« Charles Maurras » : différence entre les versions
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{{Source douteuse|date=juillet 2024|amorce=Cet article}}
{{Infobox Biographie2
| charte = journaliste
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'''Charles Maurras''', né le {{date-|20 avril 1868}} à [[Martigues]] ([[Bouches-du-Rhône]]) et mort le {{date-|16 novembre 1952}} à [[Quartier Saint-Symphorien de Tours|Saint-Symphorien-lès-Tours]] ([[Indre-et-Loire]]), est un [[journaliste]], [[Essai (littérature)|essayiste]], [[homme politique]] et [[poète]] [[France|français]].
Écrivain défenseur de la culture [[Provence|provençale]] appartenant au [[Félibrige]] et [[agnostique]] dans sa jeunesse, il se rapproche ensuite des milieux [[Catholicisme|catholiques]] et [[Affaire Dreyfus|antidreyfusards]]. Il dirige le journal ''[[L'Action française (quotidien)|L'Action française]]'', fer de lance du [[Action française|mouvement homonyme]], d’inspiration [[Nationalisme|nationaliste]], fédéraliste et [[contre-révolution]]naire qui devient le principal mouvement intellectuel et politique d'[[extrême droite en France|extrême droite]] sous la [[Troisième République (France)|Troisième République]].
Il
Bien qu'anti-allemand, il soutient Pétain sous [[Régime de Vichy|Vichy]] et l'instauration d'une [[Lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy|législation antisémite]]. Poursuivant la publication de ''L'Action française'' sous l'[[Occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation allemande]], il réclame l'exécution de [[Résistance intérieure française|résistants]]. Arrêté à la [[Libération de la France|Libération]], il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et à la [[Indignité nationale|dégradation nationale]]. Il est gracié pour raisons de santé en {{date-|mars 1952}}.
Son parcours et sa pensée jouent un rôle essentiel au sein de la [[Droite (politique)|droite]] et de [[Extrême droite en France|l'extrême droite]] en France. Il a influencé notamment De Gaulle, mais aussi la droite nationaliste.
== Biographie ==
=== Enfance et adolescence (1868-1886) ===
[[Fichier:Charles Maurras 1877.jpg|vignette|gauche|redresse|Charles Maurras en 1877.]]En [[1868]], le 20 avril, naît à [[Martigues]], au 13 quai Saint-Sébastien, Charles Marie Photius Maurras, en [[Provence]]. Il est le second fils de Jean Aristide Maurras (1811-1874), [[Receveur (impôt)|percepteur]], ayant des convictions libérales, et de Marie-Pélagie Garnier (1836-1922), profondément catholique<ref
La famille Maurras s'est installée à Martigues au {{s-|XVII}} ; elle était originaire du pays ''gavot'' (Haut-Var), au sud de [[Gréoux-les-Bains|Gréoux]], près de [[Saint-Julien (Var)|Saint-Julien-le-Montagnier]]<ref
À quatorze ans, la [[surdité]] dont il est soudainement atteint, dégrade aussi ses capacités vocales. Désespéré, le jeune Charles voit s'effondrer tous ses projets, dont celui d'entrer à l'[[École navale]] comme le père de sa mère. L'abbé [[Jean-Baptiste Penon]] donne des cours particuliers au jeune Charles, ce qui lui permet de revenir parfois au [[collège]]<ref name="
Il s'intéresse à [[Hippolyte Taine]] et [[Ernest Renan]]<ref name="
Maurras est profondément influencé par les idées monarchistes et catholiques durant son enfance: "À cet égard, les biographes du théoricien du « nationalisme intégral » ont souvent tendance à occulter cette appartenance originelle à la culture du « Midi blanc », transmise par sa mère adorée, et à donner crédit au postulat, si important aux yeux de l’intéressé, de son adhésion de « raison » à la politique royaliste."<ref>Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Collection dirigée par Patrick Weil. Paris: Bernard Grasset, 2015, p. 173</ref>.
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=== Ecrivain et critique littéraire (1886-1898) ===
[[Fichier:Charles Maurras vers 1888.jpg|vignette|gauche|{{centrer|Charles Maurras, vers 1888.}}]]
Charles s’inscrit en histoire à la [[faculté des lettres de Paris]], rencontre l’historien [[Orléanisme|orléaniste]] [[Paul Thureau-Dangin]]. Il se montre un bourreau de travail : lectures innombrables à la [[bibliothèque Sainte-Geneviève]] et à la [[Sorbonne]]<ref name="ref_auto_12">Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Paris: Bernard Grasset, 2015, p. 172</ref>.
Maurras écrit dans ''La Réforme sociale'', revue conduite par le sociologue [[Frédéric Le Play]], qui développe une analyse de la société moderne critiquant l’[[individualisme]] et prônant des idées [[Corporatisme|corporatistes]]. Il écrit également pendant cinq ans dans les ''[[Annales de philosophie chrétienne]]<ref>Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. CParis: Bernard Grasset, 2015, p. 173</ref>''.
La tournure de sa pensée est encouragée par l’atmosphère intellectuelle du temps qui oscille entre le [[déterminisme]] [[Emmanuel Kant|kantien]] et le pessimisme de [[Arthur Schopenhauer|Schopenhauer]]. Il dit être troublé par la philosophie kantienne de la connaissance tout en admirant saint Thomas. Mais son [[agnosticisme]] se renforce<ref name="G61-62" group="G">{{p.|61-62}}.</ref>. Il est alors fortement influencé par la méthode [[Positivisme|positiviste]] <ref group="G" name="G61-62"/>.
En [[1886]], Maurras découvre [[Frédéric Mistral]]. Il rêve de constituer une anthologie de poésie et de prose provençales et commence un travail de documentation dans ce but. Le 23 décembre 1887, il entre au quotidien catholique ''[[L'Observateur français]]'' dont il deviendra secrétaire de rédaction en 1888. Très vite, le jeune homme rencontre des [[Félibrige|félibres]] comme [[Paul Arène]] et [[Albert Tournier]]<ref group="G" name="G65-67">{{p.|65-67}}.</ref>
En [[1888]], il obtient le prix du Félibrige pour un éloge du poète provençal [[Théodore Aubanel]]<ref name="ref_auto_11">Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Paris: Bernard Grasset, 2015, p. 176</ref>{{,}}<ref
En [[1889]], il rencontre [[Frédéric Amouretti]] lors des Fêtes félibréennes de [[Sceaux (Hauts-de-Seine)|Sceaux]] et devient le secrétaire du Félibrige de Paris<ref>[http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/charles-maurras?fauteuil=16&election=09-06-1938 Biographie] sur le site de l'[[Académie française]].</ref>. En [[1890]], il rencontre [[Jean Moréas]] et devient le théoricien de l'[[École romane]]<ref name="huguenin23" />.
==== Vers le monarchisme ====
S'il est encore hostile à la Révolution à cette époque, il est républicain et concède que la République est {{Citation|le meilleur gouvernement pour la France<ref>''Entretien de Dante et d'Homère'', CCM, 1968, {{numéro|8}}, {{p.|41}}.</ref>.}} Il lit de manière intense Auguste Comte, le fondateur du positivisme<ref name="ref_auto_3">Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Paris: Bernard Grasset, 2015, p. 187</ref>.
Cependant, il est fondamentalement attaché à la [[décentralisation]]. En août [[1889]], se rendant aux archives de Martigues pour une analyse des documents remontant à cent ans en arrière, il découvre les systèmes coutumiers et empiriques, des mécanismes de protection sociale et de solidarité, servant de relais et de protection entre l'individu et l'État central. Pour Maurras, avec la [[Centralisation (histoire)|centralisation]], la République n'a pas fait des Français des citoyens mais des administrés<ref>Léon S. Roudiez, ''Charles Maurras jusqu'à l'Action française'', éd. André Bonne, 1957, {{p.|73}}.</ref>.
Il développe à l'opposé de l'image de l'[[historiographie]] révolutionnaire d'un roi au pouvoir illimité, une image paternelle nourrie de bienveillance et de savoir-faire au sommet d'un État fort mais limité<ref
[[Fichier:Philippe, Duke of Orléans.jpg|thumb|Philippe, comte de Paris]]En [[1894]], il se rapproche du [[nationalisme]] en collaborant au journal ''[[La Cocarde]]'' de [[Maurice Barrès]]<ref
En [[1895]], Maurras amorce sa conversion au principe monarchique<ref>Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Paris: Bernard Grasset, 2015, p. 175</ref>. Jusque-là il était resté conservateur. L'échec de la décentralisation dans le cadre républicain, l'inefficacité du [[régime parlementaire]], l'admiration qu'il porte pour le système britannique, la lecture de [[Démosthène]] et du rôle de la démocratie dans l'effondrement de la [[Grèce]], constituent autant de facteurs qui l'inclinent au royalisme en 1895<ref name="
Du 8 avril au 3 mai [[1896]], ''[[La Gazette (France)|La Gazette de France]]'' le charge de couvrir comme reporter les premiers [[Jeux olympiques|jeux Olympiques]] modernes, à [[Athènes]]. Cette expérience joue un rôle central dans son intérêt pour la culture gréco-romaine et pour le classicisme. Ce séjour inspire son idéal littéraire et son désir de recréer une société fondée sur un "ordre" inspirée par l'Antiquité<ref>Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Paris: Bernard Grasset, 2015, p. 179</ref>.
Laurent Joly explique ainsi : "Le système doctrinal que l’écrivain édifie au tournant du XXe siècle procède ainsi de cette quête angoissée de perfection et de pureté, du beau et de l’éternel, qui a hanté son adolescence et ses jeunes années. « La vie sans au-delà, sans immortalité est quelque chose d’effroyablement laid, d’injuste et d’immoral et nous avons le droit et le devoir de nous y soustraire. […] Sans elle, je n’ai plus de raison d’être », écrivait Maurras à son confesseur la veille de son dix-huitième anniversaire."<ref name="
=== Naissance de l'Action française (1898-1914) ===
Le début du
Joly ajoute "Ainsi, la République ne se confond plus entièrement avec la gauche, ni la droite avec le cléricalisme et les trois régimes monarchiques du XIXe siècle. C’est le changement fondamental révélé par l’affaire Dreyfus. Au terme d’un siècle de luttes et de guerres civiles, la République et le principe démocratique sont désormais enracinés.<ref
Or, "Seule l’Action française tente alors le pari de pérenniser l’agitation antidreyfusarde dans une perspective antirépublicaine" selon Laurent Joly<ref name=":2">Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Collection dirigée par Patrick Weil. Paris: Bernard Grasset, 2015. p.18</ref>
En {{Date|septembre 1898}}, Maurras se en effet range dans le camp des [[affaire Dreyfus|antidreyfusards]]<ref
Plus tard, il s'oppose à la demande de révision du procès du [[capitaine (France)|capitaine]] [[Alfred Dreyfus]], alors relancée à la suite des aveux et du suicide d'[[Hubert Henry]], officier qui avait fabriqué plusieurs [[Contrefaçon|faux]] pour faire croire à la culpabilité du capitaine<ref>[[Michel Winock]], ''Le Siècle des intellectuels'', Le Seuil, coll. « Points », 1999, {{p.|52}}.</ref>. Maurras rédige un éloge d'Henry dans ''[[La Gazette (France)|La Gazette de France]]''<ref>{{Ouvrage|nom1=[[Michel Winock]]|titre=Le Siècle des intellectuels|éditeur=éd. du Seuil|date=DL 2006|isbn=978-2-02-088180-7|isbn2=2-02-088180-2|oclc=493468871|présentation en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/493468871|lire en ligne=|consulté le=21.10.2021}}</ref>.
[[Fichier:Café de Flore - 1900.jpg|vignette|gauche|Le ''[[Café de Flore]]'' vers 1900, lieu de réunion habituel des fondateurs de l'Action française à partir de 1898.]]
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Elle l’a dit dans sa “Revue”. Elle l’a enseigné dans son Institut. […] En tête du journal destiné à propager quotidiennement sa pensée, l’Action française a le devoir de répéter qu’elle n’a jamais fait appel à un parti <br>
[…] À bas la République ! et, pour que vive la France, vive le Roi ! <br>
[signé] [[Henri Vaugeois]], [[Léon Daudet]], Charles Maurras, [[Léon de Montesquiou]], [[Lucien Moreau]], [[Jacques Bainville]], [[Louis Dimier]], [[Bernard de Vesins]], Robert de Boisfleury, [[Paul Robain]], [[Frédéric Delebecque]], [[Maurice Pujo]]}}.</ref>, né de la transformation de la revue mensuelle (la ''[[Revue d'Action française|Revue d’Action française]]'') créée neuf ans plus tôt.
