« Joseph Staline » : différence entre les versions

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| charte = Chef de gouvernement
| image = Joseph Stalin, 1950.jpg
| légende = [[Portrait photographique]] de Joseph Staline en 1942.
| fonction1fonction2 = [[Liste des dirigeants de l'Union soviétique#Présidents du Conseil des ministres de l'Union soviétique|Président du Conseil des ministres de l'URSS]]
| depuis le fonction1fonction2 =
| à partir du fonction1fonction2 = {{date|1915|mars|1946}}
| jusqu'au fonction1fonction2 = {{date|5|mars|1953}}<br><small>({{durée|1915|3|1946|5|3|1953}})</small>
| président 12 = [[Nikolaï Chvernik]]
| prédécesseur 12 = ''Fonction créée''
| successeur 12 = [[Gueorgui Malenkov]]
| fonction2fonction3 = [[Liste des dirigeants de l'Union soviétique#Liste des chefs de gouvernement|Président du Conseil des commissaires du Peuple d'URSS]]
| à partir du fonction2fonction3 = {{date|6|mai|1941}}
| jusqu'au fonction2fonction3 = {{date|15|mars|1946}}<br><small>({{durée|6|5|1941|15|3|1946}})</small>
| président 23 = [[Mikhaïl Kalinine]]
| prédécesseur 23 = [[Viatcheslav Molotov]]
| successeur 23 = ''Fonction supprimée''
| fonction3fonction1 = [[Parti communiste de l'Union soviétique#Dirigeants du PCUS|Secrétaire général du Comité central du Parti communiste de la RSFSR puis de l'URSS (bolchevik)]]
| à partir du fonction3fonction1 = {{date|3|avril|1922}}
| jusqu'au fonction3fonction1 = {{date|16|octobre|1952}}<br><small>({{durée|3|4|1922|16|10|1952}})</small>
| prédécesseur 31 = ''Fonction créée''<br>[[Vladimir Ilitch Lénine]] <small>(indirectement)</small>
| successeur 31 = ''Fonction supprimée''<br>[[Nikita Khrouchtchev]] <small>(indirectement)</small>
| fonction4 = Membre du [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]]
| à partir du fonction4 = {{date|10|octobre|1917}}
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}}
 
'''Joseph Staline'''<ref group ="Note">En cyrillique : {{lang|ru|Иосиф Сталин}}<br />Nom de naissance en géorgien : Iosseb Bessarionis dze Djoughachvili ({{lang|ka|იოსებ ბესარიონის ძე ჯუღაშვილი}}) ; en russe : Iossif Vissarionovitch Djougachvili ({{lang|ru|Иосиф Виссарионович Джугашвили}}{{prononciation|ru-Stalin.ogg|prononciation}}).</ref>, né le {{Date de naissance|18 décembre 1878}}<ref name="naiss" group="Note">Officiellement le {{Date|21|décembre|1879}}. Quoiqu'il y ait des informations contradictoires dans les sources au sujet de la date de naissance de Staline, le registre des naissances de l'église Ouspensky à Gori mentionne la naissance de Iossif Djougachvili le {{Date|18|décembre|1878}} ({{nobr|6 décembre}} selon le [[calendrier julien]] alors en vigueur)[http://state.rin.ru/cgi-bin/persona_e.pl?id=4140&id_subcat=6&r=8]. Cette date est également mentionnée sur son diplôme scolaire, sa fiche signalétique de la police tsariste, un procès-verbal d'une arrestation datée du {{nobr|18 avril 1902}} où il affirme avoir {{nobr|23 ans}}, ainsi que dans tous les documents pré-révolutionnaires existants. Staline lui-même mentionne le {{nobr|18 décembre 1878}} dans un ''curriculum vitæ'' rédigé de sa main en 1921. Cependant, à partir de 1922, cette date de naissance est changée pour le {{Date|21|décembre|1879}} ({{nobr|9 décembre}} en [[calendrier julien]]), date à laquelle sera fêté son anniversaire en [[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]. Le dramaturge [[Edvard Radzinsky]] suggère que ce changement fut opéré afin que la célébration du {{50e|anniversaire}} de Staline puisse se dérouler à travers tout le pays, et qu'en 1928 son pouvoir n'était pas encore suffisamment assis pour ce faire. Dans son ouvrage ''Staline'' (éd. Fayard, 2001), l'historien [[Jean-Jacques Marie]] montre en revanche qu'il avait déjà modifié sa date de naissance bien avant 1914.</ref> à [[Gori (Géorgie)|Gori]] ([[Empire russe]], actuelle [[Géorgie (pays)|Géorgie]]) et mort le {{Date de décès|5 mars 1953}} à [[Moscou]], est un [[révolution russe|révolutionnaire]] [[Bolcheviks|bolchevik]] et [[homme d'État]] [[Union des républiques socialistes soviétiques|soviétique]] d'origine [[Géorgiens|géorgienne]]. Il dirige l'[[Union des républiques socialistes soviétiques]] (URSS) à partir de la fin des {{nobr|[[années 1920]]}} jusqu'à sa mort en établissant un régime de [[dictature]] personnelle absolue de type [[Totalitarisme|totalitaire]]<ref>[[Henry Rousso]], [[Nicolas Werth]], ''[https://books.google.fr/books?id=SzUUNUTAn1MC&pg=PA61&dq=staline+dictature&cd=2#v=onepage&q=staline%20dictature&f=false Stalinisme et nazisme, histoire et mémoires comparées]'', Éditions Complexe, 1999, {{p.|61}}.</ref>. Les historiens le jugent responsable, à des degrés divers, de la mort de trois à plus de {{nobr|vingt millions}} de personnes<ref>Voir le[[#Bilan §des ''assassinats de masse et déportations commis sous Staline|Bilan des assassinats de masse et déportations commis sous Staline'']].</ref>.
 
Né '''Iossif Vissarionovitch Djougachvili''' (en {{Lang-ka|იოსებ ბესარიონის ძე ჯუღაშვილი}}, ''Ioseb Besarionis Dze Jughashvili'' ; en {{Lang-ru|Ио́сиф Виссарио́нович Джугашви́ли}}), il est surnommé '''Sosso''' (diminutif de Iossif ou de Iosseb) pendant son enfance. Il se fait ensuite appeler '''Koba''' (d'après un héros populaire géorgien) par ses amis proches et dans ses premières années de militantisme clandestin au sein du [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie]] (POSDR), auquel il adhère en {{date|1898}}. Il utilise ensuite le pseudonyme de '''Staline''', formé sur le mot russe {{Langue|ru|сталь|trans=stal}}, qui signifie « [[acier]] ».
 
Acteur marginal de la [[révolution d'Octobre]], il étend peu à peu son influence politique pendant la [[guerre civile russe]], tissant des liens étroits avec la police politique, la [[Tchéka]], et devenant, en {{date|1922}}, secrétaire général du [[Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique|Comité central]] du [[Parti communiste de l'Union soviétique|Parti communiste]]. Après la mort de [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]] en {{date|1924}}, il mène un jeu patient d'intrigues souterraines et d'alliances successives avec les diverses factions du Parti, et supplante un à un ses rivaux politiques, contraints à l’exil ou évincés des instances dirigeantes.
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Il procède à la [[Collectivisation en Union soviétique|collectivisation]] intégrale des terres, décrétant la « liquidation des [[Koulak|koulaks]] en tant que classe », et industrialise l'Union soviétique à marche forcée par des [[planification économique|plans quinquennaux]] aux objectifs irréalistes et au prix d'un coût humain et social exorbitant. Son long règne est marqué par un régime de terreur et de [[délation]] paroxystiques et par la mise à mort ou l'envoi aux camps de travail du ''[[Goulag]]'' de millions de personnes, notamment au cours de la « collectivisation » des campagnes et des [[Grandes Purges]] de [[1937]]. Il pratique aussi bien des déplacements de population massifs, dont la [[déportation]] intégrale d'une quinzaine de minorités nationales, que la sédentarisation forcée non moins désastreuse de [[nomadisme|nomades]] d'[[Asie centrale]]. Il nie aussi l'existence des [[famine]]s meurtrières de [[1932]]-[[1933]] ([[Holodomor]]) et de [[1946]]-[[1947]], après les avoir en partie provoquées par une politique impitoyable de réquisitions forcées de produits agricoles dans les campagnes dont le blocus organisé empêche la fuite des populations rurales affamées et les prive de tout secours.
 
