« Kiautschou » : différence entre les versions

La concession de '''Kiautschou''' ([[sinogrammesen simplifiés{{chinois|chinois simplifié]] : s=胶州 ; [[sinogrammes traditionnels|chinois traditionnel]] : t=膠州|p=Jiāozhōu|efeo=Kiao-tchéou ; [[pinyin]] : jiāo zhōu, autrefois- en françaispratique : '''Kiaou-Tchéou''') estou Kiao-Tchéou -}} est un [[comptoir]] de l ' [[Empireempire colonial allemand]] loué à l'[[Empereurempereur de Chine]]. Il est situé dans le sud de la [[péninsule du Shandong]], au nord-est de l'actuelle [[Chine]]. Sa ville principale était [[Qingdao]] ( [[translittération|translittéré]] ''Tsingtau'' ouen allemand, ''tsingTsing-Tao daoou Tsingtao'' en français à l'époque, EFEO : Ts'ing-tao).

Le comptoir comprend à l'époque la [[Baiebaie de Jiaozhou]] (translittéré alors en Kiautschou), ''Kiaou-Tchéou'', de {{unité|38|km}} de largeur au maximum), donnant sur la [[mer Jaune]] et les deux péninsules fermant la baie, ce qui représente un territoire de {{unité|552|km|2}}. Il y a aussi vingt-cinq petites îles<ref>Elles représentent une surface de {{unité|44|km|2}} au total, tandis que les eaux de la baie représentent une superficie de {{unité|560|km|2}}</ref>, dont les deux principales<ref> (Yintau au nord et Huangtau au sud</ref>) font aujourd'hui partie de la terre ferme. Le territoire est formé de deux [[péninsule]]s; : celle du nord-est avec Tsingtau s'étend sur une superficie de {{unité|462|km|2}}, ; celle du sud, peu fertile et sans intérêt particulier pour la concession, Hahsi, de {{unité|47|km|2}}<ref>Graudenz, ''op. cité''{{opcit}}, {{p.|297}}</ref>. L'ouverture de la baie donnant sur la mer Jaune s'étend sur une largeur de {{unité|3|km}}trois kilomètres. La montagne de Lauschan<ref>Selon l'orthographe allemande</ref> (le [[mont Lao]]) s'élève à l'est à environ {{unité|1000|m}} de hauteur, entourée d'un beau paysage sauvage et de bosquets de [[bambou]]s.

Le [[vizeadmiral|vice-amiral]] [[Otto von Diederichs]] obtient le terrain<ref> La population à l'époque était évaluée à {{formatnum:unité|84000|habitants}} habitants.</ref>, après la prise de la baie, sur lequel est aussitôt édifiée la future ville de Tsingtau, signifiant «  île verte  », à la pointe sud-ouest de la péninsule orientale. Un quartier européen est édifié dans le [[style néogermanique]] de l'[[Guillaume II d'Allemagne|de l'époque wilhelminienne]], tandis que le quartier chinois, au nord<ref>Dénommé ''Tapautan'', deux quartiers de [[coolie]]s se construisent encore plus au nord</ref>, est construit selon les critères locaux, mais aussi les normes allemandes. Aussitôt, le port (au nord-ouest de la péninsule) est construit avec ses quais et un [[chantier naval]], ainsi que plus tard une église luthérienne, une gare, une école supérieure militaire, des casernes, un hôpital militaire et des dispensaires civils<ref>Le [[typhus]] et la [[malaria]] étaient les deux fléaux du territoire, avant qu'il ne soit canalisé et assaini par les Allemands</ref>, un tribunal, plusieurs écoles, une poste, une filiale de la ''[[Deutsch-Asiatische Bank]]'', diverses usines, dont une usine d'électricité, et le bâtiment le plus représentatif, celui du palais du gouverneur.

La concession regroupait une centaine de villages et hameaux chinois, avec une population totale de plus de {{formatnum:100000}} habitants. À Tsingtau en 1907<ref name="Graudenz p298">Graudenz, ''op. cité''{{opcit}}, {{p.|298}}</ref> on recensait {{formatnum:31500}} Chinois, {{formatnum:1184}} Blancs et 200 Japonais; en 1913, plus de {{formatnum:50000}} Chinois et {{formatnum:2000}} Blancs<ref>C'est-à-dire Européens et citoyens Américainsaméricains</ref>.

Image:Bundesarchiv Bild 137-003362, China, Tsingtau, Prinz Heinrich Strasse.jpg|La ''rue du prince Heinrich ({{Langue|de|Prinz-Heinrich-Straße''}}), dénommée d'après le prince [[Henri de Prusse (1862-1929)]], vice-amiral de la Flotte impériale d'Extrême-Orient.

