« Judaïsme » : différence entre les versions

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• [[Mur occidental]], [[Sefer Torah|rouleau de la Torah]], [[Menorah|candélabre à sept branches]], [[Séder de Pessa'h|souper de la Pâque]],<br />
• Coupe de [[vin casher]] pour la [[kiddoush|sanctification du jour de fête]], [[étoile de David]] avec en son centre le [[temple de Jérusalem]] et [[tables de la loi]] avec les [[dix commandements]],<br />
[[Drapeau d’Israëld'Israël]], [[mezouzah]], [[kippa|couvre-chef]] et [[crécelle]] de [[Pourim]],<br />
• [[shofar|Cor]] du [[Rosh Hashana|jour de la sonnerie]], [[tefillin|phylactères de prière]] et [[quatre espèces]].]]
 
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Cette pluralité est tributaire d’une part de l’évolution du terme au cours de l’histoire, celui-ci désignant originellement l’ensemble des traits caractérisant le peuple juif, constitué des [[Descendance|descendants]] des {{page h'|Israélites}} provenant de l’antique terre d'Israël et de ceux qui les ont rejoints par la [[Conversion au judaïsme|conversion]]<ref group="note">Ce phénomène, négligeable à l’échelle d’une génération unique ne l’est plus sur une échelle plurimillénaire. Un débat sur l’étendue du phénomène s’est tenu en 2008 à la suite des [[#SS|articles et livres de Shlomo Sand]], qui affirme que le peuple juif actuel est dans son ensemble issu de la conversion ; ce débat a porté sur des considérations historiques, anthropo-ethnologiques et génétiques.</ref>, et d’autre part de la différence de perception selon l'appartenance ou non au judaïsme.
 
Il a souvent été représenté comme une « religion juive » antithétique de la religion chrétienne, alors que des Juifs le définissent aussi au-delà ou en dehors du fait religieux<ref>{{lien web|langue=en |auteur=Annette Yoshiko Reed |titre=Ioudaios before and after “Religion” |url=http://marginalia.lareviewofbooks.org/ioudaios-religion-annette-yoshiko-reed/ |site=marginalia.lareviewofbooks.org|date=26 août 2014 |consulté le=23 décembre 2016}}.</ref>, certains philosophes juifs, comme [[Daniel Boyarin]] ou [[Bernard-Henri Lévy]], allant jusqu’à dire que la religion en tant que [[théologie]] édifiée par une [[croyance]], des [[dogme]]s et une instance suprême, centrale et doctrinale « n’appartient pas à l’esprit du judaïsme »<ref name="Lévy">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Bernard-Henri Lévy]]|titre=L’Esprit du judaïsme|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Grasset]]|collection=Essai français|année=2016|pages totales=437|isbn=978-2-246-85947-5|isbn2=2-246-85947-6}}.</ref>.
 
Le judaïsme n’en possède pas moins ses textes fondamentaux, compilés dans le [[Tanakh]] ([[Torah]], [[Nevi'im]] et [[Ketouvim]]), également appelé [[Bible hébraïque]]. Il y est dit que le monde a été créé par [[Noms de Dieu dans le judaïsme|une entité une et unique, éternelle, omnipotente, omnisciente, omniprésente, juste et miséricordieuse]] dont le nom, considéré comme trop saint pour être prononcé, est devenu [[Ineffabilité|ineffable]]. Cet être a contracté une [[Alliance (Bible)|alliance]] avec les [[Patriarches (Bible)|pères du peuple d’Israël]], promettant de [[Peuple élu (judaïsme)|prendre ce peuple comme « trésor entre tous les peuples »]] pour autant que les enfants d’Israël respectent [[Halakha|sa loi]], qui comprend une composante cultuelle doublée d’une dimension éthique, ainsi que des aspects civils, matrimoniaux et législatifs. L’adhésion à cette loi induit une manière de se comporter, de se vêtir, de se nourrir, de se mouvoir propre à ceux qui y adhèrent.
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De plus, son interprétation qui n’a vraisemblablement jamais été unique ni unifiée engendre diverses écoles de traditions et de pensées, dont la plupart considèrent toutefois les textes comme le support écrit d’une parole divine éternelle et perpétuellement renouvelée à travers son étude au cours des générations. L’existence de cette tradition orale qui tend à affranchir la Bible des contingences historiques, permet au judaïsme, né en un lieu particulier dans un peuple particulier, de survivre à la dispersion géographique de ce peuple et à la perte de ses supports tangibles comme son autonomie politique ou le temple construit pour héberger la divinité.
 
Il marque l’histoire du monde avec l’émergence du [[monothéisme]], croyance héritée par les [[christianisme]]s et les différentes formes d’[[islam]] dont le développement historique a fini par marginaliser le judaïsme.
 
== Histoire ==
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=== Judaïsme antique ===
Le terme ''Ioudaismos'' apparaît pour la première fois dans le [[deuxième livre des Maccabées]], rédigé au {{-s-|II}} pour retracer l’histoire du conflit entre des Judéens et Antiochus IV des Séleucides, qui a voulu supprimer les mœurs judéennes. Généralement traduit par « judaïsme » et compris comme « la doctrine religieuse des Juifs », il vient en fait s’opposer à l’''hellenismos'', un mouvement d’assimilation des Judéens dans la culture et les valeurs grecques qui sous-entend l’abandon des caractéristiques qui ont distingué jusque-là l’''ethnos'' judéen, comme l’abhorration de la nudité, la circoncision ou l’abstention de manger du porc. De fait, {{citation|jusqu’au {{s minisp-|IV}}-{{s mini|-|V}} siècle, les Judéens sont compris comme un groupe ethnique comparable à d’autres groupes ethniques avec leur dieu, leur loi et leur temple, et non pas comme les fidèles d’une “religion”}}<ref>{{harvsp|Mason|2007}} & {{harvsp|Cohen|1999}} mais voir [[#AR|Reinhartz, 2014]] pour une critique de cette conception.</ref>. Le temple a en outre une place moins centralisatrice que l’ethnicité puisque les [[Données archéologiques sur la communauté juive d'Éléphantine|Juifs de Yeb]] inaugurent leur propre temple à YHW (''sic'') sans cesser d’être considérés comme Judéens et bien que leurs pratiques soient critiquées.
 
