine très influent fondateur de la première école de la [[Terre pure]] au Japon, nommée ''[[Jōdo shū]]''<ref name="Goodwin90-article"/>. Il a ainsi acquis le soutien de diverses personnalités en province ou à la cour, comme le ministre Minamoto Moroyuki. Grâce à ses voyages, il peut en outre faire venir plusieurs artistes chinois pour les restaurations<ref name="Mino86.30">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=30}}.</ref>.
 
L’édit impérial promulguant la campagne de levée de fonds pour la reconstruction du temple et du Grand Bouddha est émis par l’empereur aux alentours de juin 1181. Toutefois, le peuple étant déjà pauvre et malmené par la guerre civile, il est aujourd’hui délicat d’estimer les revenus réellement dégagés par Chōgen. Les historiens estiment plutôt que l’essentiel des dons provient de grands mécènes, en premier lieu [[Minamoto no Yoritomo]], rival des Taira et maître du Japon dès 1185, en partie afin de légitimer son gouvernement<ref name="Goodwin90-article"/>{{,}}<ref name="Buisson81.59">{{harvsp|Buisson|1981|p=59}}.</ref>. Sur décision de Yoritomo également, les revenus des provinces de [[Province de Suō|Suō]] et [[Province de Bizen|Bizen]] sont attribués au financement de la reconstruction. Les travaux de restauration du Grand Bouddha débutent en octobre 1181, moins d’un an après la destruction ; la tête intégralement refondue est achevée en 1185 sous la direction d’un maître chinois, Chen Hequing, venu à la demande de Chōgen<ref name="Soejima96.121">{{chapitre|langue=en|prénom1=Hiromichi|nom1=Soejima|titre chapitre=Japan, Sculpture, Kamakura Period|auteurs ouvrage=Jane Turner|titre ouvrage=The dictionaryDictionary of Art|éditeur=Grove's Dictionaries|année=1996|volume=17|passage=121-126|isbn=9781884446009 }}.</ref>. La cérémonie d’ouverture des yeux de la statue se tient la même année, Go-Shirakawa peignant en personne les yeux, rôleune tâche qui normalement nonn'est pas adaptédévolue pourà un empereur<ref name="Goodwin90-article"/>. La rénovation complète du temple prend en réalité un siècle entier<ref name="Bowring05.269">{{harvsp|Bowring|2005|p=269}}.</ref>.
 
=== Époques médiévales et modernes ===
[[Fichier:Todaiji13s4592.jpg|vignette|upright|alt=Sculpture en bois vue en contre-plongée d’un dieu en armes et en armure, air féroce.|Le [[Shi Tennō|roi céleste]] Bishamon-ten ([[Vaiśravaṇa]]), {{s-|XVII}}.]]
[[Fichier:Hokoji(rushanabutsu).jpg|thumb|Une réplique du Grand Bouddha de Kyoto.Pendant la période Edo au Japon, il y avait un Grand Bouddha à Kyoto, qui était plus grand que le Grand Bouddha du Temple Todaiji. Il faisait 19 mètres de haut. Le Grand Bouddha de Kyoto a été détruit dans un incendie provoqué par un coup de foudre en 1798.]]
Si la restauration du Grand Bouddha est une réussite pour Go-Shirakawa, sa tentative de replacer la cour au centre de l’échiquier politique est en revanche un échec, puisque l’[[époque de Kamakura]] marque l’avènement des guerriers et des premiers [[shogun]]s<ref name="Goodwin90-article"/>. Au début du {{s-|XIV}}, le prestige du Tōdai-ji décline de nouveau, au profit d’autres temples comme le [[Tō-ji]]<ref name="Goble96.190">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Andrew Edmund|nom1=Goble|titre=Kenmu: Go-Daigo’s Revolution|éditeur=Harvard University Asia Center|année=1996|passage=190|isbn=9780674502550|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=K9fBsIFIjLoC&printsec=frontcover&source=gbs_atb }}.</ref> ; l’empereur [[Go-Daigo]], qui réussit à conserver le contrôle de la religion, privilégie en effet les temples de la capitale, Heian<ref name="Goble96.99">{{harvsp|Yoshikawa|1976|p=99, 196-197}}.</ref>. De plus, la pratique de la religion devient plus intime, visant non plus à la protection de l’État, mais à la recherche personnelle de la rédemption et de la foi<ref name="Guth85.31">{{harvsp|Guth|1985|p=31}}.</ref>. Dès le {{s-|XII}}, il devient difficile pour le Tōdai-ji de percevoir les revenus de ses domaines éloignés, les administrateurs locaux lui désobéissant sciemment et en toute impunité<ref name="Yamamura90.268">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Kozo|nom1=Yamamura|prénom2=John Whitney|nom2=Hall|prénom3=Donald H.|nom3=Shively|titre=The Cambridge History of Japan: The medieval Japan|éditeur=Cambridge University Press|année=1990|volume=3|passage=268-269|isbn=9780521223546|lire en ligne= }}.</ref>.
 
Le temple subit un nouvel incendie majeur lors de la guerre entre [[Matsunaga Hisahide]] et le [[clan Miyoshi]] en 1567, sinistre qui le détruit presque intégralement<ref name="Shimizu01.69"/>, conduisant à plusieurs restaurations durant le {{sp-|XVI|et le|XVII}}, à l’[[époque d'Edo|époque d’Edo]]. Dès 1568, l’empereur [[Ōgimachi]] et plusieurs personnalités comme [[Oda Nobunaga]] projettent les restaurations et une campagne de levée de fonds est une fois encore organisée en 1572, mais les troubles politiques et l’importance réduite du temple font que cette bonne volonté ne conduit qu’à des restaurations mineures<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Andrew Mark|nom1=Watsky|titre=Chikubushima: Deploying the Sacred Arts in Momoyama Japan|éditeur=University of Washington Press|année=2004|passage=81-82|isbn=9780295983271|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=m7okz1DQslwC}}.</ref>. Il faut plusieurs décennies avant que la reconstruction ne soit réellement lancée, vers 1680, sous l’impulsion du shogun [[Tsunayoshi Tokugawa|Tokugawa Tsunayoshi]]<ref name="Mino86.30"/>. La Sallesalle du Grand Bouddha est achevée en 1707<ref name="Stanley90.47"/>. Le moine Kōkei, responsable du projet, effectue tout comme ses prédécesseurs une campagne de levée de fonds dans le pays<ref name="Mino86.30"/>. L’état actuel du site est le fruit de ces grands travaux.
Si la restauration du Grand Bouddha est une réussite pour Go-Shirakawa, sa tentative de replacer la cour au centre de l’échiquier politique est en revanche un échec, puisque l’[[époque de Kamakura]] marque l’avènement des guerriers et des premiers [[shogun]]s<ref name="Goodwin90-article"/>. Au début du {{s-|XIV}}, le prestige du Tōdai-ji décline de nouveau, au profit d’autres temples comme le [[Tō-ji]]<ref name="Goble96.190">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Andrew Edmund|nom1=Goble|titre=Kenmu: Go-Daigo’s Revolution|éditeur=Harvard University Asia Center|année=1996|passage=190|isbn=9780674502550|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=K9fBsIFIjLoC&printsec=frontcover&source=gbs_atb }}.</ref> ; l’empereur [[Go-Daigo]], qui réussit à conserver le contrôle de la religion, privilégie en effet les temples de la capitale, Heian<ref name="Goble96.99">{{harvsp|Yoshikawa|1976|p=99, 196-197}}.</ref>. De plus, la pratique de la religion devient plus intime, visant non plus à la protection de l’État, mais à la recherche personnelle de la rédemption et de la foi<ref name="Guth85.31">{{harvsp|Guth|1985|p=31}}.</ref>. Dès le {{s-|XII}}, il devient difficile pour le Tōdai-ji de percevoir les revenus de ses domaines éloignés, les administrateurs locaux lui désobéissant sciemment et en toute impunité<ref name="Yamamura90.268">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Kozo|nom1=Yamamura|prénom2=John Whitney|nom2=Hall|prénom3=Donald H.|nom3=Shively|titre=The Cambridge History of Japan: The medieval Japan|éditeur=Cambridge University Press|année=1990|volume=3|passage=268-269|isbn=9780521223546|lire en ligne= }}.</ref>.
 
Le temple subit un nouvel incendie majeur lors de la guerre entre [[Matsunaga Hisahide]] et le [[clan Miyoshi]] en 1567 qui le détruit presque intégralement<ref name="Shimizu01.69"/>, conduisant à plusieurs restaurations durant le {{sp-|XVI|et le|XVII}}, à l’[[époque d'Edo|époque d’Edo]]. Dès 1568, l’empereur [[Ōgimachi]] et plusieurs personnalités comme [[Oda Nobunaga]] projettent les restaurations et une campagne de levée de fonds est une fois encore organisée en 1572, mais les troubles politiques et l’importance réduite du temple font que cette bonne volonté ne conduit qu’à des restaurations mineures<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Andrew Mark|nom1=Watsky|titre=Chikubushima: Deploying the Sacred Arts in Momoyama Japan|éditeur=University of Washington Press|année=2004|passage=81-82|isbn=9780295983271|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=m7okz1DQslwC}}.</ref>. Il faut plusieurs décennies avant que la reconstruction ne soit réellement lancée, vers 1680, sous l’impulsion du shogun [[Tsunayoshi Tokugawa|Tokugawa Tsunayoshi]]<ref name="Mino86.30"/>. La Salle du Grand Bouddha est achevée en 1707<ref name="Stanley90.47"/>. Le moine Kōkei, responsable du projet, effectue tout comme ses prédécesseurs une campagne de levée de fonds dans le pays<ref name="Mino86.30"/>. L’état actuel du site est le fruit de ces grands travaux.
 
Les constructions de l’époque d’Edo présentent des faiblesses architecturales importantes qui conduisent à une série de restaurations au {{s-|XX}}. L’administration [[Restauration de Meiji|Meiji]] adopte en effet à la fin du {{s-|XIX}} les premières lois de [[Patrimoine culturel du Japon|protection du patrimoine]], dont bénéficie le Tōdai-ji entre 1906 et 1913 sous la direction et le financement du ministère de l’Intérieur (''Naimusho'')<ref name="Coaldrake96.249">{{harvsp|Coaldrake|1996|p=249}}.</ref>. La Sallesalle du Grand Bouddha est en grande partie démantelédémantelée et reconstruitreconstruite d’après les plans de plusieurs architectes ayant étudié les techniques occidentales, Tsumaki Yorinaka, Ito Chuta, Sekino Tadashi et Amanuma Shun’ichi ; ces derniers mènent également les premières études archéologiques sur le site<ref name="Coaldrake96.245">{{harvsp|Coaldrake|1996|p=245}}.</ref>. Les techniques ancestrales avaient de fait été perdues et aucun architecte n’était capable de restaurer un tel édifice sans recourir à l’ingénierie occidentale moderne, en particulier l’usage de tiges d’acier<ref name="Coaldrake96.247">{{harvsp|Coaldrake|1996|p=247}}.</ref>.
 
De nos jours, le temple fait partie depuis [[1998]] des « [[monuments historiques de l'ancienne Nara]] » inscrits au [[patrimoine mondial]] par l’[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]]<ref name= Unesco/>. Les moines y tiennent toujours les cérémonies et offices religieux, bien que le temple soit également devenu l’une des principales attractions touristiques de l’ancienne capitale de Nara<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=William M.|nom1=Johnston|directeur1=oui|titre=Encyclopedia of Monasticism|éditeur=Taylor & Francis|volume=2|année=2000|isbn=9781579580902|passage=690|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=GfC0TDkJJNgC}}.</ref>.
 
=== Historiographie ===
Outre les archives et chroniques officielles {{incise|dont les ''[[Rikkokushi]]'' ou le ''[[Man'yōshū]]''}}, l’histoire du Tōdai-ji peut être aisément retracée grâce à l’abondance d’archives, annales, inventaires et autres documents historiques tenus depuis le {{s-|VIII}} par les moines de Nara. Au nombre de ces derniers, les {{formatnum:unité|8516|feuillets}} feuillets montés en cent rouleaux des ''Archives du Tōdai-ji'' (''Tōdai-ji monjo'') offrent un aperçu sur l’administration, les biens et les célébrations du temple, ainsi que sur la société de Nara et l’organisation du Japon du {{s-|VIII}} jusqu’à l’époque d’Edo<ref name="Iwao02.2691">{{harvsp|Iwao|Iyanaga|2002|loc=vol. 2, p. 2691-2692}}.</ref>{{,}}<ref>{{ja}} {{lien web | langue = ja | url = http://kunishitei.bunka.go.jp/bsys/maindetails.asp?register_id=201&item_id=10482 | titre = 東大寺文書 (Archives du Tōdai-ji) | éditeur = [[Agence pour les Affaires culturelles]] | consulté le =19 avril4 décembre 20122019}}.</ref>. Autres documents, les ''Archives du Shōsō-in'' (''Shōsō-in monjo''), centrées sur la période de Nara uniquement, constituent la plus importante documentation de l’époque ; il y figure des registres assez précis des commandes de statues, des édits, des recensements, des récoltes de riz, des taxes<ref name="Iwao02.2507">{{harvsp|Iwao|Iyanaga|2002|loc=vol. 2, p. 2507}}.</ref>… Durant l’époque médiévale, les moines du temple se piquent d’écrire eux-mêmes les annales et anecdotes sur les origines et l’histoire du temple, en particulier les dix rouleaux du ''Tōdai-ji yōroku'' (1106, révisé en 1134) ou les neuf rouleaux du ''Tōdai-ji zoku-yōroku'' (ultérieur à 1180)<ref name="Iwao02.2691"/>. Enfin, le ''Tōdai-ji bettō shidai'' fournit la liste des supérieurs (les ''bettō'') du temple jusqu’en 1444<ref>{{Harvsp|Piggott|1987|p=289}}.</ref>.
 
Les ''mokkan'' (ensemble de tablettes en bois utilisées comme mémos ou notes de correspondance) retrouvés lors des fouilles archéologiques menées sur le site fournissent également des informations sur l’approvisionnement, la construction du temple et le fonctionnement du Bureau de construction du Tōdai-ji<ref>{{Article|langue=en|prénom=Joan R.|nom1=Piggott|titre=Mokkan.: Wooden Documents from the Nara Period|périodique=[[Monumenta Nipponica]]|mois=hiver|année=1990|volume=45|numéro=4|pagespassage=449-470|url=https://www.jstor.org/stable/2385379}}.</ref>.
 
== Site du Tōdai-ji ==
[[Fichier:Plan du Todaiji.png|vignette|upright=1.5|Plan général du Tōdai-ji, indiquant les structures existantes et disparues (cliquer pour agrandir).]]
 