Dans un contexte international de plus en plus tendu par la montée en puissance de l'[[Troisième Reich|Allemagne hitlérienne]], Staline engage l'Union soviétique dans des négociations avec le régime nazi qui aboutissent, en {{nobr|[[août 1939]]}}, à la signature du [[pacte germano-soviétique]], qui jusqu'en juin 1941 fait de l'URSS une alliée de l'Allemagne nazie pendant les deux premières années de la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=Timothy Snyder|titre=When Stalin was Hitler's ally|url=https://www.eurozine.com/when-stalin-was-hitlers-ally/|date=08.05.2015|site=Eurozine|consulté le=13.04.2023}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur=Martin Kitchen|titre=Winston Churchill and the Soviet Union during the Second World War|périodique=The Historical Journal|volume=30|numéro=2|date=1987|pages=422|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/2639201|consulté le=13.04.2023}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteurauteur1=Philippe Meyer|titre=Baltiques|sous-titre=Histoire d'une mer d'ambre|lieu=[Paris]|éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]|année=2013|passage=403|isbn=}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur1=Тарас Паньо|auteur2=Екатерина Щеткина|titre=Роман Шпорлюк: "История – дело историков, а не министров и комиссаров"|url=https://zn.ua/SOCIUM/roman_shporlyuk_istoriya__delo_istorikov,_a_ne_ministrov_i_komissarov.html|date=06.08.2010|site=Зеркало недели|consulté le=13.04.2023}}.</ref>. La [[Relations économiques entre l'Union soviétique et l'Allemagne nazie|coopération économique entre les deux pays]] entreprise après la signature des {{page h'|Accord commercial germano-soviétique|accords commerciaux germano-soviétiques}} est brutalement interrompue par l'[[Opération Barbarossa|invasion allemande]] de l'Union soviétique en {{nobr|[[juin 1941]]}}, précipitant cette dernière dans la [[Seconde Guerre mondiale|guerre]] [[Accord anglo-soviétique|aux côtés du Royaume-Uni]], alors seul face à l'Allemagne nazie. La victoire militaire finale dans un conflit qui a mis l'URSS au bord du gouffre, et dont la [[bataille de Stalingrad]] est un tournant majeur, confère à Staline un prestige international retentissant et lui permet d'affirmer son emprise sur un [[Empire soviétique|empire]] s'étendant de la [[Allemagne de l'Ouest|frontière occidentale]] de la [[République démocratique allemande|RDA]] à l'[[océan Pacifique]].
 
Joseph Staline est également l'auteur de textes exposant ses conceptions du [[marxisme]] et du [[léninisme]], qui contribuent à fixer pour des décennies, au sein des courants communistes liés à l'URSS, l'orthodoxie [[marxisme-léninisme|marxiste-léniniste]]. Sa pratique politique et ses conceptions idéologiques sont désignées sous le terme de [[stalinisme]].
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== Jeunesse et formation ==
[[FileFichier:Joseph Stalin birth registration crop.jpg|thumb|upright=2.8|left|La naissance de Ioseb, dans le registre des naissances de Gori.]]
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Joseph Staline est né le {{Date|18|décembre|1878}}<ref name="naiss" group="Note"/> dans la ville [[Géorgie (pays)|géorgienne]] de [[Gori (Géorgie)|Gori]], alors dans le [[gouvernement de Tiflis]] ([[Empire russe]]), troisième enfant et seul survivant de sa fratrie au sein d'une famille pauvre. L'aîné, Mikheil Djougachvili, naît et meurt deux mois après sa naissance en 1875, tandis que le deuxième enfant, Giorgi Djougachvili, naît en 1876 et meurt en 1877<ref>{{Ouvrage|auteur1=Simon Sebag Montefiore|titre=Le jeune Staline|passage=53}}</ref>.
 
Le père<ref>La paternité discutée de Vissarion est étudiée dans {{harvsp|Sebag Montefiore|2008|p=57}}.</ref> de Staline, [[Vissarion Djougachvili]] (1850-1909) (prénom parfois aussi retranscrit Besarion), est un ouvrier cordonnier qui sombre dans l'[[alcoolisme]] et qui le bat<ref name="Minassian1996">Taline Ter Minassian, [https://www.persee.fr/doc/receo_0338-0599_1996_num_27_3_2807 Jean-Jacques Marie, Staline (compte-rendu)], ''Revue d'études comparatives Est-Ouest'', Année 1996, 27-3, {{p.|180-183}}</ref>. Il est originaire d'un village du Nord de la [[Géorgie (pays)|Géorgie]], Djougha (d'où son nom) et on lui prête des origines [[Ossétie|ossètes]]. Sa mère, [[Kéké Geladzé|Ekaterina Gavrilovna Gueladzé]] (1858-1937), est une couturière d'[[Ossétie]]. Fervente [[Christianisme orthodoxe|orthodoxe]], abandonnée par son mari, elle pousse son fils, {{citation|garnement des rues […] d’une intelligence exceptionnelle}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}, vers la [[Prêtre orthodoxe|prêtrise]] et finance difficilement ses études. De sa jeunesse, Staline resta {{citation|traumatisé par la violence, l’insécurité et la méfiance, mais inspiré par les traditions locales de dogmatisme religieux, de vendetta et de brigandage romantique}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}. À cette période, sa famille habite au 10 de la rue de la Cathédrale à [[Gori (Géorgie)|Gori]]<ref>''Staline'' de [[Jean Elleinstein]].</ref>.
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Stalin 1894.jpg|Ioseb Djougachvili, à 15 ans.
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Après avoir brillamment réussi ses examens, Iossif Djougachvili entre en [[1894]]<ref>Son inscription remonterait aux alentours du {{date|15|août|1894}} {{harv|Sebag Montefiore|2008|p=86}}.</ref> au séminaire de [[Tbilissi|Tiflis]] et y reste jusqu'à l'âge de 20 ans. Il y suit un enseignement secondaire général avec une forte connotation religieuse. Surnommée le « Sac de pierre », l'école a sinistre réputation{{sfn|Sebag Montefiore|2008|p=89}}. Rapidement, le jeune Djougachvili devient [[Athéisme|athée]]{{sfn|Sebag Montefiore|2008|p=100}} et commence à se montrer rebelle à l'autorité du séminaire. Il reçoit de nombreuses punitions pour lecture de livres interdits (entre autres, ''[[Les Travailleurs de la mer]]'' de [[Victor Hugo]]{{sfn|Sebag Montefiore|2008|p=98}}) et en août [[1898]] s'inscrit à la branche locale du [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie]] (POSDR)<ref>Simon Sebag Montefiore, ''Le Jeune Staline'', {{p.}}103. M. Montefiore mentionne 1899 comme année d’entrée de Staline au POSDR dans son ouvrage ''La cour du tsar rouge''</ref>. Malgré les faveurs que lui accorde le recteur du séminaire, il en est expulsé en mai [[1899]], officiellement pour absence à l'examen de lectures [[Bible|bibliques]]. {{Citation|Je fus renvoyé pour propagande marxiste}}{{sfn|Sebag Montefiore|2008|p=108}}, se vantera par la suite l'ex-séminariste.
 
En décembre [[1901]], il quitte [[Tbilissi]] pour [[Batoumi]] et travaille pour l'organisation social-démocrate. Le {{Date|6|avril|1902}}, il est arrêté et emprisonné durant un an à [[Batoumi]] et six mois à la prison de [[Koutaïssi|Koutaïs]]. Il est envoyé en exil en [[Sibérie]] pour trois ans, ; il arrive à {{Lien|trad=Novaya Uda, Irkutsk Oblast|fr=Novaya Ouda|texte=Novaya Ouda}} dans la province d'[[Irkoutsk]] en décembre [[1903]], ilet y reste en assignation à résidence jusqu'en janvier [[1904]]<ref>''Staline'' de [[Jean Elleinstein]], {{p.|115}}.</ref>.
 