Sur le plan des idées, l’[[Période du Second Temple|ère du Second Temple]] est l’une des plus morcelées de l’histoire du judaïsme. [[Flavius Josèphe]], un Juif romanisé qui raconte le judaïsme du {{s-|I}} à son lectorat romain, fait état de « quatre philosophies » qui prédominent dans le paysage intellectuel de son temps : les [[pharisiens]], au nombre de six-mille tout au plus selon Josèphe, sont proches du peuple et lui ont transmis {{Citation|certaines règles qu’ils tenaient de leurs pères, qui ne sont pas écrites dans les lois de Moïse}}<ref name=":0">{{Ouvrage|auteur1=Flavius Josèphe|titre=Antiquités judaïques|éditeur=|année=|passage=17:42|isbn=|lire en ligne=http://timotheeminard.com/wp-content/uploads/2016/12/Josèphe-Antiquités-Juives-2.pdf|format électronique=pdf}}</ref> ; ils suivent des règles de pureté imposées aux prêtres et ont une grande influence parmi leurs nombreux disciples. Les [[sadducéens]] sont des prêtres pour la plupart riches et proches du pouvoir ; ils {{Citation|considèrent que seules devraient être tenues pour valables les règles qui [sont écrites dans les lois de Moïse] et que celles qui sont reçues par la tradition des pères n'ont pas à être observées}}<ref name=":0" />, s’autorisant une grande liberté d’interprétation sur les questions qui ne sont pas traitées par les textes et partisans d’un rapprochement avec la civilisation hellénistique. Les [[esséniens]] vivent en communautés consacrées à l'ascèse, sont volontairement pauvres, pratiquent l'immersion quotidienne et l'abstinence des plaisirs du monde, y compris — pour certains groupes — le célibat ; ils se livrent principalement à une lecture divinatoire des textes, attendant ardemment le messie. La [[quatrième philosophie]], à laquelle Josèphe ne consacre que quelques lignes, s’accorde dans les grandes lignes avec l’idéologie pharisienne mais exalte la liberté nationale, qu’elle entend faire venir par les armes. Il apparaît des écrits de Josèphe que ces courants ainsi que les sectes [[Mouvements baptistes antiques|baptistes]], gnostiques et autres [[Thérapeutes]] représentent autant de courants minoritaires, et que la majorité des Judéens adhère à un ancien « [[Judaïsme synagogal|mouvement synagogal]] » qui accueille toutes sortes de Juifs en son sein, se fondant sur l’ethnicité davantage que sur les croyances<ref name="Mimouni">{{Ouvrage|auteur1=[[Simon Claude Mimouni]]|titre=Le Judaïsme ancien|sous-titre=Du {{s-|VI}} avant notre ère au {{s-|III}} de notre ère : Des prêtres aux rabbins|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|année=2012|isbn=2130563961}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Erwin Ramsdell Goodenough]]|titre=Jewish Symbols in the Greco-Roman Period|sous-titre=(Abridged Edition)|lieu=New York|éditeur=[[Princeton University Press]]|année=1964|pages totales=375|isbn=978-1-4008-5289-5|lire en ligne={{Google Livres|id=tOABBAAAQBAJ}}}}.</ref>. De cette diversification résulte une littérature extrêmement variée qui va des [[livres des Maccabées]] au [[Apocalyptique|genre apocalyptique]], des [[Antiquités judaïques]] aux [[Liber antiquitatum biblicarum|Antiquités bibliques]] ou encore du [[Siracide]] aux [[Manuscrits de la mer Morte|écrits retrouvés dans les grottes de Qumran]]. À ces écrits dont les originaux hébraïques ou araméens ont disparu, s'ajoute une florissante littérature en langue grecque, principalement représentée par les œuvres de [[Philon d’Alexandrie]] auxquelles elle ne se réduit toutefois pas. Cette diversité se retrouve aussi dans de nombreuses synagogues où les fresques multicolores aux motifs parfois inspirés des mythes païens, tranchent singulièrement avec la stricte interdiction des images qui prévaudra ultérieurement.
 
[[Fichier:Dura Europos fresco Moses from river.jpg|vignette|upright=2.0|alt=Gravure stylisée en couleurs. Une femme nue dans un cours d'eau tient un panier. Derrière elle, sur la berge, se tiennent des femmes habillées.|Une des [[fresque]]s de la [[synagogue de Doura Europos]] ([[Syrie]], milieu du {{s-|III}}) : la fille du [[pharaon]], entourée de ses suivantes, recueille l’enfant [[Moïse]].]]
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Le déclin des académies babyloniennes au profit de communautés indépendantes, ouvre [[Période des Rishonim|une nouvelle ère]] dans l’histoire du judaïsme : elle voit l’essor de deux centres situés aux confins du monde juif, nommés Sefarad et Ashkenaz d’après Abdée 1:20 et Genèse 10:3 respectivement. La communauté séfarade, héritière des savoirs orientaux, s’épanouit dans l’ancienne Ibérie où les conflits entre chrétiens et musulmans permettent aux Juifs d’exister hors des marges de la société. La communauté ashkénaze, établie dans les terres que le christianisme n’a pas encore entièrement conquises et connaissant elle aussi un certain essor sous les rois carolingiens, n’atteint pas un tel degré de raffinement mais elle produit nombre d’érudits dont [[Guershom ben Juda|Guershom de Mayence]] et [[Rachi|Salomon de Troyes, dit Rachi]] qui produisent des commentaires fondamentaux pour la transmission et l’intelligence du Talmud de Babylone — contrairement aux réponses et traités des gueonim qui rebutent les gens simples, les ''kountressim'' (« carnets ») des fondateurs du judaïsme ashkénaze sont des commentaires suivis écrits dans un langage accessible, qui visent à aplanir plutôt que soulever les difficultés, et suppriment au mieux les non-dits. Rachi est plus connu encore pour son commentaire sur la Bible qui entend suivre le sens obvie du texte mais ne se prive pas pour ce faire de puiser abondamment dans la littérature du Midrash que le maître réagence à sa convenance. Bien qu’[[Abraham ibn Ezra]] et d’autres érudits séfarades se montrent supérieurs à Rachi en matière de philologie, c’est le rabbin champenois qui s’impose comme l’exégète de référence dont le commentaire connaîtra plus de cent supercommentaires, influencera le monde chrétien et figure dans toutes les éditions hébraïques courantes du Pentateuque.
 