Le site actuel du Tōdai-ji s’étend sur une surface presque carrée de 800 par {{unité|900|mètres}}, bordée à l’est par les prémices du [[mont Wakakusa]], décaissé en quatre vastes terrasses<ref name="Coaldrake96.72">{{harvsp|Coaldrake|1996|p=72}}.</ref>. Le mur d’enceinte n’existe plus, mis à part la grande [[Mon (architecture)|porte]] sud (Nandai-mon''Nandaimon'') et la porte ''Tengai'' au nord-ouest. Le visiteur pénètre par la porte sud, alignée avec le cloître intérieur situé {{unité|230|mètres}} plus loin<ref name="Coaldrake96.73">{{harvsp|Coaldrake|1996|p=73}}.</ref>. Ce cloître, qui donne accès au bâtiment principal (le [[Daibutsu-den]], hébergeant la statue colossale de Vairocana), mesure {{unité|110|mètres}} de profondeur pour 170 de large ; on y accède par la porte intérieure (Chū-mon''Chūmon'')<ref name="Mino86.35">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=35-37}}.</ref>. L’ancien quartier des moines et la salle de lecture (''kōdō''), originalementoriginellement situés derrière le [[Daibutsu-den]], n’existent plus.
 
À l’ouest se trouvent plusieurs temples secondaires, dont le [[Kaidan-in]] (estrade d’ordination), le Senju-dō, le Kanjin-so et le Sashizu-dō. Le [[Shōsō-in]], magasin principal où étaient entreposés les trésors du temple, et le Chisoku-in se situent au nord<ref name="Mino86.35"/>. Au nord-est, quelques temples annexes demeurent, dont le Hōgen-in, le Ryōshō-in et le Ryūzō-in. Les terrasses de l’est comptent un grand nombre de bâtimentbâtiments : en premier le beffroi (''[[shōrō]]'') et les bains, puis la salle des fondateurs (''[[kaisan-dō]]''), le ''kannon-in''… Plus à l’est encore se trouvent le [[Nigatsu-dō]] où se tient un important rituel une fois par an, le [[Hokke-dō]] et le sanctuaire shinto de Hachiman ([[Hachiman-jinja]]). Enfin, au sud du cloître intérieur dort l’étang du Miroir, bordé par les bâtiments administratifs<ref name="Mino86.35"/>.
 
Les travaux archéologiques et études des documents historiques montrent que le plan du site n’a pas fondamentalement changé depuis l’origine, bien que des bâtiments n’aient pas été reconstruits<ref name="Coaldrake96.71">{{harvsp|Coaldrake|1996|p=71}}.</ref>. Le plan des temples bouddhiques répond aux concepts d’équilibre et d’harmonie propres à l’Asie de l’Est. Les façades sont tournées vers le sud, représentant le bien, et le site suit un axe nord-sud qui révèle la hiérarchie entre les divers bâtiments<ref name="Mino86.35"/>.
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[[Fichier:Todaiji monjo.jpg|vignette|alt=Morceau de papier bruni et déchiré aux bordures recouvert de caractères chinois à l’encre noire.|Archives du Tōdai-ji.]]
 
Aux époques antiques et médiévales, le temple accueillait au moins {{unité|300 |moines}}, répartis en deux groupes : les moines érudits voués à la spiritualité et à l’étude des textes, et les moines non érudits assurant les services religieux moins prestigieux et l’administration quotidienne du temple<ref name="Piggott95.48">{{harvsp|Piggott|1995|p=48-49}}.</ref>. D’autres groupes de moines existent en marge, dont les moines-soldats et les artisans<ref name="Piggott95.48"/>, ainsi que les corps de laïcs organisés en bureaux ou départements nommés ''tokoro''<ref>{{chapitre|langue=ja|prénom1=Kyōko|nom1=Kikuchi|titre chapitre=「所」の成立と展開 {{lang|fr|(Établissement et développement des tokoro)}}|auteurs ouvrage=|titre ouvrage=林陸朗編|collection=Ronshū Nihon rekishi|volume=3|éditeur=Yūseidō Shuppan|lieu=Tokyo|année=1976|passage=100-104|isbn= }}.</ref> et un corps d’[[Esclavage au Japon|esclaves]] au service des moines dans les temps anciens<ref>{{Harvsp|Piggott|1987|p=174-175}}.</ref>. Traditionnellement, le temple est dirigé par un moine appelé ''bettō'' (le supérieur), qui est assisté par un cabinet nommé ''sangō'' pour les tâches administratives et politiques, et par les cinq maîtres (''gosho'', usuellement les plus âgés du temple) pour l’organisation de la vie des moines et des services religieux au quotidien<ref name="Piggott95.48"/>. Le ''bettō'' est nommé par la cour impériale ; à l’[[époque de Heian]], il s’agit communément d’un moine d’importance, souvent issu de l’aristocratie. Il réside à partir du {{s-|XI}} à Heian (Kyoto) et joue le rôle d’intermédiaire auprès de la cour pour relayer les doléances. Le ''sangō'' se compose de quatre ou cinq membres chargés de l’administration. À partir du {{s-|XI}}, l’absence du ''bettō'' au temple lui confère un rôle plus important et plus indépendant<ref name="Piggott95.50">{{harvsp|Piggott|1995|p=50}}.</ref>.
 
Au début de l’époque médiévale ({{s-|XII}}), l’évolution de la société et les difficultés fiscales modifient certains aspects de l’administration du temple<ref name="Piggott95.52">{{harvsp|Piggott|1995|p=52}}.</ref>. Le ''bettō'' vivant à la capitale, les résidents locaux privilégient l’assemblée des moines (''shuto'' ou ''manji'') et l’instauration d’une véritable bureaucratie pour gérer les terres affiliées au temple<ref name="Piggott95.58">{{harvsp|Piggott|1995|p=58}}.</ref>. De nombreuses décisions sont désormais prises par cette assemblée, qui est dirigée par les cinq maîtres et un secrétaire (''nen’yosho''). Bien qu’ancienne, elle prend un rôle plus important à partir du {{s-|XII}}, y compris sur des sujets politiques ou économiques<ref name="Piggott95.61">{{harvsp|Piggott|1995|p=61}}.</ref>. Elle peut par exemple signer des documents officiels, s’adresser directement à la cour et s’impliquer dans la gestion des domaines. En fait, les tensions entre les dirigeants et l’assemblée deviennent tangibles au cours du {{s-|XII}}<ref name="Piggott95.66">{{harvsp|Piggott|1995|p=66}}.</ref>. Ainsi, le conflit autour de la gestion du domaine d’Ōi (''Ōi no shō'') empoisonne les relations de 1211 à 1289<ref name="Piggott95.64">{{harvsp|Piggott|1995|p=64-65}}.</ref>. Les domaines affiliés au temple sont par ailleurs gérés au niveau local par des administrateurs nommés ''shōkan'', fonction souvent héréditaire dont le rôle est d’assurer la bonne tenue du domaine et le versement des taxes aux moines<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=John Whitney|nom1=Hall|titre=Japan: fromFrom prehistory to modern times|éditeur=Dell Pub. Co.|année=1971|passage=70|isbn=9780440550716|lire en ligne=}}.</ref>. Plus généralement, le Tōdai-ji était à la tête d’un réseau de temples secondaires (''in'' ou ''dō'') qu’il patronnait. Parfois même, la gestion de domaines appartenant au Tōdai-ji est déléguée à des temples affiliés (ces accords sont nommés ''ukebumi'')<ref name="Piggott95.68">{{harvsp|Piggott|1995|p=68}}.</ref>.
 
Les artistes et artisans forment une organisation à part au {{s-|VIII}}, le Bureau de construction du Tōdai-ji (''Zō Tōdai-ji shi''), composé de plusieurs départements bien administrés et hiérarchisés ; l’approvisionnement en matières premières, principalement le bois, relève également de l’organisme<ref name="Mino86.40">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=40}}.</ref>{{,}}<ref name="Farris95.84">{{ouvrage|langue=en|prénom1=William Wayne|nom1=Farris|titre=Population, Disease, and Land in Early Japan, 645-900|sous-titre=|numéro d’édition=|éditeur=Harvard University Asia Center|lien éditeur=|année=1995|passage=84-85|isbn=9780674690059}}.</ref>. L’atelier de sculpture, dont le premier directeur est [[Kuninaka no Muraji Kimimaro]] (maître sculpteur du Grand Bouddha), fut le plus actif de l’époque et imprègne de son style le milieu de la période Tenpyō<ref name="Tanaka96">{{article|langue=en| prénom1=Hidemichi|nom1=Tanaka|titre=The Discovery of a Great Sculptor: Kimimaro of the Nara Period (710-793)|périodique=Artibus et Historiae|année=1996|volume=17|numéro=33|pagespassage=187-220|url=https://www.jstor.org/stable/1483557 }}.</ref>. Les archives du temple permettent de comprendre la structure hiérarchisée mise en place pour gérer le nombre important d’employés, au moins {{formatnum:unité|8000|artisans}} artisans et {{unité|200 |superviseurs}} en 759, placés sous la tutelle du responsable de chaque département choisi parmi l’aristocratie : sculpture, peinture, travail du bronze, travail du fer, travailet du bois, laque, fabrique de tuiles, dorure, poterie<ref name="Kobayashi75.48">{{harvsp|Kobayashi|1975|p=48}}.</ref>. Toutefois, le bureau est fermé en 789 à la suite de son refus de s’installer à Heian (Kyoto), et ses membres se dispersent rapidement<ref name="Morse96.116">{{chapitre|langue=en|prénom1=Samuel C.|nom1=Morse|titre chapitre=Japan, Sculpture, Heian Period|auteurs ouvrage=Jane Turner|titre ouvrage=The dictionaryDictionary of Art|éditeur=Grove's Dictionaries|année=1996|volume=17 |passage=116-121|isbn=9781884446009 }}.</ref>.
 
=== Finances et gestion des domaines ===
[[Fichier:東大寺越前国桑原庄券第三.jpg|vignette|alt=Morceau de papier bruni abimé recouvert de caractères chinois à l’encre noire.|Rapport sur les domaines (''[[shōen]]'') détenus par le temple dans la [[province d'Echizen]] au {{s-|VIII}}.]]
 
Favorisé par les empereurs à l’[[époque de Nara]], le Tōdai-ji pouvait compter sur d’importants revenus financiers pour assurer son fonctionnement : subventions de l’État (les impôts de {{formatnum:unité|5000|ménages}} ménages sont alloués au fonctionnement du temple, dont {{formatnum:1000}} pour les tâches de maintenance, {{formatnum:2000}} pour les cérémonies et le reste pour la communauté<ref>{{harvsp|Piggott|1987|p=192-195}}.</ref>), exemptions d’impôts, revenus des champs (''konden'') répartis dans tout le Japon, etc. Mais rapidement, la cour se désengage financièrement et les grands temples doivent pallier cela en accroissant leur domaine afin d’augmenter les revenus, à partir du {{s-|X}}<ref name="Shively99.231">{{harvsp|Shively|McCullough|1999|p=231}}.</ref>{{,}}<ref name="Piggott95.53">{{harvsp|Piggott|1995|p=53}}.</ref>. Ces domaines sont nommés ''[[shōen]]'', dont le propriétaire privé percevait une partie des revenus. Un registre de 770 indique que le Tōdai-ji en possédait 92, et un autre de 1214 en mentionne 42<ref name="Shively99.225">{{harvsp|Shively|McCullough|1999|p=225}}.</ref>{{,}}<ref name="Piggott95.56">{{harvsp|Piggott|1995|p=56}}.</ref>, mais les possessions du temple ne sont pas fixes, les plus anciennes pouvant par exemple être laissées à l’abandon<ref name="Piggott95.54">{{harvsp|Piggott|1995|p=54}}.</ref>. Durant la [[guerre de Genpei]], tous les domaines sont momentanément confisqués par les Taira, avant d’être restitués par [[Minamoto no Yoritomo]], que le Tōdai-ji avait soutenu<ref name="Piggott95.62">{{harvsp|Piggott|1995|p=62}}.</ref>{{,}}<ref name="Murase96.147">{{harvsp|Murase|1996|p=147}}.</ref>. À partir de l’époque de Heian, les temples deviennent donc dépendants de leurs terres mais également de la cour impériale, car pour être profitable, un domaine devait obtenir une exemption d’impôts accordée de plein droit par l’État ; obtenir une telle exemption pour chaque domaine s’impose donc comme un enjeu capital<ref name="Shively99.227"/>. Le propriétaire pouvait éventuellement fixer une taxe supplémentaire, dans les strictes limites fixées par la loi<ref name="Shively99.231"/>.
 
Au {{s-|XIII}}, la dépendance aux domaines s’accroît encore, car le pouvoir n’appartient plus directement à la cour impériale, tandis que les écoles religieuses prolifèrent et entrent en compétition<ref name="Piggott95.58"/>. L’attribution des revenus d’une province à un temple (''chigyōkoku'') n’existe d’ailleurs plus, et n’est que marginalement reprise pour financer les travaux de restauration du Tōdai-ji de l’époque de Kamakura, après que Minamoto no Yoritomo attribue au temple les impôts des provinces [[Province de Suō|de Suō]], et dans une moindre mesure [[Province de Bizen|de Bizen]] et [[Province de Harima|de Harima]]<ref name="Bowring05.270">{{harvsp|Bowring|2005|p=270}}.</ref>{{,}}<ref name="Piggott95.55">{{harvsp|Piggott|1995|p=55}}.</ref>. Les problèmes administratifs et financiers deviennent alors la première préoccupation des moines, car l’administration des domaines (répartis dans tout le pays) et la perception des revenus, qui sont désormais entièrement laissées aux mains du clergé, s’avèrent très complexes<ref name="Bowring05.270"/>. En effet, les puissantes familles ou les gérants locaux (''jitō'' ou ''[[gokenin]]'') s’arrogent les terres du Tōdai-ji ou refusent ostensiblement de payer les impôts<ref name="Yamamura90.268" />. Les brigandages au milieu du {{s-|XIII}} en raison des disettes et des épidémies posent également de nouveaux problèmes<ref name="Piggott95.70">{{harvsp|Piggott|1995|p=70}}.</ref>, tout comme les rivalités avec d’autres temples comme le Kōfuku-ji, protégé par les [[Clan Fujiwara|Fujiwara]] et sa troupe de moines-soldats<ref name="Piggott95.63">{{harvsp|Piggott|1995|p=63}}.</ref>. En réponse à ces maux, les moines doivent s’investir bien plus qu’avant dans l’administration des domaines, notamment en nommant des représentants officiels (''azukari dokoro'') chargés de suppléer les gérants locaux, de préférence des moines haut placés afin de limiter la corruption<ref name="Nagahara75">{{article|langue=en| prénom1=Keiji|nom1=Nagahara|titre=Landownership under the Shōen-Kokugaryō System|périodique=''[[Journal of Japanese Studies]]''|mois=été|année=1975|volume=1|numéro=2|pagespassage=269-296|url=https://www.jstor.org/stable/132127 }}.</ref>. Néanmoins, les problèmes de gestion ne vont pas en s’améliorant et seuls huit domaines versent effectivement les taxes dues au Tōdai-ji en 1269, assurant un revenu minimal<ref name="Piggott95.75">{{harvsp|Piggott|1995|p=75}}.</ref>. En conclusion, le {{s-|XIII}} marque un tournant dans le financement du temple, les moines devant s’improviser gestionnaires et faire fonctionner un modèle qui n’est plus en phase avec la société, la tendance étant à la centralisation des terres et non plus au maintien de domaines dispersés dans tout le pays<ref name="Piggott95.75"/>.
 