== Révolution et clandestinité ==
[[FileFichier:Stalin 1902-1.jpg|thumb|upright|Staline en 1902.]]
[[Fichier:Stalin mugshot.jpg|vignette|[[Photographie d'identité judiciaire]] de Staline à la suite de son arrestation à [[Bakou]], en 1910.]]
Iossif Djougachvili commence alors sa carrière de révolutionnaire sous le surnom de ''Koba''<ref>Koba (Ours) : héros du ''Patricide'', roman de l'écrivain géorgien [[Alexandre Kazbegui]], qui a une forte influence sur Staline, qu’il avait découvert au séminaire {{harv|Sebag Montefiore|2008|p=99}}.</ref>. Il se fait arrêter à de nombreuses reprises. En [[1907]], il est impliqué dans des [[Attaque à main armée|braquages de banques]] sanglants<ref>Le {{date|13|juin|1907}} (calendrier julien), plus de 40 personnes sont tuées lors de l'attaque de la banque d'État de [[Tbilissi]]. ({{harvsp|Sebag Montefiore|2008|p=31}}, {{en}} [http://www.simonsebagmontefiore.com/Young-Stalin-Extract.pdf « prologue : the bank-robbery »], {{p.|10}}, et la recension d'Andrew Nagorski, « {{en}} [http://www.newsweek.com/id/62037?tid=relatedcl New Stalin, Old Stalin, Same Stalin] », ''Newsweek'', 25 octobre 2007.</ref> servant à financer le Parti<ref>Dominique Venner, ''Le Siècle de 1914 : utopies, guerres et révolutions en Europe au {{s-|XX}}'', Pygmalion, 2006, 408 pages, {{p.}} 125 {{ISBN|978-2-85704-832-9}}.</ref>{{,}}<ref>[[Stéphane Courtois]], « [http://www.asmp.fr/travaux/communications/2003/courtois.htm Comment comprendre Staline] », [[Académie des sciences morales et politiques]], séance du lundi 24 février 2003.</ref>, comme le braquage commis à [[Tbilissi]], en juin, qui rapporte {{unité|250000}} ou {{unité|350000|[[rouble]]s}}<ref>Jean Benoît, ''Staline'', Resma, 1969, 301 pages, {{p.}} 46, qui précise qu'un « autre eut pour théâtre le vapeur ''Nicolas-II'', ancré à [[Bakou]] » et que « le vrai rôle de Staline dans ces coups de force fut longtemps dissimulé ».</ref>.
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{{Citation bloc|Lorsque je le comparais aux autres dirigeants de notre Parti, il me semble toujours que les compagnons de lutte de Lénine – [[Gueorgui Plekhanov|Plekhanov]], [[Julius Martov|Martov]], [[Pavel Axelrod|Axelrod]] et d’autres encore – étaient moins grands que lui d’une tête ; que Lénine comparé à eux, n’était pas simplement un des dirigeants, mais un dirigeant de type supérieur, un aigle des montagnes, sans peur dans la lutte et menant hardiment le Parti en avant, dans les chemins inexplorés du mouvement révolutionnaire russe […] {{référence souhaitée}}}}
 
En mai [[1907]] il se rend à [[Londres]] pour assister au {{5e}} congrès du Parti social-démocrate. Au retour il passe par l'Allemagne où il rencontre [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]] à [[Leipzig]]. Après la mort de sa première femme [[Ekaterina Svanidzé|Kato]], il se réfugie temporairement chez sa future belle-famille, les Allilouïev, à [[Saint-Pétersbourg|Pétersbourg]]. Le {{Date|7|avril|1908}} il est arrêté à [[Bakou]], il reste sur place à la prison de [[Bayil]] jusqu'en {{date-|novembre 1908}} et est transféré dans la région de [[Vologda]]. En 1908, il est transféré à [[Solvytchegodsk]]. Durant son transfert il contracte le [[typhus]]. {{douteux|Il s'évade en mars 1909<ref>''Staline'', [[Jean Elleinstein]], {{p.|129}}.</ref>|Simon Sebag Montefiore, dans ''La cour du tsar rouge'', le mentionne toujours à Solvytchegodsk en janvier 1910, quand il s’installe dans la maison d’une veuve, Maria Kouzakova, qui lui donna un fils|date=4 février 2020}}. Il revient à Pétersbourg en 1912 où il rencontre pour la première fois, en la personne de son logeur, [[Viatcheslav Molotov|Viatcheslav Skriabine]], connu par ses camarades sous le pseudonyme de ''Molotov'' — le marteau{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}. C’est également à cette période qu’il est coopté au [[Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique|comité central]] du tout nouveau [[Parti communiste de l'Union soviétique|parti communiste]], lors de son congrès fondateur de Prague{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}. Le {{Date-|5|mai|1912}}, il est arrêté à [[Saint-Pétersbourg|Pétersbourg]]. Il est déporté en [[Sibérie]], à {{lien|langue=ru|trad=Нарым|fr=Narym (ville)|texte=Narym}}. Il s'évade le {{date-|13 septembre}} et retourne à [[Moscou]].
 
En [[1911]], Lénine parle de lui comme du « merveilleux Géorgien », mais en 1915, dans une lettre à [[Maxime Gorki]], il a oublié son nom<ref>''Chronique de Joseph Staline'', Éditions Chroniques, 1995.</ref>. En {{date-|novembre 1912}}, Staline séjourne à [[Cracovie]], où il retrouve Lénine. Le fruit de cette rencontre est un article expliquant la position du parti bolchevique sur le [[Groupes ethniques d'Union soviétique|problème des nationalités]]. Lénine, qui profite de ce travail pour évaluer Staline, lui accorde dès lors sa confiance. Début 1913, il se trouve à [[Vienne (Autriche)|Vienne]], en même temps que TrotskyTrotski, sous le faux nom de Stavros Papadopoulos (une [[:commons:Category:Gedenktafel für Josef Stalin (Wien, Schönbrunner Schlossstraße 30)|plaque se trouve sur la maison]] dans laquelle il a séjourné)<ref>[https://www.bbc.com/news/magazine-21859771 "1913: When Hitler, Trotsky, Tito, Freud and Stalin all lived in the same place"], bbc.com, 18 avril 2013.</ref>{{,}}<ref>[https://www.radiofrance.fr/franceculture/vienne-1913-1899735 "Vienne 1913"] par Alexis Ipatovtsev, France Culture.</ref>{{,}}<ref group ="Note">En 2013, plusieurs médias évoqueront la résidence simultanée à Vienne en 1913 de Joseph Staline, [[Léon Trotski]], [[Adolf Hitler]] et [[Josip Broz Tito|Josip Broz]], futur Tito.</ref>. Ensuite Staline ne quittera plus la Russie avant 1943, pour la [[conférence de Téhéran]]{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}.
 
Son dernier pseudonyme, Staline, apparaît publiquement pour la première fois le {{Date-|25|janvier|1913}}, dans la signature « K. Staline », à la fin de son article ''[[Le Marxisme et la Question nationale]]'' dans le journal ''[[Pravda|La Pravda]]''. Le mot ''stal'' veut dire [[acier]] en [[russe]]<ref>''Staline'', [[Jean Elleinstein]], {{p.|137}}.</ref>. Cet article l'ayant fait connaître des militants bolcheviks et établi sa réputation dans le parti, il conservera ce nom pour le restant de sa vie<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Simon Sebag Montefiore|titre=Young Stalin|passage=267-267|lieu=Londres|éditeur=Vintage|dateannée=2007|pages totales=528|passage=267-267|isbn=9781400096138|consulté le=4 mai 2023}}</ref>.
[[Image:Stalin in exile 1915 Colour.jpg|thumb|upright|Staline en exil, 1915.]]
Le {{douteux|{{Date|8|mars|1913}}|Simon Sebag Montefiore situe l’arrestation en février}}, il est arrêté à [[Saint-Pétersbourg]], où il est détenu six mois avant d'être condamné à quatre ans de déportation en [[Sibérie]], en {{date-|juillet 1913}} ; cette peine relativement légère alimente encore des soupçons : Staline était-il un des nombreux [[Agent double|agents doubles]] de l’[[Okhrana]] au sein du mouvement bolchevique{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}} ? Quoi qu’il en soit, il arrive à [[Krasnoïarsk]] en [[1914]] puis réside à [[Koureïka (ville)|Koureïka]] jusqu'en {{date-|octobre 1916}}<ref name="Elleinstein p140">''Staline'', [[Jean Elleinstein]], {{p.|140}}.</ref>. Les lettres qu’il envoie durant cet exil sont {{citation|pitoyables}}{{selon qui}}, mais il en parle ultérieurement comme de l’une des périodes les plus heureuses de sa vie, faite de pêche, de chasse et d’expéditions sauvages{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}.
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=== Communisme de guerre (1917-1922) ===
[[Fichier:Stalin 1917-1.2.jpg|gauche|vignette|Joseph Staline en 1917.]]
Après la chute du [[tsar]]isme et l'abdication de [[Nicolas II]] lors de la [[révolution de Février]] [[1917]], Staline, dès son retour de [[Sibérie]] le {{date|12|mars|1917}}, prend en main la direction du Parti à [[Saint-Pétersbourg|PétrogradPetrograd]], ainsi qu’un poste de rédacteur à la [[Pravda]]. Il prône alors la politique du « soutien critique » au [[Gouvernement provisoire (Russie)|gouvernement provisoire]] d'[[Alexandre Kerenski]], contrairement à [[Viatcheslav Molotov|Molotov]], défenseur d’une politique hostile à ce gouvernement{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}. Néanmoins, dès le retour d'exil de [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]], il se range très rapidement aux ''[[Thèses d'avril]]''. Celles-ci avancent l'idée que la tâche des [[Bolcheviks|bolchevik]]s est de préparer la révolution [[socialisme|socialiste]], seule à même, selon [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]], de donner le pouvoir au peuple et d'arrêter la guerre. À l'été [[1917]], il est membre fondateur du [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]] avec [[Léon Trotski]] ; il commence alors à percevoir Trotski comme un obstacle à sa carrière{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}. Il aide Lénine lors de sa fuite en [[Finlande]], le dissimulant et l’escortant jusqu’à sa mise en sécurité{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}.
 