[[Fichier:Measure of men.jpg|vignette|250px|[[Maimonide|Maïmonide]] enseignant. Enluminure dans un manuscrit hébraïque du {{s-|XIV}}.]]
Un siècle plus tard, [[Moïse Maïmonide]], qui ne connaît pas les travaux des rabbins d’Ashkenaz, entend parer aux problèmes qui se sont posés à eux mais alors que les savants de la vallée du Rhin privilégiaient l’interprétation du texte, le maître cordouan qui finira sa vie à Fostat après être passé par le Maroc et la terre d’Israël, tend à la simplification et à la systématisation — il produit d’abord le ''[[Commentaire de la Mishna (Maïmonide)|Kitab al-Siraj]]'', commentaire de la Mishna écrit en judéo-arabe où il indique laconiquement la loi à suivre, sans mentionner ses sources ni les opinions divergentes, puis le [[Mishné Torah]] rédigé en hébreu où il entend résumer les lois de la même manière, suivant cette fois la liste des [[613 commandements]] contenus selon la tradition rabbinique dans la Torah. Maïmonide agrémente en outre ses écrits de nombreuses introductions où il s’étend longuement sur des points de doctrine ou de morale, énonçant dans l’introduction au dernier chapitre du [[Sanhédrin (traité)|traité Sanhédrin]] treize catégories d’hérésie qui excluent celui qui les professent du judaïsme, et formulant de la sorte ce qu’il faut considérer comme les premiers articles de foi du judaïsme. Son troisième classique, ''[[Guide des égarés|Dalālat al-ḥā’irīn]]'', est rédigé à l’intention d’un disciple porté sur la [[spéculation philosophique]] et désireux de la réconcilier avec son judaïsme. Dans cette œuvre, considérée à ce jour comme le summum en matière de philosophie juive, Maïmonide affirme notamment que Dieu n’est pas connaissable par l’intelligence, ni saisissable par la sensibilité, et que rien ne peut en être dit<ref name="Maïmonide">{{Ouvrage|prénom1=Moses|nom1=Maimonides|prénom2=Salomon|nom2=Munk|titre=[[Le Guide des égarés]]|tome=I|lieu=Paris|éditeur=A. Franck|année=1856|passage=130|lire en ligne=http://archive.org/details/leguidedesgar01maim|consulté le=2020-04-02|numéro chapitre=XXXV}}.</ref> ; que le monde créé par Dieu est en revanche régi par les lois décrites dans le système d’[[Aristote]], et donc entièrement accessibles à l’intellect (après avoir exposé la doctrine d’Aristote sur le monde incréé, Maïmonide conclut qu’il n’existe aucun argument rationnel à même de l’infirmer et qu’il faut s’en remettre en la matière à la seule croyance en la révélation) ; que les miracles et prophéties bibliques {{incise|en particulier la résurrection matérielle des corps annoncée par [[Ezéchiel]] et [[Daniel (prophète)|Daniel]]}} sont des allégories destinées à l’intelligence déficiente du vulgaire qui ne pourrait concevoir ces lois autrement. L’érudit comprendra en revanche que le monde continuera selon son usage aux temps messianiques, et que seuls changeront les rapports des nations à Israël ; le roi-messie sera un roi juste et instruit, rendant la justice et destiné comme toute chair à mourir. Débordant la simple théologie juive, ce livre aura le plus grand retentissement dans et hors du judaïsme.
 
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[[Image:Chasan Shas.JPG|vignette|Une édition (presque) intégrale du Talmud de Babylone.]]
 
{{citation|Le Talmud contient des discussions sur la [[Halakhah]] (droit religieux, droit civil, droit pénal et ses procédures) et des modules narratifs appelés [[Aggada]] (légendes, récits édifiants ou historiques, exégèse biblique, spéculations cosmologiques et angélologiques, etc.)}}, note [[Charles Mopsik]] qui précise : {{citation|Il est difficile de dégager de ce corpus une doctrine religieuse unique et cohérente. Beaucoup de ses pages transcrivent des discussions et des controverses entre [[Tannaïm]] (docteurs de la Loi entre le {{s mini-|I}} et le {{s mini-|II}} siècle) et entre [[Amoraïm]] (docteurs de la Loi entre le {{s mini-|III}} et le {{s mini-|VII}} siècle). Ces discussions, parfois très vives, ont trait aussi bien à l'interprétation des textes de la Loi (Torah), qu'à des questions relatives au Messie et à la fin des temps, à la Résurrection, à l'origine et à la nature du mal et du mauvais penchant, aux devoirs entre parents et enfants et à d'innombrables sujets touchant tous les aspects de la vie personnelle et collective. Il n'est cependant pas trop aventureux de dire que l'idéologie religieuse globale des corpus du Talmud tient dans la place éminente accordée à la pratique cultuelle}}<ref>[[Charles Mopsik]], ''Talmud. Petite encyclopédie de Charles Mopsik'', publiée en ligne.</ref>.
 
Une littérature exégétique se développe parallèlement au Talmud : le [[Midrash]], dont il existe de nombreuses déclinaisons. Le Talmud y fait parfois allusion et certains enseignements se retrouvent dans l'un et l'autre.
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=== Littérature mystique antique ===
À la [[apocalyptique|littérature apocalyptique]] succède la [[littérature des Palais]] dans les écoles juives de Galilée et de Babylonie, entre le {{s mini-|III}} et le {{s mini-|VIII}} siècles. Le « Palais », c'est-à-dire le lieu de Dieu, visité en songe ou en transport mystique par les auteurs qui composent cette littérature. Elle constitue « un contrepoint mystique et ésotérique » à la littérature « rationaliste et exotérique », issue des écoles talmudiques, littérature complémentaire du Talmud, selon [[Simon Claude Mimouni]], qui signale que cette « complémentarité est corroborée par le fait que les héros de cette littérature mystique sont des [[tannaïm]]<ref name="Mimouni"/>», c'est-à-dire des auteurs du Talmud – [[Rabbi Akiva]], Rabbi [[Shimon bar Yohaï]], Rabbi [[Ismaël ben Elisha]], Rabbi [[Nehounia ben Haqana]], etc. Le [[Sefer Yetsirah]], (Le Livre de la Création), donne à cette littérature sa forme poétique la plus remarquable.
 
[[Fichier: Josephusbust.jpg|vignette|upright|Buste présumé de [[Flavius Josèphe]].]]
 
=== Littérature philosophique et historique antique ===
Une école philosophique judéo-grecque, marquée par l'influence de [[Platon]] en particulier, se crée à [[Alexandrie]] au milieu du {{-s-|II}} . Ses représentants les plus connus sont [[Aristobule de Panéas]], mais surtout [[Philon d'Alexandrie]], le fondateur du [[néoplatonisme]] et le concepteur de la [[théologie négative]].
 
[[Flavius Josèphe]] constitue à la même époque une œuvre d'historien considérable, également écrite en grec, la principale source historique en ce qui concerne la conquête romaine de la Judée du {{Ier siècle}} et la société judéenne de cette époque.
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[[Fichier:14c ed of the Guide for the Perplexed by Maimonides.jpg|vignette|left|upright|''Le Guide des égarés'' de [[Maïmonide]]. Manuscrit du {{s-|XIV}}.]]
 
Issus de la tradition talmudique, une nouvelle école de philosophes juifs émerge à partir du {{s mini-|IX}} siècle en Orient ou en Espagne, principalement [[Saadia Gaon]], [[Salomon ibn Gabirol]], [[Juda Halevi]], [[Abraham ibn Ezra]], [[Moïse Maïmonide]].
 
La philosophie d'[[Aristote]] et de ses disciples joue un rôle important parmi ces philosophes. Ainsi Maïmonide conseille-t-il de lire – outre Aristote – [[Averroès]], [[Al Farabi]], [[Avicenne]], ses commentateurs arabes<ref>Steven Harvey, « Arabic into Hebrew: The Hebrew translation movement and the influence of Averroes upon medieval Jewish thought » dans The Cambridge Companion to Medieval Jewish Philosophy, Cambridge University Press, Cambridge, 2003</ref>. Le [[néoplatonisme]], véhiculé par [[Philon d'Alexandrie]] et [[Plotin]] en particulier, joue également un rôle important dans ce mouvement philosophique, notamment chez [[Ibn Gabirol]] et [[Abraham ibn Ezra]].
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Toutefois [[Léo Strauss]] situe la philosophie juive médiévale dans une catégorie paradoxale, à cause du jeu qu'y produit l'ésotérisme (comme chez Maïmonide), ou la poésie (comme chez Ibn Gabirol), ou la critique de la philosophie (comme chez Juda Halevi), et d'une manière plus générale, à cause de soubassements étrangers à la philosophie classique, et présents dans la philosophie juive<ref name="Straus">[[Léo Strauss]], ''La persécution et l'art d'écrire'', traduit de l'anglais, Presses-Pocket, 1989</ref>.
 