Au {{s-|XIV}}, d’autres sources de revenus sont explorées, par exemple l’instauration de droits de péage dans les ports<ref name="Piggott95.76">{{harvsp|Piggott|1995|p=76}}.</ref> ou l’augmentation importante des guildes de commerce et d’artisanat (''[[Za (corporations)|za]]''), dont la plus ancienne remonte à 1097 au Tōdai-ji<ref name="Yamamura90.354">{{harvsp|Yamamura|Hall|Shively|1990|p=354, 362}}.</ref>.
 
De nos jours, le temple appartient toujours à l’école Kegon dont il est le centre<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Junjiro|nom1=Takakusu|titre=The Essentials Of Buddhist Philosophy|éditeur=Kessinger Publishing|année=2006|isbn=9781425486471|passage=112|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=XrztWkqWEpsC}}.</ref>, à l’exception du [[Shōsō-in]] et de son trésor qui sont administrés par l’[[Agence impériale]]<ref>{{ja}} {{Lien web| langue = ja|url=http://shosoin.kunaicho.go.jp/shosoinPublicja-JP/docHome/about_shosoin.htmlAbout/History|titre={{lang|ja|正倉院について}}|traduction (titre=Sur le Shōsō-in)|éditeur=[[Agence impériale]]|consulté le=19 août 2012}}.</ref>. À l’époque moderne, les temples et écoles bouddhiques au Japon sont financés principalement par les services religieux qu’ils assurent (rites funéraires, entretien des cimetières, prières), les visites (tourisme ou pèlerinage) et les dons<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Stephen Grover|nom1=Covell|titre=Japanese Temple Buddhism: Worldliness in a Religion of Renunciation|éditeur=University of Hawaii Press|année=2005|isbn=9780824829674|passage=143-146|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=IyMX0qS2hX4C}}.</ref>. D’autre part, les restaurations ou réparations des nombreux biens classés au [[patrimoine culturel du Japon]] sont subventionnées par l’État<ref name="Coaldrake96.249"/>{{,}}<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://whc.unesco.org/archive/advisory_body_evaluation/870.pdf|titre=Monuments historiques de l’ancienne Nara, évaluation des organisations consultatives |éditeur=[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]]|consulté le=19 août 2012}}.</ref>.
 
== Spiritualité et religion ==
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[[Fichier:Kaidan-in Todaiji JPN.jpg|vignette|alt=Petit bâtiment à un étage, blanc aux poutres nues. Toit et toit intermédiaire de tuiles grises aux extrémités recourbées.|L’estrade d’ordination (Kaidan-in, 1733).]]
 
Le Tōdai-ji est le centre des écoles bouddhiques [[Kegon]] (école de l’ornementation fleurie) et [[Ritsu]] (école de la discipline). Le Kegon ([[Huayan]]), importé de Chine et basé sur le [[sūtra Avatamsaka]], fait partie des six principales écoles de Nara (''Nanto rikushū''). Les enseignements essentiels de l’école se fondent sur l’idée d’interpénétration ([[Dharmadhatu]], espace de la réalité absolue) des éléments de l’univers : la création et l’interaction des phénomènes réels sont absolues et réciproques selon le principe d’infinité dans l’espace et le temps, signifiant qu’un élément de la réalité contient tous les autres, et inversement<ref name="Cornu06.239">{{harvsp|Cornu|2006|p=239-240}}.</ref>. Les doctrines très élitistes de l’école proposent une classification stricte des enseignements du [[Siddhartha Gautama|Bouddha]] jusqu’à la compréhension complète du Dharmadhatu<ref name="Cornu06.239" />. Le bouddha [[Vairocana]] (le Grand Bouddha au Tōdai-ji) y tient un rôle central. [[Rōben]] est l’un des principaux artisans de l’enseignement du Kegon au Japon, et le Tōdai-ji en devient le centre (''honzan'') par son truchement. L’école n’est réellement influente que durant l’époque de Nara, avant d’être rapidement supplantée par les sectes ésotériques au {{s-|IX}}<ref name="Cornu06.294">{{harvsp|Cornu|2006|p=294}}.</ref>. À l’époque de Kamakura, elle connaît un regain d’intérêt momentané grâce à plusieurs personnalités ; dès le {{s-|X}}, Kōchi fonde le temple secondaire Sonshō-in au Tōdai-ji afin de se dégager de l’ésotérisme dominant<ref name="Iwao02.1488">{{harvsp|Iwao|Iyanaga|2002|loc=vol. 2, p. 1488-1489}}.</ref>. Puis [[Sōshō]] (1202-1278) et surtout [[Gyōnen]] (1240-1321) restaurent et modernisent l’enseignement du Kegon par une vision érudite mais plus éclectique des pratiques et des dogmes, y apportant des éléments d’autres écoles [[Zenzen]], [[Ritsu]], [[Tendai]] et de la [[Terre pure]]<ref name="Blum02.57">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Mark L.|nom1=Blum|titre=The Origins and Development of Pure Land Buddhism: A Study and Translation of Gyonen’s Jodo Homon Genrusho|éditeur=Oxford University Press|année=2002|passage=57-63|isbn=9780195125245|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=c2Nm052NT-oC}}.</ref>. [[Myōe]] (1173-1232) enfin, moine important du {{s-|XIII}}, poursuit cette voie : il étudie au Tōdai-ji avant de fonder au [[Kōzan-ji]] un courant du Kegon moins intellectuel, plus préoccupé par les besoins spirituels des fidèles<ref name="Hamar07.309">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Imre|nom1=Hamar|et al.=oui|titre=Reflecting Mirrors: Perspectives on Huayan Buddhism|éditeur=Otto Harrassowitz Verlag|année=2007|passage=309-320|isbn=9783447055093|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=ikPxIBFOz-sC }}.</ref>.
 
[[Fichier:Kegon-kyō (Todaiji).jpg|vignette|gauche|alt=Sur la droite une esquisse montrant une triade de Shaka et des moines. Sur la gauche des calligraphies chinoises.|Copie du [[sūtra Avatamsaka]] (Kegon en japonais) au Tōdai-ji (encre d’argent sur papier, {{s-|XII}}).]]
 
L’école Ritsu ([[Vinaya]]), appartenant également aux six écoles de Nara, prêche plutôt un ensemble de codes et de règles de la vie monacale permettant d’atteindre l’Éveil<ref name="Cornu06.464">{{harvsp|Cornu|2006|p=464}}.</ref>. L’ordination et la pratique religieuse des moines qui en découlent sont théoriques et strictement codifiées. C’est un moine chinois, [[Jianzhen|Ganjin]] (Jianzhen), qui apporte cet enseignement au Japon à partir de 754. La cour lui accorde le droit d’ouvrir une salle d’ordination au Tōdai-ji, le Kaidan-in, où les moines sont désormais formés et intronisés<ref name="Bowring05.87">{{harvsp|Bowring|2005|p=87}}.</ref>. Malgré la création d’autres estrades d’ordination au Japon, le KandainKaidan-in reste la principale durant toute l’époque de Heian<ref name="Bowring05.88">{{harvsp|Bowring|2005|p=88}}.</ref>. Tout comme le Kegon, l’école Ritsu décline après l’époque de Nara et connaît un bref regain d’intérêt à l’époque de Kamakura, notamment en provenance du [[Saidai-ji]]<ref name="Blum02.57"/>.
 
Les temples constituent à l’origine des lieux d’étude et d’enseignement qui ne sont pas restreints à un corpus précis, mais permettent d’étudier au contraire les enseignements de différentes écoles<ref name="Iwao02.2690"/>. Rōben, un des fondateurs du temple, insuffle cette tradition studieuse en programmant des conférences et des sessions de lecture des sūtras<ref name="Bowring05.84">{{harvsp|Bowring|2005|p=84}}.</ref>. Les enseignements portaient sur la compréhension d’un sūtra ou d’un concept, les moines pouvant se spécialiser dans diverses disciplines, par exemple l’étude de chacune des six écoles de Nara au {{s-|VIII}}<ref name="Bowring05.99">{{harvsp|Bowring|2005|p=99}}.</ref>. Le Tōdai-ji reste ainsi un foyer spirituel important où de nombreux moines des différentes écoles de Nara et de Heian se côtoient, bien que l’école Kegon perde grandement de son importance après le {{s-|VIII}}<ref name="Hamar07.309"/>. Depuis le {{s-|X}}, le supérieur (''bettō'') du temple est d’ailleurs choisi parmi le clergé [[Shingon]] (école ésotérique)<ref name="Piggott95.46">{{harvsp|Piggott|1995|p=46}}.</ref>, et le rapprochement entre les deux écoles semble remonter au temps du fondateur du Shingon, [[Kūkai]], au {{s-|IX}}<ref name="Hamar07.309"/>.
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[[Fichier:Todaiji Monastery Hachiman by Kaikei (420).jpg|vignette|upright|alt=Statue paisible à l’apparence d’un moine assis, piédestal de fleurs de lotus, sceptre dans la main droite. Noir et blanc.|Statue du dieu [[Hachiman]] réalisée par Kaikei pour le sanctuaire Hachiman (bois, 1201).]]
 
La religion au Japon se caractérise par le [[Shinbutsu shūgō|syncrétisme]] entre le [[shintoïsme|shinto]] et le bouddhisme, c’est-à-dire entre les croyances ancestrales et la religion continentale. Le Tōdai-ji participe aux prémices de ce syncrétisme, s’agissant d’un des premiers temples bouddhiques protégés par un ''[[kami (divinité)|kami]]'' shinto, [[Hachiman]], divinité de la guerre et protecteur du pays. Durant la construction du Tōdai-ji, le culte de Hachiman était principalement rendu à [[Usa (Ōita)|Usa]] ([[Kyūshū]])<ref name="Bowring05.92">{{harvsp|Bowring|2005|p=92}}.</ref> ; toutefois, un oracle rapporte alors que le dieu souhaite protéger le Grand Bouddha du Tōdai-ji. Nara devient alors un des foyers du culte de Hachiman, et son sanctuaire (Tamekuya Hachiman-gū) est établi sur le site, à l’est sur les premiers contreforts du mont Wakakusa<ref name="Guth85.39"/>. De plus, un sanctuaire dédié à la divinité est établi dans les monastères provinciaux (''kokubun-ji'') dépendants du Tōdai-ji<ref name="Coaldrake96.77"/>. Outre la protection du temple, Hachiman devient à l’époque médiévale protecteur du [[clan Minamoto]], qui dirige le Japon plusieurs décennies, et de ses territoires du [[Région de Kantō|Kantō]]<ref name="Picken94.106">{{harvsp|Picken|1994|p=106-109}}.</ref>. Son culte se répand dans tout le pays et de nombreux sanctuaires (plus de {{formatnum:30000}}) lui sont dédiés de nos jours<ref name="Picken94.106"/>. Les cérémonies tenues au sanctuaire mélangent également les pratiques des deux religions<ref name="Buisson81.181">{{harvsp|Buisson|1981|p=181}}.</ref>.
 
Durant la reconstruction du Tōdai-ji à l’époque de Kamakura, Chōgen a recours à la même pratique en invoquant l’aide du sanctuaire shinto [[Ise-jingū]], dédié principalement à la déesse [[Amaterasu]]<ref name="Bowring05.270"/>. Il s’y rend en pèlerinage en 1186 où, selon la légende, la déesse lui apparaît en rêve et lui promet son aide pour la restauration du Tōdai-ji, si Chōgen promet de raviver l’énergie spirituelle de la divinité<ref name="Bowring05.270"/>. Il ramène donc au sanctuaire six cents rouleaux du ''Sūtra de la Grande Vertu de sagesse'' (''Daihannya-kyō'') à la tête d’une délégation de soixante moines<ref name="Picken94.308">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Stuart D. B.|nom1=Picken|titre=Essentials of Shinto: An Analytical Guide to Principal Teachings|collection=Resources in Asian Philosophy and Religion|éditeur=Greenwood Publishing Group|année=1994|passage=3|isbn=9780313264313|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=yA3_QqC6pPgC }}.</ref>.
 
=== Rites et cérémonies ===
[[Fichier:Todaiji Syunie Nara JPN 001.JPG|vignette|gauche|alt=De nuit, d’impressionnantes gerbes de feu tout le long du balcon du bâtiment.|La cérémonie du feu au [[Nigatsu-dō]] du Tōdai-ji, durant le ''[[Shuni-e]]''.]]
 
Les rites et cérémonies sont essentiels dans la tradition japonaise, car ils permettent d’assurer protection et prospérité. ExtrêmementÉtant donné qu'ils sont extrêmement codifiés et régis par un calendrier précis, les moines sont chargés d’assurer leur bonne tenue, qu’ils soient quotidiens, saisonniers, annuels… Dès le {{s-|VIII}}, Rōben établit un programme annuel des cérémonies et des conférences<ref name="Bowring05.84"/>. Les rites pratiqués au Tōdai-ji, bouddhiques ou shintosshinto, sont assurés par différents groupes de moines affiliés à la Sallesalle du Grand Bouddha ou aux différents temples secondaires. À l’époque de Nara, les plus grandes cérémonies s’y tenaient, en présence de hauts représentants de la cour impériale<ref name="Coaldrake96.74">{{harvsp|Coaldrake|1996|p=74}}.</ref>.
 
[[Fichier:Shomu-Tenno-Sai festival at Todaiji.jpg|vignette|alt=Enfants en costumes traditionnels sur une estrade jetée sur le lac.|Danses traditionnelles sur une scène installée près de l’étang du Miroir, lors de la cérémonie de commémoration de la mort de l’empereur Shōmu (''Shōmu Tenno sai''), le 2 mai.]]
 