Exécutant dévoué, Staline ne joue aucun rôle de premier plan dans la [[révolution d'Octobre]] mais il a l'habileté, depuis son adhésion, de s'aligner systématiquement sur les positions de Lénine. Cela lui permet bien plus tard de reprocher comme des crimes à ses camarades la moindre divergence antérieure avec Lénine. Il est également intermédiaire de nombre de communications de Lénine entre les deux révolutions ; en effet, les autres bolcheviks le considèrent moins intéressant pour la police{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}.
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Staline, d'origine géorgienne, est nommé « commissaire aux [[Nationalités en Union soviétique|nationalités]] » dans le [[Conseil des commissaires du peuple (URSS)|Conseil des commissaires du Peuple]].
[[Fichier:Stalin 1920-1.jpg|vignette|redresse|Joseph Staline en 1920.]]
Pendant la [[guerre civile russe]], il est commissaire bolchevique à [[Volgograd|Tsaritsyne]] (future [[Volgograd|Stalingrad]]), se faisant remarquer par sa propension à attribuer à des « saboteurs » tous les problèmes rencontrés, par sa méfiance viscérale des « experts » et autres « spécialistes bourgeois » « recyclés » par le nouveau régime, méfiance qui ne le quittera jamais, et par son absence complète de sentiment lorsqu'il prend des mesures radicales et ordonne des exécutions en nombre. Il s'y heurte déjà à [[Léon Trotski]], chef suprême de l'[[Armée rouge]]<ref>{{Ouvrage |langue= fr|lien auteur1=Pierre Broué|prénom1=Pierre |nom1=Broué |lien auteur1=Pierre Broué |titre=Trotski |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] |année=1986 |passage=p.260-261 |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>, qui défend le « recyclage » de ces spécialistes que Staline exécute dès qu’il en a l’occasion. Staline y apprend également à utiliser la mort comme instrument politique, et confie : {{citation|La mort résout tous les problèmes. Plus d’homme, plus de problème.}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}. Il prend le contrôle de l’Armée rouge engagée à Tsaritsyne, se confrontant ainsi de plus en plus souvent à Trotski.
 
C'est aussi à Tsaritsyne qu'il se forge un clan de fidèles qui l'aideront vers la marche au pouvoir : les chefs de la cavalerie rouge [[Kliment Vorochilov]] et [[Semion Boudienny]] en premier lieu, bientôt rejoints par des compatriotes du [[Caucase]] ([[Grigory Ordjonikidze]]), ainsi que d'autres responsables bolcheviques unis par la détestation de Trotski. Cet épisode lui vaut d’être remarqué à nouveau et rappelé à Moscou par Lénine, qui accorde une grande valeur à l’impitoyabilité dont Staline a fait preuve, en dépit du gâchis d’hommes en découlant. C’est lors de son retour à Moscou qu’il épouse [[Nadejda Allilouïeva-Staline|Nadia]]{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}.
 
Pendant la guerre civile, Staline noue des relations étroites avec la police politique, la [[Tchéka|Tcheka]], notamment avec son fondateur et chef suprême, [[Félix Dzerjinski]]. Cette alliance avec la police, clé du futur régime stalinien, se renforce d'année en année : par exemple, Staline confie aux tchékistes la gestion et l'éducation de sa propre famille<ref group ="Note">Sur la naissance du groupe de Tsaritsyne et son importance cruciale par la suite, {{harvsp|Broué|1986|p=261|loc=|id=}}. Sur les liens personnels de Staline avec la police politique, {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Simon|nom1=Sebag Montefiore|traducteur=Florence {{smcp|La Bruyère}} et Antonina {{smcp|Roubichou-Stretz}}|titre=Staline|sous-titre=La cour du tsar rouge|volume=I. 1929-1941|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]|année=2010|pages totales=723|isbn=978-2-262-03434-4}}.</ref>.
 
En 1920, nommé [[commissaire politique]] sur le front polonais, Staline refuse de transférer sa cavalerie au général [[Mikhaïl Toukhatchevski]], faisant échouer la [[Bataille de Varsovie (1920)|bataille de Varsovie]] et entraînant la défaite soviétique dans la [[guerre soviéto-polonaise]]. Staline fait payer cet échec à Toukhatchevski durant les [[Grandes Purges]]{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}.
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Bureaucrate laborieux et discret, Staline gravit silencieusement les échelons et devient [[Secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique|secrétaire général du parti]] le {{Date-|3|avril|1922}}, à la suite de manigances{{Passage non neutre||date=février 2021}} de Lénine et [[Lev Kamenev]]{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}. Il transforme rapidement cette fonction, à l’origine administrative, en fonction la plus importante du pays.
 
Cette même année 1922, avec son compatriote [[Grigory Ordjonikidze]] et profitant de son nouveau poste de secrétaire général, Staline planifie l'invasion de leur pays d'origine, la [[Géorgie (pays)|Géorgie]], dont le gouvernement [[mencheviks|menchevik]] était régulièrement élu et l'indépendance internationalement reconnue, y compris par [[Moscou]]. {{Référence nécessaire|Les violences qui accompagnent ce rattachement forcé à l'Union soviétique provoquent la colère impuissante de Lénine, dont la santé se dégrade rapidement.|date=8  février  2021}}
 
=== NEP, mort de Lénine et éviction de Trotski ===
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Pour parvenir au pouvoir suprême, Staline s'appuie sur la [[bureaucratie]] naissante, sur la police, sur son clan de fidèles et sur un jeu habile d'alliances successives avec les diverses factions au sein du Parti. Pendant la guerre civile, Lénine apprécie Staline comme un exécutant efficace et discipliné, qui lui a assuré que « [sa] main ne tremble[rait] pas », mais leurs relations politiques et personnelles se dégradent sensiblement en [[1922]]-[[1923]]. Face à la dégradation de son état de santé, le Politburo enjoint à Lénine de ne pas travailler plus de dix minutes par jour. Il est, en réalité, presque captif de Staline : il ne reçoit plus d'information, ses médecins sont circonvenus, ses secrétaires intimidées, etc. Lorsque Lénine tente de travailler davantage, Staline tance vertement [[Nadejda Kroupskaïa]], l'épouse de Lénine, l’insultant et la menaçant de trouver une autre épouse à Lénine. Il tient également des propos méprisants sur elle devant ses camarades : {{citation|Pourquoi devrais-je me mettre sur mes pattes de derrière pour elle ? Coucher avec Lénine ne garantit pas automatiquement la compréhension du marxisme-léninisme. Juste parce qu’elle se sert des mêmes toilettes que Lénine…{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}}}.
[[Fichier:Ordzhonikidze, Stalin and Mikoyan, 1925.jpg|alt=Anastase Mikoyan, Joseph Staline et Grigory Ordzhonikidze à Tbilissi, en 1925.|vignette|Joseph Staline entouré de ses alliés [[Anastase Mikoïan]] et [[Grigory Ordjonikidze]] à [[Tbilissi]] en 1925.]]
Avant la mort de [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]] en janvier [[1924]], Staline exerce déjà une autorité considérable. Sa fonction, apparemment technique, de secrétaire général du [[Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique|Comité central]], sa qualité de membre du [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]] et de l'[[Orgburo]], lui permettent de maîtriser un nombre croissant de leviers de pouvoirs, dont notamment la nomination de cadres du Parti : il peut ainsi placer ses fidèles aux postes-clé de l'appareil. {{Référence nécessaire|En apparence terne et peu porté aux discours théoriques brillants, c'est un intrigant qui tient durant des années le rôle du modéré, et laisse aux divers groupes le soin de s'invectiver et de se discréditer les uns les autres, tout en tissant sa toile.|date=8  février  2021}} Maints vétérans du Parti, mais plus encore les nouveaux bureaucrates d'origine plébéienne qu'il promeut en nombre, se reconnaissent facilement en ce personnage d'apparence bonhomme, bon vulgarisateur, qui se tait à la plupart des réunions et fume tranquillement sa pipe entre deux paroles apaisantes<ref group ="Note">Sur cette « [[Plèbe|plébéinaisation]] du Parti » et son rôle dans l'ascension de Staline, [[Marc Ferro]], ''Naissance et effondrement du régime soviétique'', Hachette Pluriel, 1997.</ref>. Il leur convient mieux qu'un [[Léon Trotski|Trotski]] solitaire et trop brillant{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}, qui les critique âprement, et qui n'a pas su se tisser de réseaux dans un Parti qu'il n'a rejoint qu'en [[1917]].
 