Le projet monarchiste de Maurras s'inscrit dans un contexte favorable. Selon Joly, "Victor Nguyen a bien montré comment l’entreprise maurrassienne s’est inscrite dans le sillage d’un regain intellectuel en faveur de la monarchie traditionnelle. Vers 1889, autour des célébrations du premier centenaire de la prise de la Bastille, un « regard sacrilège » est porté sur la Révolution par des penseurs éminents – dont Ernest Renan – et des jeunes écrivains d’avant-garde : « Condamnée dans les faits, la monarchie redevient une figure mobilisatrice des idées."<ref>Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Paris: Bernard Grasset, 2015, p. 214.</ref>
Il s'agit pour l'Action française de défendre l'[[armée]] à tout prix<ref name="ref_auto_6">{{harvsp|Huguenin|2011|p=32}}.</ref>. Maurras prétend ainsi défendre la [[raison d'État]] en soutenant l'armée coûte que coûte pour éviter un désastre en cas d'une nouvelle guerre contre l'Allemagne<ref
En [[1905]], Maurras fonde la [[Ligue d'Action française]] {{Incise|dont [[Henri Vaugeois]] est le président et [[Léon de Montesquiou]] le secrétaire général}} pour lever des fonds en faveur de la ''[[Revue d'Action française]]'', mensuel devenu l'organe de presse du mouvement<ref
Le capitaine Dreyfus intente plusieurs procès à ''[[L'Action française (quotidien)|L’Action française]]'' et y fait publier des lettres sur décision de justice. Le 29 janvier 1912, Charles Maurras présente ces textes {{citation|dans une formulation qui sonne comme une condamnation à mort}}, observe [[Olivier Dard]]. A cette occasion, le chef de l'Action française qualifie Dreyfus de {{citation|traître juif}} [qui] {{citation|entrevoi[t] en frissonnant (…) [les] douze balles [qui] lui apprendront enfin l'art de ne plus trahir et de ne plus troubler l'ordre de ce pays qui l'hospitalise}}<ref>{{harvsp|Dard|2013|p=104-105}}.</ref>.
[[Fichier:Degradation alfred dreyfus.jpg|vignette|droite|alt=Au milieu d'une cérémonie militaire, Alfred Dreyfus se tient droit en uniforme vierge de tout insigne. Ses insignes et son fourreau sont à ses pieds, et en face de lui, un adjudant est en train de casser son sabre en deux sur son genou.|<center>La dégradation d'[[Alfred Dreyfus]], le {{Date-|5 janvier 1895}}. Dessin d'[[Henri Meyer (illustrateur)|Henri Meyer]] en couverture du ''[[Le Petit Journal (quotidien)|Petit Journal]]'' du {{Date-|13 janvier 1895}}, légendé « Le traître »<ref>Voir [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7161044 l'exemplaire complet] sur [[Gallica]].</ref>.</center>]]
Maurras publie ''[[L'Avenir de l'intelligence|L’Avenir de l’intelligence]]'', qui met en garde contre le règne de l’argent et son emprise sur les intellectuels.
Revenant sur l'affaire Dreyfus en 1930, Maurras dit : {{Citation|Je ne veux pas rentrer dans le vieux débat, innocent ou coupable. Mon premier avis là-dessus avait été que, si Dreyfus était innocent, il fallait le nommer maréchal de France, mais fusiller une douzaine de ses principaux défenseurs pour le triple tort qu'ils faisaient à la France, à la paix et à la raison<ref name="huguenin23">{{harvsp|Huguenin|2011|p=23}}.</ref>.}} Il avait écrit en {{Date-|décembre 1898}} à [[Maurice Barrès]] : {{Citation|Le parti de Dreyfus mériterait qu'on le fusillât tout entier comme insurgé}}<ref>[[Eugen Weber]], ''[[L'Action française (ouvrage)|L'Action française]]'', éd. Fayard, 1985, {{p.|578}}.</ref>.
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Il s'en prend à la laïcité.
Toute sa vie, Maurras reste proche du catholicisme. En 1936, mère Agnès, sœur aînée de sainte Thérèse de Lisieux et supérieure du Carmel, écrit une lettre à Maurras pour lui promettre d’intervenir auprès de Pie XI au sujet de la condamnation
=== Première Guerre mondiale ===
[[Fichier:Charles Maurras - photo Pierre Petit.jpg|vignette|gauche|{{centrer|Charles Maurras, avant 1909.}}]]
Dans ''[[Kiel et Tanger]]'',
Maurras souligne ce qu'il estime être la supériorité institutionnelle de l'Allemagne : {{Citation|Nous avons perdu quarante ans à entrechoquer les syndicats patronaux et les syndicats ouvriers dans la fumée d'une [[lutte des classes]] singulièrement favorable au concurrent et à l'ennemi germanique ; pendant ce temps, [[Guillaume II (empereur allemand)|Guillaume II]] négociait entre ses socialistes, ses armateurs et ses financiers, dont les forces uniques, se faisant notre parasite, fructifiaient à nos dépens}}<ref>Charles Maurras, ''L’Action française'', 31 octobre 1914.</ref>.
Il soutient alors toutes les initiatives permettant selon lui le renforcement de la France. Inversement, Maurras dénonce les campagnes antimilitaristes des socialistes contre {{Citation|la folie des armements}} qui n'auront selon lui pour conséquence que de conduire au massacre de la jeunesse française : comme Tardieu et Poincaré, il s'oppose aux internationalistes et dénonce la faiblesse des budgets militaires<ref name="ref_auto_9">Olivier Dard, Charles Maurras - Le nationaliste intégral, Paris, Dunod, 2019, p. 140 sqq.</ref>.
Dès la déclaration de guerre, il appelle ses partisans à l'union nationale et renonce à la lutte systématique contre le régime républicain comme y invite le duc d'Orléans dans un appel dans ''L'Écho de Paris'' du 23 avril 1914
L'historien Olivier Dard explique ainsi : « De fait, si Maurras et l’Action française dénoncent les traîtres et si son chef fustige régulièrement la démocratie au nom de l’efficacité de la lutte à conduire, la lecture de ses écrits publiés à partir de l’été 1914 montre que dans l’ensemble les gouvernements sont plutôt soutenus. (…) Maurras ne se contente pas d’appuyer les gouvernements successifs au nom de l’impératif de victoire. La guerre est pour lui l’occasion de nouer des contacts avec des dirigeants de la Troisième République , du député
lorrain Louis Marin qu’il cherche à toucher par Barrès à Raymond Poincaré »<ref>Olivier Dard, Charles Maurras - Le nationaliste intégral, Paris, Dunod, 2019, p. 150-151</ref>.
=== Entre-deux-guerres ===
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des mains pour rencontrer Maurras, ne serait-ce que « cinq minutes », et recevoir de lui la « direction intellectuelle » dont il ressentait l’impérieuse nécessité . Un tel magistère, procurant aux disciples de l’AF l’assurance de la vérité et de l’autorité politique, a peu d’équivalent dans la vie politico-intellectuelle de ces cent dernières années (...)."<ref>Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Collection dirigée par Patrick Weil. Paris: Bernard Grasset, 2015, p. 8 </ref>.
La Grande Guerre est pour Charles Maurras une période de développement de l'audience de son journal et de sa pensée. En 1917, le journal voit son nombre d'abonnés augmenter de {{formatnum:7500}}<ref name="ref_auto_7"> Renard, Paul. « Chapitre II. L’influence de Maurras ». L’Action française et la vie littéraire (1931-1944), Presses universitaires du Septentrion, 2003, https://doi.org/10.4000/books.septentrion.50737. </ref>. Le journal comptait {{formatnum:1500}} lecteurs en 1908, {{formatnum:22000}} en 1912, {{formatnum:30000}} en 1913, et tire à {{nombre|156000|exemplaires}} en 1918 <ref name="ref_auto_4">Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Paris: Bernard Grasset, 2015, p. 183 </ref>. Les souscriptions augmentent également, ce qui permet en 1917. Le {{date|1er mars 1925}}, Maurras est élu « Prince des écrivains » par les membres de « La plume », succédant ainsi à Anatole France<ref
Joly ajoute aussi : "Dans un chapitre de son essai de 1919 Charles Maurras et les idées royalistes, intitulé « L’autorité », Achille Segard a, le premier, tenté d’éclairer les fondements du magistère maurrassien. Dès le début des années 1890, observe l’auteur, le jeune écrivain exerce autour de lui un ascendant intellectuel exceptionnel. Le nombre de ses admirateurs et disciples est d’abord limité au cercle des amis proches, mais, avec les années, ce cercle va grandissant, jusqu’à englober des « maîtres » révérés, tel Paul Bourget. Selon Segard, ce rayonnement tient à un attribut essentiel : Maurras « est un spécialiste ». Un « spécialiste » obsessionnel et immensément travailleur : « Peu d’hommes se sont adonnés plus ardemment et plus complètement à la recherche de la vérité littéraire et de la vérité politique. On peut dire que M. Maurras y a consacré tout son temps et toutes ses forces. Rien ne l’en a détourné. Il a fait servir à cette recherche toutes ses études, toutes ses lectures, toutes ses conversations et même ses divertissements intellectuels. »<ref
L'assassinat de [[Marius Plateau]] en 1923, celui d'[[Ernest Berger]] en 1925 et d'autres attentats commis contre l'Action française contribuent aussi à créer un élan de solidarité autour de Charles Maurras, dont témoignent les paroles de Jacques Maritain : {{Citation|L'idée des dangers que vous courez, rend encore plus cher au cœur de tous ceux qui aiment la France et l'intelligence}}<ref>Lettre de [[Jacques Maritain]], 29 mai 1923, ''Cher Maître'', éd. Bartillat, 1995, {{p.|455}}.</ref>. Cependant, les thèses de Maurras sont condamnées par le pape [[Pie XI]] en 1926 et mises à l'[[Index librorum prohibitorum|Index]]. Le 25 mai 1923, un anarchiste s'introduit dans les locaux de l'Action française et tire une balle dans le plafond. L'Action française y voit une nouvelle tentative d'assassinat contre Charles Maurras<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Anne-Catherine|nom1=Schmidt-Trimborn|titre=La Ligue d'Action Française (1905-1936) : Organisations, Lieux et Pratiques Militantes|passage=418|éditeur=Université de Lorraine|date=2022-01-31|isbn=|lire en ligne=https://hal.univ-lorraine.fr/tel-01760400/document|consulté le=2022-03-15}}</ref>.
[[Fichier:Charles Maurras académicien.jpg|vignette|Réception de Charles Maurras à l'[[Académie française]] le {{date-|8 juin 1939}}.]]
Entretemps, Maurras a été élu à l’Académie française au fauteuil de l’avocat Henri-Robert. Après un premier échec en 1923 contre [[Charles Jonnart]], il est élu à l’[[Académie française]] le {{date|9|juin|1938}} au [[liste des académiciens par fauteuil#Fauteuil 16|fauteuil 16]], succédant à [[Henri-Robert]], par 20 voix contre 12 à [[Fernand Gregh]]. Il est reçu le 8 juin de l’année suivante par [[Henry Bordeaux]]<ref>[http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/charles-maurras?fauteuil=16&election=09-06-1938 Biographie de Charles Maurras] sur le site de l'Académie française.</ref>.
L'historien Jean Touzot indique à ce sujet: "Il est clair que Maurras avait besoin d’une reconnaissance que seule pouvait lui donner une institution aussi prestigieuse, datant de l’apogée de la monarchie. Elle lui valut aussi un regain d’influence internationale."<ref>
Touzot, Jean. « Maurras et l’Académie française ». Maurrassisme et littérature. Volume IV, édité par Michel Leymarie et al., Presses universitaires du Septentrion, 2012, https://doi.org/10.4000/books.septentrion.48956.</ref>
L'épée académique de Maurras, sculptée par [[Maxime Real del Sarte]], porte la silhouette de [[Geneviève de Paris|sainte Geneviève]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=L’Action française 5 mars 1939|url=https://www.retronews.fr/journal/l-action-francaise/5-mars-1939/4/509933/3|site=Retronews|consulté le=2019-12-01}}</ref>.
==== Politique étrangère ====
[[Fichier:Camelots du Roi-1923.jpg|thumb|Les [[Fédération nationale des Camelots du roi|Camelots du Roi]] au Palais : Charles Maurras (à gauche) et [[Maxime Real del Sarte]] en 1923.]]
Pour Charles Maurras, la république prépare mal la guerre, ne peut la gagner qu'en renonçant à elle-même, et assure mal la paix ; selon lui, la guerre a été gagnée par des procédés de dictature monarchique qui ont permis de rattraper les erreurs de l'avant-guerre mais au prix de la mort d'un million cinq cent mille Français, trois fois plus qu'annoncé dans ''[[Kiel et Tanger]]''.
En 1918, Maurras réclame donc une paix française qui serve le mieux les intérêts de la [[nation]] : la division de l'[[Allemagne]], l'annexion
Pour Charles Maurras, le Traité de Versailles de 1919, bien qu'imposant des sanctions sévères à l'Allemagne, ne répondait pas pleinement aux besoins de sécurité de la France. Il pensait que le traité n'était pas assez rigoureux pour affaiblir durablement l'Allemagne et prévenir une résurgence de son pouvoir militaire. Maurras préconisait des mesures beaucoup plus strictes, comme la division de l'Allemagne en petits États et la création de zones tampon sous contrôle français, afin d'assurer une paix durable en Europe.