Le rituel nommé ''[[Shuni-e]]'' (« cérémonie du second mois ») ou ''Omizu-tori'' (lit. « cérémonie du puisage de l’eau »), qui se tient chaque année depuis 752, est le plus important du temple. Il se déroule du {{1er}} au 14 mars au [[Nigatsu-dō]] afin de purifier le monde profane de ses péchés et favoriser la prospérité du pays<ref name="Suzuki82">{{article|langue=ja| prénom1=Masataka|nom1=Suzuki|titre=東大寺修二会の儀礼空間 {{lang|fr|(Les espaces rituels dans la cérémonie bouddhique du Shuni-e au Tōdai-ji)}}|périodique=民俗学研究 {{lang|fr|(Journal japonais d’ethnologie)}}|mois=juin|année=1982|volume=47|numéro=1|pagespassage=72-101|issn=0021-5023 }}.</ref>. Onze moines, les Rengyōshū, sont chargés de la tenue de la cérémonie. Après une période de préparation consacrée à la méditation et la purification (''bekka''), le ''Shuni-e'' débute le {{1er}} mars. Les onze religieux observent chaque jour six rituels de repentance (''keka''). Le soir, pour le rituel ''Otaimatsu'', des jeunes croyants brandissent sur le balcon du [[Nigatsu-dō]] d’imposantes torches de pins, faisant jaillir des myriades d’étincelles sur la foule en contrebas, afin de repousser les mauvais esprits<ref name="Berthier81.27">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Laurence|nom1=Berthier|titre=Syncrétisme au Japon,. Omizutori : le rituel de l’eau de Jouvence|éditeur=[[École pratique des hautes études]]|année=1981|passage=27-36|isbn=}} (thèse).</ref>. Dans la nuit du 12 au 13 mars se tient la cérémonie de l’Omizul’''Omizu-tori'' proprement dite, où l’eau de source sacrée du temple est transférée dans deux jarres, en offrande à la déesse [[Avalokiteśvara|Kannon]] : l’une contient un peu d’eau des quelque {{unité|1250 |festivals}} passés depuis 752, l’autre sert à recueillir l’eau nouvelle<ref name="Suzuki82"/>. Cet ensemble de rituels s’inscrit dans les courants syncrétiques en tirant son origine, ses pratiques et les divinités honorées tant du bouddhisme que du shinto<ref name="Herrou09.381">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Adeline|nom1=Herrou|prénom2=Gisèle|nom2=Krauskopff|titre=Moines et moniales de par le monde|sous-titre=la vie monastique au miroir de la parenté|éditeur=L’Harmattan|année=2009|passage=381-382|isbn=9782296106925|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=TovSJ5KsSnIC&dq}}.</ref>.
 
Les autres rites annuels les plus importants débutent avec les célébrations du [[Nouvel An japonais|Nouvel An]], dont la grande prière du 7 janvier (''shusho-e''). Le 8 avril se tient la cérémonie de la naissance du Bouddha historique, le 2 mai est consacré à la commémoration de la mort de l’empereur Shōmu (''Shōmu Tenno sai''), et le 5 juillet à la mort de Chōgen. En août se tiennent la cérémonie de nettoyage du Grand Bouddha (''ominugui'') le 7 et le festival des dix mille lanternes le 15. Le festival d’automne se déroule le 15 octobre, célébrant l’édit impérial émis pour annoncer la construction du Grand Bouddha. Enfin, la dernière cérémonie importante a lieu le 16 décembre avec la lecture du sūtra Avatamsaka (Kegon)<ref>{{lien web|langue=en}}| url = [httphttps://www.yamasa.org/japan/english/destinations/nara/todaiji.html Todaiji],| Japantitre Travel= Guide,Todaiji The| éditeur=''Yamasa Institute]''|consulté le=4 décembre 2019}}.</ref>{{,}}<ref name="Martin94.Martin">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=John H.|nom1=Martin|prénom2=Phyllis G.|nom2=Martin|titre=Nara: A Cultural Guide to Japan’s Ancient Capital|éditeur=Tuttle Publishing|année=1994|passage=178-184|isbn=9780804819145|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=emV1P5fJ4pYC }}.</ref>.
 
== Architecture ==
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[[Fichier:Model Todaiji.jpg|vignette|alt=Maquette avec : le [[Daibutsu-den]] au centre, cerné de son cloître intérieur, flanqué de deux pagodes.|Maquette du site original du temple au {{s-|VIII}}, avec les pagodes, le Daibutsu-den, le cloître intérieur et la porte sud, d’après les travaux de Shun’ichi Amanuma.]]
 
Très peu de bâtiments datant de la construction originelle à la [[période Tenpyō]] subsistent de nos jours. Il s’agit du [[Hokke-dō]], du [[Shōsō-in]], de la porte Tengai, de la salle du trésor du sanctuaire Tamukeyama Hachiman ainsi que de trois entrepôts, le reste ayant disparu ou été reconstruit ultérieurement<ref name="Shimizu01.69"/>. Le style original correspond aux influences de la [[Dynastie Tang|Chine des Tang]]<ref name="Parent96.65">{{chapitre|langue=en|prénom1=Mary Neighbour|nom1=Parent|titre chapitre=Japan, Architecture|auteurs ouvrage=Jane Turner|titre ouvrage=The dictionaryDictionary of Art|éditeur=Grove's Dictionaries|année=1996|volume=17|passage=65-74|isbn=9781884446009 }}.</ref>, le classicisme et la proximité au modèle chinois s’expliquant par la fonction du bouddhisme dans l’État, c’est-à-dire la protection de l’empereur<ref name="Buisson81.968">{{harvsp|Buisson|1981|p=98}}.</ref>.
 
[[Fichier:NaraTodaiji0252.jpg|vignette|gauche|alt=Bâtiment sans étage blanc aux poutres à nues.|Le Hokke-dō, ou salle du Lotus ({{s-|VIII}}).]]
 
Deux longs murs d’enceinte cernaient le site sur les côtés ouest et sud, percés de trois portes chacun à la manière chinoise. Seule reste une des portes, la porte Tengai (''Tengai-mon'') au nord-ouest<ref name="Mino86.37">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=37-38}}.</ref>. Elle était utilisée pour les cérémonies du sanctuaire shinto Tamukeyama Hachiman. Composée de trois ouvertures, elle repose sur un socle en pierre et de lourds piliers soutiennent le toit à pignon de style ''nijūkōryō kaerumata''<ref name="Shimizu01.70">{{harvsp|Shimizu|2001|p=70}}.</ref>. Entre l’enceinte sud et le cloître intérieur, deux [[pagode]]s (''[[tō]]'' en japonais) à sept étages s’élevaient à l’est et l’ouest, chacune adjointe d’une enceinte carrée ; les sept étages symbolisent les [[Godai|cinq éléments]] traditionnels ainsi que le soleilSoleil et la luneLune<ref name="Buisson81.24">{{harvsp|Buisson|1981|p=24, 43}}.</ref>. Cet emplacement des pagodes à l’extérieur du cloître est caractéristique du style de Nara, alors que les édifices plus anciens comme le [[Hōryū-ji]] disposaient d’une seule pagode située à l’intérieur du cloître, lui conférant plus d’importance<ref name="Parent96.65"/>{{,}}<ref name="Chaillou02.52">{{harvsp|Chaillou|2002|p=52}}.</ref>. Mesurant plus de cent mètres, soit le double des plus hautes pagodes japonaises existantes de nos jours, ces édifices aujourd’hui disparus témoignent d’une grande maîtrise de la construction à pans de bois<ref name="Mino86.37"/>{{,}}<ref name="Nishi96.8">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Kazuo|nom1=Nishi|prénom2=Kazuo|nom2=Hozumi|titre=What is Japanese Architecture?|éditeur=Kodansha International|année=1996|passage=8|isbn=9784770019929|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=oZl_yEJGtUYC&dq }}.</ref>. Le [[Bâtiment principal (Bouddhisme japonais)|bâtiment principal]] (Daibutsu-den) hébergeant la statue colossale a été également détruit deux fois. D’après les travaux architecturaux et archéologiques de Shun’ichi Amanuma, le bâtiment était à l’origine plus grand et rectangulaire, mesurant {{unité|86.1|mètres}} de haut au lieu des 57,1 actuels ; il présentait un plan rectangulaire plus équilibré, avec onze [[Ken (architecture)|baies]] de long au rez-de-chaussée et neuf au premier étage<ref name="Coaldrake96.74"/>. Le toit à [[Comble (architecture)|comble]] inspiré de Chine devait être de forme ''yosemune'' (faîte plat, pentes latérales trapézoïdales et pentes frontales triangulaires), élégant et légèrement courbé<ref name="Buisson81.106">{{harvsp|Buisson|1981|p=106}}.</ref>. Enfin, la salle de lecture des sūtras (''kōdō''), les vastes quartiers des moines (''sōbō''), le réfectoire (''jiki-dō'') et le campanile situés au nord de la Sallesalle du Grand Bouddha ont également disparu<ref name="Mino86.37"/>. Deux bâtiments du {{s-|VIII}} subsistants présentent un fort intérêt architectural : le Hokke-dō et le Shōsō-in.
 
Le [[Hokke-dō]] (salle du Lotus), ou plus communément ''Sangatsudō'' (salle du troisième mois) d’après la cérémonie de lecture du [[Sūtra du Lotus]] qui s’y tient le troisième mois de l’année, est un sanctuaire annexe bâti sur l’emplacement de l’ancien temple Konshō-ji<ref name="Shimizu01.69"/>{{,}}<ref name="Iwao02.2690"/>. Achevé probablement au plus tard en 746, il présente un style architectural caractéristique de la période Tenpyō primitive et s’élève à l’est du site, sur les prémices du mont Wakakusa<ref name="Mino86.37"/>. Orienté au sud, sa forme rectangulaire profonde est constituée de cinq entrecolonnements pour la façade principale et huit pour les côtés. Il se compose d’une salle principale (''shōdō'' ou ''hondō'') précédée d’une salle de lecture au sud (''raidō''). Toutefois, le ''raidō'' a été ajouté ultérieurement en 1199 et réuni par un corridor au ''shōdō'', tandis que le plancher de bois a disparu<ref name="Shimizu01.70"/>. La toiture particulière repose sur un ensemble d’[[encorbellement]]s surmontés d’un maître [[Dé (architecture)|dé]] (''daito'') associé à trois dés secondaires (''to''), selon le système dit ''degumi''. Typique de l’époque, une pièce de support (''kentozuka'') est intercalée entre les poutres formant la charpente<ref name="Shimizu01.70"/>.
 
[[Fichier:Shoso-in.jpg|vignette|alt=Bâtiment austère en poutres horizontales de bois nu.|Le Shōsō-in, ou salle du trésor ({{s-|VIII}}).]]
 
Les magasins ont été construits dans un style différent du Hokke-dō, l’''[[azekura-zukuri]]'', récurrent pour les greniers et entrepôts<ref name="Shimizu01.70"/>. Parmi les magasins subsistants, le [[Shōsō-in]] situé au nord est le plus grand édifice de ce style, mesurant {{Unité|33|mètres}} de face, 9,4 de profondeur et 14,24 de haut<ref name="Hayashi75.13">{{Harvsp|Hayashi|1975|p=13-14}}.</ref>. Soutenus par de lourds pilotis de bois sur fondation de pierre (structure dite ''takayuka-shiki''), ses murs se composent d’un empilement horizontal de poutres triangulaires de cyprès du Japon qui s’entrecroisent aux quatre coins (technique ''azekura''). Deux pièces, au nord (''hokusō'') et au sud (''nansō''), flanquent la salle centrale (''chūsō''), séparées par des cloisons internes en bois<ref name="Shimizu01.70"/>. Cette structure donne une préservation idéale pour les entrepôts<ref name="Hayashi75.16">{{Harvsp|Hayashi|1975|p=16}}.</ref>{{,}}<ref name="Mino86.39">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=39}}.</ref>. Le Shōsō-in sert à entreposer au fil du temps objets d’art et documents historiques inestimables ; dès 756, l’impératrice du défunt Shōmu fait don au Shōsō-in d’une collection de quelque {{formatnum:unité|10000|objets}} objets d’art, d’artisanat ou de la vie quotidienne<ref name="Swann67.51"/>, venant du Japon et de tout le continent asiatique aux {{s2-|VII|VIII}}<ref name="Ienaga79.41"/>. Pour cette raison, le bâtiment fut soigneusement conservé et les moines lui accordèrent le suffixe religieux honorifique « -''in'' » ; certains ouvrages lui donnent le qualificatif de {{citation|premier musée du monde}}, bien que fort peu de personnes eussent l’autorisation d’y pénétrer<ref name="Iwao02.2506">{{harvsp|Iwao|Iyanaga|2002|loc=vol. 2, p. 2506-2507}}.</ref>. Ces trésors ont été transférés de nos jours dans divers musées nationaux pour une part, et dans une structure moderne en béton non loin pour le reste<ref name="Iwao02.2506"/>.
 
=== Style Daibutsu de l’époque de Kamakura ===
[[Fichier:Todaiji shoro.jpg|vignette|gauche|alt=Structure carrée sans mur plein à l’avant-toit fortement courbée. Imposante cloche en bronze au centre.|''[[Shōrō|Shō-rō]]'' (beffroi, 1210).]]
[[Fichier:Todaiji06s3200.jpg|vignette|upright|Structure de la grande porte sud (achevée en 1203), avec ses traverses encastrées dans les piliers et le système de consoles soutenant le premier toit à droite.]]
 
L’incendie du temple par les Taira en 1180 ne laisse que très peu de bâtiments intacts, nécessitant la reconstruction de la plus grande partie du site. Seuls demeurent la salle des fondateurs (''kaisan-dō'', 1200), la salle de lecture (''raidō'') du Hokke-dō (1199), le beffroi (''[[shōrō|shō-rō]]'', 1210) et surtout la grande porte sud (''nandai-mon'', 1195)<ref name="Shimizu01.157">{{harvsp|Shimizu|2001|p=157}}.</ref>.
 
L’étude des styles architecturaux de la Chine des [[Dynastie Song#Les Song du Sud, 1127-1279|Song du Sud]] par le biais de Chōgen suscite un nouveau style nommé ''[[Daibutsuyō|daibutsu-yō]]'' ou ''tenjiku-yō''<ref name="Mino86.42">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=42-44}}.</ref>, qui explore le monumentalisme grâce à de nouvelles techniques de construction plus robustes<ref name="Parent96.65"/> et le retour aux sources du bouddhisme<ref name="Buisson81.60"/>. L’usage de bras de [[Console (architecture)|console]] (''hijiki'', poutre supportant l’avancée des avant-toits) et de traverses (''nuki'', pièce de construction horizontale) encastrés ou fixés directement aux piliers et non plus reposant au-dessus renforce la structure et permet de gagner en hauteur, modulo les difficultés d’approvisionnement en poutres suffisamment hautes et larges<ref name="Shimizu01.157"/>. Multiplier les [[traverse]]s et [[tasseau]]x permettait de construire des structures massives rapidement et efficacement, notamment en réduisant la complexité des consoles et en standardisant les pièces<ref name="Nishi96.20">{{harvsp|Nishi|Hozumi|1996|p=20}}.</ref>{{,}}<ref name="Buisson81.60">{{harvsp|Buisson|1981|p=60, 67}}.</ref>. L’ajout de supports très larges (''taiheizuka'') entre les consoles, très employés dans l’architecture [[zen]] par la suite, est également inhabituel<ref name="Parent96.65"/>. Le style ''daibutsu-yō'', éloigné des courants japonais traditionnels, reste peu usité au Japon, si bien que rares en sont les exemples subsistants de nos jours, dont la grande porte sud du Tōdai-ji qui en illustre toutes les caractéristiques<ref name="Parent96.65"/>. Cette dernière est une construction massive achevée en 1203, mesurant {{unité|25.7|mètres}} de haut et 29,7 de large<ref name="Mino86.42"/>, soit la plus grande porte de temple du Japon<ref name="Chaillou02.54"/>. Deux toits en demi-croupe se superposent, soutenus par les piliers imposants de plus de {{unité|19|mètres}} formant cinq baies<ref name="Chaillou02.54"/>{{,}}<ref name="Shimizu01.158">{{harvsp|Shimizu|2001|p=1587}}.</ref>. Six [[entrait]]s sont encastrés dans les piliers pour supporter les deux toits ; de plus, les espaces vides entre ces entraits sont comblés par des consoles factices, donnant ces angles à 45 degrés qui partent en sens inverse du toit<ref name="Buisson81.60"/>. Enfin, des poutres « arc-en-ciel » (légèrement bombées) soutiennent la poussée latérale du toit principal au sommet des piliers<ref name="Buisson81.61">{{harvsp|Buisson|1981|p=61}}.</ref>. La porte abrite deux imposantes [[Niō du Tōdai-ji|statues gardiennes]] (Niō''niō'') de plus de huit mètres. L’ensemble des autres bâtiments onta été détruitsdétruit dans l’incendie de 1567, mais devaientdevait probablement observer un style proche de la grande porte sud, du moins durant le vivant de Chōgen.
 