Cependant, Lénine redoute le clivage entre Staline et Trotski, qui pourrait mettre à mal le Parti. Mais après la mort de Lénine, Staline empêche la publication du « [[testament de Lénine]] », dans lequel ce dernier écrivait : {{Citation|Staline est trop brutal, et ce défaut parfaitement tolérable dans notre milieu et dans les relations entre nous, communistes, ne l’est pas dans les fonctions de secrétaire général. Je propose donc aux camarades d’étudier un moyen pour démettre Staline de ce poste et pour nommer à sa place une autre personne qui n’aurait en toutes choses sur le camarade Staline qu’un seul avantage, celui d’être plus tolérant, plus loyal, plus poli et plus attentif envers les camarades, d’humeur moins capricieuse, etc.<ref>Post-scriptum du [http://marxists.org/francais/rosmer/works/msl/msl00c.htm Testament de Lénine] (4 janvier 1923).</ref>}} En dépit des vœux de Lénine et de sa famille, Staline le [[Déification|sacralise]], le faisant [[Embaumement|embaumer]] et installer dans un [[Mausolée de Lénine|mausolée provisoire]] sur la [[place Rouge]]{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}.
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=== Prise de pouvoir et « grand tournant » ===
Staline ayant pris la succession de Lénine, il abandonne peu à peu la direction collégiale pour progressivement imposer, en s'appuyant sur la [[bureaucratie]] née lors de la guerre civile, un régime [[totalitarisme|totalitaire]]. Le pouvoir oligarchique absolu est mis en place progressivement<ref group ="Note">[[Boris Souvarine]], dans sa biographie pionnière de Staline, utilise longuement le concept d'« [[oligarchie]] » dirigeante pour décrire le régime bolchevique né dès la [[révolution d'Octobre]], auquel Staline substitue son pouvoir personnel en s'appuyant sur la bureaucratie née par la suite. ''Staline. Aperçu historique du bolchevisme'', Plon, 1935.</ref>. Le processus est achevé à la fin des [[années 1930]].
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-R80329, Josef Stalin.jpg|vignette|Joseph Staline fumant sa fameuse pipe [[Alfred Dunhill|Dunhill]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Guy Hentsch|titre=Staline négociateur. Une diplomatie de guerre|éditeur=[[Éditions La Baconnière|Éditions de la Baconnière]]|année=1967|passage=292}}.</ref>.]]
Staline ayant pris la succession de Lénine, il abandonne peu à peu la direction collégiale pour progressivement imposer, en s'appuyant sur la [[bureaucratie]] née lors de la guerre civile, un régime [[totalitarisme|totalitaire]]. Le pouvoir oligarchique absolu est mis en place progressivement<ref>[[Boris Souvarine]], dans sa biographie pionnière de Staline, utilise longuement le concept d'« [[oligarchie]] » dirigeante pour décrire le régime bolchevique né dès la [[révolution d'Octobre]], auquel Staline substitue son pouvoir personnel en s'appuyant sur la bureaucratie née par la suite. ''Staline. Aperçu historique du bolchevisme'', Plon, 1935.</ref>. Le processus est achevé à la fin des [[années 1930]].
 
Considérant que c'est sous les formes nationales de la lutte prolétarienne que l'on peut défendre avec succès les intérêts internationaux du prolétariat (« La théorie léniniste de la révolution est en même temps la théorie du développement de la révolution mondiale »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=J. Staline|titre=Les questions du léninisme|lieu=Moscou|éditeur=Editions en langues étrangères|année=1947|pages totales=639|passage=114}}.</ref>), ce qui en amène certains à estimer qu'il fut peu porté sur l'[[internationalisme]], Staline désigne sa politique sous le nom de « [[marxisme-léninisme]] » et de « [[socialisme dans un seul pays]] ». Presque jamais sorti de Russie, méprisant envers le [[Internationale communiste|Komintern]] (« la boutique »<ref group ="Note">L'agent du NKVD Krivitsky, passé à l'Ouest à la fin des années 1930, a appris à Boris Souvarine que telle était la dénomination méprisante dont Staline affublait en privé la {{IIIe}} Internationale. ''Cf.'' Sophie Cœuré, ''La Grande lueur à l'Est. Les Français et la révolution russe 1917-1939'' Seuil, 1998.</ref>), il ne croit pas à une révolution mondiale qui n'en finit pas de se faire attendre et veut compter sur les seules forces de l'Union soviétique. Il ne croit plus non plus à une [[Nouvelle politique économique|NEP]] qui n'en finit pas d'agacer les planificateurs, tant à cause de ses [[externalité]]s (la « [[Effet ciseaux|crise des ciseaux]] ») que de son caractère non orthodoxe au regard de l'idéologie marxiste. Hanté comme tous les bolcheviks par la possibilité d'une prochaine confrontation avec les pays [[Capitalisme|capitalistes]], il veut accélérer à tout prix la modernisation industrielle pour s'y préparer. C'est le sens de son fameux discours au {{XVIe|congrès}} du Parti (juin [[1930]]) où il martèle que « chaque fois que la Russie a été en retard, nous avons été battus ». D'où, à partir de fin 1928, la priorité absolue que Staline accorde à l'accumulation du capital par pressurisation de la paysannerie (jusque-là ménagée par la NEP), au développement « à toute vapeur » des moyens de production et de l'industrie lourde.
 
Entre 1929 et 1933, Staline met en place la {{citation|[[Collectivisation en Union soviétique|collectivisation]]}} des terres. Il livre en fait ce qui est peut-être considéré comme la dernière guerre paysanne de l'histoire européenne. En 1934, l'objectif est atteint, mais à un prix exorbitant :
* la moitié du [[cheptel]] a été abattue sur place par les paysans ;
* les riches terres à blé d'[[Ukraine]] et d'autres régions ont été ravagées par la [[Holodomor|famine de 1932-1933]] {{incise|entre quatre et dix millions de morts selon les estimations<ref group ="Note">Le chiffre de six millions de morts semble cependant être plus proche de la réalité.</ref>{{,}}<ref name="Skliarov">Sergueï Skliarov, « Grande Famine : un silence de mort à Moscou » dans ''Nezavissimaïa Gazeta'', cité dans ''[[Courrier international]]'' du {{date-|23 novembre 2007}}, {{lire en ligne|lien=https://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=80068}}.</ref>}} que Staline n'a rien fait pour empêcher, en admettant qu'il ne l'a pas délibérément provoquée ;
* fuite anarchique de {{nobr|25 millions}} de campagnards vers des villes vite surpeuplées ;
* plus de deux millions de prétendus [[koulak|''koulaks'']], paysans supposés {{citation|riches}}, déportés par familles entières en [[Sibérie]] et abandonnés sur place à leur sort<ref>[[Nicolas Werth]], « Un État contre son peuple », dans ''[[Le Livre noir du communisme|Le Livre Noir du Communisme]]'', Robert Laffont, 1997.</ref>…
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Le système des [[kolkhoze|''kolkhozes'']] et des [[sovkhoze|''sovkhozes'']] permet à l'État d'acheter à vil prix les récoltes et de financer l'industrialisation. Mais devant la résistance passive des paysans, systématiquement sous-productifs, Staline leur concède un lopin privé de terre en 1935 : à la fin de la décennie, ces derniers produisent 25 % des récoltes sur 3 % des terres, la majorité des fruits et légumes d'URSS ainsi que 72 % du lait et de la viande<ref>[[Oleg Khlevniouk]], ''Le Cercle du Kremlin'', Seuil, 1996.</ref>. La Russie, premier exportateur de céréales du monde sous les tsars, devient pays importateur. À [[Winston Churchill]], Staline dira que la collectivisation représenta pour lui une épreuve « pire que la guerre ». Selon [[Anne Applebaum]], si Staline a brisé la continuité de l'histoire russe, c'est bien dans les campagnes.
 