Maurras considérait le Traité de Versailles comme insuffisant pour garantir la sécurité de la France, estimant qu'il ne démantelait pas suffisamment la puissance allemande. Il voyait en Adolf Hitler un danger pour l'Europe, anticipant la menace que le nazisme représentait pour sécurité de la France. Dès les premières manifestations de l'expansionnisme hitlérien, Maurras plaide pour une politique de fermeté contre l'Allemagne nazie et critiqua sévèrement les politiques de conciliation menées par les gouvernements français successifs. Il prônait une alliance étroite avec la Grande-Bretagne pour contenir l'agressivité allemande et maintenir l'équilibre des forces en Europe.
Cette entreprise de mise en garde contre l'Allemagne est relayée par par Jacques Bainville qui s'impose comme le maître des relations internationales à l’Action française<ref name="ref_auto_1" />.
Dans ses écrits et discours, Maurras exhortait les dirigeants français à adopter une posture de fermeté et de vigilance face à Hitler. Maurras veut en particulier influencer le Bloc national, coalition de partis conservateurs qui a largement remporté les élections après la Première Guerre mondiale<ref>Olivier Dard, Charles Maurras - Le nationaliste intégral, Paris, Dunod, 2019, p. 165</ref>. Il plaide pour une réarmement de la France et la mise en place de mesures défensives pour contrer la menace nazie. Selon lui, une alliance avec la Grande-Bretagne était cruciale pour contenir l'expansionnisme allemand. Maurras voyait en cette alliance non seulement un moyen de renforcer la position stratégique de la France, mais aussi de garantir un équilibre des forces en Europe, indispensable pour prévenir une nouvelle guerre mondiale. Maurras critiquait la faiblesse perçue des gouvernements français successifs, qui, à ses yeux, n'avaient pas pris la pleine mesure du danger représenté par Hitler. Il dénonçait l'aveuglement certains politiciens qui, par leurs politiques de désarmement et de pacifisme, compromettaient la sécurité nationale. En [[1932]], le général [[Maxime Weygand|Weygand]], proche de l'[[Action française]], dénonce dans ses rapports secrets la politique de désarmement menée par la gauche : {{Citation|L’armée française est descendue au plus bas niveau que permette la sécurité de la France<ref>Bernard Destremeau, ''Weygand'', éd. Perrin, 1989, {{p.|243}}.</ref>}} mais son légalisme l'empêche d'exprimer publiquement sa proximité avec Maurras.
Il prône l’alliance avec l’Angleterre<ref>Charles Maurras, ''L'Action française'', 6 juillet 1939.</ref>{{,}}<ref name="gio412">{{harvsp|Giocanti|2006|p=412}}.</ref>. Comme il l'avait fait avant la Première guerre mondiale dans de "Kiel à Tanger", la politique étrangère qu’il défend consiste à ménager les puissances secondaires d’Europe, celles que menacent l’URSS et le Reich allemand : Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Espagne, Italie.
{{Article détaillé|Parti communiste français pendant la drôle de guerre#Opposition à l'effort de guerre français}}
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{{Article connexe|Si le coup de force est possible}}
Lors de la [[crise du 6 février 1934]], Maurras pense que la manifestation contre la corruption du régime ne peut déboucher sur le coup de force car les nationalistes non royalistes ne suivraient pas l'Action française. L’armée, la police, l’administration n’ont pas été infiltrées, ce qui aurait nécessité des mois de préparation et un personnel spécifique dont l’Action française était dépourvue ; de plus, la perspective d'une guerre civile lui répugne.
Après le 6 février 1934, si ''L'Action française'' gagne dix mille abonnés de plus, Maurras perd le magistère de la rébellion contre le régime auprès de certains des militants qui la quittent alors comme Pierre de Bénouville, [[Jacques Renouvin]], Michel de Camaret.
[[Fichier:19360216 Maurras et Calzant dans Le Populaire.jpg|vignette|gauche|upright|{{centrer|Inculpé de provocation au meurtre, Maurras (accompagné de [[Georges Calzant]]) est interrogé le 15 février 1936 par un [[Juge d'instruction en France|juge d'instruction]] à la suite de l'agression commise contre [[Léon Blum]] par des [[Fédération nationale des Camelots du roi|camelots du roi]] et [[Ligue d'Action française|ligueurs]] de l'[[Action française]] (''[[Le Populaire]]'', 16 février 1936).}}]]Un article lui vaut d'être condamné pour menace de mort. Il récidive en 1935 et 1936 contre [[Léon Blum]] :
{{Citation bloc|Ce Juif allemand naturalisé, ou fils de naturalisé [la famille Blum était française de plein droit depuis 1791], qui disait aux Français, en pleine Chambre, ''qu’il les haïssait'' [Blum n'a jamais dit cela<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Pierre|nom1=Birnbaum|lien auteur1=Pierre Birnbaum|titre=Léon Blum|sous-titre=un portrait|éditeur=Éditions du Seuil|lieu=Paris|année=2016|pages totales=261|passage=144-145|isbn=978-2-02-117426-7|présentation en ligne=http://www.seuil.com/ouvrage/leon-blum-pierre-birnbaum/9782021174267}}.</ref>], n’est pas à traiter comme une personne naturelle. C'est un monstre de la République démocratique. Et c’est un hircocerf de la dialectique heimatlos. Détritus humain à traiter comme tel. (…) L’heure est assez tragique pour comporter la réunion d'une cour martiale qui ne saurait fléchir.<br>M. Reibel demande la peine de mort contre les espions. Est-elle imméritée des traîtres ?<br>Vous me direz qu'un traître doit être de notre pays : M. Blum en est-il ?<br>Il suffit qu’il ait usurpé notre nationalité pour la décomposer et la démembrer. Cet acte de volonté, pire qu'un acte de naissance, aggrave son cas.<br>C'est un homme à fusiller, mais dans le dos<ref name="9avril1935_filon_99">{{Article |prénom1=Charles |nom1=Maurras|titre=La politique. {{II}}. L'homme du Filon|périodique=[[L'Action française (quotidien)|L'Action française]]
|date=9 avril 1935
|numéro=99 ({{28e}} année)|pages=1|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7659336/f1}}.</ref>.}}
L'agression de février 1936 pousse le [[Gouvernement Albert Sarraut (2)|gouvernement intérimaire]], dirigé par le [[Parti radical (France)|radical]] [[Albert Sarraut]], à dissoudre la Ligue d’Action française,<ref name="Monier : Léon Blum 123">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Frédéric|nom1=Monier|lien auteur1=Frédéric Monier|titre=Léon Blum|sous-titre=la morale et le pouvoir|lieu=Paris|éditeur=Armand Colin|collection=Nouvelles biographies historiques|année=2016|pages totales=285|passage=123|isbn=978-2-200-35589-0|présentation en ligne=http://www.armand-colin.com/leon-blum-la-morale-et-le-pouvoir-9782200355890}}.</ref>. Une instruction judiciaire est ouverte contre Maurras pour complicité de provocation au meurtre. Il est initialement condamné le {{date-|21|mars|1936}} à quatre mois de prison ferme, peine aggravée pour avoir répété ses menaces de mort contre Léon Blum<ref name="Dard 2013 p.190...">{{harvsp|Dard|2013|p=190 ; 195-196}}.</ref> le {{date-|15|5|1936}}<ref name="pol2">{{Article |prénom1=Charles |nom1=Maurras|titre=La politique|périodique=[[L'Action française (quotidien)|L'Action française]] |jour=15|mois=mai |année=1936|numéro=136 ({{29e}} année)|pages=1|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7663340/f1}}.</ref>{{,}}<ref name="Monier : Léon Blum 123" />.
Le chef de l'Action française est emprisonné à la [[prison de la Santé]] du {{date-|29|10|1936}} au {{date-|6|7|1937}}<ref name="Dard 2013 p.190..." />.
=== Seconde Guerre mondiale ===
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[[Fichier:Pétain - Portrait photographique 1941.jpg|vignette|{{centrer|[[Philippe Pétain]] en 1941.}}]]
La victoire allemande sur la France désespère Maurras. Il dit au moment de l'arrivée de soldats allemands en Provence voir réalisé le {{Citation|cauchemar de son existence}}.
Maurras affirme que le soutien au gouvernement Pétain est de même nature que celui apporté aux gouvernements républicains de la [[Première Guerre mondiale|Première guerre mondiale]] : {{Citation|Je soutiens Pétain comme j’ai soutenu tous les gouvernements pendant la guerre de 1914-1918}} ; ce soutien procède de la volonté de sauver l'unité française coûte que coûte car elle est la {{Citation|condition de l'Espérance<ref>Charles Maurras, ''[[La Seule France]]'', éd. Larchandet, 1941, {{p.|160}}.</ref>}}. À [[Pierre Boutang]], il affirme que l'unité française est {{Citation|un outil de revanche<ref>[[Pierre Boutang]], ''[[Maurras, la destinée et l’œuvre]]'', éd. La différence, 1994, {{p.|563}}.</ref>}}.
Pour Maurras, Pétain ne peut que défendre les intérêts du peuple français et toute dissidence affaiblit la France et compromet son rétablissement. L'historien [[Jacques Prévotat]]
De Londres, où il écrit dans ''La France libre'', [[Raymond Aron]] écrit : {{Citation|M. Maurras, promu doctrinaire officiel du nouveau régime, n'en écrit pas plus aujourd'hui sur la {{IIIe}} République qu'il n'en écrivait depuis trente ans. La seule différence est qu'il est désormais gouvernemental et conformiste, qu'il trouve une sorte de jouissance morose dans les malheurs qui accablent notre patrie, parce qu'ils ont liquidé le régime détesté et permis cette {{Citation|merveille d'État national}} que le maréchal Pétain est en train de construire (15 décembre 1940)}}<ref name="Prévotat 2004">[[Jacques Prévotat]], ''L'Action française'', Paris, Presses universitaires de France, {{coll.|[[Que sais-je ?]]}}, 2004, {{p.}}98-99 et 520-521.</ref>.
La « [[divine surprise]] » n'est pas la victoire de l'Allemagne
Renard, Paul. « Chapitre IV. Une critique idéologique, politique et anachronique ». L’Action française et la vie littéraire (1931-1944), Presses universitaires du Septentrion, 2003, https://doi.org/10.4000/books.septentrion.50743.
</ref>
La question de l'influence de la pensée de Maurras sur l'idéologie et la politique de Vichy est débattue par l'historiographie. Pour Loubet del Bayle, Vichy se situe à l'intersection de plusieurs courants idées
Mais sur plusieurs plans, il existe des convergences entre les thèmes de la Révolution nationale et ceux de l'Action française. En septembre 1940, lorsque le [[Philippe Pétain|maréchal Pétain]] lui demande sa conception de la Révolution nationale, il répond {{Citation|un bon corps d'officiers et un bon clergé}}, une position qu'il appelle : {{Citation|défendre l'héritage en l'absence d'héritier}}<ref name="Madiran 2004">[[Jean Madiran]], ''Maurras toujours là'', Consep, 2004, {{p.}}12.</ref>
Maurras apprécie en effet la remise en cause des idées républicaines et l'antisémitisme sous Pétain {{Citation|a eu le bon résultat de nous débarrasser de nos démocrates<ref>Herbert Lottman, ''L’Épuration (1943–1953)'', Fayard, Paris, 1986, {{p.|307}}.</ref>}}. En effet, pour Maurras, l'invasion du territoire français sont le résultat de la politique révolutionnaire et de la rupture avec la politique étrangère de l'Ancien Régime<ref name="ref_auto_2" />.
[[Simon Epstein]] indique que Vichy renvoie une bonne partie de ses maurrassiens<ref>Simon Epstein, ''Les Dreyfusards sous l'Occupation'', éd. Albin Michel, 2001, {{p.|333-334}}.</ref>. Dès 1941, [[Raphaël Alibert]], ministre de la Justice, [[Paul Baudouin]], ministre des Affaires étrangères en 1941, [[Georges Groussard (officier)|Georges Groussard]], ancien cagoulard qui commande les groupes de protection de Vichy. Ceux qui ne sont pas partis quitteront le gouvernement lors du retour de Laval en 1942 : [[Pierre Caziot]], [[Serge Huard]], [[Yves Bouthillier]], [[René Gillouin]], [[Henry du Moulin de Labarthète]], [[Xavier Vallat]], c'est-à-dire avant l'entrée des partisans d'une franche collaboration avec l'Allemagne nationale-socialiste.
Le collaborationniste [[Pierre-Antoine Cousteau]]
==== Division des partisans de Maurras ====
Pendant l'[[Europe sous domination nazie|Occupation]], les membres et anciens proches de l'Action française se divisèrent en trois groupes opposés : celui des maurrassiens orthodoxes, anti-allemands mais soutenant le [[régime de Vichy]] conduit par le maréchal Pétain, celui des [[collaboration (pays occupé)|collaborationnistes]] et ouvertement pro-nazis, tels [[Robert Brasillach]], [[Charles Lesca]], [[Louis Darquier de Pellepoix]] ou [[Joseph Darnand]], et celui des résistants contre les occupants allemands, tels [[Honoré d'Estienne d'Orves]], [[Michel de Camaret]], [[Henri d'Astier de La Vigerie]], [[Colonel Rémy|Gilbert Renault]], [[Pierre de Bénouville]], [[Daniel Cordier]] ou [[Jacques Renouvin]]<ref>Simon Epstein, ''Un paradoxe français : Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance'', coll. Bibliothèque Albin Michel de l'histoire, Albin Michel.</ref>.