À sa mort lui succèdent à la tête des travaux les moines [[Eisai]] puis Gyōyū, qui amènent chacun quelques variations architecturales, en particulier des éléments d’inspiration [[Zenzen]] (style ''[[zenshūyō|zenshū]]'')<ref name="Shimizu01.157"/>. Le style expérimenté par Eisai permet de combiner les aspects massifs du ''daibutsu-yō'' et décoratifs du Zenzen, avec des toits très incurvés et des tasseaux plus discrets<ref name="Parent96.65"/>. Le clocher du Tōdai-ji construit en 1202 sous son égide témoigne de cette phase de transitions<ref name="Buisson81.61"/>.
 
=== Temple actuel ===
Le temple actuel résulte grandement des restaurations entreprises à l’[[époque d'Edo|époque d’Edo]] à partir de 1685. La Sallesalle du Grand Bouddha, achevée en 1707, est de dimension réduite par rapport au bâtiment original, avec sept baies de large et une surface au sol non plus rectangulaire mais carrée ; il reste toutefois le plus grand bâtiment couvert en bois duau monde<ref name="Mino86.42"/>{{,}}<ref name="Stanley90.47">{{harvsp|Stanley-Baker|1990|p=47}}.</ref>, mesurant {{unité|47|mètres}} de haut, 57 de long et 52 de large<ref name="Coaldrake96.74"/>. En raison du budget limité, rassembler le bois pour les tasseaux supportant l’avancée du toit posait problème, si bien que des renforts en fer furent ajoutés<ref name="Mino86.42"/>. Lors des restaurations de 1906 à 1913, la structure est grandement renforcée pour pouvoir supporter le poids de la charpente, des études ayant montré des faiblesses importantes<ref name="Mino86.45">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=45}}.</ref>. Bien que structurellement proche du bâtiment restauré sous la conduite de Chōgen, en mêlant styles ''daibutsu'' et ''zen'', quelques éléments reflètent les avancées des {{s2-|XVI|e|XVII}}, tel le large [[Pignon (architecture)|pignon]] (''[[karahafu]]'')<ref name="Parent96.65"/>.
 
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==== Statuaire du Hokke-dō et du Kaidan-in ====
[[Fichier:Todaiji Monaster Fukukensaku Kwannon of Hokkedo (232).jpg|vignette|alt=Statue de Kannon, au centre, sur un haut piédestal. Deux statues blanches sereines de part et d’autre, de taille deux fois moindre: les devas. |Fukūken-saku Kannon, laque sèche creuse, H : {{unité|3.64m64|m}}, et deux [[Deva (divinité)|deva]]s, argile crue. Fin {{8eVIIIe|s}}. [[Hokke-dō]]<ref>Le Bodhisattva Fukuken-saku (ou -jaku), une forme d'[[Avalokiteśvara]] vénérée depuis le {{s-|VI}} au Japon, correspond à l'Indien [[Amoghapasha Lokeshvara|Amoghapāśa]]. Décrit dans un texte de 709, il se présente sous diverses formes, la plus commune à quatre bras. Avec son attribut caractéristique, le nœud coulant, il met en œuvre son vœu de sauver tous les êtres. À ses côtés, Bon-ten ([[Brahman]]) et Taishaku-ten (l'empereur du cielCiel), deux des douze [[Deva (divinité)|devadevas]]s. Ref. :[https://www.kyohaku.go.jp/eng/syuzou/meihin/butsuga/item05_09.html].</ref>.]]
 
Historiquement, la technique du Tenpyō classique repose sur l’usage de la [[laque]] sèche creuse (''dakkan kanshitsu''), dans un style naturaliste teinté d’une certaine idéalisation, façonné par les artistes japonais à partir des modèles Tang (qui emploient la laque dès le {{s-|IV}})<ref name="Morse96.113"/>. La méthode consistait en la réalisation d’un moule grossier en terre, que les artistes recouvraient d’une épaisse couche de tissus enduits de laque. Une fois cette dernière sèche, le moulage interne était retiré et remplacé par une armature en bois<ref name="Murase96.52">{{harvsp|Murase|1996|p=52}}.</ref>. L’artiste pouvait alors modeler les détails du visage et du corps<ref name="Morse87-article">{{article|langue=en|prénom1=Samuel C.|nom1=Morse|titre=Japanese Sculpture in Transition: An Eighth-Century Example from the Tōdai-ji Buddhist Sculpture Workshop|périodique=Art Institute of Chicago Museum Studies|année=1987|volume=13|numéro=1|pagespassage=52-69|url=https://www.jstor.org/stable/4115925 }}.</ref>.
 
Au Tōdai-ji demeure de la période Tenpyō un ensemble de neuf statues en laque sèche creuse et cinq en terre séchée, abritées dans le [[Hokke-dō]], qui semblent avoir eu une grande influence sur les artistes contemporains<ref name="Shimizu01.75">{{harvsp|Shimizu|2001|p=75-78}}.</ref>. La divinité principale de l’ensemble ornemental est un [[Avalokiteśvara|Fukūkenjaku Kannon]] (une forme puissante du bodhisattva de la compassion Kannon) à huit bras et trois yeux de {{Unité|3.60|m}} de haut, en laque sèche recouverte d’or, réalisé probablement avant 749<ref name="Kobayashi75.137">{{harvsp|Kobayashi|1975|p=137-138}}.</ref>. Debout sur un socle octogonal surmonté de pétales de lotus, la statue observe une symétrie verticale rigoureuse, notamment la robe et les bras (en pose de vénération ou portant divers attributs religieux). Le vaste nimbe en bronze doré présente une forme unique à quarante-deux rayons inégaux, ornés de rinceaux floraux. La coiffe est en argent doré et décorée de pierres précieuses et de perles serties en forme de ''[[magatama]]'' ; elle est parée d’une petite sculpture en argent du bouddha [[Amitābha|Amida]] en son centre<ref name="Murase96.56">{{harvsp|Murase|1996|p=56}}.</ref>{{,}}<ref name="Shimizu01.75"/>. Le style global reste caractéristique de l’époque, visant à l’harmonie et au naturalisme, tout en suggérant une puissance nouvelle par la tête, proportionnellement plus grande, ainsi que le corps et les bras volumineux ; l’artiste souligne surtout la dignité, la grandeur distante et la compassion bienveillante<ref name="Yoshikawa76.67">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Itsuji|nom1=Yoshikawa|titre=Major themesThemes in Japanese art|sous-titre=|numéro d’édition=Art|éditeur=Weatherhill|lien éditeur=|année=1976|collection=[[Nihon no bijutsu|Heibonsha Survey of Japanese Art]]|volume=1|passage=67-69|isbn=9780834810037}}.</ref>. Le Fukūkenjaku Kannon forme une triade avec deux autres statues en laque de divinités hindoues intégrées au bouddhisme, [[Indra]] et [[Brahmā]] (Taishaku Ten et Bon Ten en japonais). Les six autres œuvres en laque, originales par les positions et les armures des statues, représentent les quatre rois célestes ([[Shi Tennō]]) et deux [[Niō]], réalisées ultérieurement vers 759, auxquelles s’ajoutent les déesses [[Kichijōten|Kichijo-ten]] et [[Benzaiten|Benzai-ten]] provenant à l’origine d’un autre bâtiment (le Kichijo-dō, brûlé en 754) qui s’inscrivent dans la pleine période de la sculpture en laque sèche et offrent un portrait notable de la féminité inspiré des dames Tang<ref name="Kobayashi75.85">{{harvsp|Kobayashi|1975|p=85-87}}.</ref>.
 
[[Fichier:Vajirapani Shukongoshin Todaiji2.JPG|vignette|gauche|upright|alt=Statue féroce, corps cambré, bras droit levé tenant une lance. Couleur un peu effacée à dominante rouge et or.|Shūkongō-jin du Hokke-dō ({{s-|VIII}}).]]
Parmi l’ensemble en terre séchée ou argile du Hokke-dō, l’identité des deux statues positionnées de part et d’autre du Fukūkenjaku Kannon sontest incertainesincertaine selon les historiens de l’art : [[Suryaprabha|Nikkō]] et [[Candraprabha (bouddhisme)|Gakkō]] (généralement affiliés au bouddha [[Bhaisajyaguru|Yakushi]]) ou Bon Ten et Taishaku Ten<ref name="Shimizu01.75"/>. Elles sont constituées d’un cœur de bois recouvert de terre séchée et de paille puis d’une fine couche d’argile, sur laquelle les couleurs ont presque disparu ; leur expression, yeux mi-clos et mains jointes, revêt l’aspect de la sérénité et de la dévotion<ref name="Murase96.56"/>. Elles montrent clairement une tendance à l’introspection<ref name="Yoshikawa76.67"/>, révélant l’essence de l’art à la fois puissant et spirituel du milieu de la période Tenpyō<ref name="Swann67.56">{{harvsp|Swann|1967|p=56-57}}.</ref>. Enfin, la statue du Shūkongō-jin ({{Unité|1.8|mètre}}) {{incise|une image « secrète » exposée une seule fois par an aux yeux du public, le 16 décembre, d’où son état de conservation exceptionnel}} exerce une impression de force par son corps musculeux rigoureusement proportionné, ses veines saillantes, son visage furieux et son bras menaçant<ref name="Murase96.52"/>{{,}}<ref name="Kidder61.186">{{harvsp|Kidder|1961|p=186}}.</ref>. On distingue encore nettement les couleurs (rouge, vert et bleu) et la dorure formant des motifs floraux fins sur l’armure, l’ensemble ajoutant au réalisme de la statue<ref name="Shimizu01.75"/>. Toutefois, sous ses dehors furieux, c’est la bonté de Shūkongō-jin qui est dissimulée<ref name="Kidder61.186"/>. Le Fukūkenjaku Kannon et l’ensemble de statues en terre proviennent probablement d’un même atelier, ou du moins aont été produits à la même période, en raison d’un style et de tailles (deux2 à quatre mètres{{unité|4|m}}) similaires<ref name="Kidder61.173">{{harvsp|Kidder|1961|p=173}}.</ref>. En revanche, les autres statues en laque sèche creuse sont ultérieures et ne proviennent probablement pas du même ensemble à l’origine, le style étant moins puissant et expressif<ref name="Kobayashi75.30">{{harvsp|Kobayashi|1975|p=30-32}}.</ref>.
 
Outre l’ensemble du Hokke-dō, le [[Kaidan-in]] possède deux des quatre rois célestes (Jikoku-ten et Komoku-ten, réalisées entre 742 et 746) de 1,78 et {{Unité|1.63|mètre}} en terre séchée (seconde moitié du {{s-|VIII}}), pour lesquels l’artiste s’est concentré sur l’armure et l’expression de rage contenue du visage très humain, mais négligeant les jambes<ref name="Yoshikawa76.67"/>{{,}}<ref name="Murase96.52" />.
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[[Fichier:Daibutsu of Todaiji 4.jpg|vignette|alt=Grand Bouddha vu de trois quarts, côté gauche.|Le Grand Bouddha ([[Daibutsu]]) du Tōdai-ji, en bronze mesurant {{unité|14.73|m}} ({{s-|XVII}}).]]
 
La statue colossale du bouddha Vairocana (le [[Daibutsu]]) constituait l’élément le plus frappant du site, probablement inspirée de statues colossales semblables en [[Chine]]<ref name="Mino86.51">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=51}}.</ref>. Le responsable du Bureau des sculptures du Tōdai-ji, [[Kuninaka no Muraji Kimimaro]] (d’origine coréenne), a élaboré le moule en terre, avant que la statue soit fondue en bronze par les artisans Takechi no Ōkuni, Takechi no Mamaro et Kakinimoto no Odama, entre 747 et 749<ref name="Shimizu01.69"/>. Entre 749 et 752, les artistes s’attèlents’attellent aux finitions du visage et au polissage, la pose de la dorure venant après<ref name="Kobayashi75.45">{{harvsp|Kobayashi|1975|p=45-47}}.</ref>. Selon les travaux de Katori Tadahiko et diverses fouilles archéologiques, le processus de fabrication a consisté en premier lieu à creuser un vaste trou au fond renforcé par une dalle. Là, deux moules en terre imbriqués ont été réalisés de sorte de laisser une cavité entre les deux, où le métal fondu doit être coulé en huit phases<ref name="Kobayashi75.121">{{harvsp|Kobayashi|1975|p=121-122}}.</ref>. Pour chacune, le moule est progressivement enfoui sous une colline de terre, afin d’y installer à mesure peut-être vingt à trente fourneaux capables de fondre le bronze dans le moule, du socle jusqu’à la tête. Enfin, la colline est peu à peu aplanie pour les finitions<ref>{{article|langue=en|prénom1=Yoshimasa|nom1=Chiyonobu|titre=Recent Archaeological Excavations at the Tōdai-ji|périodique=Japanese Journal of Religious Studies|mois=juin-sept.|année=1992|volume=19|numéro=2/-3|pagespassage=245-254|url=httphttps://nirc.nanzan-u.ac.jp/publicationsnfile/jjrs/pdf/373.pdf2490}}.</ref>{{,}}<ref name="Mino86.51"/>. La dorure recouvrant le bronze est appliquée à partir de 752. Néanmoins, en raison des dégradations et des incendies, il ne reste du Grand Bouddha original qu’une partie du piédestal et des genoux, le reste résultant majoritairement de la restauration de 1692. Selon Joan R. Piggott, {{unité|338|tonnes}} de cuivre et {{unité|16|tonnes}} d’or sont nécessaires pour l’œuvre originale, pour une hauteur d’environ {{Unité|16|mètres}}<ref name="Piggott87.128">{{harvsp|Piggott|1987|p=128}}.</ref>.
 