Image:Bundesarchiv Bild 137-003846, China, Tsingtau, Albert-Strasse.jpg|Vue de l'la rue Albert (''Albert-Straße{{Langue|de|Albertstraße}}'').

Image:Bundesarchiv Bild 137-004069, China, Tsingtau, Marktstraße.jpg|Vue de la rue du Marchémarché (''{{Langue|de|Marktstraße}}'') dans le quartier chinois.

Image:Bundesarchiv Bild 134-B2410, Tsingtau, Gouverneurspalast.jpg|Vue du palais du gouverneur.

Image:Bundesarchiv Bild 134-A319, Tsingtau, Straßenansicht.jpg|Scène de rue dans le quartier chinois.

Image:Bundesarchiv Bild 137-005516, China, Tsingtau, ehem. Deutsch-asiatische Bank.jpg|Filiale de la ''{{Langue|en|Deutsch-Asiatische Bank}}'' à Tsingtau.

Image:Bundesarchiv Bild 134-A288, Tsingtau, Kloster Hoa jun an.jpg|Paysage de montagnes au-dessus du monastère Hoa.

Image:Bundesarchiv Bild 137-018951, Tsingtau, Löschen und Laden im Hafen.jpg|Vue des quais du port.

Le climat est typique de la région, soumise à la [[mousson]]. L'hiver est court et relativement clément, mais avec des vents froids du nord-ouest et des tempêtes de sable soudaines qui peuvent durer plusieurs jours d'affilée. Le printemps est agréable et l'été plutôt pluvieux et chaud, avec des températures moyennes de {{tmp|25 à |28|°C}}. L'automne est une saison fort agréable, le mois d'octobre étant le mois le plus avenant<ref name="Graudenz p298"/>.

[[Image:Bundesarchiv Bild 116-424-050, China, Tsingtau.jpg|thumb|right|Marins de la ''[[Kaiserliche Marine]]'' en promenade aux environs de la ville.]]

La [[flore]] est représentée par des [[pin (plante)|pins]], des [[saule]]s, [[peuplier]]s, [[cyprès]], [[chêne]]s, [[schinus|poivriers]], et [[aubépine]]s. La concession y fait cultiver des [[pommier]]s, [[poirier]]s, [[abricotier]]s, [[pêcher]]s, [[prunier]]s, [[cerisier]]s, [[dattier]]s, [[chataignier]]s, [[noyer]]s, et même de la [[vigne]], etc. Il est surprenant de constater que le [[mûrier]] pour l'élevage du [[ver à soie]], pourtant présent dans d'autres régionrégions de la province du Schantoung, n'est pas cultivé dans la concession.

Un almanach de [[chasse]] énumère en 1909 les espèces suivantes que l'on trouve dans la partie sauvage de la concession: [[sanglier]]s, [[lièvre]]s, [[loutre]]s, [[renard]]s, [[blaireau européen|blaireaux]], [[Felis silvestris silvestris|chats sauvages]], [[martre des pins|martres des pins]], [[perdrix]], [[faisan]]s, [[colombe]]s, [[caille des blés|cailles]], [[grive]]s, [[bécassine (oiseau)|bécassines]], [[courlis]], [[gruidae|grues]], [[canard|canards sauvages]], [[oie]]s sauvages, [[cygne]]s sauvages, différentes sortes d'[[aigle]]s et d'oiseaux [[rapace]]s, {{etc.}}

[[Image:Bundesarchiv Bild 146-1980-111-62, China, Tsingtau, Besuch Gouverneuers Sun Pao-Chi.jpg|thumb|right|Visite en {{date-|avril 1910}} de Sun Pao-Chi au gouverneur [[Alfred Meyer-Waldeck|Meyer-Waldeck]] (debout, {{2e}} à gauche).]]

[[Image:Reichsdienstflagge der Kaiserlichen Marine 1893-1918.svg|thumbvignette|rightdroite|Drapeau de la marine impériale, pour les administrations civiles de Kiautschou.]]

L'organisation de ce territoire (''{{Langue|de|Schutzgebiet}}''), ou comptoir, n'est pas exercée, comme les autres territoires coloniaux de l'Empire, sous l'autorité de l'administration coloniale impériale (''{{Langue|de|[[Reichskolonialamt]]}}''), mais par l'administration de la [[Kaiserliche Marine|marine impériale]], car le port a été fondé en premier lieu pour servir d'escale à l'escadre d'Extrême-Orient (''{{Langue|de|Ostasiengeschwader}}''). Le territoire est donc administré par un gouverneur qui est obligatoirement un officier de la marine impériale et dépend directement du secrétaire d'État à la Marine, c'est-à-dire du [[grand-amiral]] [[Alfred von Tirpitz|von Tirpitz]].