Le [[colonel Rémy]] dira que sa décision de résister résulta de son imprégnation de la pensée de Maurras : {{Citation|Le réflexe qui m'a fait partir pour l'Angleterre le 18 juin 1940 trouvait son origine dans l'enseignement que, depuis vingt ans, je recevais quotidiennement sous sa signature<ref>[[Colonel Rémy]], ''Charles Maurras'', Plon, 1953 cité par [[Yves Chiron]], ''La vie de Maurras'', éd. Perrin, 1991, {{p.|423}}.</ref>}}.
==== Dénonciation de la Résistance ====
Maurras se proclame {{Citation|antigaulliste}} et qualifie les résistants de {{Citation|terroristes}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Henry|nom1=Rousso|lien auteur1=Henry Rousso|titre=La Collaboration|éditeur=MA|lieu=Paris|année=1987|pages totales=203|passage=18|isbn=2-86676-301-7}}.</ref>, appelant à la répression la plus violente contre eux à la suite de la politique d'attentats menée par les résistants communistes et la mort de plusieurs membres de l'Action française et de ses amis<ref>Eugen Weber, ''[[L'Action française (ouvrage)|L'Action française]]'', 1985, {{p. |515}}.</ref> : il exige {{Citation|des otages et des exécutions}}, il recommande {{citation|la mise à mort des gaullistes faits prisonniers}}, sans autre forme de procès, il déclare que si {{citation|la peine de mort n'était pas suffisante pour mettre un terme aux activités des gaullistes, il fallait se saisir des membres de leur famille comme otages et exécuter ceux-ci}}<ref name="Weber 1985">Eugen Weber, ''[[L'Action française (ouvrage)|L'Action française]]'', éd. Fayard, 1985, {{p.|509}} et 515-516.</ref>.
Maurras écrit en 1944 que {{citation|si les Anglo-Américains devaient gagner, cela signifierait le retour des francs-maçons, des Juifs et de tout le personnel politique éliminé en 1940}}, et que soutenir les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] serait prendre parti {{Citation|du mauvais côté}}<ref name="Weber 1985"/>.
Dans une lettre à [[Jean Arfel]] en 1948, Maurras affirme qu'il y avait une part de feinte destinée à tromper les Allemands dans son hostilité aux gaullistes et aux maquisards et le souci d'éviter une guerre civile en France : {{citation|Mon escrime quotidienne contre les collaborationnistes et philoboches était toujours accompagnée, comme sa feinte protectrice, d'une pointe contre le Gaullisme et les maquisards, feinte qui a toujours trompé les Allemands à leur grand détriment […]. Je voulais tout tenter, à tout prix, pour épargner à la France le malheur de redevenir un champ de bataille et pour obtenir qu'elle fût libérée autrement [que par la guerre sur le territoire national]}}<ref>Charles Maurras, Lettre à [[Jean Arfel]] du 12 avril 1948, dans ''Lettres de prison'', éd. Flammarion, 1958, {{p.|114}}.</ref>.
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=== Après la Libération ===
[[Fichier:19450127_Procès_de_Charles_Maurras_dans_Ce_Soir.jpg|vignette|<center>Lors du procès tenu en {{date-|janvier 1945}}, il est rappelé que sous l'[[Occupation de la France par l'Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale|Occupation]], Maurras avait dénoncé [[Roger Stéphane|Roger Worms]] et sa famille en publiant un article antisémite dans ''[[L'Action française (quotidien)|L'Action française]]'' le {{date-|2 février 1944}}<ref>{{harvsp|Rousso|1993|p=749-750}}.</ref>{{,}}<ref>[[Michel Winock]], ''Le Siècle des intellectuels'', Seuil, « Essais », 1997 (rééd. Seuil, « Points » 1999).</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Patrick|nom1=Lienhardt|prénom2=Olivier|nom2=Philipponnat|titre=Roger Stéphane|sous-titre=enquête sur l'aventurier|lieu=Paris|éditeur=Grasset|année=2004|pages totales=879|passage=302-303|isbn=2-246-52901-8}}.</ref>(''[[Ce soir]]'', {{date|27 janvier 1945}}).</center>]]
En 1944, Charles Maurras, qui a 76 ans, maintient sa méfiance pour la [[France libre]], qu'il pense manipulée par Moscou. Il est arrêté
Pendant celui-ci, au cours duquel sera mise en avant sa critique de la résistance gaulliste et communiste, Charles Maurras met en avant son [[antigermanisme]].
Concernant l'antisémitisme{{note|Il écrit en septembre 1941 : {{Citation|l'humanité veut que nous assurions aux Juifs qui résident chez nous la sécurité, le respect, la bienveillance, la justice, avec toute l'amitié possible<ref>Écrit de Charles Maurras dans ''L'Action française'' du 30 septembre 1941, cité par Stéphane Giocanti dans son livre "Charles Maurras", page 428 </ref>.}}|groupe=n}}, il affirme qu'il ignorait qu'en février 1944, {{Citation|désigner un Juif à l'attention publique, c'était le désigner lui ou sa famille aux représailles de l'occupant, à la spoliation et aux camps de concentration, peut-être à la torture ou à la mort<ref name="huguenin479">{{harvsp|Huguenin|2011|p=479}}.</ref>}}.
Le {{date|27|janvier|1945|en France}}, la cour de justice de Lyon déclare Charles Maurras coupable de [[haute trahison]] et d'[[intelligence avec l'ennemi]] et le condamne à la [[Emprisonnement à perpétuité|réclusion criminelle à perpétuité]] et à la [[Indignité nationale|dégradation nationale]]<ref name="nracine2">Collectif - Fondation Charles de Gaulle, ''De Gaulle et la Libération'', Éditions Complexes, Paris, 2004, {{nobr|221 p.}} {{ISBN|978-2-8048-0016-1}} {{présentation en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=vTcWd7fJ16sC}}, chapitre : {{Citation|De Gaulle et la République des lettres}}, par Nicole Racine : {{p.}}184-186 : {{Citation|[…] ''L'ordonnance du {{date-|26 décembre 1944}} entraînait automatiquement la destitution et l'exclusion de toutes fonctions, offices publics et corps constitués de quiconque était déclaré coupable d'[[indignité nationale]]. Comme la loi l'y obligeait, l'Académie française déclara le {{1er}} février, la vacance du [[Liste des membres de l'Académie française#Fauteuil 16|fauteuil de Charles Maurras]] […], mais à l'initiative de [[Georges Duhamel]] ne vota pas sur la radiation''. […]}}{{commentaire biblio|Ont participé à cet ouvrage : [[Claire Andrieu]], [[Serge Berstein]], [[Michèle Cointet|Michèle]] et [[Jean-Paul Cointet]], [[Laurent Douzou]], René Hostache, Chantal Morelle, Nicole Racine, Odile Rudelle, [[Maurice Vaïsse]], Dominique Veillon, [[Olivier Wieviorka]]. Textes tirés des actes du colloque des 6, 7 et 8 octobre 1994 organisé par la [[Fondation Charles-de-Gaulle]], la [[Fondation nationale des sciences politiques]], l'[[Association française de droit constitutionnel]] et la participation de l'université de Caen ; publié en version intégrale : ''Le rétablissement de la légalité républicaine, 1944'', Éditions Complexes, 1996.}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|auteur1=Catherine Fillon|titre=Le procès de Charles Maurras (24-27 janvier 1945)|périodique=Histoire de la justice|numéro=18|pages=59-71|date=2008|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-histoire-de-la-justice-2008-1-page-59.htm}}</ref>. Elu majoral du [[Félibrige]] en 1941, il en fut exclu en [[1945]]<ref>Le texte est consultable en ligne sur le site de la bibliothèque provençale en ligne Ciel d'oc : {{lire en ligne|url=http://www.cieldoc.com/libre/integral/libr0146.pdf}} ; on peut y relever parmi d'autres le passage suivant : « […] ''coume auriéu pouscu boulega lou bout dóu det en visto de servi, d’ajuda, de favourisa l’Alemagno, Iéu, l’anti-aleman, Iéu lou germanophobe e que lou sièu Toujours. dis moussu l’avoucat generau ? Acò n’es pas poussible. Acò se countre-dis. Sieù o bèn coume d’acò, vo bèn coume d’aqui; noun sièu d’acò emai d’aqui'' » (« […] comment aurais-je pu bouger le bout du doigt en vue de servir, d'aider, de favoriser l'Allemagne, Moi, l'anti-allemand, Moi le germanophobe attendu que je le suis toujours. dit Monsieur l'avocat général ? Cela n'est pas possible. Cela se contre-dit. Je suis ou bien comme ceci, ou bien comme cela : je ne suis pas d'ici et en plus de là. »</ref>. Maurras commenta sa condamnation par une exclamation célèbre : {{Citation|C'est la revanche de [[Alfred Dreyfus|Dreyfus]] !}}<ref name="Prévotat2">Cité par Prévotat, {{p.}}103.</ref>
Il fait 7 mois à [[Riom]]<ref name="Aron 26">{{Harvsp|Aron|Séchan|1997|p=26}}.</ref>{{,}}<ref>{{Harvsp|Aron|Séchan|1997|p=26, n. 1}}.</ref>. Ses dernières années, passées en grande partie à la [[Maison centrale de Clairvaux|prison de Clairvaux]], furent aussi l'occasion d'une introspection sur la question de la Résistance ou du traitement infligé aux Juifs pendant la guerre. Tout en continuant d'affirmer la nécessité d'un antisémitisme d'État
En 1949, Maurras et [[Maurice Pujo|Pujo]] écrivent au garde des sceaux pour demander la révision de leur procès<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Paris-presse, L’Intransigeant 5 octobre 1949|url=https://www.retronews.fr/journal/paris-presse-l-intransigeant/5-octobre-1949/1355/3182771/1|site=Retronews - Le site de presse de la BnF|consulté le=2019-12-01}}</ref>. Le 21 mars [[1952]]<ref name="ggros">Guillaume Gros, ''Philippe Ariès : un traditionaliste non-conformiste : de l'Action française à l'École des hautes études en sciences sociales, 1914-1984'', éd. Presses Univ. Septentrion, 2008, {{nobr|346 p.}} {{ISBN|978-2-7574-0041-8}} {{présentation en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=ypFu_l2CHEQC|texte=présentation en ligne sur books.google.fr}}, {{pp.}}105-106.</ref>, bénéficiant d'une grâce médicale<ref>{{Harvsp|Aron|Séchan|1997|p=26, n.1}}.</ref> accordée par le président de la République [[Vincent Auriol]]<ref name="ggros" />, Charles Maurras est transféré à la clinique Saint-Grégoire<ref>Agnès Callu, Patricia Gillet et textes de Charles Maurras, ''Lettres à Charles Maurras – Amitiés politiques, lettres autographes, 1898-1952'', éd. Presses Univ. Septentrion, 2008, {{nobr|256 p.}} {{ISBN|978-2-7574-0044-9}} {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=BRj56jBqibwC}}, {{p.}}170 : {{Citation|clinique Saint-Grégoire}}.</ref> de [[Quartier Saint-Symphorien de Tours|Saint-Symphorien-lès-Tours]]<ref>[http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/charles-maurras?fauteuil=16&election=09-06-1938 Site de l'Académie française, Charles Maurras (1868-1952)] : {{Citation|[…] En 1952, sa santé déclinante le fit admettre à la clinique de Saint-Symphorien-lès-Tours, où il devait s’éteindre}}.</ref>.
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[[Fichier:Tombe de Charles Maurras - cimetière de Roquevaire.jpg|thumb|Tombe de Charles Maurras au cimetière de [[Roquevaire]].]]
Des témoignages attestent que les derniers mois de Maurras ont été marqués par
Il est inhumé au cimetière de [[Roquevaire]] ([[Bouches-du-Rhône]])<ref>[https://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article4292 Cimetières de France et d'ailleurs]</ref>.