À partir du {{s mini-|XII}} siècle, la philosophie juive se répand en pays chrétien (Espagne, France, etc.). Mais ses auteurs, comme [[Gersonide]] ou [[Hasdaï Crescas]], se situent toujours à une place paradoxale en philosophie, dans la mesure où ils intègrent d'autres données dans leur pensée, selon Charles Mopsik. S'il y a bien un « souci philosophique » chez ces auteurs, pour Mopsik, ce souci appartient à une histoire parallèle à celle de la philosophie classique<ref name="Mopsik2">Charles Mopsik, ''Philosophie et souci philosophique'', dans ''Les Chemins de la cabale'', L'Eclat, 2004</ref>.
 
=== Kabbale médiévale ===
[[Image:Tree of life bahir Hebrew.svg|vignette|right|L'arbre de vie avec le nom des 10 ''[[Sephiroth (Kabbale)|Sephiroth]]'' et les 22 chemins en hébreu, d'après ''Le Portique du questionneur'' d'[[Azriel (kabbaliste juif)|Azriel de Gérone]].]]
Issue de la mystique juive antique, la [[Kabbale]] forme à partir du {{s mini-|XII}} siècle, en France et en Espagne, une école où le « souci philosophique » est aussi important que la « mystique », proprement dite, de sorte que la Kabbale produit un phénomène toujours aussi paradoxal, en s'inscrivant « dans une perspective religieuse au sein de la philosophie », et « dans une perspective laïque au sein de la religion », selon Mopsik<ref name="Mopsik2"/>. [[Gershom Scholem]] considère que la Kabbale constitue une espèce de « part maudite du judaïsme »<ref name="Waintrop">Edouard Waintrop, ''Cabale contre cabale'', Libération, 31 décembre 1998</ref>, notamment parce qu'elle a été mal reçue, en général, par les autorités rabbiniques, au moins jusqu'au {{s mini-|XV}} siècle. Ses représentants médiévaux les plus célèbres sont [[Isaac l'Aveugle]], [[Azriel (kabbaliste juif)|Azriel de Gérone]], [[Abraham Aboulafia]], [[Joseph ben Abraham Gikatila|Joseph Gikatila]], [[Moïse de Léon]] (l'auteur présumé du [[Sefer Ha Zohar|Zohar]], l'ouvrage-phare de la Kabbale).
 
Les kabbalistes créent un mouvement où les variables sont importantes. Selon leur tempérament, ils poursuivent des objectifs qui diffèrent sur tel ou tel point de leur doctrine, et qui parfois s'opposent, signale [[Moshé Idel]]. Mais, contrairement à Scholem, Idel considère que la Kabbale forme « le cœur et la vie du judaïsme »<ref name="Idel" />.
 
« La Bible est un document chiffré, au sens où ses récits ne sont qu'un voile qui cache un système de pensée et un savoir très précieux portant sur la structure du monde, de l'homme et de Dieu »<ref name="Mopsik EL" />. Ce postulat se répand parmi les Juifs à partir du {{s mini-|XIV|e}} siècle, véhiculé par le Zohar et par ses commentateurs. La [[Kabbale]] prend alors une valeur aussi sainte que la [[Bible]] et le [[Talmud]].
{{Article détaillé|Kabbale}}
Avec l'[[expulsion en droit|expulsion des Juifs d'Espagne]] en 1492, la Kabbale se diffuse largement et profondément dans la diaspora juive, véhiculée par les émigrés judéo-espagnols. Elle se développe en Italie, grâce à des auteurs comme [[Ménahem Recanati]], puis en Orient à l'école de [[Safed]], en particulier, où se regroupent ses représentants les plus connus, [[Joseph Caro]], [[Moïse Cordovero]], [[Isaac Louria]].
 
=== Littérature halakhique médiévale ===
Parallèlement, à partir du {{s mini-|XI}} siècle, se crée une littérature législative, dite [[Halakha|halakhique]], c'est-à-dire conforme aux principes de la loi juive. Cette littérature inaugure l'époque des [[Rishonim]], des législateurs juifs, les successeurs des [[Géonim]], les maîtres des académies talmudiques de Babylonie, qui disparaissent alors.
 
[[Isaac ben Jacob Alfassi|Isaac Alfassi]], un rabbin judéo-marocain du {{s mini-|XI}} siècle, publie le ''Sefer HaHalakhot'' considéré comme le premier ouvrage majeur de [[Halakha|littérature halakhique]]. Alfassi se propose de présenter un code législatif facilement accessible à ses contemporains d'après les données de la Bible et du Talmud.
[[Image:First page of the first tractate of the Talmud (Daf Beis of Maseches Brachos).jpg|vignette|307x307px|Talmud de Vilna, Traité Berakhot 2a. Le corps du texte se trouve au centre de la page, encadré par le commentaire de Rachi (à droite) et les Tossefot (à gauche). D'autres commentaires sont situés dans la marge<ref>[http://people.ucalgary.ca/%7Eelsegal/TalmudPage.html Page l'anatomie d'un folio de Talmud]</ref>.]]
[[Rachi]] de [[Troyes]], un rabbin judéo-français du {{s mini-|XI}} siècle, se situe dans le même esprit, par ses commentaires de la Bible et du Talmud. Rachi ne souhaite ni se lancer dans des discussions savantes, ni débattre de questions philosophiques ardues, mais seulement restituer les moyens de comprendre des textes écrits dans une langue antique, devenue obscure à la plupart de ses contemporains.
 
[[Maïmonide]] poursuit une ambition plus élevée et plus systématique. Il codifie les lois dispersées dans le Talmud sans organisation apparente, en livrant le [[Mishné Torah]] au {{s mini-|XII}} siècle, le code de conduite à tenir en ce qui concerne l'application des préceptes énoncés dans la Bible et les rituels. Le [[Mishné Torah]] suscite, lui-même, des commentaires, des débats, des [[Responsa]], des problèmes posés en termes de droit, qui, adjoints à l'ouvrage principal, forment la bibliothèque juridique à laquelle les rabbins se réfèrent pour établir les décisions des tribunaux civils dont dépendent les affaires intérieures des communautés juives.
 
[[Yaakov ben Asher]] , un rabbin judéo-espagnol, au tournant du {{s mini-|XIII}} et du {{s mini-|XIV}} siècle, publie un code [[halakha|halakhique]] encyclopédique, les [[Arbaa Tourim]], (''Les Quatre Colonnes''), conçu dans la lignée de celui de Maïmonide, selon le même principe. Il suscite d'autres commentaires, d'autres questions, d'autres débats, qui s'ajoutent au corpus juridique déjà existant.
 