Cependant il existe aussi une administration civile à côté de l'administration militaire. La première est dirigée par le chef d'état-major du gouverneur, la seconde par un commissaire civil, dépendant tous les deux du gouverneur. D'autres fonctionnaires importants appartiennent à l'administration du port et, depuis 1900, il existe un juge impérial et un commissaire pour les Affaires chinoises. Un conseil de gouvernement fonctionne comme conseil consultatif, ainsi qu'à partir de 1902, un comité chinois. Les départements des finances, de la construction et de l'aménagement du territoire, et l'hôpital militaire dépendent directement du gouverneur. Les gouverneurs, notamment [[Oskar von Truppel]] (1901-1911), mettent en avant la conception de « colonie exemplaire  » (''{{Langue|de|Musterkolonie}}'') pour administrer le territoire et en construire les infrastructures. De plus, la colonie sert de vitrine à la flotte allemande, dont les faits sont appuyés et relayés par des organisations telles que la ''{{Langue|de|[[Flottenverein]]}}''. Sa prospérité économique et culturelle doit rencontrer un écho favorable auprès de la société de la métropole. Vingt-six écoles sont bâties, ainsi qu'un lycée du gouvernorat, dix écoles de missions, une école supérieure technique, et quatre écoles de formation professionnelle. Les Européens sont soumis au droit impérial allemand, tandis que les Chinois sont soumis à un statut d'indigénat.

[[Image:Kiautschou Buch.jpg|thumb|right|Couverture d'un livre de voyage à Kiautschou.]]

[[Image:Meyers Geographischer Handatlas 1912-Tsingtau.jpg|thumb|right|Plan de Tsingtau en 1912.]]

L'histoire de la seconde partie du {{s-|XIX|e}} des grandes puissances européennes se déroule dans le contexte d'une concurrence rapide pour l'obtention de [[Nouveaux Territoires|nouveaux territoires]] coloniaux. L'Allemagne se met dans la course avec un certain retard. L'arrivée sur le trône de [[Guillaume II d'Allemagne|Guillaume II]] et sa conception d'une ''{{Langue|de|[[Weltpolitik]]}}'' (« politique mondiale »), avec la construction d'une flotte rivale de celle de la ''{{Langue|en|[[Royal Navy]]''}} (Lala flotte allemande est la deuxième du monde en 1914{{refsou}}), et l'utilisation de la «  [[diplomatie de la canonnière|politique de la canonnière]]  » accélère le cours des événements, non seulement en Afrique, mais aussi en Asie, où les puissances surtout [[Empire britannique|britanniques]], [[Empire colonial français|françaises]], mais aussi russes ou hollandaises installent ou consolident leurs possessions.

C'est dans ce contexte que s'explique la fondation de ce «  comptoir  » allemand. Une expédition prussienne avait déjà visité la baie dans les années 1860 et un traité de commerce entre l'Empire Céleste et la [[royaume de Prusse|Prusse]] est signé en 1861. Le baron [[Ferdinand von Richthofen]] navigue dans la baie, au cours de son voyage (1868-1871) et décrit l'endroit comme une escale possible pour la flotte de son pays, mais c'est [[Alfred von Tirpitz]], alors chef de l'[[escadre d'Extrême-Orient (Empire allemand)|escadre d'Extrême-Orient]], qui concrétise cette ambition.

Le {{1er}}date-|1 novembre 1897}}, deux missionnaires catholiques allemands de la [[société du Verbe-Divin]]<ref>Les PP. [[Richard Henle]] et [[Franz Xaver Nies]]</ref> sont assassinés dans la région, au cours de troubles, et le nouveau chef de l'escadre, le vice-amiral [[Otto von Diederichs|von Diederichs]], qui connaissait déjà l'endroit, y arrive le {{date-|7 novembre}} pour défendre la sécurité. Les troupes d'[[infanterie de marine]] débarquent le {{date-|14 novembre}} sans combatrésistance de la part des Chinois et des négociations commencent aussitôt afin d'obtenir un territoire. Les Chinois n'ont d'autre choix que d'accepter et ils concèdent un bail de quatre-vingt-dix-neuf ans, le {{date-|6 mars 1898}}, à la marine allemande qui y installe son [[Escadre d'Extrême-Orient (Empire allemand)|Escadre d'Extrême-Orient]]. La baie est placée à partir du {{date-|27 avril 1898}} «  sous protection  » allemande (''{{Langue|de|Schutzgebiet}}'') sans y inclure la ville-même de [[Jiaozhou]] (''Kiautschou'' ou ''Kiaou-Tchéou''). La région est peuplée à l'époque d'environ {{formatnum:Nombre|83000|Chinois}} Chinois. C'est le début du ''Gouvernementgouvernement Kiautschous''de Kiautschou, avec une zone neutre de {{unité|50|km}}. Le gouvernement chinois donne aussi la concession de construire deux lignes de chemin de fer, de la future ''{{Langue|de|Schandung-Bahn}}'', et d'exploiter les mines de [[charbon]]. De même, Port-Edward est concédé pourà l'Angleterre, ainsi que quelques mois plus tard [[Port-Arthur]] pourà la Russie et [[Fort-Bayard]] pourà la France.