== Pensée ==
{{Article détaillé|Nationalisme intégral}}
{{Article détaillé|Empirisme organisateur}} L'empirisme organisateur est selon Maurras « la mise à profit des bonheurs du passé en vue de l'avenir que tout esprit bien né souhaite à son pays. » Il résume également l'empirisme organisateur par la formule : « Notre maîtresse en politique, c'est l'expérience »<ref>
L'historien Laurent Joly décrit ainsi l'ambition de Maurras : "Mettre la science moderne au service de la tradition, tel est le tour de
force, le renversement triomphal, que (Maurras) se propose d’accomplir à l’heure où la République distingue la science comme la valeur suprême et sacralise la figure du savant comme la plus haute, la plus digne des temps nouveaux. Son ambition n’est, bien sûr, ni inédite ni isolée (...) . Mais elle est, chez lui, grandiose, démesurée, et Maurras n’hésite pas, à cet égard, à annexer la figure d’Auguste Comte (1798-1857), alors au sommet de sa gloire posthume : révéré comme l’un des plus grands – si ce n’est le plus grand – esprits du siècle, Comte a inspiré les fondateurs de la Troisième République, Léon Gambetta ou Jules Ferry, et une statue est bientôt inaugurée sur la place de la Sorbonne, à Paris, face à la prestigieuse université."<ref
L’empirisme organisateur prétend tirer de l’histoire un ensemble de lois sociales: {{citation|L’examen des faits sociaux naturels et l’analyse de l’histoire politique conduisent à un certain nombre de vérités certaines, le passé les établit, la psychologie les explique et le cours ultérieur des événements contemporains les confirme au jour le jour}}<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= « Gabriel Monod et « l'État Monod ». Une campagne nationaliste de Charles Maurras (1897-1931) » |url= https://www.cairn.info/revue-historique-2012-4-page-837.htm |date= 2012 |site= Revue historique, 2012/4 (n° 664), p. 837-862 |consulté le=4 mars 2021}}.</ref>{{,}}<ref>La Démocratie religieuse, Paris, Nouvelle librairie nationale, 1921,</ref>.
Ainsi, contrairement à [[Maurice Barrès]], théoricien d'un nationalisme romantique basé sur l'[[ego]], Maurras dit vouloir baser sa conception du nationalisme sur la [[raison]]<ref name="ref_auto_5">Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Paris: Bernard Grasset, 2015, p. 188 </ref>.
Il s'agit pour Maurras de retrouver les lois naturelles par l'observation des faits et par l'expérience historique ne saurait contredire les justifications métaphysiques qui en constituent pour les chrétiens le vrai fondement. Le positivisme doit permettre de dégager des constantes historiques. C'est à partir de cette méthode que Maurras arrive à la conclusion que la monarchie héréditaire est le régime le plus conforme aux conditions naturelles, historiques, géographiques, psychologiques de la France que Maurras<ref
=== Nationalisme et monarchisme ===
[[Fichier:Charles Maurras vers 1908.jpg|gauche|vignette|{{centrer|Charles Maurras vers 1908.}}]]
La principale originalité de Maurras réside dans le fait qu’il entend réaliser l’amalgame de deux tendances jusqu’alors distinctes : le monarchisme et le [[nationalisme]]<ref>''Encyclopædia Universalis'', volume 1, {{p.|208}}, édition 1975 {{ISBN|2-85229-281-5}}.</ref>.
Le nationalisme de Maurras se veut intégral en ce que la monarchie fait partie selon lui de l'essence de la nation et de la tradition françaises.
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Maurras veut trouver un principe capable d'assurer l'unité politique d'une nation et qui se trouve au-dessus des opinions d'après lui. Il s'agit pour Maurras du roi qui seul peut rassembler les Français. Maurras n'entend pas restaurer la monarchie non pour elle-même mais pour ce qu'elle peut apporter à la nation selon lui. Le nationalisme trouve ainsi un point d'appui dans la figure du roi qui est indépendant de tout choix partisan.
Le nationalisme maurrassien se définit ainsi comme la volonté de restaurer un pouvoir fort rétablissant les fondements de l’État, l’armée, la magistrature, l’Église. Le retour à un monarchie héréditaire doit s'accompagner dans le même par une très forte décentralisation. Le roi selon Maurras doit se concentrer sur la politique étrangère et la diplomatie. Le rétablissement de la monarchie doit également redonner un vaste pouvoir aux communes et provinces dans le domaine des infrastructures, de l'éducation, du social, des impôts, de la police, de la justice<ref name=":3">Joly, Laurent. Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Paris: Bernard Grasset, 2015, p. 223</ref>.
La fameuse formule « politique d’abord » de Maurras ne signifie donc pas que l’économie a moins d’importance que la politique, mais qu’il faut commencer par réformer les institutions : {{Citation|Ne pas se tromper sur le sens de « politique d’abord ». L’économie est plus importante que la politique. Elle doit donc venir après la politique, comme la fin vient après le moyen.}} La monarchie selon Maurras est traditionnelle, héréditaire, [[Antiparlementarisme|antiparlementaire]] et [[Décentralisation|décentralisée]]. À propos de ces quatre critères, les maurrassiens parlent de {{Citation|quadrilatère}}<ref>« Le « Quadrilatère » », ''L’Action française'', 25 août 1910.</ref>.
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Mais la monarchisme trouve un nouveau défenseur en Maurras. Le point de départ des idées monarchistes et nationalistes de Maurras est à chercher dans les deux premiers fascicules de l’''[[Enquête sur la monarchie]]'' qui paraissent en [[1900]] dans les colonnes de la ''Gazette de France'' (le troisième paraît en [[1903]]). Il y affirme que {{Citation|l'ouvrier, le serviteur, le chef de la défense et de la grandeur françaises ne peut être que le descendant des Chefs fondateurs et conservateurs, le Roi}}. La légitimité du pouvoir monarchique en France repose pour Maurras sur sa capacité à assurer le salut public<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Frédéric|nom1=Rouvillois|titre=Droit constitutionnel|sous-titre=Fondements et pratiques|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|année=2005|passage=191|isbn=978-2-08-083054-8}}.</ref>.
Le retour de la monarchie et la décentralisation passent chez Maurras par l'exclusion des quatre groupes sociaux «
Même si Maurras prônait un retour à la monarchie, par bien des aspects son royalisme ne correspondait pas à la tradition monarchiste française orléaniste, ou à la critique de la Révolution de type légitimiste. Son antiparlementarisme l'éloignait de l'[[orléanisme]] et son soutien à la monarchie et au catholicisme étaient explicitement pragmatiques et non fondés sur une conception providentialiste ou religieuse caractéristique du [[légitimisme]].
=== Démocratie locale et décentralisation ===
Maurras est un adversaire de la [[Centralisation (histoire)|centralisation]] née de la Révolution française et de l'époque napoléonienne<ref name=":3" />. Il estime en effet que cette centralisation, qui a pour conséquence l’[[étatisme]] et la [[bureaucratie]], est inhérente au régime républicain. Il affirme que les [[république]]s ne durent que par la centralisation, seules les monarchies étant assez fortes pour [[Décentralisation|décentraliser]]<ref name=":3" />.
Charles Maurras valorise la vie locale comme la condition du civisme. C'est par la décentralisation et par la défense des traditions locales que doit s'effectuer le passage d'un nationalisme jacobin, égalitariste et étatiste, à un nationalisme décentralisé appuyé sur les diversités de la nation française. Pour Maurras, il ne s'agit pas de faire revivre les [[Liste des provinces de France|provinces]] de l'[[Ancien Régime]], car leur découpage a varié d'un siècle à l'autre par l'effet des traités, des donations, des mariages, des coutumes du droit féodal, mais de réfléchir au projet de création de régions épousant les désirs de la nature, ses vœux, ses tendances. Maurras prône la décentralisation monarchique comme solution aux problèmes posés par la centralisation républicaine<ref
"Les communes et les régions « obtiendr[aient] progressivement l’autonomie, en tout ce qui touche leurs affaires particulières, sans engager l’intérêt national ; de grands conseils provinciaux, sous le contrôle, supérieur mais éloigné, de l’État, concourr[aient]
au réveil et à la renaissance du corps entier de la patrie que la politique jacobine a diminué »
Les provinces, dotées d'une autonomie administrative et fiscale, seraient chargées de gérer directement les affaires locales telles que l'éducation, les infrastructures et les services sociaux. En matière de fiscalité, chaque province collecterait et gérerait une partie des impôts, garantissant ainsi que les ressources locales. Les provinces auraient également pour mission de promouvoir le développement économique local, de préserver les traditions culturelles, ce qui permettrait une gestion plus adaptée aux spécificités de chaque territoire. Maurras voit dans cette décentralisation un moyen de revitaliser les communautés locales et de redonner du pouvoir aux citoyens<ref
=== Autorité ===
Dans l'avant-propos de son ouvrage ''[[Mes idées politiques]]'', Charles Maurras indique que l'ordre social et les inégalités ne sont ni justes ni injustes selon lui. Elles résultent de l'histoire, du hasard ou de données de fait indépendantes de la volonté des individus. Il n'y a pas de sens à parler d'un ordre social juste ou injuste car la place que chacun occupe au sein de la société ne résulte pas d'une volonté extérieure ou consciente.
{{Citation|L'erreur est de parler justice qui est vertu ou discipline des volontés, à propos de ces arrangements qui sont supérieurs (ou inférieurs) à toute convention volontaire des hommes. Quand le portefaix de la chanson marseillaise se plaint de n'être pas sorti des braies d'un négociant ou d'un baron, sur qui va peser son reproche ? À qui peut aller son grief ? Dieu est trop haut, et la Nature indifférente. }}
L'Etat ne doit donc pas chercher à abolir les inégalités au sein de la société
Dans l'avant-propos de son ouvrage ''[[Mes idées politiques]]'', Maurras avance qu'il existe des inégalités au sein de la société au sens où les individus et les groupes sociaux ont des fonctions différentes. Les richesses, les dons, les capacités sont distribuées de manière différente au sein de la société. Cela signifie que les membres d'une société doivent assumer des responsabilités spécifiques en fonction de leur capacité. La société selon Maurras repose donc sur des échanges, soutiens, fidélités et hiérarchies acceptées.
=== Révolution française ===
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</ref>
En tant qu défenseur du classicisme, Maurras estimait que les valeurs et les formes esthétiques de la Grèce et de Rome représentaient un sommet de civilisation. La littérature, la philosophie et l'art gréco-romains étaient, selon lui, des références à suivre.
Cet éloge de la culture gréco-romaine est en lien avec l'amour de Maurras pour sa provence natale: "Par l'intermédiaire de la Provence, terre natale du chef de file de l'Action française, le génie français a été à son tour fécondé par l'héritage grec. Par ce détour, le natif de Martigues célèbre à l'unisson et la culture française et la civilisation provençale que le Félibrige est en train de réhabiliter."<ref name="ref_auto_8">
Kopp, Robert. « Maurras lecteur de Rousseau et de Chateaubriand ». Le maurrassisme et la culture. Volume III, édité par Olivier Dard et al., Presses universitaires du Septentrion, 2010, https://doi.org/10.4000/books.septentrion.44415.
</ref>
Cet attrait pour la culture classique a pour conséquence que Maurras rejette le romantisme devient politique. Pour Maurras, le romantisme a pour cause l'influence de la culture germanique. Il y voit aussi un culte de l'individualité, du sentiment et donc la cause du "chaos" social. Préférant une politique fondée sur l'ordre, les tradition et la raison, Maurras le romantisme dans lequel il voit un phénomène politique. Le romantisme provient entre autres de à Rousseau, un des préfigurateurs de la révolution française. Cela permet donc à Maurras de faire du romantisme la cause de la Révolution française. Quant à Chateaubriand, Maurras voit en lui promoteur de l’anarchie révolutionnaire à la suite de Rousseau
=== Catholicisme ===
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Rêver, en oubliant le péché originel, d'un État dont le fondement serait la vertu est irréaliste. Si la vertu est nécessaire et si la chrétienté a suscité de grands élans d'héroïsme et de sainteté, ce fut dans le respect de la {{Citation|vénérable sagesse de l'Église}}, laquelle, sachant que la seule prédication du bien ne saurait suffire à transformer une société, a toujours voulu multiplier, pour encadrer l'individu, les habitudes, les institutions, les communautés qui le portaient à surmonter ses penchants égoïstes ; pour Maurras, s'il faut des élites morales, il faut aussi des chefs capables, eux, par la place qu'ils occupent, de savoir exactement en quoi consiste l'intérêt général.
=== Politique étrangère ===
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[[Fichier:
Le titre de l'ouvrage puise son origine dans deux événements : la revue navale de [[Canal de Kiel|Kiel]] le 18 juin 1895 où la marine militaire française participe aux côtés de navires allemands et russes dans une démonstration antibritannique<ref name="8décembre2011_Poussou_et_Chaline" /> et la [[crise de Tanger]] du 31 mars 1905, déclenchée par l'empereur allemand [[Guillaume II (empereur allemand)|Guillaume II]] s'opposant à la création d'un protectorat français sur le Maroc. Le gouvernement français de l'époque est déstabilisé et mis en porte-à-faux sur la scène diplomatique.
''Kiel et Tanger'' est une critique de la politique étrangère française entre 1895 et 1905, période pendant laquelle, le [[ministère des Affaires étrangères]] explore deux voies : {{Citation|l'alliance avec l'Allemagne contre une Angleterre qui contrariait les ambitions coloniales de Paris, puis l'alliance avec l'Angleterre contre une Allemagne à laquelle l'opinion française n'avait pas pardonné l'annexion de l'Alsace-Lorraine}}<ref name="8décembre2011_Poussou_et_Chaline">{{ ouvrage | langue=fr
| date=2011-12-08 | consulté le=2022-02-26
| nom1=Poussou | prénom1=Jean-Pierre
| nom2=Chaline | prénom2=Olivier
| nom3=Le Bouëdec | prénom3=Gérard
| titre=Marine, état et politique
| éditeur=Presses Paris Sorbonne
| collection=Revue d'histoire maritime
| numéro dans collection=14/2011
| pages totales=354
| isbn=978-2-84050-802-1
| lire en ligne=https://books.google.com/books?id=r7rVbV-VFekC&pg=PT61&printsec=frontcover&dq=kiel+et+tanger+pompidou+1972 }}.</ref>.