Des rabbins de toutes tendances participent à cette littérature, avec des différences considérables d'opinions, parfois, sur tel ou tel point de droit. « Il n'existe pas de mode institutionnel de reconnaissance, pas de hiérarchie rabbinique structurée, pas de pape bien entendu », souligne Gerald Blistein. « La réputation advient à une figure spécifique par la reconnaissance de ses pairs. Souvent, elle se mesure au nombre et à l'étendue géographique des questions qui lui sont posées. À de rares occasions, on assiste à la reconnaissance populaire d'une personnalité comme Maïmonide<ref>Gerald J. Blistein, ''Halakha'', dans ''La civilisation du judaïsme'', sous la direction de [[Shmuel Trigano]], L'Eclat, 2015</ref>. Ce qui rend cette littérature si étonnante.
 
[[Joseph Caro]], l'un des fondateurs de l'école de [[Safed]] au {{s mini-|XVI}} siècle, livre le ''[[Choulhan Aroukh]]'' (''La table dressée''), un code halakhique monumental écrit d'après les conceptions et les pratiques kabbalistiques. Un code qui va faire bientôt autorité dans l'ensemble de la [[diaspora]] juive. Le ''Beit Joseph'' (''La Maison de Joseph''), le commentaire de Joseph Caro sur le ''[[Mishné Torah]]'', le code de [[Maïmonide]], marque le passage de l'âge maïmonidien à l'âge kabbalistique dans les communautés juives. L'autorité de la Kabbale est reconnue par toutes les strates de la société juive au {{s mini-|XVI}} siècle, depuis les dirigeants communautaires jusqu'au niveau le plus modeste, selon Mopsik<ref name="Mopsik CAB"/>. L'époque des [[Rishonim]] prend fin pour laisser place à l'époque des [[Aḥaronim]], des « derniers-nés », des « nouveaux », c'est-à-dire l'époque actuelle, selon l'historiographie juive traditionnelle.
 
=== Littérature kabbalistique moderne ===
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[[Moïse Cordovero]] (1522-1570) et [[Isaac Louria]] (1534-1572), les maîtres de l'école de Safed, renouvellent entièrement l'approche de la [[Kabbale]], selon [[Gershom Scholem]]<ref>[[Gershom Scholem]], ''La Kabbale'', Folio Gallimard</ref>. Isaac Louria, en particulier, est l'auteur « d'une œuvre immense qui s'imposera peu à peu comme la version la plus achevée de la doctrine ésotérique juive », signale Mopsik<ref>[[Charles Mopsik]], ''Isaac Louria'', ''Petite encyclopédie de Charles Mopsik'', publiée en ligne</ref>. [[Bernard-Henri Lévy]] résume ainsi la pensée de Louria : « Non plus sauver le monde. Encore moins le recommencer. Mais juste le réparer, à la façon dont on répare les vases brisés. Il est très beau, ce mot de réparation. Il est modeste. Il est sage. Mais il est aussi vertigineux »<ref>[[Bernard-Henri Lévy]], ''Pièces d'identité'', Grasset, 2010.</ref>. Mopsik précise : « La libération que prône Louria, qui n'est en rien politique ou nationale mais concerne toutes les créatures, est loin d'être une tâche d'intellectuels ou d'experts dans les pratiques mystiques. Elle doit être l'œuvre de tous pour advenir, même si la doctrine qui la décrit exige pour être comprise des études approfondies »<ref>[[Charles Mopsik]], ''Isaac Ashekenazi Louria et la mystique juive'', dans ''Le Livre des Sagesses'', ''L'aventure spirituelle de l'humanité'', sous la direction de Frédéric Lenoir et Ysé Tardan-Masquelier, Bayard, 2002</ref>.
 
Les disciples d'Isaac Louria, notamment [[Haïm Vital]], diffusent sa pensée dans la diaspora juive, mais également parmi les lettrés chrétiens au cours du {{s mini-|XVII}} siècle. La [[kabbale lourianique]] occupe une place considérable dans l'ouvrage de [[Christian Knorr von Rosenroth]], la ''Kabbala Denudata'' (''La Kabbale dévoilée''), la traduction latine des principaux textes de la Kabbale, publiée dans les années 1670-1680. [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]], qui en fut un lecteur assidu, la considérait comme un événement éditorial de premier plan<ref name="Mopsik CAB"/>.
[[Image:Besht Shul1 Medzhibozh.jpg|vignette|left|L'école du [[Baal Shem Tov]] à [[Medzhybizh]] vers 1915.|alt=]]
[[Israël ben Eliezer]] (1698-1760), appelé le [[Baal Shem Tov]] (le maître du saint nom), fonde une école kabbalistique vers 1740 à [[Medzhybizh]] en Ukraine actuelle, intégrée alors dans le [[République des Deux Nations|royaume de Pologne]]. Il révèle à ses disciples que, lors d'une élévation spirituelle, le Messie lui a confié qu'il se dévoilerait à l'humanité quand ses enseignements (la [[Pensée hassidique|Hassidout]]) se seront répandus dans le monde. C'est ainsi que naît le mouvement [[Hassidisme|hassidique]].
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Haïm de Volozin insiste sur trois points, remarque [[Bernard-Henri Lévy]] : « Un : Dieu a créé le monde. Deux : une fois la création achevée, il s'en est retiré. Trois : pour que le monde ne s'effondre pas comme un château de sable et qu'il ne se dé-crée pas, il faut que, par leur prière et leur étude, les hommes en soutiennent infatigablement les murailles fragiles. Le monde est menacé de se défaire et seuls les hommes peuvent empêcher ce processus de dé-création »<ref>[[Bernard-Henri Lévy]], ''Entretiens'', Informations juives, novembre 2007.</ref>. Toutefois, [[Nahman de Bratslav]] (1772-1810), l'arrière-petit-fils du Baal Shem Tov, publie des ouvrages qui s'accordent, sur ce point, avec ceux de Haim de Volozhin. Là encore, c'est la manière d'envisager la pratique du judaïsme qui oppose les deux maîtres.
 
Cependant la révolution industrielle et scientifique, qui débute avec le {{s mini-|XIX}} siècle, modifie si profondément les conditions d'existence des Juifs, que les [[Hassidisme|Hassidim]] et les [[Mitnagdim]] ont tendance à se rapprocher à mesure que les années passent. Leur opposition n'est plus aussi radicale qu'au siècle précédent. Le hassidisme apparaît alors comme « l'une des réponses inventées pour surmonter la crise religieuse de la société juive et conserver l'essence de la tradition mystique dans un contexte ébranlé par la sécularisation », selon Jean Baumgarten<ref>Jean Baumgarten, ''La Naissance du hassidisme: Mystique, rituel et société ({{s minisp-|XVIII}}-{{s mini|-|XX}} siècle)'', Albin-Michel, Paris, 2006.</ref>.
 