Un des rares documents iconographiques sur la statue d’origine est fourni par les ''[[Rouleaux des légendes du mont Shigi]]'' (''Shigisan engi emaki''), peint précédemment à la destruction de 1180 ([[:Commons:File:Magimi no maki (nun chapter).jpg|voir]])<ref name="Mason05.68"/>. Quelques statues de l’époque comme le bouddha Vairocana du [[Tōshōdai-ji]] et le Fukūkenjaku Kannon du Hokke-dō permettent aussi d’imaginer le style du premier Grand Bouddha<ref name="Yoshikawa76.67"/>. De plus, les pétales de lotus du piédestal en bronze portent des gravures datant d’environ 757 qui illustrent des scènes de l’univers bouddhique autour de Shaka<ref name="Murase96.49"/>. Ces gravures empruntent également beaucoup à l’art chinois Tang (les proportions réalistes, le drapé et le visage rond) et sont probablement très proches du style du Grand Bouddha original qui devait être plus élégant que la statue actuelle<ref name="Mino86.52">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=52}}.</ref>, généralement jugée banale hormis ses dimensions<ref name="Swann67.51">{{harvsp|Swann|1967|p=51-52}}.</ref>. Cette dernière date donc du {{s-|XVII}}, mesure environ un mètre de moins que l’original, soit {{Unité|14.98|mètres}} assise, et {{Unité|18|mètres}} avec le piédestal<ref>{{lien web | langue=ja}} [| url = http://www.todaiji.or.jp/indexcontents/infoqa/faq/d-ookisa.html Site| officiel],titre dimensions= よくあるご質問 |traduction titre=Foire aux questions sur le site officiel du GrandTōdai-ji|site=todaiji.or.jp|consulté Bouddhale=4 décembre 2019}}.</ref>. La statue reste malgré tout l’un des plus grands bouddhas assis au monde<ref name= Unesco>[{{lien web | langue = fr | url = http://whc.unesco.org/archivedocument/advisory_body_evaluation/870.pdf154488 Évaluation| initialetitre de= l’ICOMOSÉvaluation commissionnéede parl'organisation l’Unesco,consultative précédant(ICOMOS) le: classementListe audu patrimoine mondial, deNara l’humanité(Japon), numéro 870|éditeur=[[UNESCO]]|date=1998}}.</ref>.
 
Il semble que la fonte du Grand Bouddha a épuisé la majeure partie des réserves de cuivre de l’archipel, pouvantce qui peut expliquer la baisse significative de production de statues en bronze à l’époquecette époque. La statuette en bronze de la Naissancenaissance de Shaka sertie dans un petit bassin gravé de fleurs et d’animaux servait lors des cérémonies du 8 avril commémorant l’anniversaire de Shaka, où l’on versait de l’eau parfumée dessus. Ici, la finesse du modelé et la fraîcheur du visage en font une des plus belles œuvres sur le sujet<ref name="Kobayashi75.126">{{harvsp|Kobayashi|1975|p=126-127}}.</ref>. Il demeurereste également la large lanterne octogonale en bronze qui se tient devant la Sallesalle du Grand Bouddha, forgée de fins croisillons et ornée sur quatre faces de reliefs élégants représentant des [[bodhisattva]]s jouant de la musique<ref name="Kobayashi75.125">{{harvsp|Kobayashi|1975|p=125}}.</ref>. Ces deux sculptures renseignent là encore sur l’apparence du Grand Bouddha original<ref name="Kobayashi75.56">{{harvsp|Kobayashi|1975|p=56-60}}.</ref>.
 
=== Époque de Heian ===
[[Fichier:Todaiji Monastery Miroku (266).jpg|vignette|upright|left|alt=Petite statue assise massive aux proportions peu réalistes. Noir et blanc.|Le Miroku (bois, époque de Heian).]]
 
Dès la seconde moitié de la période Tenpyō débute une phase de transition artistique jusqu’à l’[[époque de Heian]], où le bois a définitivement remplacé la plupart des autres matériaux<ref name="Morse87-article"/>. À partir des années 760, une technique transitoire, la laque sèche sur bois (''mokushin kanshitsu''), apparaît : contrairement à la laque sèche creuse, le moulage interne en bois n’était pas retiré, permettantce qui permettait de réduire l’épaisseur de laque nécessaire<ref name="Morse96.113"/>. Dans une période de désengagement financier de l’État et de divergences politiques (la capitale change de Nara à Heian), les subventions accordées aux grands ateliers des temples de Nara sont significativement réduites, expliquant cette évolution. De fait, la laque est coûteuse à produire à la différence du bois ; or, les artistes se sont rapidement aperçus que plus la structure interne en bois est finement travaillée, plus la couche de laque nécessaire diminue<ref name="Morse87-article"/>. De plus, les Japonais subissent l’influence du nouveau style chinois, plus volumineux, idéaliste et sévère, auquel la laque sèche sur bois correspondent bien<ref name="Morse96.113"/>. C’est probablement par le truchement du moine [[Jianzhen|Ganjin]] au [[Tōshōdai-ji]] que ce mouvement gagne le Japon, et donc l’atelier du Tōdai-ji<ref name="Morse96.113"/>{{,}}<ref name="Murase96.61">{{harvsp|Murase|1996|p=61}}.</ref>.
 
Malgré la fermeture de l’atelier de sculpture du Tōdai-ji en 789, le style Tenpyō conserve une influence sur les productions du temple au tout début de l’époque de Heian ([[ère Jōgan]])<ref name="Mino86.53">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=53}}.</ref>. Les sculpteurs de Nara participent à établir les nouveaux canons de l’époque, caractérisés par un style plus massif, stylisé aux proportions forcées, loin du naturalisme Tenpyō<ref name="Kidder61.285">{{harvsp|Kidder|1961|p=285-286}}.</ref>. Le bouddha [[Maitreya|Miroku]] ({{s-|IX}}) et la statue du moine Rōben ({{sp-|X|-|XI}}) reflètent cette approche<ref name="Mino86.54">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=54-55}}.</ref> ; la seconde œuvre, au visage rectangulaire, au corps très large et aux plis de la robe à plat, donne une impression de monumentalité, sans respect des proportions<ref name="Mino86.106">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=106}}.</ref>. Datée du début de l’époque de Heian ([[ère Jōgan]]), elle pourrait être une copie d’une œuvre plus ancienne<ref name="Kidder61.285"/>. Rapidement, l’influence de Nara décroît et les principaux apports techniques et stylistiques (notamment le ''[[yosegi-zukuri]]'' popularisé par [[Jōchō]] et les influences ésotériques) proviennent d’autres centres artistiques<ref name="Mino86.129">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=129}}.</ref>. Le Kannon à onze têtes ou la statue d’Aizen ({{s-|XII}}), aujourd’hui entreposés au Tōdai-ji mais produits ailleurs, reflètent ces innovations<ref name="Mino86.55">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=55}}.</ref>. Au Tōdai-ji, le style du début du {{s-|IX}} perdure encore jusqu’au {{s-|XII}} (ère Fujiwara)<ref name="Shimizu01.127">{{harvsp|Shimizu|2001|p=127}}.</ref>.
 
=== École Kei de l’époque de Kamakura ===
[[Fichier:Todaiji09.JPG|vignette|upright|alt=Statue debout en bois musculeuse et féroce, drapé dynamique, protégé derrière un fin grillage.|Un [[Niō du Tōdai-ji|Niō''niō'']] de la grande porte sud (Nandai-mon), en bois assemblé de {{Unité|8.36|m}} (début {{s-|XIII}}).]]
 
La dernière grande époque de la sculpture bouddhique au Japon est mise au crédit de l’[[école Kei]], fondée à Nara et qui connaît un grand essor dès la fin du {{s-|XII}}, à l’[[époque de Kamakura]]<ref name="Mason05.169"/>. Rompant avec l’idéalisme et l’académisme de Heian, elle propose un style marqué par le réalisme, le dynamisme et les influences de la [[Dynastie Song|Chine des Song]], correspondant mieux au goût des [[samouraï]]s, nouveaux maîtres du Japon, et des nouvelles écoles de la [[Terre pure]]<ref name="Shimizu01.164">{{harvsp|Shimizu|2001|p=164-165}}.</ref>{{,}}<ref name="Swann67.106">{{harvsp|Swann|1967|p=106}}.</ref>. Cette approche n’est pas sans rappeler le naturalisme de Tenpyō, mais de manière moins paisible, privilégiant dynamisme et impression de mouvements<ref name="Swann67.108">{{harvsp|Swann|1967|p=108}}.</ref>. C’est à Nara que l’école Kei se développe, prenant grandement part aux rénovations des temples détruits par les Taira en 1180<ref name="Soejima96.121"/>. Au Tōdai-ji, la plupart les maîtres de l’école {{incise|dont [[Kōkei]], [[Unkei]], [[Kaikei]] et [[Jōkaku]]}} participent aux restaurations, sous l’égide de Chōgen qui possède des connaissances poussées sur les techniques chinoises contemporaines<ref name="Soejima96.121"/>. L’école pousse plus avant les techniques d’assemblage (''[[yosegi-zukuri]]'') qui leur permettent de travailler plus vite<ref name="Shimizu01.164"/>. L’étude réaliste des corps et des mouvements se ressent particulièrement dans l’art du portrait sculpté<ref name="Shimizu01.164"/>.
 
[[Fichier:Todaiji Monastery Portrait of Chogen (427).jpg|vignette|gauche|alt=Statue assise d’un vieil homme égrainant un chapelet. Noir et blanc.|Sculpture du moine Chōgen, en bois polychrome (début {{s-|XIII}}).]]
Parmi les œuvres Kei les plus réputées au Tōdai-ji figurent les [[Niō du Tōdai-ji|statues colossales en bois]] des gardiens (''[[Niōniō]]'') de la Nandai-mon (grande porte sud) réalisées en 1203, dont la fonction était de protéger l’accès au temple<ref name="Chaillou02.54">{{ouvrage|langue=fr|prénom1=Aurore|nom1=Chaillou|titre=Shintoïsme et bouddhisme. : auAu fil des temples japonais|éditeur=L’Harmattan|lien éditeur=|année=2002|passage=54-55|isbn=9782747522328|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=6jhGHDotB7QC }}.</ref>. Mesurant 8,36 et {{Unité|8.42|mètres}}, leurs corps fins, les muscles saillants, le drapé fluide et le visage farouche correspond bien au dynamisme du style Kei<ref name="Mino86.59">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=59}}.</ref>. Ces statues colossales ont été produites en environ soixante-dix jours par Kaikei, Unkei et leurs disciples, bien que le rôle exact joué par chaque sculpteur fasse encore débat ; un délai aussi court suggère la participation de nombreux assistants<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Melanie Beth|nom1=Drogin|titre=Images for Warriors: Unkei’s Sculptures at Ganjōjuin and Jōrakuji|éditeur=universitéUniversité Yale|lien éditeur=Université Yale|année=2000|passage=61-65}} (thèse d’histoire de l’art).</ref>{{,}}<ref name="Kidder61.280">{{harvsp|Kidder|1961|p=280-281}}.</ref>. À partir d’un modèle en argile réalisé par les maîtres afin d’extrapoler les proportions réalistes, la statue est réalisée avec la technique du ''[[yosegi-zukuri]]'' (par assemblage de pièces de bois)<ref name="Mino86.59"/>. L’école reconstitue en fait l’ensemble des statues essentielles au temple, dont les quatre rois célestes de la Sallesalle du Grand Bouddha (1196) ou les deux gardiens de la porte centrale (1194), aujourd’hui détruits<ref name="Shimizu01.164"/>. Kaikei, sensible à la perfection brute des formes et aux influences Song, produit de nombreuses œuvres plus gracieuses et sereines, dont restent notamment les statues d’[[Amitābha|Amida]] (au Shunjō-dō, 1202), de [[Hachiman]] vêtu comme un moine (sanctuaire de Hachiman, 1201) et de [[Ksitigarbha|Jizō]] (au Kōkei-dō, entre 1203-1208)<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Yoshiko|nom1=Kainuma|titre=Kaikei and earlyEarly Kamakura Buddhism: aA study of the An’amiyo Amida form|éditeur=[[université de Californie à Los Angeles]]|année=1994|passage=56-57, 71-72}} (thèse).</ref>{{,}}<ref name="Kidder61.280" />. Il s’intéresse clairement pour Hachiman, ''[[kami (divinité)|kami]]'' [[shintoïsme|shinto]], à représenter la divinité sous une forme essentiellement humaine<ref name="Mino86.62">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=62}}.</ref>. La couleur des motifs floraux de la robe et des pétales de lotus du piédestal est riche, et le tout exprime élégance et dignité<ref name="Guth85.72">{{harvsp|Guth|1985|p=72}}.</ref>{{,}}<ref name="Shimizu01.174">{{harvsp|Shimizu|2001|p=174}}.</ref>. Ces statues au caractère individualisé et aux draperies fluides sont l’œuvre d’un Kaikei au {{citation|sommet de son art}}<ref name="Soejima96.121"/>}}. Dans un autre genre de réalisme, le portrait sculpté de Chōgen du Shunjō-dō, en bois assemblé polychrome (auteur inconnu), s’attache à saisir avec le plus grand réalisme l’imperfection et l’impermanence du corps à travers la grande vieillesse du moine<ref name="Mino86.108">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=108-110}}.</ref> ; le visage apparaît ainsi ridé, creusé, décharné, et la peau tendue<ref name="Shimizu01.166">{{harvsp|Shimizu|2001|p=166}}.</ref>.
 
La production reste intense à Nara dans les années 1180 et 1190 pour la restauration des temples, tandis que le style Kei se répand rapidement au Japon<ref name="Guth85.24">{{harvsp|Guth|1985|p=24}}.</ref>. La ville redevient donc le principal foyer artistique du pays pour quelques décennies, jusqu’à l’installation de l’école Kei à Heian dès 1210. Au {{s-|XIII}}, les écoles amidistes deviennent prépondérantes, y compris dans l’œuvre de Kaikei qui popularise le style An’Amiyō (représentation d’Amida). Plus tard, la production au Tōdai-ji devient moins individuelle, plus figurale, comme l’illustre la triade d’Amida du Kaidan-in datée de 1221<ref name="Soejima96.121"/>. Cette approche se ressent chez [[Tankei]], qui devient maître de l’école Kei en 1218, année où il réalise avec [[Higo Jōkei]] les quatre bouddhas de la pagode de l’estl’Est du Tōdai-ji (aujourd’hui disparue)<ref name="OxfordSoejima">{{en}} {{Lien web|langue=en|auteur=Hiromichi Soejima|titre=Grove Art Online: Japan, §V:. Sculpture, >3. Buddhist, (iv) Kamakura period (1185-1333)|série=Grove Art Online|éditeur=Oxford Art Online, [[université d'Oxford|université d’Oxford]]|consulté le=3 août 2012|url=httphttps://www.oxfordartonline.com/subscribergroveart/articleview/grove10.1093/artgao/T043440pg59781884446054.001.0001/oao-9781884446054-e-7000043440?rskey=xkedfI#oao-9781884446054-e-7000043440-div3-7000043652}}.</ref>. Deux autres maîtres produisent des sculptures notables au temple durant le milieu et la fin du {{s-|XIII}} : [[Zen'en]], à la technique perfectionnée, et [[Kōen]], apprenti de Tankei au style exagérément formalisé<ref name="Soejima96.121"/>.
 