À partir de 1929, l'importance du [[Gosplan|GOSPLAN]] (Государственный плановый комитет, créé par Lénine — décret du Conseil des Commissaires du Peuple en date du {{date|21 février 1921}}) s’accroît en raison de l'organisation de la planification économique sur une base désormais quinquennale<ref group ="Note">Sur le GOSPLAN et les plans quinquennaux, voir la ''Grande Encyclopédie Soviétique'', articles Государственный плановый комитет et Пятилетние планы развития народного хозяйства, [http://dic.academic.ru/contents.nsf/bse/ en ligne].</ref>. Cet organisme d'État rigide est chargé de la mise en place et de l'exécution de cette planification impérative et très ambitieuse. Le premier plan quinquennal ([[1929]]-[[1933]]) fait de l'URSS de Staline un pays [[productivisme|productiviste]] vivant dans l'obsession d'accomplir et de dépasser des normes de production toujours rehaussées. Staline rétablit le salaire aux pièces et le livret ouvrier, allonge la journée de travail, encourage la naissance d'une nouvelle [[aristocratie]] ouvrière en patronnant le [[Stakhanovisme|mouvement stakhanoviste]] ([[1935]]) et fait punir d'envoi au [[Goulag]] tout retard répété de plus de 10 minutes. En quelques années, le pays change radicalement d'aspect et se couvre de grands travaux en partie réalisés par la main-d'œuvre servile du [[Goulag]] : [[métro de Moscou]], villes nouvelles, canaux, barrages, énormes usines… Mais le prix est tout autant démesuré : gouffre financier, [[inflation]], gaspillages, travaux bâclés à l'origine du « mal-développement » dont l'URSS périra en [[1991]]. Le sacrifice délibéré des industries de consommation et la pression exercée sur la [[classe ouvrière]] font que sous le [[Planification en URSS#Premier plan quinquennal 1928 - 1933|Premier Plan]], le niveau de vie des ouvriers soviétiques baisse de 40 %<ref>Sur le {{Ier|plan}}, Allessandro Monigli, ''Staline et le Stalinisme'', Casterman, 1995.</ref>.
 
À partir de [[1934]], un tournant réactionnaire est également effectué dans le domaine des mœurs : culte de la « famille socialiste », retour de l'interdiction de l'[[avortement]] et de la répression de l'[[homosexualité]], alors que la révolution avait apporté dans ces domaines une "libéralisation" tant par rapport à la situation antérieure que par rapport aux pays occidentaux<ref>{{Article|langue=fr-FR|titre=Le nouveau Code du mariage et de la famille de la R.S.F.S.R.|périodique=Revue internationale de droit comparé|volume=22|numéro=3|lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/ridc_0035-3337_1970_num_22_3_15764|consulté le=2017-11-22|année=1970}}.</ref>. Staline restaure aussi le titre de [[Maréchal (armée)|maréchal]], revient au [[nationalisme]] grand-russe, à l'[[Art académique|académisme]] dans l'art, à la libre consommation de la [[vodka]]. Enfin, en [[1935]], Staline ramène l'âge limite pour la [[peine de mort|condamnation à mort]] à douze ans.
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Certains [[Marxisme|marxistes]] se réclamant de [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]] s'opposent alors au « [[marxisme-léninisme]] » de Staline : les [[trotskisme|trotskistes]] dénoncent la dictature à l'intérieur du Parti, les [[bordiguisme|bordiguistes]] dénoncent la politique économique de Staline comme une forme de [[capitalisme d'État]] (analyse partagée par les « décistes » du groupe [[Timofeï Sapronov|Sapronov]]). Des organisations communistes anti-staliniennes se créent à partir des [[années 1920]]. L’[[Opposition communiste internationale]] est créée en [[1930]].
 
Au {{XVIIe|Congrès}} du [[Parti communiste de l'Union soviétique|PCUS]], dit ''Congrès des Vainqueurs'' (février [[1934]]), les pires difficultés du Grand Tournant semblent passées. Le nom de Staline est acclamé et cité plusieurs dizaines de fois dans chaque discours. Lui-même multiplie les signes d'apaisement envers les anciens opposants et de libéralisation pour la société soviétique. Mais il mesure aussi la persistance sourde des critiques à son encontre : il n'est réélu au [[Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique|Comité central]] qu'en dernier de la liste, son nom étant rayé plus d'une centaine de fois<ref group ="Note">Selon [[Jean-Jacques Marie]], ''Staline'', {{opcit}}. Les vrais résultats furent dissimulés et Staline officiellement réélu avec seulement trois bulletins contre lui. La commission de dépouillement fut presque intégralement assassinée pendant les [[Grandes Purges]].</ref>. Le but des [[Grandes Purges]] sera notamment d'anéantir les dernières potentialités de résistance au sein du Parti et de la population. De [[1936]] à [[1938]], les [[procès de Moscou]] sont montés pour éliminer les [[vieux bolcheviks]] opposantss'opposant ou s’étant opposés à Staline. Trotski sera par ailleurs assassiné en [[1940]] au [[Mexique]] par [[Ramón Mercader|Ramon Mercader]], un militant communiste espagnol devenu agent du [[NKVD]].
 
=== Grandes Purges, refondation définitive du pouvoir de Staline ===
{{Article connexe|Grandes Purges}}
[[FileFichier:Делегаты XVII съезда ВКП(б).jpg|vignette|[[Mir Jafar Baghirov|Baghirov]], [[Lavrenti Beria|Beria]], [[Nikolaï Iejov|Iejov]], [[Aghasi Khanjian|Khanjian]] et {{lien|Robert Eikhe|texte=Eikhe}} en 1934. Les trois derniers seront exécutés pendant ou à la suite des Grandes Purges, les deux premiers après la mort de Staline.]]
En {{date-|décembre 1934}}, [[Sergueï Kirov]], chef du Parti à [[Saint-Pétersbourg|LéningradLeningrad]], est assassiné. Or Kirov était alorsà ce moment-là, le plus populaire des dirigeants soviétiques et, celui élu avec le plus grand nombre de voix au [[Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique|Comité central]],. Il constituait dès lors une alternative potentielle au poste de secrétaire général occupé par Staline (le plus mal élu de tous les candidats). Par cette élimination, ce dernier faisait d'une pierre deux coups : il éliminait son concurrent le plus plausible et pouvait se servir de la réprobation publique pour monter une campagne de purges dans le Parti et à l'extérieur dans les années suivantes. La grande terreur stalinienne commence le soir même alors qu'il fait promulguer un décret suspendant toutes les garanties de droit et rendant sans appel les sentences de mort prononcées par les juridictions spéciales du [[NKVD]]. Il débarque en personne à Leningrad et en fait déporter des milliers d'habitants.
 
En août [[1936]], le premier des trois [[procès de Moscou]] engage la liquidation physique de la vieille garde bolchevique. Staline se débarrasse définitivement de ses anciens rivaux des années 1920, déjà vaincus politiquement depuis longtemps.
 
Au-delà, il entreprend de remplacer ceux qui l'ont soutenu et aidé dans les [[années 1920]]-[[années 1930|1930]] par une nouvelle génération de cadres. Les jeunes promus de la « génération de [[1937]] » ([[Nikita Khrouchtchev|Khrouchtchev]], [[Lavrenti Beria|Beria]], [[Gueorgui Malenkov|Malenkov]], [[Andreï Jdanov|Jdanov]], [[Léonid Brejnev|Brejnev]], etc.) n'ont connu que Staline et lui doivent tout. Ils lui vouent un culte sans réserve, là où la précédente génération voyait davantage en Staline son patron ou un ''primus inter pares'' qu'un dieu vivant, et n'hésitait pas à le critiquer parfois avec loyauté mais franchise<ref group ="Note">Nombreux exemples de la relative distanciation que ses premiers fidèles conservaient envers Staline et son culte dans Simon Sebag Montefiore, ''Staline. La Cour du Tsar Rouge'', ''op. cit''., ou encore [[Oleg Khlevniouk]], ''Le Cercle du Kremlin'', ''op. cit''.</ref>. Entre 1937 et [[1939]], Staline planifie l'élimination de la moitié du Politburo, des trois quarts des membres du Parti ayant adhéré entre 1920 et 1935, etc. La Terreur n'épargne aucun organisme : des coupes claires frappent les divers ministères, [[Gosplan]], [[Internationale communiste|Komintern]], [[Armée rouge]] et même à terme l'encadrement du [[Goulag]] et les policiers du [[NKVD]]. Le commissaire du Peuple à l'intérieur ayant lancé les Purges, [[Guenrikh Iagoda]], est arrêté en 1936 et exécuté sous ordre de son successeur [[Nikolaï Iejov]], qui connaît ensuite le même sort.
 