L'étude de la Kabbale reste vivante au {{s mini-|XIX}} siècle dans les écoles juives d'[[Europe orientale]], du [[Proche-Orient]] et d'[[Afrique du Nord]]. Mais elle n'occupe qu'une position marginale dans la plupart des écoles rabbiniques d'Europe occidentale au {{s mini-|XIX}} siècle.
 
[[Image:Adolphe Franck.jpg|vignette|left|upright|[[Adolphe Franck]] par Jules Bastien-Lepage (1878).]]
 
Toutefois, à Paris, en 1843, [[Adolphe Franck]] (1810-1893), le premier Juif agrégé de philosophie en France, professeur de droit au Collège de France, conçoit une nouvelle approche de la Kabbale, en l'intégrant dans l'histoire des idées, des religions et des civilisations, quand il fait paraître ''La Kabbale ou La Philosophie religieuse des Hébreux'', le premier ouvrage encyclopédique sur la Kabbale écrit en langue française. {{Citation|Au lieu d'accorder son intérêt de philosophe à un [[Maïmonide]] ou à un [[Saadia Gaon]] par exemple, comme le firent les rabbins éclairés de la France du [[Second Empire]] et de la [[Troisième République (France)|Troisième République]], cette sommité laïque et académique de la philosophie moderne s'est intéressée à la kabbale, qui passait le plus souvent aux yeux de ces rabbins pour indigne de leurs efforts intellectuels et de leurs travaux savants}}, souligne Mopsik<ref name="Mopsik-Franck">[[Charles Mopsik]], ''Quelques remarques sur Adolphe Franck, philosophe français et pionnier de l'étude de la Cabale au {{s mini-|XIX}} siècle'', dans Pardès, Paris, 1994.</ref>.
 
{{Citation|Il est impossible de considérer la Kabbale comme un fait isolé, comme un accident dans le judaïsme ; elle en est au contraire la vie et le cœur}} », observe Franck<ref>[[Adolphe Franck]], ''La Kabbale ou La Philosophie religieuse des Hébreux'', Paris, 1843.</ref>. ''La Kabbale'' d'Adolphe Franck est traduite en allemand en 1844 par Adolphe Jellinek (1821-1893)<ref>''Die Kabbala, oder Die Religions-philosophie der Hebräer'', von A. Franck, aus dem französischen übersetzt, verbessert und vermehrt von Ad. Jellinek, Leipzig, 1844.</ref>, puis en anglais en 1926 par Isaac Sossnitz<ref>Isaac Sossnitz, ''The Kabbalah : The Religious Philosophy Of The Hebrews'', New York, 1926.</ref>. C'est principalement cet ouvrage qui permet à l'étude de la kabbale d'intégrer le cadre des universités allemandes, anglaises et américaines, au tournant du {{s mini-|XIX}} et du {{s mini-|XX}} siècle<ref name="Idel" />.
 
[[Fichier:Gershom Scholem learning the Zohar (NNL 003800553).III.jpg|vignette|[[Gershom Scholem]], 1925.]]
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Les thèses de Scholem ont, également, une influence remarquable sur les historiens du judaïsme – des historiens israéliens comme [[Ben-Zion Dinur]] (1884-1973) ou [[Haim Hillel Ben-Sasson]] (1914-1977), ou américains comme [[Salo Wittmayer Baron]] (1895-1989) ou [[Yosef Hayim Yerushalmi]] (1932-2009), qui témoignent d'une ouverture d'esprit bien plus large qu'auparavant envers la mystique juive<ref name="Idel" /> – et sur les historiens de la Kabbale, notamment [[Charles Mopsik]] (1956-2003) et [[Moshé Idel]].
 
La Kabbale n'a jamais cessé d'être enseignée traditionnellement dans les écoles [[hassidisme|hassidiques]] et [[Mitnagdim|mitnagdiques]] qui ont suivi l'émigration des Juifs [[ashkénazes]] aux [[États-Unis]], en [[Europe de l'Ouest|Europe occidentale]] et en [[Israël]] au cours du {{s mini-|XX}} siècle. [[Abraham Isaac Kook]] (1865-1935) et [[Yehouda Ashlag]] (1884-1954) sont les principaux représentants de l'école mitnagdique, issue du [[Gaon de Vilna]] au {{s mini-|XX}} siècle, tandis que [[Elie Wiesel]] et [[Adin Steinsaltz]] illustrent notamment l'école hassidique.
 
[[Fichier: Chaim Yosef David Azulai.jpg|vignette|left|upright|[[Haïm Joseph David Azoulay|Haïm David Azoulay]].]]
 
Parallèlement, les écoles kabbalistiques [[séfarade]]s des Balkans, du Levant et d'Afrique du Nord ont continué à délivrer un enseignement sur les bases définies par [[Joseph Caro]] au {{s mini-|XVI}} siècle, représentées notamment par [[Haïm Joseph David Azoulay|Haïm David Azoulay]] (1724-1806), le plus grand kabbaliste séfarade de son temps, enseignant à [[Jérusalem]], dans l'école fondée à l'époque d'[[Isaac Louria]], l'école-phare du judaïsme séfarade, dont Mospik signale qu'elle est particulièrement attachée aux méditations mystiques et au régime ascétique prônés par la [[kabbale lourianique]] dans sa veine originale<ref name="Mopsik CAB"/>.
 
[[Fichier:Elijah Benamozegh.jpg|vignette|upright|[[Elie Benamozegh]].]]
 
Par le biais des écoles laïques de l'[[Alliance israélite universelle]], dont [[Adolphe Franck]] est l'un des fondateurs, le judaïsme séfarade intègre le cadre du judaïsme français dans la seconde moitié du {{s mini-|XIX}} siècle. [[Elie Benamozegh]] (1823-1900), le kabbaliste séfarade le plus remarquable, alors, né au Maroc, enseignant à l'école de [[Livourne]] en [[Italie]], écrit en français. Il produit une œuvre importante (qui influencera [[Jacques Lacan]] en particulier<ref>[[Gérard Haddad]], ''Lacan et le judaïsme'', Livre de Poche, Paris, 2003.</ref>), inclassable entre mystique et philosophie.
 
La plupart des représentants de l'école kabbalistique française du {{s mini-|XX}} siècle ([[Jacob Gordin]] (1896-1947) et [[Léon Askénazi]] (1922-1996) notamment), se situent dans le sillage d'[[Henri Bergson]], dont la philosophie est imprégnée de [[hassidisme]], selon des commentateurs comme [[Vladimir Jankélévitch]] ou [[Éliane Amado Levy-Valensi]]<ref>Margaret Teboul, ''Bergson, le temps et le judaïsme. Le débat des années 1960'', dans Archives Juives, Pari, 2005/1 (Vol. 38).</ref> (même si Bergson, lui-même, ne le signale pas explicitement). [[Éliane Amado Levy-Valensi]] souligne que « dans le bergsonisme, la matière incarne doublement le mal : elle est le résidu et l'obstacle. Elle est l'élan retombé et ce que l'élan veut soulever à nouveau. » Une conception qu'Amado Levy-Valensi réfère à la kabbale de [[Joseph ben Abraham Gikatila|Gikatila]], l'un des inspirateurs de [[Spinoza]], mais également du [[Baal Shem Tov]]<ref name="AmadoTeboul">[[Éliane Amado Levy-Valensi]], cité par Margaret Teboul, ''Bergson, le temps et le judaïsme. Le débat des années 1960'', dans Archives Juives, Pari, 2005/1 (Vol. 38).</ref>. Cependant, l'influence d'Elie Benamozegh n'est pas moins importante dans le judaïsme français, de sorte que se produit un rapprochement en France entre les tendances néo-hassidiques (via Bergson) et les tendances du judaïsme séfarade traditionnel (via Benamozegh). [[Marc-Alain Ouaknin]] est l'un des représentants actuels de cette école.
 