Comme le notent Peter C. Swann ou Donald F. McCallum, l’école Kei marque le dernier âge d’or de la [[sculpture japonaise]], qui sera ensuite artistiquement pauvre et sans originalité<ref name="Swann67.135">{{harvsp|Swann|1967|p=135}}.</ref>{{,}}<ref name="McCallum96.126">{{chapitre|langue=en|prénom1=Donald F.|nom1=McCallum|titre chapitre=Japan, Sculpture, Muromachi, Momoyama, Edo Periods|auteurs ouvrage=Jane Turner|titre ouvrage=The dictionaryDictionary of Art|éditeur=Grove's Dictionaries|année=1996|volume=17|passage=126-129|isbn=9781884446009 }}.</ref>.
 
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{{Article connexe|Liste des propriétés culturelles du Tōdai-ji#Peinture|Liste des propriétés culturelles du Tōdai-ji#Artisanat}}
 
La longue histoire du Tōdai-ji et la diversité des courants religieux qui y furent étudiés aont permis d’y constituer une collection d’art très éclectique, bien que très partielle en raison des destructions successives du temple<ref name="Mino86.66">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=66}}.</ref>.
 
=== Trésors du Shōsō-in ===
[[Fichier:LADIES UNDER TREES SCREEN4th Shosoin.JPG|vignette|alt=Tracé à l’encre et couleur pâle pour le visage d’un buste de femme chinoise vue de trois quart.|Détail de la ''Beauté sous l’arbre'' (752).]]
 
Au {{s-|VIII}}, l’intérieur des temples apparaît richement décoré de peintures, broderies, tapisseries, et les arts profanes sont affinés par l’aristocratie de Nara, elle-même inspirée par le goût de la glorieuse capitale des Tang en Chine. Toutefois, il subsiste peu de ces premières œuvres, car toutes les ornementations de la Sallesalle du Grand Bouddha ont brûlé depuis<ref name="Terukazu61.27">{{harvsp|Terukazu|1961|p=27-28}}.</ref>. Le témoin le plus inestimable de cet âge fécond est le trésor du [[Shōsō-in]] au Tōdai-ji, où sont entreposés les biens personnels de l’empereur Shōmu et de nombreux nobles. Plusieurs milliers de pièces d’art ou effets personnels datant du {{s-|VIII}} y ont été conservéesconservés : peintures, meubles, masques, armes, jeux, laques, objets du quotidien, objets rituels, étoffes…, venant du Japon, de Chine et de toute l’Asie via la [[Routeroute de la soie]]<ref name="Iwao02.2506"/>{{,}}<ref name="Hayashi75.154">{{Harvsp|Hayashi|1975|p=154-162}}.</ref>.
 
[[Fichier:8Lobed Mirror Inlay Shosoin.jpg|vignette|gauche|alt=Support de miroir circulaire riche, motifs concentriques à dominante rouge et vert sur fond blanc.|Miroir en bronze laqué du Shōsō-in ({{s-|VIII}}).]]
Le seul paravent subsistant, la ''Beauté sous l’arbre'' peint en 752, s’inspire d’un thème indien ou iranien pour donner une peinture selon la mode chinoise. Le visage et les mains de la femme sont colorés avec soin, tandis que la robe et la coiffure résultaient à l’origine de l’application de plumes multicolores, quasiment disparues aujourd’hui ; il demeure le fin tracé préparatoire fin à l’encre. L’expression plus libre qu’accoutumée du visage témoigne d’une sensibilité japonaise dans l’œuvre<ref name="Terukazu61.33">{{harvsp|Terukazu|1961|p=33}}.</ref>. D’autres peintures de motifs chinois au trait fin ornent des instruments de musique (''[[Biwa (instrument)|biwa]]'' et ''[[Ruan (instrument)|genkan]]'') : musiciennes au printemps, joueurs de [[Jeu de go|go]] sous des pins, chasse au tigre, lettrés dans un paysage de montagne… Les peintures étaient appliquées sur du cuir recouvrant l’instrument, en apposant d’abord une couche blanche sur laquelle l’encre et les pigments sont apposés. Un vernis conservatoire donne enfin un effet de transparence<ref name="Terukazu61.34">{{harvsp|Terukazu|1961|p=34}}.</ref>. Dans ces compositions, les paysages formés de vallées profondes apparaissent typiquement chinois par l’effet de profondeur et la grandeur<ref name="Sullivan62.125">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Michael|nom1=Sullivan|titre=The Birth of Landscape Painting in China: The Sui and T’ang dynasties|sous-titre=|numéro d’édition=Dynasties|éditeur=University of California Press|lien éditeur=|année=1962|passage=125-128|isbn=9780520035584|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=MZS7z17ZvIkC }}.</ref>. Quelques paysages d’inspiration plus japonaise peuvent être trouvés par exemple en marge des cartes géographiques, sur un recoin de papier ou encore sur des étoffes de chanvre ; ces peintures se caractérisent alors par un style plus lyrique et décoratif<ref name="Terukazu61.34"/>.
 
Le Shōsō-in referme également les divers objets utilisés lors de la cérémonie d’inauguration du temple en 752 ; parmi ces pièces figurent un ensemble original de costumes et d’imposants masques de ''[[gigaku]]'' (une danse traditionnelle d’origine continentale) en bois ou laque, parmi les plus anciens masques conservés du monde avec ceux du [[Hōryū-ji]]<ref name="Brown93.495">{{harvsp|Brown|1993|p=495-497}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Henry|nom1=Pernet|titre=Mirages du masque|éditeur=Labor et Fides|année=1988|passage=49|isbn=9782830901191|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=ZsSuJQX2vg8C}}.</ref>. Divers objets rituels utilisés pour les cérémonies depuis le {{s-|VIII}} y étaient entreposés, tels des brûleurs d’[[encens (fumigation)|encens]], des instruments de musiquesmusique, de la vaisselle en porcelaine ou encore des tenues rituelles<ref name="Hayashi75.57">{{Harvsp|Hayashi|1975|p=57-60}}.</ref>.
 
=== MandalaMandalas et sūtras ===
[[Fichier:Kusha mandarazu Todaiji.JPG|vignette|alt=Un boddhisttva assis au centre, cinq moines l’entourant dont les trois du bas sont coupés. Vêtements de couleur bleu, vert et pourpre. Fond abîmé.|Détail du ''Kucha mandala'' (époque de Heian).]]
 
Parmi les rares peintures religieuses du Tōdai-ji ayant survécu à l’incendie de 1180 figurent deux précieux [[mandala]]s, ces représentations en forme de diagramme de divinités et des relations entre divinités prisées dans la peinture ésotérique. Le ''Hokke-dō Kompon mandala'' (couleurs sur soie) datant de la fin du {{s-|VIII}} décrit le [[Siddhartha Gautama|Bouddha historique]] accompagné de plusieurs moines et bodhisattvas. Le style Tang, caractérisé par les corps naturalistes et élégants, les drapés fluides et le paysage montagneux, s’y ressent pleinement, et l’œuvre devait probablement être associée aux sculptures contemporaines du Hokke-dō, également de style sinisant (voir [[#Statuaire du Hokke-dō et du Kaidan-in|plus haut]])<ref name="Mino86.67">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=67-70}}.</ref>. Toutefois, la sentimentalité et la douceur japonaise s’y ajoutent de façon surprenante, peut-être apportées par les restaurations que subit le mandala au {{s-|XII}}<ref name="Yashiro35">{{article|langue=ja|prénom1=Yukio|nom1=Yashiro|titre=法華堂根本曼荼羅 ({{lang|fr|Le Hokke-dō Kompon mandala}})|périodique=美術研究 ({{lang|fr|Étude de l’art}})|volume=37|mois=janvier|année=1935|pagespassage=1-18 }}.</ref>. Après l’époque de Nara, la production décroît très fortement au Tōdai-ji au profit des temples de Heian<ref name="Mino86.70"/>. Du {{s-|XII}} reste le ''Kucha mandala'', attribué sans certitude à Chinkai, également centré sur le Bouddha historique et deux bodhisattvas liés. Ils sont entourés de dix moines indiens, et protégés aux quatre coins et sur les côtés par les quatre[[Quatre roisRois célestes]] (Shitennō''shitennō'') et deux rois gardiens (Niō''niō''). Bien que clairement inspiré des arts anciens de la période de Nara, le style est toutefois moins grandiose et puissant, avec un traitement à plat des peintures<ref name="Mino86.70"/>.
 
Les [[sutra|sūtras]] du {{s-|VIII}} calligraphiés au Tōdai-ji sont composés de caractères chinois au style dit régulier (''[[style régulier|kaishu]]''). Le Kengu-kyō illustre l’approche de l’époque, par le trait relativement libre, épais et plein d’aisance ; un temps attribué à l’empereur Shōmu lui-même, il semble plus probable qu’il est l’œuvre d’un scribe chinois. Des extraits de bois aromatiques sont incorporés au papier de chanvre pour éloigner les insectes<ref name="Mino86.144">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=144}}.</ref>. Un autre sūtra de l’époque, une version du Kegon-kyō dont restent vingt rouleaux, se compose également de caractères réguliers précis, élégants, et fastueux en raison de l’encre en argent employée sur papier bleu marine. Ce sūtra entreposé au [[Nigatsu-dō]] a brûlé en partie lors d’un incendie en 1667<ref name="Mino86.144"/>. Ce type de calligraphie à l’encre d’argent ou d’or sur papier sombre perdure durant plusieurs siècles, comme en témoigne une autre version du Kegon-kyō de 1195 (début de l’époque de Kamakura), dont la couverture est illustrée au revers d’une triade de Shaka en or et argent<ref name="Mino86.146">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=146}}.</ref>.
 
=== Portraits et peintures narratives médiévales ===
[[Fichier:Rōben (Todaiji).jpg|vignette|gauche|alt=Moine assis de trois quart, les mains posées sur les jambes tenant un sceptre, fond uni, couleurs rouge ou orange assez sombre.|Portrait de Rōben ({{s-|XIV}}).]]
 
Au début de l’[[époque de Kamakura]], les artistes du Tōdai-ji réalisent de nombreux portraits sur ''[[kakemono]]'' (rouleaux suspendus) de moines illustres ou de personnes associées à la fondation du temple. L’iconographie reste emprunteempreinte de classicisme, suivant les conventions traditionnellement employées pour représenter les disciples de Bouddha<ref name="Mino86.70">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=70-71}}.</ref>. Les portraits de Rōben et de patriarches chinois (comme [[Jizang]], fondateur de l’école [[Sanron|Sanlun]]) sont ainsi représentés de trois quarts, le trait précis et régulier, les couleurs claires et apposées à plat<ref name="Mino86.130">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=130-133}}.</ref>. Autre type d’iconographie originaire de Chine, le portrait de [[Fazang]], troisième patriarche de l’école Huayan (Kegon), adopte une vue en plongéplongée et des couleurs très vives, dans un style plus décoratif<ref name="Mino86.130"/>.
 
[[Fichier:Kegon Gojūgo-sho Emaki (Todaiji).jpg|vignette|alt=Sur la gauche une pagode de dix étages aux piliers rouges. Au centre et à la droite des femmes et des hommes bien vêtus entourent une personne assise sur un piédestal. Des joueurs de tambour en bas. Couleurs pâles discrète et papier à nu pour le fond.|''Rouleau des Cinquante-Cinqcinq Lieux du sūtra Avatamsaka'' (''Kegon gojūgo-sho emaki''), fin {{s-|XII}}.]]
 
La peinture narrative se développe à l’époque de Heian pour devenir prépondérante du {{sp-|XII|au|XIV}} : sur rouleaux suspendus (''kakemono'') ou plus souvent sur rouleaux horizontaux (''[[emaki]]mono''), ces œuvres mêlent le texte et l’image de façon à illustrer récits, chroniques ou textes religieux<ref name="Okudaira73.32">{{ouvrage|langue=en|prénom1=Hideo|nom1=Okudaira|traducteur=Elizabeth Ten Grotenhuis|titre=Narrative picturePicture scrolls|sous-titre=|numéro d’édition=Scrolls|éditeur=Weatherhill|lien éditeur=|collection=Arts of Japan|année=1973|volume=5|passage=32|isbn=9780834827103 }}.</ref>. Les temples bouddhistes produisent ces rouleaux dans un but didactique et prosélyte, afin d’expliciter les dogmes auprès du peuple ou de les étudier dans l’intimité ; les thèmes religieux les plus répandus sont les récits de la fondation des temples, les biographies de moines célèbres ou encore les sūtras et légendes bouddhiques<ref name="Terukazu71">{{article|langue=en|prénom1=Akiyama|nom1=Terukazu|lien auteur1=Akiyama Terukazu|titre=New Buddhist sects and emakimono (handscroll painting) in the Kamakura period|périodique=Acta Artistica|volume=2|année=1971|pages=62-76 }}.</ref>. Ces peintures adoptent le style ''[[yamato-e]]'', qui privilégie le goût et les sujets japonais, en opposition aux peintures d’inspiration chinoise<ref name="Grilli62.12">{{ouvrage|langue=fr|prénom1=Elise|nom1=Grilli|traducteur=Marcel Requien|titre=Rouleaux peints japonais|sous-titre=|numéro d’édition=|éditeur=Arthaud|lien éditeur=Arthaud (maison d'édition)|année=1962 |passage=12|isbn=}}.</ref>. Parmi les principaux ''emakimono'' du temple, les archives mentionnent leles ''Rouleaux illustrés des légendes du Tōdai-ji'' (''Tōdai-ji engi ekotoba'', 20 rouleaux, environ 1337), aujourd’hui perduperdus, et il demeure le précieux ''[[Kegon gojūgo-sho emaki|Rouleau des Cinquante-Cinqcinq Lieux du sūtra Avatamsaka]]'' (''Kegon gojūgo-sho emaki'', fin {{s-|XII}})<ref name="Mino86.70"/> ; ce denierdernier illustre un chapitre du sūtra Kegon qui narre le pèlerinage en Inde du jeune Zenzai ([[Sudhanakumâra]]) jusqu’à son Illumination. Les tons clairs et délicats s’inscrivent dans le style ''yamato-e'' décoratif de la cour de Heian, bien que l’architecture et les personnages soient de facture chinoise ; fait inhabituel, chaque portion du rouleau est introduite par un texte écrit dans un rectangle au-dessus des peintures<ref name="Okudaira73.121">{{harvsp|Okudaira|1973|p=121-123}}.</ref>. Toutefois, le style de peintures narratives propre aux artistes de Nara (parfois nommé ''nara-e'') ne devient courant qu’après l’âge d’or des ''emaki'', si bien que la plupart des œuvres du Tōdai-ji datent de l’[[époque de Muromachi]] ({{sp-|XV|e|-|XVI}})<ref name="Araki81">{{Article|langue=en|prénom1=James T.|nom1=Araki|titre=Otogi-Zōshi and Nara-Ehon: A Field of Study in Flux|périodique=[[Monumenta Nipponica]]|mois=été|année=1981|volume=36|numéro=1|pages=1-20|résumé=https://www.jstor.org/stable/2384084}}.</ref>{{,}}<ref name="Mino86.72">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=72-74}}.</ref>. Leur approche se caractérise par la composition plus chargée, les couleurs vives et l’académisme trop strict de l’[[école Tosa]]<ref name="Terukazu61.100">{{harvsp|Terukazu|1961|p=100-101}}.</ref>. Ce style populaire est favorisé par la concentration d’artistes et de marchands à Nara au {{s-|XV}}, en raison des guerres civiles à Kyoto<ref name="Mino86.72"/>. Les ''Légendes du Daibutsu'' de [[Shiba Rinken]] (''Daibutsu engi emaki'', trois rouleaux, 1536) raconteracontent l’histoire de la fondation du Grand Bouddha du Tōdai-ji, en particulier sa construction et sa restauration ; le Grand Bouddha est représenté à plusieurs reprises, dominant la composition aux fonds abstraits et à la couleur riche<ref name="Mino86.136">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=136-137}}.</ref>. Dans un style similaire, les ''Légendes de Hachiman'' de Sōken (''Hachiman engi emaki'', deux rouleaux, 1535) illustreillustrent l’importation du culte de Hachiman depuis la Corée, l’établissement de son grand sanctuaire d’Usa et le cortège pour son déplacement à Nara lors de la construction du Grand Bouddha au {{s-|VIII}}<ref name="Mino86.139">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=139-140}}.</ref>. Ces deux œuvres, dont plusieurs copies ont été faites, visaient à s’adresser au plus grand nombre dans le but d’obtenir des dons pour financer des travaux de restauration<ref name="Mino86.136"/>. Parmi les autres ''emakimono'' figurent le ''Shūkongō-jin engi emaki'' (fin du {{s-|XV}}), conte sur le moine Rōben et sa divinité protectrice Shūkongō-jin dont le style apparaît plus harmonieux, et le ''Nigatsu-dō engi emaki'' ({{s-|XVI}}), centré sur le rôle du moine [[Jitchū]] durant la construction du Tōdai-ji et les miracles associés au Kannon du [[Nigatsu-dō]]<ref name="Mino86.137">{{harvsp|Mino|Rosenfield|Coaldrake|Morse|1986|p=137, 140}}.</ref>.
 