Le [[nationalisme intégral]] de Maurras est nourri par l'esprit de revanche contre l'Allemagne jusqu'à établir {{Citation|une doctrine antigermaniste systématique, propre à rallier une société militaire consentante idéologiquement}}<ref name=":4">{{Chapitre|langue=fr|auteur1=[[Olivier Forcade]]|prénom1=Olivier|nom1=Forcade|titre chapitre=Les milieux militaires et l’Action française de 1898 à 1940|titre ouvrage=[[L'Action française : culture, société, politique]]|volume=1|lieu=[[Villeneuve-d'Ascq]]|éditeur=[[Presses universitaires du Septentrion]]|collection=Histoire et civilisations|année=2008|date=2019-05-10|pages totales=434|isbn=978-2-7574-2123-9|lire en ligne=http://books.openedition.org/septentrion/39225|consulté le=2022-02-26|passage=121–140}}</ref>.
Cependant, il faut appréhender le nationalisme intégral de Maurras strictement comme un nationalisme défensif car {{Citation|l’Action française n’était pas va-t-en-guerre pour autant, puisque la crainte qu’une guerre ne mène à la disparition de la France, si celle-ci était toujours gouvernée par une république, était le fondement de son existence}}<ref name=":5">{{Ouvrage|auteur1=Kevin Audet-Vallée|titre={{citation|Faites un roi, sinon faites la guerre}}|sous-titre=l’Action française durant la Grande Guerre (1914-1918)|lieu=Montréal|éditeur=|date=avril 2012|pages totales=154|passage=53|isbn=|lire en ligne=https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/8616|consulté le=26 février 2022}}</ref>. Pour autant, la revanche demeure un mythe avant 1914 du fait que {{Citation|les armées françaises ne se sont jamais préparées explicitement à une revanche militaire contre l’Allemagne}}<ref name=":4" />. En face, l’Empire allemand déployait {{Citation|des moyens secrets permanents, tant policiers que militaires, contre la France avant 1914}}<ref>{{Article|auteur1=Olivier Forcade|titre=L'Action française contre l'espionnage allemand : une rhétorique de la trahison devant l'opinion|périodique=Le Temps des médias|numéro=16|date=2011/1|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2011-1-page-9.htm|pages=9-18}}</ref>.
Face à l'accentuation des tensions franco-germaniques, aux coupures dans les budgets militaires depuis 1890 et à l'impréparation de la France, Maurras prédit 500 000 morts lors du prochain conflit<ref name=":5" /> : {{citation|Au bas mot, en termes concrets, la faiblesse du régime doit nous représenter {{nombre|500000| jeunes}} Français couchés froids et sanglants, sur leur terre mal défendue}}. Le bilan humain de la [[Première Guerre mondiale|Grande guerre]] est finalement plus lourd avec {{nombre|1400000 |pertes}} françaises.
Maurras conclut que {{citation|la République est par nature incapable de cohérence, parce que l'Etat y est livré en pâture à des factions trop occupées par « la petite guerre civile, c'est-à-dire le jeu électoral et parlementaire »}}<ref name="8décembre2011_Poussou_et_Chaline" />.
==== Allemagne ====
[[Fichier:19260509 Charles Maurras et Léon Daudet - fête de Jeanne d'Arc.jpg|vignette|{{centrer|Maurras et [[Léon Daudet]] à la [[fête nationale de Jeanne d'Arc et du patriotisme]], Paris, place Saint-Augustin, {{date|9|mai|1926}}.}}]]Le nationalisme de Charles Maurras est fondamentalement germanophobe. Maurras est très hostile à l'idée de l'origine franque de la noblesse française et à la tendance à écrire l'histoire de France selon la méthode allemande.
La théorie nationale de Maurras rejette le [[messianisme]] et l'ethnicisme<ref group="n">>Pour le sens du mot ethnicisme, voir [[Identitarisme]].</ref> que l'on retrouve chez les nationalistes allemands héritiers de Fichte.
Maurras déclare rejeter le racisme depuis le début de son activité politique : {{Citation|Nous ne pouvions manquer, ici d’être particulièrement sensibles : le racisme est notre vieil ennemi intellectuel ; dès 1900, ses maîtres français et anglais, [[Arthur de Gobineau|Gobineau]], [[Georges Vacher de Lapouge|Vacher de Lapouge]], [[Houston Stewart Chamberlain|Houston Chamberlain]], avaient été fortement signalés par nous à la défiance des esprits sérieux et des nationalistes sincères}}<ref>Charles Maurras, ''L'Action française'', 4 août 1939.</ref>.
Maurras discerne dans le [[totalitarisme]] une usurpation de l’État sur la société : {{Citation|Quand l’autorité de l’État est substituée à celle du foyer, à l’autorité domestique, quand elle usurpe les autorités qui président naturellement à la vie locale, quand elle envahit les régulateurs autonomes de la vie des métiers et des professions, quand l’État tue ou blesse, ou paralyse les fonctions provinciales indispensables à la vie et au bon ordre du pays, quand il se mêle des affaires de la conscience religieuse et qu’il empiète sur l’Église, alors ce débordement d’un État centralisé et centralisateur nous inspire une horreur véritable : nous ne concevons pas de pire ennemi}}<ref>Charles Maurras, ''L'Action française'', 19 juillet 1938.</ref>.
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Maurras est hostile à l'expansion coloniale impulsée par les gouvernements républicains qui détourne de la Revanche contre l'Allemagne et disperse ses forces. De plus, il est hostile à la politique jacobine et républicaine d'assimilation qui vise à imposer la culture française à des peuples ayant leur propre culture. Il estimait que la France devait se concentrer sur la consolidation de sa puissance sur le territoire européen, plutôt que dans la quête de nouvelles possessions outre-mer. Maurras se décrira à Barrès, comme un {{Citation|vieil adversaire de la politique coloniale}}.
Pendant ses deux voyages en Algérie, en 1935 et 1938, Maurras est surtout proche des [[Pieds-noirs|colons]]. Il voit aussi l'immigration espagnole l'expression de "l'union" des peuples latins qu'il défend<ref>Daniel Lecomte, ''Les Pieds-noirs: Histoire et portrait d'une communauté'', Seuil, 1980, ch. « Au nom de la latinité… les petits blancs » [https://www.google.fr/books/edition/Les_Pieds_noirs/3ilYDwAAQBAJ?]</ref>. Maurras ne se déclare pour le droit de vote des « indigènes d’Algérie ». Pour lui, le retour de la monarchie représente la seule solution pour intégrer les Algériens à la France : « Il suffit de remettre la souveraineté où elle est, où il faut qu’elle soit, entre les mains de notre dynastie historique, pour qu’il devienne possible et facile de faire aux vaillants indigènes d’Algérie, qui se sont signalés par tant de services militaires sous les plis du drapeau français, une place digne d’eux dans notre cité : ils seront comme nous, sujets du roi de France, ils n’y usurperont aucune autorité. »<ref>Charles Maurras, ''Dictionnaire politique et critique, compléments établi par les soins de Jean Pélissier'', fascicule 4, Paris, Cahiers Charles Maurras [supplément au {{n°|9}}], p. 251, extrait d’un article de l’Action française, 21 décembre 1938. Cité par [[Olivier Dard]] dans « Les droites radicales et l’empire colonial au vingtième siècle » In ''À droite de la droite : Droites radicales en France et en Grande-Bretagne au xxe siècle'', Presses universitaires du Septentrion, 2012. [https://books.openedition.org/septentrion/16168 lire en ligne]</ref>.
==== Politique européenne ====
Dès le début de la dictature fasciste en Italie, l'Action française fait partie du courant qui {{Citation|approuve non seulement les objectifs du fascisme, mais encore ses méthodes}}<ref name="Milza 1987">[[Pierre Milza]], ''Le fascisme italien et la presse française : 1920-1940'', Bruxelles, Complexe, 1987, {{p.}}89 et 227-229.</ref>. Le 13 octobre 1935, hostile aux sanctions de la [[Société des Nations|SDN]] contre l'Italie qui vient [[Seconde guerre italo-éthiopienne|d'attaquer l'Éthiopie]], Maurras appelle à {{citation|couper le cou}} à {{citation|ceux qui poussent à la guerre}}<ref name="Milza 1987"/>. Selon [[François Huguenin]], comprendre la position de Maurras face au fascisme nécessite de prendre en compte trois ordres de préoccupation autonomes parfois confondus : celui de la politique extérieure, celui de l'idéologie, celui de la réussite révolutionnaire{{sfn|Huguenin|2011|p=426}}.
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À l'opposé d'une politique de masse, il aspire à l'épanouissement de corps intermédiaires librement organisés et non étatiques, l'égoïsme de chacun tournant au bénéfice de tous. Les thèmes sociaux que traite Charles Maurras sont en concordance avec le catholicisme social et avec le magistère de l’Église tout en relevant également d'une stratégie politique pour arracher à la gauche son emprise sur la classe ouvrière.
Comme l'Action française, le Cercle Proudhon est décentralisateur et fédéraliste, et insiste sur le rôle de la raison et de l'empirisme ; il se trouve loin de l'irrationalisme, du jeunisme du populisme, de l'intégration des masses dans la vie nationale qui caractériseront par exemple les ambitions du fascisme italien, gonflé par les conséquences sociales de la guerre<ref name="
=== Antisémitisme ===
[[Fichier:La Tour du Pin, René.jpg|vignette|{{centrer|[[René de La Tour du Pin]].}}]]
Charles Maurras forge sa doctrine antisémite en s'inspirant notamment des écrits de son « maître à penser » [[René de La Tour du Pin]], l'un des chefs de la droite catholique.
Dans son « programme social » de 1889, La Tour du Pin envisage de « dénationaliser » les juifs français. Il précise sa pensée en 1898, durant l'[[affaire Dreyfus]] : les juifs seraient mis sur le {{citation|même pied que les indigènes de nos colonies}} ; leur nouveau statut de {{citation|sujets français}}, inférieur à celui des citoyens de {{citation|souche française}}, leur garantirait la protection des autorités tout en leur interdisant l'accès aux fonctions publiques<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Laurent|nom1=Joly|lien auteur1=Laurent Joly|titre=L'État contre les juifs|sous-titre=Vichy, les nazis et la persécution antisémite|éditeur=Grasset|lieu=Paris|année=2018|pages totales=368|isbn=978-2-246-86299-4}}.</ref>. À son tour, Maurras va prôner pour les Juifs un statut personnel les excluant des fonctions publiques.
Entre 1904 et 1906{{sfn|Taguieff|2013|p=48}}, Charles Maurras élabore sa théorie des {{Citation|quatre États confédérés{{note|groupe=n|Pour nommer sa théorie des « quatre États confédérés », Charles Maurras s'est inspiré d'une expression utilisée par [[Henri Vaugeois]] en juin 1899<ref name="
Maurras cible ainsi les juifs, la franc-maçonnerie et les protestants, conformément à la théorie du [[complot judéo-maçonnique]] dont {{Citation|il va élargir encore le champ}} en y ajoutant les « [[Métèque#Évolution du sens en français contemporain|métèques]] », explique [[Pierre-André Taguieff]]{{sfn|Taguieff|2013|p=48}}. Maurras accuse ces quatre « États confédérés » de défendre leur intérêt et non celui de la nation, tout en soumettant l'État à leur influence :
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Lors de la création de la [[Ligue d'Action française]] au printemps 1905, {{citation|la lutte antijuive est au cœur du combat contre la République. Jusque-là, l'[[Action française|AF]] était une association d'intellectuels qui se réunissaient au [[café de Flore]] et lançaient leurs mots d'ordre dans une revue. Dorénavant, le mouvement dispose de troupes préparées à l'agitation et au coup de poing. La doctrine et la stratégie sont fixées. Ces combats prendront pour cible privilégiée les Juifs}}, souligne Laurent Joly<ref name="Joly 2006 701">{{harvsp|Joly|2006|p=701}}.</ref>. Ainsi, chaque ligueur de l'Action française doit prêter un serment qui affirme notamment : {{citation|Seule, la Monarchie assure le salut public et, répondant de l’ordre, prévient les maux publics que l’antisémitisme et le nationalisme dénoncent<ref name="Joly 2006 701"/>.}}
En 1907, l'Action française tente en particulier de racheter ''[[La Libre Parole]]'', journal de Drumont, car le mouvement royaliste {{citation|ambitionne de se poser en successeur légitime du [[Édouard Drumont|père de ''La France juive'']]<ref>{{harvsp|Kauffmann|2010|p=21-22}}.</ref>.}} En 1911, Maurras qualifie Drumont de {{Citation|maître génial}} et de {{Citation|grand Français}} qui a posé {{Citation|la difficile question}} de {{Citation|l'antisémitisme d'État.}} Maurras ajoute : {{citation|Le Juif d’Algérie, le Juif d’Alsace, le Juif de Roumanie sont des microbes sociaux. Le Juif de France est microbe d'État : ce n’est pas le crasseux individu à houppelande prêtant à la petite semaine, portant ses exactions sur les pauvres gens du village ; le Juif d’ici opère en grand et en secret<ref>Charles Maurras, « La question juive », ''L’Action française'', 23 février 1911, cité dans {{harvsp|Joly|2006|p=707-708}}.</ref>.}} Selon [[Jean Touchard]] et Louis Bodin, l'antisémitisme de Charles Maurras, de ''L'Action française'' en général, et de quelques autres auteurs d'extrême droite atteint {{citation|en 1936 un degré de violence qui fait paraître modérés les écrits d'Édouard Drumont}}<ref name="
| année première édition= 1967, Armand Colin| année= 1981
| nom1= Touchard | prénom1=Jean | lien auteur1=Jean Touchard
| prénom2=Louis | nom2= Bodin | lien auteur2=Louis Bodin
| auteurs ouvrage= [[Pierre Renouvin]] et [[René Rémond]] (dir.)
| titre chapitre= L'état de l'opinion au début de l'année 1936
| titre ouvrage= Léon Blum, chef de gouvernement (1936-1937)
| sous-titre ouvrage= colloque de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris, 26-27 mars 1965
| lieu= Paris
| éditeur=Presses de la Fondation nationale des sciences politiques
| collection= Références
| numéro dans collection=3
| pages totales= 439
| isbn=2-7246-0454-7
| passage= 64
| présentation en ligne=http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/livre/?GCOI=27246100916110}}.</ref>.