=== Philosophie juive moderne ===
[[Fichier: Moses Mendelson P7160073.JPG|vignette|left|upright|[[Moïse Mendelson]].]]
[[Moses Mendelssohn]] (1729-1786) fonde à Berlin, à la fin du {{s mini-|XVIII}} siècle, une nouvelle école de philosophie juive. C'est ce que des historiens comme [[Maurice-Ruben Hayoun]] ou [[Stefan Goltzberg]] appellent le « moment allemand » dans la philosophie juive. Les philosophes juifs requéraient la philosophie arabe afin qu'elle les aide à résoudre « des problèmes talmudiques », remarque Goltsberg. « Le moment allemand présente une orientation inverse : les philosophes juifs tentent une réponse juive à des questions et des problèmes qui cimentent la philosophie chrétienne allemande »<ref name="Goltzberg"/>. Outre Mendelssohn, les représentants les plus célèbres de cette école sont [[David Friedländer]], [[Nachman Krochmal]], [[Solomon Judah Loeb Rapoport|Salomon Rapoport]], [[Isaac Bär Levinsohn]], [[Leopold Zunz]], [[Abraham Geiger]]. Ils fondent la [[Haskalah]], les « Lumières juives ».
 
Depuis le partage de l'ancien [[Royaume de Pologne (1385-1569)|royaume de Pologne]], entre la [[Prusse]], l'[[Autriche]] et la Russie, les communautés juives s'insèrent dans des empires où l'idéal national se conjugue aux idéaux des Lumières, à la suite de la [[Révolution française]]. Les Juifs, en tant que tels, ne peuvent intégrer l'ensemble national, conçu par les Lumières, qu'à condition de se définir comme les fidèles d'une religion, et non plus comme les membres d'un peuple, de sorte que les philosophes de la Haskhalah tentent, alors, de faire du judaïsme une véritable religion comparable au [[luthéranisme]], en particulier, la religion majoritaire en Allemagne.
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[[Hermann Cohen (philosophe)|Hermann Cohen]] (1842-1918) est le dernier grand représentant de la philosophie judéo-allemande au tournant du {{s-|XIX}} et au {{s-|XX}}. À la génération suivante, [[Franz Rosenzweig]] se détache de ce modèle en revenant au postulat de la Kabbale.
 
Rosenzweig se bat sur deux fronts : celui de [[Juif assimilé|l'assimilation des juifs allemands]] à l'idéologie universalisante et fusionnelle promue en Allemagne depuis le {{s mini-|XIX}} siècle. Et celui du [[sionisme]] auquel il se refuse à réduire le destin juif, selon Bernard-Henri Lévy<ref name="BHL 2015">{{Article|auteur=[[Bernard-Henri Lévy]]|titre=Franz Rosenzweig ou le génie du judaïsme|périodique=L'Arche|numéro=654|date=mai 2015|présentation=https://laregledujeu.org/2015/05/20/21542/franz-rosenzweig-ou-le-genie-du-judaisme/}}.</ref>. Ce qui se joue, dans ce double refus, c'est le projet de « penser, contre Hegel, qu'il n'y a pas d'instance supérieure au tribunal de l'histoire » précise Lévy. « La thèse de Rosenzweig, c'est que le judaïsme est le mot manquant de l'hégélianisme. La preuve que l'hégélianisme ne marche pas, c'est la persistance du judaïsme »<ref name="BHL 2015"/>.
 
Qu'est-ce qui fait que le judaïsme reste toujours vivant, pour Rosenzweig ? C'est le rapport à la loi, le rapport à la langue, le rapport à la terre. Une loi plus importante, plus éminente que l'histoire. Une terre pour une large part imaginaire, ou qui ne peut être aimée concrètement que si elle a aussi un siège dans l'imaginaire. Une langue, enfin, qui garde en elle une part de sainteté. Ce sont les trois éléments qui, pour Rosenzweig, constituent la singularité juive, selon Bernard-Henri Lévy<ref name="BHL 2015" />. {{Citation|Le judaïsme, dans la compréhension phénoménologique que Rosenzweig en a livré, ce n'est pas une identité biologique ; ce n'est pas seulement une identité religieuse et communautaire ; ce n'est évidemment pas une identité seulement nationale ; c'est une identité qui existe par l'étude et qui procède de l'étude}}<ref name="BHL 2015" />, souligne Lévy.
 
Les philosophes juifs les marquants du {{s mini-|XX}} siècle, [[Emmanuel Levinas]], [[Léo Strauss]], [[Walter Benjamin]], [[Martin Buber]], [[Vladimir Jankélévitch]], cherchent chacun à leur manière, et d'une manière très différente, à échapper au cadre du judaïsme tel qu'il a été défini par la [[Haskalah]], ce que [[Jean-Claude Milner]] appelle le modèle du « Juif de savoir », opposé au « Juif de l'étude », tel que le conçoit la tradition juive. {{citation|Le Juif de savoir était né dans le monde de la langue allemande ; il a subi de pleine fouet la brutale destinée de ce monde ; il a tenté d'y faire front. Il a échoué parce qu'il ne pouvait qu'échouer. En disparaissant, il a laissé le champ libre au Juif de négation}}, selon Milner<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean-Claude Milner]]|titre=Le juif de savoir|lieu=Paris|éditeur=B. Grasset|date=11 Octobre 2006|pages totales=221|isbn=2-246-71151-7|présentation en ligne=https://www.grasset.fr/livres/le-juif-de-savoir-9782246711513|consulté le=2020-04-08}}.</ref>, c'est-à-dire au Juif résolu à se nier lui-même. Une nouvelle génération de philosophes juifs est apparue en France dans les années 1970, illustrée notamment par [[Bernard-Henri Lévy]], [[Shmuel Trigano]], [[Benny Lévy]], [[Jean-Claude Milner]], [[Marc-Alain Ouaknin]], [[Georges-Elia Sarfati]], etc.
 
Le [[mouvement Massorti]], issu de [[Zacharias Frankel]], s'est particulièrement développé aux États-Unis, dans un cadre qui s'est éloigné de son origine allemande, sous l'influence de Rozenweig ou du hassidisme. Ses représentants les plus célèbres, sont [[Abraham Joshua Heschel]], [[Saul Lieberman]], [[David Weiss-Halivni]].
 