[[Image:SMS Deutschland + SMS Gefion2.jpg|thumb|right|Le {{SMS|Deutschland|1874|6}} et le {{SMS|Gefion|1893|6}} avec le port de Tsingtau, aujourd'hui Qingdao,, sur une carte postale du début du {{s-|XX|e}}.]]

[[Image:Bundesarchiv Bild 116-127-040, Tsingtau, Hafen, Postschiff "Gouverneur Jaeschke".jpg|thumb|right|Vue du paquebot ''Gouverneur Jaeschke'' audans le port de Tsingtau, vers 1900.]]

La concession est dotée d'une poste dès 1898. [[Shanghai]] est reliée l'année suivante en quatorze jours. Le [[télégraphe]] est installé, une gare est construite et Tsingtau est reliée au [[Transsibérien]] à partir de 1904, le voyage prenant treize jours, jusqu'en Allemagne.

La fréquentation du port passe en nombre de [[paquebot]]s et vapeurs en 1900 de 182 navires<ref>Dont dix voiliers</ref>, à 509 navires<ref>266 sous pavillon allemand, 113 sous pavillon britannique, 68 sous pavillon japonais, 36 sous pavillon chinois et 22 sous pavillon norvégien; in Graudenz, ''op. cité''{{opcit}}, {{p.|306}}</ref> en 1909<ref>Graudenz, ''op. cité''{{opcit}}, {{p.|306}}.</ref>. Le port est directement relié à l'Europe par les paquebots de la [[Norddeutscher Lloyd]] et de la [[HAPAG]].

L'histoire allemande de la baie de Jiaozhou et de son port de Tsingtau, vieille de seize années, prend fin avec le début de la [[Première Guerre mondiale]] et la capitulation allemande, le {{date-|7 novembre 1914}}, devant l'armée impériale japonaise et un contingent britannique, après un siège de plus de deux mois.

Après le départ des Allemands, les Chinois récupérèrent la brasserie, qu'ils développèrent, toujours sous le nom de [[Tsingtao (ou Qingdaoentreprise)|Tsingtao]]. C'est probablement la marque de bière chinoise la plus connue que l'on peut retrouver dans le monde entier.

[[Image:Bundesarchiv Bild 116-424-041, China, Tsingtau.jpg|thumbvignette|rightdroite|Marins allemands de l'escadre d'Extrême-Orient à Tsingtau vers 1912.]]

*Carl Rosendahl : {{date-|7 mars 1898}} - {{date-|19 février 1899}}

*Paul Otto Jäschke : {{date-|19 février 1899}} - {{date-|27 janvier 1901}} (mort du [[typhus]])

*''{{lien|lang=de|Max Rollmann}} : {{date-|27 janvier 1901}} - {{date-|8 juin 1901}} (en fonction par interimintérim)''

*[[Oskar von Truppel]] : {{date-|8 juin 1901}} - {{date-|19 août 1911}}

*[[Alfred Meyer-Waldeck]]: {{date-|19 août 1911}} - {{date-|7 novembre 1914}}

[[Image:Bundesarchiv青岛江苏路基督教堂_2014-01-23.jpg|vignette|[[Église Bildde 137-005519,la Tsingtau,route Neuedu Kirche.jpg|thumb|rightJiangsu à Qingdao|Nouvelle église luthérienne de Tsingtao]], {{refnec|qui n'est plus affectée au culte aujourd'hui}}.]]

*{{de}} Karlheinz Graudenz, ''Die deutschen Kolonien. Geschichte der deutschen Schutzgebiete in Wort, Bild und Karte'', Augsbourg, Weltbild Verlag, {{4e|édition}} édition, 1989

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