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{{Autres projets|commons=Category:Todaiji|commons titre=Tōdai-ji}}
=== Bibliographie ===
;==== Histoire, religion et civilisation ====
* {{ouvrage|langue=en|auteur = [[Richard Bowring|Richard John Bowring]] |titre=The Religious Traditions Of Japan, 500-1600|éditeur=Cambridge University Press|année=2005|pages totales=485|isbn=9780521851190|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=S9Sbh_eJlSQC }}.
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Delmer M.|nom1=Brown|titre=[[The Cambridge History of Japan]]: Ancient Japan|éditeur=Cambridge University Press|année=1993|volume=1|pages totales=602|isbn=9780521223522|lire en ligne= }}.
* {{ouvrage|langue=fr|nom = [[Philippe Cornu]]|titre=Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme|numéro d’éditiond'édition=2|éditeur=Seuil|lien éditeur=|année=2006|passage=|isbn=9782020822732}}.
* {{ouvrage|langue=ja|prénom1=Toshio|nom1=Fukuyama|titre=奈良朝の東大寺 {{lang|fr|(Tōdai-ji de Nara)}}|éditeur=Kōtō Shoin|lien éditeur=|année=1947|pages totales=112|isbn=}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur1=Robert Gimello|auteur2=Frédéric Girard|auteur3=Imre Hamar|titre=Avataṃsaka Buddhism in East Asia: Huayan, Kegon, Flower Ornament Buddhism: Origins and adaptation of a visual culture|éditeur=Harrassowitz Verlag|date=2012|isbn=9783447066785}}.
* {{ouvrage | auteur = Frédéric Girard | titre = Un moine de la secte Kegon à l'époque de Kamakura (1185-1333), Myōe (1173-1232) et le Journal de ses rêves | éditeur = Publications de l'École française d'Extrême-Orient | volume = CLX | lieu = Paris | année = 1990 | pages = LXXXVIII+598 | ISBN = 2-85539-760-X}}.
* {{ouvrage | langue = de | auteur = Frédéric Girard | titre = Tōdaiji - der Versuch, eine universalistische Vision der Welt zu verwirklichen, dans Im Licht des Grossen Buddha - Schätze des Tôdaiji-Tempels / 東大寺の美術展覧会目録 — 東大寺大仏に於ける普遍世界観—年中行事 | lieu = Nara / Cologne | éditeur = Museum für Ostasiatische Kunst / 東洋美術館 | année = 1999 | passage = 49-58}}.
* {{article | langue = en | auteur = Frédéric Girard | titre = Some aspects of the Kegon Doctrines at the begining of the Kamakura period | périodique = Reflecting Mirrors, Perspectives on Huayan Buddhism | éditeur = Imre Hamar, Harrasowitz Verlag | lieu = Wiesbaden | année = 2007 | passage = 309-324}}.
* {{article | auteur = Frédéric Girard | titre = Les signes d’écriture tracés au poinçon (''kakuhitsu'', 角筆) à l’époque de Nara. Présentation de récentes découvertes faites par l’équipe du professeur Kobayashi Yoshinori (小林芳規), autour de manuscrits du {{s-|VIII}} conservés au Shōsōin de Nara | périodique = Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient <!--| année = 2005--> | numéro = 92 | année = 2007 | passage = 571-577}}.
* {{article | auteur2 = Frédéric Girard <!--| titre = Le chant liturgique (''shōmyō'') au Japon--> | auteur1 = J.-M. Durand et A. Jacquet | directeur1 = oui | titre = La fête au palais  : banquets, parures et musique en Orient. Actes du colloque organisé par l’Institut du Proche-Orient Ancien du Collège de France, la Société Asiatique et le CNRS (UMR 7192), les 29 et 30 mai 2007, CIPOA | volume = II | périodique = Journal asiatique 299.2 | année = 2011 | ISBN = 978-2-7200-1162-7 | éditeur = Maisonneuve | lieu = Paris, 2009 (2013) | passage = 677-703}}.
* {{article|langue=en|prénom1=Janet R.|nom1=Goodwin|titre=The Buddhist Monarch: Go-Shirakawa and the Rebuilding of Tōdai-ji|périodique=Japanese Journal of Religious Studies|mois=juin-sept.|année=1990|volume=17|numéro=2-3|passage=219-242|url=https://www.jstor.org/stable/30234019}}.
* {{ouvrage|langue=ja|prénom1=Jōkai|nom1=Hiraoka|titre=東大寺辞典 {{lang|fr|(Encyclopédie du Tōdai-ji)}}|éditeur=Tōkyōdō Shuppan|lien éditeur=|année=1980|pages totales=562|isbn=}}
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Seiichi|nom1=Iwao|prénom2=Teizo|nom2=Iyanaga|titre=Dictionnaire historique du Japon|sous-titre=|numéro d’édition=|éditeur=Maisonneuve et Larose|lien éditeur=Maisonneuve et Larose|année=2002|volume=1-2|tome=|pages totales=2993|passage=|isbn=9782706816338|lire en ligne=|consulté le=}}.
* {{chapitre|langue=en|prénom1=Joan R.|nom1=Piggott|titre chapitre=Hierarchy and Economics in Early Medieval Tōdaiji|auteurs ouvrage=[[Jeffrey Mass]]|titre ouvrage=Court and Bakufu in Japan: Essays in Kamakura History|éditeur=Stanford University Press|année=1995|pages totales=344|isbn=9780804724739|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=ijyj-9lHNigC}}.
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Joan R.|nom1=Piggott|titre=Tōdaiji and the Nara Imperium|éditeur=Université Stanford|année=1987|pages totales=324|isbn=| champ libre = thèse de l’université Stanford}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Donald H.|nom1=Shively|prénom2=William H.|nom2=McCullough|titre=[[The Cambridge History of Japan]]: Heian Japan|éditeur=Cambridge University Press|année=1999|volume=2|pages totales=780|isbn=9780521223539|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=eiTWWfoyuyAC&printsec=frontcover&source=gbs_atb}}.
 
;==== Art et architecture ====
* {{Article|langue=fr|auteur1=[[François Berthier (historien de l'art)|François Berthier]]|titre=Les grandes étapes de la sculpture bouddhique japonaise|périodique=Nichifutsu bunka|éditeur=[[Maison franco-japonaise]]|volume=29|date=1974|page=21-45|lire en ligne=http://www.nichifutsu-kaikan.jp/pages/029/029_012_024_fr.html}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dominique|nom1=Buisson|titre=Temples et sanctuaires au Japon|éditeur=Éditions du Moniteur|année=1981|pages=239|isbn=978-2862821382}}.
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=William Howard|nom1=Coaldrake|titre=Architecture and Authority in Japan|sous-titre=|numéro d’édition=|éditeur=Routledge|lien éditeur=Routledge|année=1996|pages totales=337|isbn=9780415106016|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=DQ9XCihfL98C}}.
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Ryōichi|nom1=Hayashi|titre=The Silk Road and the Shoso-in|sous-titre=|numéro d’édition=|éditeur=Weatherhill|lien éditeur=|année=1975|collection=[[Nihon no bijutsu|Heibonsha Survey of Japanese Art]]|volume=6|tome=|pages totales=180|passage=|isbn=978-0834810228|lire en ligne=|consulté le=}}.
* Hiraoka Jōkai, « The Formation and Evolution of Buddhist Monasteries in Japan », extraits de la conférence au Collège de France (traduit par Frédéric Girard et Pierre Pichard), ''The Buddhist Monastery: A Cross Cultural Survey'', Pierre Pichard et François Lagirarde (dir.), École française d'Extrême-Orient, ''Études thématiques'', {{numéro|12}}, 2003, {{p.|411-434}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jonathan Edward|nom1=Kidder|traducteur=Madeleine-Paul David|titre=Sculptures japonaises|collection=La Bibliothèque de l’Amateur|éditeur=Bijutsu Shuppan-Sha, Office du Livre|lieu=[[Tokyo]]|année=1961|pages=336}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Takeshi|nom1=Kobayashi|titre=Nara Buddhist Art: Tōdai-ji|sous-titre=|numéro d’édition=|éditeur=Weatherhill|lien éditeur=|année=1975|collection=[[Nihon no bijutsu|Heibonsha Survey of Japanese Art]]|volume=5|tome=|pages totales=160|passage=|isbn=978-0834810211|lire en ligne=|consulté le=}}.
* {{ouvrage|langue=en|prénom1= Penelope E.|nom1=Mason|prénom2=Donald|nom2=Dinwiddie|titre=History of Japanese art|sous-titre=|numéro d’édition=|éditeur=[[Pearson (maison d'édition)|Pearson]]-[[Prentice Hall]]|lieu=|jour=|mois=|année=2005|volume=|tome=|pages totales=432|passage=|isbn=9780131176010|lire en ligne=|consulté le=}}.
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Yutaka|nom1=Mino|prénom2=John M.|nom2=Rosenfield|prénom3=William H.|nom3=Coaldrake|prénom4=Samuel C.|nom4=Morse|prénom5=Christine M. E.|nom5=Guth|titre=The Great Eastern Temple: treasures of Japanese Buddhist art from Tōdai-ji|sous-titre=|numéro d’édition=|éditeur=The Art Institute of Chicago et Indiana University Press|lien éditeur=|année=1986|tome=|pages totales=180|passage=|isbn=9780253203908|lire en ligne=|consulté le=}}.
* {{article|langue=en|prénom1=Samuel C.|nom1=Morse|titre=Japanese Sculpture in Transition: An Eighth-Century Example from the Tōdai-ji Buddhist Sculpture Workshop|périodique=Art Institute of Chicago Museum Studies|année=1987|volume=13|numéro=1|passage=52-69|url=https://www.jstor.org/stable/4115925}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Miyeko|nom1=Murase|titre=L’Art du Japon|éditeur=Éditions LGF - [[Le Livre de poche|Livre de Poche]]|collection=La Pochothèque|pages=414|année=1996|isbn=2-25313054-0}}.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Joan|nom1=Stanley-Baker|traducteur=Jacqueline Didier|titre=L’Art japonais|sous-titre=|numéro d’édition=|éditeur=Thames & Hudson|lien éditeur=Thames & Hudson|lieu=|jour=|mois=|année=1990|volume=|tome=|pages totales=213|passage=|isbn=9782878110166|lire en ligne=|consulté le=}}.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Christine|nom1=Shimizu|lien auteur1=Christine Shimizu|titre=L’Art japonais|sous-titre=|numéro d’édition=|éditeur=Flammarion|lien éditeur=groupe Flammarion|collection=Tout l’art|lieu=|jour=|mois=|année=2001|volume=|tome=|pages totales=448|passage=|isbn=9782080137012|lire en ligne=|consulté le=}}.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1= Peter Charles|nom1=Swann|traducteur=Marie Tadié|titre=Japon|sous-titre=de l’époque Jōmon à l’époque des Tokugawa|numéro d’édition=|éditeur=Albin Michel|lien éditeur=Éditions Albin Michel| collection = L’art dans le monde|lieu=Paris|année=1967|pages totales=239|passage=|isbn=|lire en ligne=|consulté le=}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Akiyama|nom1=Terukazu|titre=La Peinture japonaise|collection=Les trésors de l’Asie|éditeur=éditions [[Albert Skira]]|lieu=[[Genève]]|année=1961|pages=217}}
 
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=== Liens externes ===
* {{site officiel | langue = en+ja | url = http://www.todaiji.or.jp/english/index.html | titre = Site officiel du temple}}.
* {{lien web | langue = ja | url = http://kunishitei.bunka.go.jp/bsys/index_pc.asp | site = kunishitei.bunka.go.jp | titre = Base de données des propriétés culturelles du Japon | consulté le = 3 décembre 2019}}.
* {{lien web | url = http://whc.unesco.org/fr/list/870/ | site = whc.unesco.org | titre = Monuments historiques de l'ancienne Nara | consulté le = 3 décembre 2019}}.
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[[Catégorie:Temple bouddhiste à Nara]]
[[Catégorie:Site historique duau Japon]]
[[Catégorie:Bien culturel important dedans la préfecture de Nara]]
[[Catégorie:Trésor national dans la préfecture de Nara]]
[[Catégorie:Fondation au VIIIe siècle]]