Détaché de ce mouvement, [[Mordecai Kaplan]] a fondé un mouvement autonome, le [[judaïsme reconstructionniste]] qui attache à une importance particulière aux rites. Il compte parmi les nombreux mouvements du judaïsme moderne, depuis les religieux réformés jusqu'aux mouvements les plus traditionnels, dans une pluralité qui caractérise la culture juive depuis les temps antiques, à quoi s'ajoute l'ensemble, tout aussi pluriel, du judaïsme laïc.
[[Fichier:Hannah_Arendt_1924.jpg|vignette|upright|[[Hannah Arendt]].]]
 
Détaché de ce mouvement, [[Mordecai Kaplan]] a fondé un mouvement autonome, le [[judaïsme reconstructionniste]] qui attache à une importance particulière aux rites. Il compte parmi les nombreux mouvements du judaïsme moderne, depuis les religieux réformés jusqu'aux mouvements les plus traditionnels, dans une pluralité qui caractérise la culture juive depuis les temps antiques, à quoi s'ajoute l'ensemble, tout aussi pluriel, du judaïsme laïc.
 
Un nombre important d'intellectuels entrent dans la catégorie des « philosophes juifs », objectivement, parce qu'ils sont, et philosophes, et juifs, du fait de leurs origines familiales, et parce qu'ils se sont intéressés d'une manière ou d'une autre au judaïsme, ou parce qu'ils ont été inquiétés en raison de leur origine juive, mais sans qu'ils aient jamais revendiqué eux-mêmes le titre de « philosophe juif », ou laissé entendre qu'ils l'assumaient, parmi eux [[Karl Marx]], [[Henri Bergson]], [[Edmund Husserl]], [[Hannah Arendt]], [[Herbert Marcuse]], [[Theodor Adorno]], [[Max Horkheimer]], [[Ludwig Wittgenstein]]{{etc.}}.
 
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** Pendant les sept jours suivant l'enterrement, la ''[[Shiv'ah]]'', les endeuillés restent assis à même le sol ou sur des chaises basses. Ils ne se lavent plus (sauf raison de santé), ne coupent pas leurs ongles, ne portent pas de chaussures, et ne préparent pas à manger (c'est le rôle de la communauté d'assurer leur subsistance) : toutes leurs pensées convergent vers la personne décédée, qu'ils pleurent pendant trois jours, et dont ils rappellent les mérites pendant quatre. Chaque soir se tient un service qu'ils dirigent, et qui se conclut par le Kaddish des endeuillés.
** Le mois suivant l'enterrement est la période des ''shloshim'' (trente), où l'agrément comme la musique, le mariage (avec fête)… sont prohibés.
** La période d'un an, ''avelut youd bet 'hodesh'' (deuil de douze mois), est observé pendant onze mois supplémentaires par ceux qui ont perdu leur parent. PasséePassé cette période, le deuil s'achève par une visite au cimetière, et la récitation du Kaddish des endeuillés sur la tombe de la personne défunte.
 
=== Question de Halakha : Quelles sont les conditions pour dire qu'une personne est juive ? ===
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=== Le ''gabbaï'' et le ''chamach'' ===
{{Article détaillé|Gabbaï|Shamash}}
Le ''[[gabbaï]]'' appelle les différentes personnes à lire la [[Torah]], désigne l'officiant. Le ''[[Shamash|chamach]]'' ou bedeau s'occupe de l'entretien de la synagogue.
 
=== Autres positions religieuses spécifiques ===
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== Conversion au judaïsme ==
Le judaïsme ne manifeste aucune velléité de [[prosélytisme]]. Il peut accueillir l'individu adulte qui demande à se convertir après avoir longuement examiné ses motivations, mais ne va en aucun cas le solliciter. Les rabbins exigent une forte motivation et une adhésion sincère à la Torah chez ceux qui désirent se convertir<ref>Fabrice Lorin, ''Sur le chemin du judaïsme, conversion au judaïsme'', Editions Transmettre,531 pages, 2023 </ref>. Ainsi la conversion ne peut avoir pour seul motif la possibilité d'un [[mariage juif]].
 
Les mouvements modernes du judaïsme divergent sur le dossier des conversions, cause de tensions entre eux ainsi que sur la scène israélienne. Les orthodoxes exigent une parfaite adhésion du candidat au mode de vie orthodoxe défini par le ''[[Choulhan Aroukh]]''. Le [[Judaïsme orthodoxe|mouvement orthodoxe]] insiste également sur l'absence de motivations extra-spirituelles, telles que le mariage, lors de la conversion. Le [[mouvement massorti]] exige du candidat l'étude et l'acceptation de l'autorité de la ''[[halakha]]'' selon l'interprétation du corps rabbinique massorti. Il estime néanmoins que le degré de pratique des ''[[Mitzvah|mitsvot]]'' constitue un choix laissé à la conscience de chacun. Le [[Judaïsme libéral|mouvement libéral]] met quant à lui l'accent sur l'étude de la tradition juive dans un esprit de [[Libre examen|libre-examen]]. Il insiste sur la capacité du candidat à effectuer des choix éclairés en matière de [[théologie]] et de pratique rituelle et insiste sur le développement d'une relation personnelle à Dieu dans le cadre de la tradition d'Israël. Bien que certains des premiers réformateurs aient admis des conversions sans [[Brit Milah|circoncision]] et immersion dans un [[Mikvé|bain rituel]], la très grande majorité des rabbins contemporains les exigent désormais. De nos jours, les divergences en matière de conversion reposent ainsi essentiellement sur les divergences entre les plates-formes théologiques de ces trois mouvements plutôt que sur des questions rituelles.
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* celle des [[Beta Israel]] d'[[Éthiopie]]…
* celle des Khazars en [[Khazars#Religion et stratégie|838]].
 
== Critiques ==
 
{{Article détaillé|Critique du judaïsme}}
 
{{...}}
 
== Notes et références ==
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* {{fr}} Laurent Bonardi, « Peron et les Juifs », ''[[Revue des études juives]]'', Paris, 2006.
* {{Chapitre|langue=en |prénom1=Shaye J.D. |nom1=Cohen |titre chapitre=Ioudaios, Iudaeus, Judean, Jew |titre ouvrage=The Beginnings of Jewishness : Boundaries, Varieties, Uncertainties |passage=69-106 |éditeur=University of California Press |lieu=Berkeley, Los Angeles |année=1999}}
* {{fr}} [[Pierre Chavot]], ''Le Dictionnaire de Dieu - 620 mots pour connaître et comprendre le judaïsme, le christianisme et l'islam'', Dervy, 2023.
* {{fr}} [[Josy Eisenberg]], ''Une histoire des Juifs'' {{ISBN|2-253-01384-6}}
* {{fr}} [[Sonia Fellous]], ''Histoire du judaïsme'', ''La Documentation photographique'' {{numéro|8065}}, septembre-{{date-|octobre 2008}}, La Documentation française