Maurras affirme que dans un régime fédéraliste, la France peut être une {{Citation|fédération de peuples autonomes}}, mais il ne peut en être de même pour les Juifs qui n'auraient pas de sol à eux en France car ils en possèderaient de droit un hors de France, en [[Palestine (région)|Palestine]]<ref>{{harvsp|Huguenin|2011|p=40}}.</ref>. Maurras conçoit l'antisémitisme comme un instrument, un ressort insurrectionnel et contre-révolutionnaire<ref>Charles Maurras, ''La Gazette de France'', 11 février 1901 dans ''Dictionnaire politique et critique'', article « Juif »</ref>{{,}}<ref>Zeev Sternhell, ''La Droite révolutionnaire'', Paris, Seuil, 1978.</ref>..
{{Citation|C'était là reconnaître le caractère instrumental de l'antisémitisme dans la perspective de l'élaboration d'une identité française substantielle, émondée de ses ennemis de l’intérieur (Juifs, francs-maçons, protestants et « métèques »)}}, avance Taguieff{{sfn|Taguieff|2013|p=48}}.
Selon l'historien [[Laurent Joly]], l'antisémitisme est au fondement de l'Action française en pleine [[affaire Dreyfus]]. Maurras importe dans les milieux royalistes le nationalisme antisémite qui s'est cristallisé autour de [[Édouard Drumont|Drumont]]. Il incarne à cet égard une ligne dure, prônant la dénaturalisation de tous les juifs français et le renvoi des étrangers. Or que nous dit-on ? Que tout le monde était antisémite à l'époque… Mais c'est faux ! L'antisémitisme de Maurras était perçu comme transgressif, et d’une violence insupportable. Par deux fois, il a été condamné pour incitation au meurtre contre des hommes politiques juifs. Et il ne sera pas moins virulent sous l’Occupation, ce qui est impardonnable<ref>{{Lien web|auteur=Florent Georgesco |titre=Maurras : trois questions à Laurent Joly |url=https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/04/19/maurras-trois-questions-a-laurent-joly_5287498_3260.html |date=19 avril 2018 |site=lemonde.fr |consulté le=22 avril 2018}}.</ref>.
Laurent Joly avance également que {{citation|chez Charles Maurras, la haine du Juif occupe une place prépondérante tant dans son univers mental que dans la construction politique qu’il a élaborée. Et il est exagéré de mettre, comme on le fait souvent, son antisémitisme sur le même plan que ses sentiments à l’égard des protestants et des francs-maçons, et de ne le considérer que comme une conséquence de son idéologie antilibérale et monarchiste. Habituellement virulent contre ses adversaires politiques, Maurras peut modérer son point de vue vis-à-vis des protestants, comme les [[Gabriel Monod|Monod]] par exemple. Il ne manifestera jamais la même clémence à l’égard d’un Juif. Ce dernier peut rendre des services à la nation, il ne sera jamais un vrai Français.}} Laurent Joly s'appuie en particulier sur deux citations de Maurras. L'une à propos des protestants : {{Citation|Nous n’attaquons pas les protestants ; nous nous défendons contre eux, ce qui n’est pas la même chose. Nous n’avons jamais demandé d’exclure les protestants de l’unité française, nous ne leur avons jamais promis le statut des Juifs.}} L'autre à propos des francs-maçons et des protestants à la fois : {{Citation|Nous en avons à leur gouvernement et à leur tyrannie, non à leur existence [contrairement aux Juifs]}}<ref>{{ harvsp | Joly | 2006 | p=717 }}.</ref>.
Maurras priorise ainsi « la formule antijuive », selon l'expression utilisée par [[Maurice Barrès]] dans un {{Citation|article-programme}} publié dans ''[[Le Figaro]]'' en février 1890<ref>{{article|auteur=[[Maurice Barrès]]|titre=La formule antijuive|périodique=[[Le Figaro]]|date=22 février 1890|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k281044g.image|pages=1}}.</ref>. Dans ''L'Action française'' du {{date-|28 mars 1911}}, le chef de l'[[Action française]] admet que :{{début citation bloc}}Tout paraît impossible, ou affreusement difficile, sans cette providence de l'antisémitisme. Par elle tout s'arrange, s'aplanit et se simplifie<ref>Charles Maurras, « L'exode moral », ''L'Action française'', 28 mars 1911, {{p.|1}}, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k757220v/f1.image lire en ligne].</ref>.{{fin citation bloc}}[[Fichier:Action Française - 1.jpg|vignette|gauche|{{centrer|Déclaration signée en 1936 par les adhérents à la [[Ligue d'Action française]]. Ce serment revendique le nationalisme et l'antisémitisme.}}]]
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Maurras n'écrit pas de livre spécifique sur la « question juive » mais dénonce régulièrement {{citation|l'influence juive}} en recourant à la violence verbale allant jusqu'à la menace de mort explicite. Dans son quotidien ''[[L'Action française (quotidien)|L'Action française]]'', Maurras publie ainsi une lettre ouverte à [[Abraham Schrameck]], [[ministère de l'Intérieur (France)|ministre de l'Intérieur]], en 1925 (après l'assassinat de plusieurs dirigeants de l'Action française comme [[Marius Plateau]]) :
{{Citation bloc|De vous, rien n'est connu. Mais vous êtes le Juif. Vous êtes l'Étranger. Vous êtes le produit du régime et de ses mystères. Vous venez des bas-fonds de la police, des [[Loge maçonnique|loges]] et, votre nom semble l'indiquer, des [[ghetto]]s [[Rhénanie|rhénans]]. Vous nous apparaissez comme directeur des services pénitentiaires vers 1908 ou 1909. Là, vous faites martyriser [[Maxime Real del Sarte]] et ses compagnons coupables d'avoir milité pour la fête de Jeanne d'Arc. Vos premiers actes connus établissent votre fidélité à la consigne ethnique donnée par votre congénère [[Alfred Dreyfus]] le jour de sa [[Affaire Dreyfus|dégradation]] : ''Ma race se vengera sur la vôtre''. Votre race, une race juive dégénérée (…) C'est sans haine comme sans crainte que je donnerai l'ordre de verser votre sang de chien s'il vous arrive d'abuser de la force publique pour ouvrir les écluses de sang français sous les balles et les poignards de vos chers bandits de Moscou<ref name="
Le dirigeant de l'Action française veut dénier le caractère raciste de son {{citation|antisémitisme d'État}}, qu'il prend soin de distinguer d'un {{citation|antisémitisme de peau}} qui relèverait soi-disant d'une {{citation|tradition de brutalité}} inhérente aux Allemands. Son antigermanisme {{citation|renforc[e] sa volonté de se démarquer d'approches trop biologisantes}}. Ainsi, lorsqu'il reprend dans son ''Dictionnaire politique et critique'' le texte de son article paru le 26 mai 1895 dans ''[[La Gazette (France)|La Gazette de la France]]'', il en supprime le passage {{citation|Et moi aussi je suis raciste.}}.
Le discours antisémite de Maurras connaît aussi une certaine inflexion à l'occasion de la Première Guerre mondiale. Maurras déclare respecter l'[[Union sacrée (mouvement)|Union sacrée]] en honorant les {{citation|héros juifs}} tombés au champ d'honneur{{note|groupe=n|Par exemple, ''[[L'Action française (quotidien)|L'Action française]]'' publie l'éloge funèbre d'[[Abraham Bloch]], [[grand-rabbin]] de [[Lyon]], [[Tué à l'ennemi|mort au combat]] au cours de la [[bataille de la Marne (1914)|bataille de la Marne]], tout en réaffirmant son antisémitisme dont les {{citation|principes [posés] avant cette guerre}} consistent à se lamenter {{citation|de voir les Juifs gouverner la France{{sfn|Poliakov|1977|p=289-290}}.}}}}
Les historiens [[Léon Poliakov]]{{sfn|Poliakov|1977|p=290}} et [[Michel Dreyfus]] résument cette position ainsi : {{citation|pour ''L'Action française'' de Maurras un bon Juif est d'abord un Juif mort au combat<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel|nom1=Dreyfus|lien auteur1=Michel Dreyfus|titre=L'antisémitisme à gauche|sous-titre=histoire d'un paradoxe, de 1830 à nos jours|éditeur=[[La Découverte]]|collection=La Découverte-poche. Essais|lieu=Paris|année=2011|pages totales=358|passage=129|isbn=978-2-7071-6998-3|présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2011-4-page-185.htm}}.</ref>.}}
En 1941, il réaffirme la {{Citation|spécificité}} de son antisémitisme d'État : {{Citation|On pose bien mal la question. Il ne s'agit pas de flétrir une race. Il s'agit de garder un peuple, le peuple français, du voisinage d'un peuple, qui, d'ensemble, vit en lui comme un corps distinct de lui […]. Le sang juif alors ? Non. Ce n'est pas quelque chose d'essentiellement physique. C'est l'état historique d'un membre du peuple juif, le fait d'avoir vécu et de vivre lié à cette communauté, tantôt grandie, tantôt abaissée, toujours vivace}}<ref>Charles Maurras, ''L'Action française'', 30 septembre 1941.</ref>.
Même si Maurras nie le caractère raciste de son antisémitisme, {{citation|le facteur central de l'histoire et de la géopolitique de l'Europe}}, [[Carole Reynaud-Paligot]] note que les {{citation|représentations essentialistes}} imprègnent sa vision d'une {{citation|race française}} (qu'il dote de {{citation|fondements biologiques}}), de même que sa [[Antigermanisme|germanophobie]].
[[Carole Reynaud-Paligot|
La différence entre antisémitisme d'Etat antisémitisme biologique demeure théorique selon [[Ralph Schor]] : {{citation|dans la pratique, le maître à penser de l'Action française ne différait guère des autres antisémites<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Ralph|nom1=Schor|lien auteur1=Ralph Schor|titre=L'antisémitisme en France dans l'entre-deux-guerres|sous-titre=prélude à Vichy|éditeur=Éditions Complexe|collection=Historiques|lieu=Bruxelles|numéro dans collection=144|année=2005|pages totales=380|passage=75|isbn=2-8048-0050-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=PbvpzzZgprgC&printsec=frontcover}}.</ref>.}}
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=== En France ===
==== Influence sur les intellectuels français ====
En 1908, année de la fondation du quotidien ''L'Action française'', les jeunes intellectuels maurrassiens se regroupaient autour de la ''[[Revue critique des idées et des livres]]'', qui fut jusqu'en 1914 la rivale de la ''[[La Nouvelle Revue française|NRF]]'' d'[[André Gide]]. La revue défendait l'idée d'un « classicisme moderne », s'ouvrait aux théories nouvelles ([[Henri Bergson]], [[Georges Sorel]]…) et formait une nouvelle génération de critiques et d'historiens. Pendant l'entre-deux-guerres, l'expérience de la ''Revue critique'' se poursuivit dans un grand nombre de revues : ''[[Revue universelle]]'', ''Latinité'', ''Réaction pour l'ordre'', ''[[La Revue du siècle]]''.
Dans les milieux littéraires, le climat patriotique de la première guerre mondiale, le prestige de Maurras font que [[Marcel Proust]], [[André Gide]], [[Auguste Rodin]], [[Guillaume Apollinaire]] lisent tous ''L'Action française''<ref group="G" name="G270">{{p.|270}}.</ref>. L'apogée littéraire se traduit par le portrait que publie [[Albert Thibaudet]] dans la série « Trente ans de vie française » à la NRF, où ''Les Idées de Charles Maurras'' précèdent ''La Vie de Maurice Barrès'' et ''Le bergsonisme''.