Les [[Grandes Purges]] permettent également à Staline d'éliminer radicalement tous les éléments socialement suspects et tous les mécontents suscités par sa politique. Alors que les tensions diplomatiques s'accumulent en [[Europe]] depuis l'avènement d'[[Adolf Hitler]], et que le déclenchement de la [[guerre d'Espagne]] en juillet [[1936]] fait craindre l'irruption d'un nouveau conflit général, Staline entend éliminer tout ce qui pourrait constituer une « [[cinquième colonne]] » de l'ennemi en cas d'invasion. Une série d'opérations frappe par centaines de milliers les dékoulakisés appauvris par la collectivisation, les vagabonds et marginaux engendrés par cette dernière, les anciens membres des classes dirigeantes et leurs enfants, tous les individus entretenant ou ayant entretenu des relations avec l'étranger (corps diplomatique, anciens combattants d'Espagne, agents du [[Internationale communiste|Komintern]], et, ainsi que le montre [[Robert Conquest]], jusqu'aux espérantistes<ref>Voir l'étude historique ''[[La danĝera lingvo]]'' d'Ulrich Lins.</ref>, aux philatélistes et aux astronomes !{{refsou}}).
 
À plus court terme, Staline fournit aussi à la population des boucs émissaires aux difficultés du quotidien, en rejetant tout le mal sur une pléthore de « saboteurs ». Il règle ses comptes avec les techniciens et les spécialistes compétents, qui ont souvent osé contredire ses directives et ses objectifs irréalistes et dont il se méfie depuis toujours en raison de leur faible présence au Parti ; il les remplace par une génération de nouveaux spécialistes issus des couches populaires et qui, formés sous le {{Ier}} Plan, n'ont connu que la révolution et son régime. Il brise aussi les réseaux clientélistes et les fiefs géographiques ou ministériels que se sont constitués les membres du gouvernement et du [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]], ou bien, à tous les échelons, les responsables du Parti et les chefs de [[Goulag]]. Il entretient plus largement une atmosphère de suspicion généralisée qui brise les solidarités amicales, familiales ou professionnelles<ref group ="Note">Ces mécanismes et objectifs de la Grande Terreur ont été analysés par [[Oleg Khlevniouk]], ''Le Cercle du Kremlin'', ''op. cit.'', ou encore par [[Nicolas Werth]], ''La terreur et le désarroi. Staline et son système'', Perrin, 2007.</ref>.
 
Pareillement, Staline considère que les minorités nationales frontalières sont par définition suspectes : aussi ordonne-t-il la [[déportation]] de centaines de milliers de [[Polonais]] et de [[Baltes]], ou le [[transfert de population|transfert]] en [[Asie centrale]] de {{unité|170000|[[Coréen]]s}}. Mais c'est aussi la [[sédentarisation]] forcée des populations nomades, notamment au [[Kazakhstan]], qui se solde par un désastre démographique et la perte de nombreuses traditions culturelles<ref>[[Anne Applebaum]], ''Goulag, une histoire'', Grasset, 2003. Voir aussi [[Robert Conquest]], ''La Grande Terreur'', Robert Laffont, 1977.</ref>.
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Des documents du [[Internationale communiste|Komintern]] montrent cependant que même dans ces années où il fait figure d'allié des démocraties, Staline n'a pas renoncé à l'espoir secret d'un pacte avec Hitler, qui mettrait à l'abri l'URSS et lui garantirait en outre des bénéfices territoriaux. Il fait régulièrement modérer les attaques de la presse contre le régime nazi, ou tente quelques sondages secrets à [[Berlin]]<ref>[[Jean-Jacques Marie]], ''Staline'', [[Librairie Arthème Fayard|Fayard]], 2001.</ref>. Les [[procès de Moscou]] et les purges qui meurtrissent l'[[Armée rouge]] troublent les démocraties occidentales, où l'anticommunisme reste très fort, et les font douter des capacités militaires soviétiques.
 
En [[1938]], Staline est furieux que son pays n'ait pas été convié à la conférence qui décide des [[accords de Munich]] ([[30 septembre]]) et craint une entente des Occidentaux avec Hitler contre l'URSS. Staline fait clairement savoir à Berlin, début [[1939]], que [[Moscou]] se liera au plus offrant. Mais persuadé que la guerre avec les nazis est inévitable, il décide le transfert des usines d'armement vers l'est (au-delà de Moscou) et arrête la stratégie de l'Armée rouge pour cette confrontation. Ce sera une posture défensive, copie de celle de [[Mikhaïl Koutouzov]] devant [[Napoléon Ier|Napoléon]] en [[1812]] et qui prend en compte la possibilité d'une invasion en profondeur. La prise des capitales, Moscou et LéningradLeningrad, qui seront protégées par des troupes d'élite, est, cette fois, exclue. Staline table sur l'usure des troupes d'élite allemandes qu'Hitler devra engager dès le début de l'attaque, scénario qui se vérifiera complètement devant Moscou et partiellement devant LéningradLeningrad.
 
Le {{date|12 août 1939}}, les plénipotentiaires de la [[France]] et du [[Royaume-Uni]] sont en visite en URSS afin de tenter – bien tardivement et sans conviction – de refonder l’alliance de [[1914]], après avoir refusé à de nombreuses reprises des propositions similaires faites auparavant par Staline<ref group ="Note">Churchill écrit à ce sujet : « L'offre des Soviétiques fut de fait ignorée. Ils ne furent pas mis à peser sur la balance contre Hitler et furent traités avec une indifférence, pour ne pas dire un dédain, qui marqua l'esprit de Staline. Les événements se déroulèrent comme si la Russie soviétique n'existait pas. Nous avons après-coup terriblement payé pour cela. » (''The Second World War'', {{vol.|1}}, {{p.|104}}).</ref>. Staline dénonce une absence de réelle volonté des démocraties occidentales de combattre Hitler et signe, le {{Date|23 août 1939}}, le [[pacte germano-soviétique]]. Un protocole secret prévoit le partage de l'[[Europe centrale]] en « zones d'influences » et les [[relations économiques entre l'Union soviétique et l'Allemagne nazie]] sont très fortement accrues permettant à Berlin d'accumuler des stocks vitaux de matières premières. Il gagne alors de l'espace et du temps, mais moins que prévu du fait de la [[Armistice du 22 juin 1940|rapide défaite]] de la France à l'ouest, qu'il interprète comme l'intégration de celle-ci à la puissance nazie.
 
=== Seconde Guerre mondiale ===
{{article détaillé|Histoire de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale}}
[[Fichier:JStalin Secretary general CCCP 1942 flipped.jpg|thumb|Staline vers 1942.]]
Avant le début de la [[Seconde Guerre mondiale]] en Europe, l'URSS remporte deux batailles de frontières contre le [[empire du Japon|Japon]] : la [[bataille du lac Khassan]] en 1938, puis la [[bataille de Khalkhin Gol]] en [[Mongolie]] en 1939. Le {{date-|17|septembre|1939}}, les troupes de Staline entrent en [[Pologne]] {{incise|jusqu'à sa frontière orientale actuelle}} et prennent à revers l'armée de ce pays qui se défend face à l’invasion nazie sur sa frontière occidentale, en cours depuis deux semaines. Le {{nobr|[[30 novembre]]}}, l'armée soviétique [[guerre d'Hiver|attaque]] la [[Finlande]] et, après des échecs spectaculaires et inquiétants, parvient à la faire plier en {{nobr|mars 1940}}, sous le nombre des assaillants.
 