Après la première guerre mondiale, il reçoit des lettres de [[Gabriel Marcel]], [[Colette]], [[Marguerite Yourcenar]], [[Henry de Montherlant]], [[Charles Ferdinand Ramuz]], [[Paul Valéry]]<ref>{{harvsp|Giocanti|2006|p=293}}.</ref> ; le jeune Malraux a écrit une notice pour la réédition de ''[[Mademoiselle Monk]]'' et exprime son envie de rencontrer Maurras<ref>{{harvsp|Giocanti|2006|p=294}}.</ref>{{,}}{{note|groupe=n|En 1972, la prise de distance de Malraux implique un dernier hommage quand il affirme : « J'ai accepté de rédiger ce texte comme on se livre à un exercice. J'aurais aussi bien écrit sur Hegel. »}}.
Charles Maurras eut une forte influence parmi les étudiants et la jeunesse intellectuelle de l'entre-deux-guerres : quand Jean-Baptiste Biaggi, futur compagnon de Charles de Gaulle accueille Maurras au nom des étudiants en droit de Paris, il a autour de lui [[Pierre Messmer]], [[Edgar Faure]], [[Edmond Michelet]] et parmi les Camelots du Roi, on compte [[François Périer]] et [[Michel Déon]]. Maurras aime s'entourer de jeunes dont il pressent le talent et il prend pour secrétaires particuliers [[Pierre Gaxotte]] et [[Georges Dumézil]]<ref>{{harvsp|Giocanti|2006|p=323}}.</ref>.
==== Maurras et de Gaulle ====
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En [[1924]], Charles de Gaulle dédicace ''[[La Discorde chez l'ennemi]]'' à Maurras en lui témoignant ses {{Citation|respectueux hommages}}<ref>''[[Enquête sur l'histoire]]'', {{numéro|6}}, printemps 1993, {{p.|48}}.</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Prévotat|titre chapitre=Conclusion|titre ouvrage=L’Action française : culture, société, politique|éditeur=Presses universitaires du Septentrion|collection=Histoire et civilisations|date=2019-05-10|isbn=978-2-7574-2123-9|lire en ligne=http://books.openedition.org/septentrion/39318|consulté le=2023-07-09|passage=389–395}}</ref>.
[[Christian Pineau]] indique {{Citation|que le général avait reconnu devant lui qu’il avait été inscrit à l’Action française et qu’il s’était rallié à la République pour ne pas aller contre le sentiment des Français}}<ref>[[André Gillois]], ''Histoire secrète des Français à Londres'', {{p.|299}}.</ref>.
Au printemps [[1934]], sous l'égide du Cercle [[Numa Denis Fustel de Coulanges|Fustel de Coulanges]], une vitrine de l’[[Action française]], Charles de Gaulle prononce une série de conférences à la [[Sorbonne]]<ref>Eugen Weber, ''[[L'Action française (ouvrage)|L'Action française]]'', éd. Hachette, 1990, {{p.|297}}, note ''e''.</ref>. Le {{date|1er juin 1934}}, l'Action française consacre un article élogieux à ''Vers l’armée de métier'' qui défend le principe d’une armée professionnelle très compétente et mobile se superposant à l’armée conscrite ; ''Le Populaire'' et [[Léon Blum]] suspectent le danger d’un coup d’État. De Gaulle écrit à Hubert de Lagarde, chroniqueur militaire de ''L'Action française'' : {{Citation|Monsieur Charles Maurras apporte son puissant concours à l'Armée de métier. Au vrai, il y a longtemps qu'il le fait par le corps de ses doctrines. Voulez-vous me dire s'il a lu mon livre que j'ai eu l'honneur de lui adresser au mois de mai ?}}<ref>Lettre de Charles de Gaulle à Hubert de Lagarde du 14 juin 1934, collection Olivier de Lagarde.</ref>. Maurras avait découvert de Gaulle en lisant un article de ''La Revue hebdomadaire'' et s'était exclamé : {{Citation|Quelle confirmation de nos idées les plus générales sur l'armée !}}<ref>{{harvsp|Giocanti|2006|p=371}}.</ref>.
En [[1940]], la nomination au grade de général de Charles de Gaulle provoque la jubilation de Charles Maurras dans ''L'Action française'' des {{1er}} et 3 juin 1940. Maurras y qualifie de Gaulle de {{Citation|pénétrant philosophe militaire}} et affirme avoir voulu rester discret à son endroit pour ne pas le gêner : {{citation|Sa thèse nous paraissait suffisamment contraire à la bêtise démocratique pour ne pas ajouter à ces tares intrinsèques, la tare extrinsèque de notre appui. Mieux valait ne pas compromettre quelqu'un que, déjà, ses idées compromettaient toutes seules}}.
[[Paul Reynaud]], qui rencontre en captivité en Allemagne la sœur du général de Gaulle, Marie-Agnès Caillau, affirme que selon elle, le chef de la France libre serait resté maurrassien jusqu'aux accords de Munich
De Gaulle qu'il n'aime pas la Révolution française<ref>[[Dominique Venner]], ''De Gaulle, la grandeur et le néant'', Monaco, Éditions du Rocher, 2004, {{p.|31}}.</ref> : {{Citation|À entendre les républicains, la France a commencé à retentir en 1789 ! Incroyable dérision : c'est au contraire depuis 1789 que nous n'avons cessé de décliner}}. Il confie également à [[Alain Peyrefitte]] son peu d'enthousiasme pour la république : {{Citation|Je n'aime pas la république pour la république. Mais comme les Français y sont attachés, j'ai toujours pensé qu'il n'y avait pas d'autre choix}}<ref>[[Alain Peyrefitte]], ''C'était de Gaulle'', tome II, Paris, Éditions de Fallois/Fayard, 1997, {{p.|534}}.</ref>. Il lui confie également en 1962, alors qu'il annonce une {{Citation|initiative pour assurer la continuité de l'État}}, qu'un roi pourrait être utile à la France : {{Citation|Ce qu'il faudrait à la France, c'est un roi}}<ref>[[Alain Peyrefitte]], ''C'était de Gaulle'', tome II, Paris, Éditions de Fallois/Fayard, 1997, {{p.|531}}.</ref>.
[[Maurice Schumann]] prête par ailleurs à de Gaulle la formule : « Maurras est devenu fou à force d'avoir raison. »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean-Christophe Buisson|titre=Les grandes figures de la droite|isbn=978-2-262-09929-9|isbn2=2-262-09929-4|oclc=1296687848}}</ref>. Selon Claude Mauriac, chef du secrétariat particulier du général de Gaulle à la Libération, ce dernier porte une grande attention au sort du théoricien du nationalisme intégral ; il intervient ainsi pour que Maurras ne passe pas devant la cour de justice de Lyon en septembre 1944, mais devant la Haute Cour, réputée plus indulgente<ref>[[Claude Mauriac]], ''Un autre de Gaulle. Journal 1944-1945'', Paris, éd. Hachette, 1970, {{p.|52-53}}.</ref>. Le 13 mai 1958, [[Jean-Baptiste Biaggi]] fait remarquer à de Gaulle que d’autres et lui-même devaient leur nationalisme à Charles Maurras, ce dont le général convient, regrettant que Maurras l'ait critiqué : {{Citation|Aussi bien, je n’ai jamais rien dit contre lui. Que ne m’a-t-il imité !}}<ref>Propos rapporté par [[Jean-Baptiste Biaggi]] à [[Pierre Boutang]], ''[[Maurras, la destinée et l’œuvre]]'', {{p.|662}}.</ref>.
=== À l'étranger ===
En Espagne, il existe un mouvement proche de l'Action française ''Cultura Española'' et sa revue ''[[Acción Española (revue)|Acción Española]]''. L’influence de la pensée maurrasienne a été montrée chez les auteurs et les intellectuels comme [[Azorín]]{{Sfn|González Cuevas|1990|p=350}}, {{Lien|fr=José María Salaverría|lang=es|trad=José María Salaverría}}{{Sfn|González Cuevas|1990|p=351}}, [[Eugenio d'Ors]]{{Sfn|González Cuevas|1990|p=352}}, [[Víctor Pradera]]{{Sfn|González Cuevas|1990|p=353}}, [[Antonio Goicoechea]]{{Sfn|González Cuevas|1990|p=353}}, ou {{Lien|fr=Álvaro Alcalá-Galiano y Osma|lang=es|trad=Álvaro Alcalá-Galiano y Osma}}{{Sfn|González Cuevas|1990|p=356}}, et, de même, elle a également influencé des mouvements politiques tels que le [[Antonio Maura|maurisme]]{{Sfn|González Cuevas|1990|p=353}}.
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=== Postérité ===
==== Affaire Maurras de 2018 ====
À l'occasion du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Charles Maurras, l'historien [[Olivier Dard]] rédige une notice de trois pages pour le livre des commémorations nationales 2018. À la suite de protestations d'associations antiracistes, la [[ministère de la Culture (France)|ministre de la Culture]], [[Françoise Nyssen]], retire la référence à l'écrivain dans le livre
Membres du Haut Comité des Commémorations nationales dont la mission {{citation|est de contribuer, au hasard des anniversaires, à une meilleure prise de conscience des épisodes du passé}}, les historiens [[Jean-Noël Jeanneney]] et [[Pascal Ory]] soulignent à cette occasion que {{citation|commémorer, ce n'est pas célébrer. C'est se souvenir ensemble d'un moment ou d'un destin}}. En outre, ils rappellent qu'en 2011, le terme « célébrations » a été remplacé par « commémorations » dans l'intitulé du Haut Comité<ref>{{Lien_web|auteur1=[[Jean-Noël Jeanneney]]|auteur2=[[Pascal Ory]]|titre=Commémoration de l’écrivain antisémite Maurras : « Commémorer, ce n'est pas célébrer »|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/28/commemorer-ce-n-est-pas-celebrer_5248372_3232.html|date=28/01/2018|consulté le=30/01/2018}}.</ref>.
Le {{date-|21 mars 2018}}, dix membres sur douze du Haut comité des commémorations nationales démissionnent en adressant une lettre ouverte à [[Françoise Nyssen]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Antoine Dandre|titre=Archives et enjeux mémoriels : la polémique Charles Maurras (26 janvier-21 mars 2018)|passage=8-9|lieu=Lyon|date=septembre 2019|pages totales=103|lire en ligne=https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/69393-archives-et-enjeux-memoriels.pdf|consulté le=25 mai 2022}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|auteur1=Edouard de Mareschal|titre=Affaire Maurras : démission du Comité aux commémorations|périodique=Le Figaro|date=21 mars 2018|lire en ligne=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/03/21/01016-20180321ARTFIG00351-affaire-maurras-demission-du-comite-aux-commemorations.php}}</ref>.
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* [[Philippe Chenaux]], ''Entre Maurras et [[Jacques Maritain|Maritain]] – Une génération intellectuelle catholique (1920-1930)'', Cerf, 1999.
* [[Yves Chiron]], ''La Vie de Maurras'', éd. Perrin, 1991.
* {{Article|langue= en|prénom1=Jean-Louis |nom1= Clément|titre=The Birth of a Myth |sous-titre= Maurras and the Vichy Regime |périodique= French History |volume= 17|numéro=4 |mois=décembre |année= 2003|pages=440–454 |doi=10.1093/fh/17.4.440|issn=0269-1191 }}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Olivier|nom1=Dard|lien auteur1=Olivier Dard|titre=Charles Maurras|sous-titre=le maître et l'action|éditeur=Armand Colin|collection=Nouvelles biographies historiques|lieu=Paris|année=2013|pages totales=352|isbn=978-2-200-24347-0|présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-historique-2014-4-page-913.htm#s1n34}}, {{lire en ligne|lien=http://www.nonfiction.fr/articleprint-7316-maurras_ou_les_permanences_dun_nationalisme_francais.htm|texte=présentation en ligne}}.
* {{Article |prénom1=Catherine |nom1= Fillon |titre=Le procès de Charles Maurras (24-27 janvier 1945) |périodique= Histoire de la justice |éditeur=Association française pour l'histoire de la Justice / La Documentation française |lieu= Paris |numéro=18 |titre numéro= La justice de l'épuration. À la fin de la Seconde Guerre mondiale|année= 2008|pages=59-71 |isbn=978-2-11007-300-6 |issn=1639-4399 |doi=10.3917/rhj.018.0059}}.
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* [[Georges-Paul Wagner]], ''Maurras et la justice'', Clovis, 2002.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Eugen|nom1=Weber|lien auteur1=Eugen Weber|traducteur=Michel Chrestien|titre=''[[L'Action française (ouvrage)|L'Action française]]''|titre original=Action française, Royalism and Reaction in Twentieth-Century France|éditeur=Fayard|collection=Nouvelles études historiques|lieu=Paris|année=1985|année première édition=1965, [[Éditions Stock]]|pages totales=665|isbn=2-213-01678-X|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1965_num_51_148_1746_t1_0211_0000_2}}.
* « Charles Maurras », [https://krisisdiffusion.com/la-librairie-en-ligne/200-nouvelle-ecole-numero-66-charles-maurras.html ''Nouvelle École'' {{n°|66}}], janvier 2017
=== Articles connexes ===
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