Le {{date-|5|mars|1940}}, Staline fait contresigner par le [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]] son ordre d'exécuter sommairement plus de {{unité|20000|officiers}} et notables polonais capturés, qui seront en particulier enterrés près de [[Massacre de Katyń|Katyń]].
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Les archives et les témoignages concordent aujourd'hui pour prouver qu'il reste à son poste nuit et jour pendant la première semaine d'invasion, et qu'il prend aussitôt des mesures radicales, avec un bonheur très inégal<ref>[[Jean-Jacques Marie]], ''Staline'', ''op. cit.'', ou encore Simon S. Montefiore, ''Staline, La Cour du Tsar Rouge'', ''op. cit.'', décrivent avec précision les faits et gestes de Staline durant les premières heures et les premiers jours de l'invasion.</ref>.
Ce n'est que le {{date-|28 juin}}, après cinq jours et cinq nuits presque sans repos, et un heurt mémorable avec le général [[Gueorgui Joukov|Joukov]] qu'il part se reposer dans sa datcha.
Cependant, il n'est pas douteux que Staline ne s'est pas manifesté publiquement pendant les jours qui ont suivi le déclenchement de l'invasion, chargeant [[Viatcheslav Molotov|Molotov]] de lire un texte à la radio le {{date-|22 juin 1941-}}. De plus, le 29 juin, pour la première fois, aucune réunion n'était programmée au bureau de Staline au Kremlin. Molotov prend l'initiative de se rendre le 30 juin dans la datcha de Staline à Kountsevo avec [[Lavrenti Beria|Beria]], [[Gueorgui Malenkov|Malenkov]], [[Kliment Vorochilov|Vorochilov]], [[Anastase Mikoïan|Mikoïan]] et Voznessenski et propose de concentrer le pouvoir entre 5 membres, Staline à sa tête, Molotov, Béria, Malenkov et Vorochilov dans un [[Comité d'État à la Défense]] ''GKO''. Staline donne son accord et lance le {{date-|3 juillet 1941-}} à la radio un appel au peuple soviétique : {{Citation|Camarades, citoyens, frères et sœurs, combattants de notre armée et de notre marine ! Je m'adresse à vous, mes amis ! [...] Un grave danger pèse sur notre Patrie ! [...] Notre cause est juste [...] Ce n'est pas seulement une guerre qui se livre entre deux armées. C'est aussi la grande guerre du peuple soviétique contre les troupes fascistes allemandes.}} dans lequel, il s'adresse pour la première fois aux Soviétiques comme à des partenaires auxquels il demande de l'aide en utilisant les mots « frères et sœurs » à connotation religieuse<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean Lopez|auteur2=Lasha Otkhmezuri| titre= Barbarossa|passage=540sous-543titre=1941, la guerre absolue|lieu=Paris|éditeur=Passés composés|date=septembre 2019|pages totales=957|passage=540-543|isbn=978 2 3793 3186 2|lire en ligne=}}.</ref>.
 
Néanmoins, avant l’invasion nazie, Staline a refusé jusqu'au dernier moment de réagir aux rapports {{incise|de [[Leopold Trepper|Trepper]], [[Richard Sorge|Sorge]] et même [[Winston Churchill|Churchill]]}} qui le prévenaient depuis de longs mois de l'imminence d'une invasion, allant même jusqu'à menacer de liquider ceux qui s'en faisaient écho avec trop d'insistance. Il semble s'être laissé paralyser par la hantise d'une provocation [[Allemagne|allemande]], jugeant qu'une réaction préventive serait politiquement contre-productive : il se raccrochait désespérément à l'idée que l'année était trop avancée pour que [[Adolf Hitler|Hitler]] commette la même erreur que Napoléon. De ce fait, les troupes soviétiques n'ont été mises en alerte que très tard {{incise|le 22 juin à {{nobr|0 h}}, à la suite de l'ultime désertion d'un [[Alfred Liskow|soldat allemand]]}} et incomplètement, permettant par exemple que l'aviation allemande détruise partiellement l'aviation soviétique restée au sol. Le matin même du 22 juin, une partie de l'Armée rouge n'ose toujours pas ouvrir le feu, alors qu'une autre {{incise|à [[Brest (Biélorussie)|Brest-Litovsk]]}} résiste âprement et parvient à tenir près de six semaines.
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C'est le début du recul allemand. À la [[bataille de Koursk]] en {{nobr|été 1943}}, au cours de la plus grande confrontation de blindés de l'histoire, {{unité|500000|hommes}} et {{unité|1500|chars}} sont mis hors de combat.<br>
Du [[28 novembre]] au {{date|1er|décembre|1943}} il participe à la [[conférence de Téhéran]], avec [[Winston Churchill]] et [[Franklin Delano Roosevelt]], où les services secrets alliés découvrent l'[[opération Grand Saut]], un projet d'assassinat des participants.
 
Après ses erreurs dramatiques de 1941, Staline a su faire progressivement un réel apprentissage militaire, et surtout accepter de laisser une plus grande autonomie à ses généraux : il ne se rend jamais en personne au front. Par ailleurs, vis-à-vis de la société soviétique, il desserre l'emprise du gouvernement, noue une trêve avec les Églises, met l'accent sur la défense de la patrie plutôt que sur la révolution. Cependant, son pouvoir absolu reste intact et même renforcé : chef du gouvernement depuis {{date-|mai 1941}}, Staline se fait nommer commissaire à la Défense en [[Août 1941 (guerre mondiale)|août]], « commandant en chef suprême » en [[Juillet 1942 (guerre mondiale)|{{date-|juillet 1942}}]], maréchal en 1943, [[Généralissime de l'Union soviétique|généralissime]] en [[1945]]. ''[[L'Internationale]]'' cesse d'être l'[[Hymne de l'Union soviétique|hymne soviétique]] pour être remplacée par un [[Hymne de l'Union soviétique|chant patriotique]] qui mentionne son nom. C'est aussi la nature totalitaire du gouvernement qui lui permet d'imposer une stratégie d'offensive à tout prix et d'attaque frontale de l'ennemi, très coûteuse en hommes, [[Pertes humaines de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale|où les pertes humaines se dénombrent par millions]] : ce type de stratégie n’a plus cours en Occident depuis la fin de la [[Première Guerre mondiale|Grande Guerre]].
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Alors que les Alliés [[Débarquement de Normandie|débarquent en Normandie]] et s'approchent des frontières occidentales de l'Allemagne, les Soviétiques qui affrontent {{refnec|dix fois plus de divisions nazies à l'est|date=4 avril 2017}} continuent leur progression vers le centre du ''Reich''. {{refnec|Au total, la guerre à l'est aura permis de mettre hors de combat 80 % des effectifs de la ''Wehrmacht'' : sur {{nobr|783 divisions}} allemandes disséminées sur tous les fronts, 607 sont anéanties sous les feux soviétiques|date=4 avril 2017}}.
 
[[Joseph Goebbels|Goebbels]] avait énoncé l'un des objectifs idéologiques de la guerre à l'est : « La lutte contre le bolchevisme mondial est le but principal de la politique allemande ». Il faut ajouter à cela la volonté des Allemands de reconquérir ce qu'ils considèrent comme leur « espace vital » {{incise|le ''[[Lebensraum]]''}} et celle de réduire en esclavage les [[Slaves|peuples slaves]] considérés comme des « sous-hommes » : des ''Untermenschen''. En pratiquant une politique d'extermination contre les populations slaves et surtout [[Juifs|juives]]<ref group ="Note">Dès le début de l'invasion de l’URSS, par l'intervention des [[Einsatzgruppen]], exécutants de la Shoah par balles.</ref>, les nazis se sont eux-mêmes privés de la possibilité de bénéficier d’un soutien de la population soviétique parmi laquelle les mécontents de la dictature stalinienne étaient pourtant nombreux. Ils parviendront néanmoins à recruter un certain nombre de partisans, par exemple l'[[armée Vlassov]], une [[14e division SS (galicienne no 1)|division SS ukrainienne]] ; ainsi, des maquis anti-communistes subsisteront en [[Ukraine]] jusqu'à {{nobr|l'été [[1946]]}} et d’anciens SS ukrainiens rejoindront l'[[Armée insurrectionnelle ukrainienne]] {{incise|l'UPA}} en lutte contre l'Armée rouge jusqu'en 1948, et dans une moindre mesure jusqu'en [[1954]] pour ses derniers éléments.
 
La victoire se paye [[Pertes humaines de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale|au prix de millions de morts]] : environ {{unité|21000000|morts}} {{incise|{{nobr|13 millions}} de civils et {{nobr|8 millions}} de militaires<ref group ="Note">Voir le [[Pertes humaines de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale|tableau des pertes humaines]] de la guerre.</ref>}} ; le total de {{nobr|27 millions}} sera même annoncé à l'époque de la ''[[Perestroïka]]''. Et ces millions de morts doivent être ajoutés aux autres millions tombés au cours des catastrophes humaines qui ont précédé depuis le début du {{s-|XX}} : pertes de la [[Première Guerre mondiale]], guerre civile, élimination des opposants, déportations dans des régions inhospitalières et famines, soit un total de l'ordre de 20 % de la population soviétique, et 12 % pour le seul second conflit mondial.
 
En comparaison, au cours de la Seconde Guerre mondiale, les [[États-Unis]] ne perdent que 0,2 % de leur population, et la [[France]] 1,5 % de la sienne.
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Tous les témoignages concourent à montrer que lors de la victoire de 1945, la population espère conserver les espaces de liberté concédés pendant la guerre et ne pas revenir au système d'avant 1941. Mais au cours de l'été, Staline prend la décision de rétablir ce dernier à l'identique.
 
Les pays d'[[Europe de l'Est]] traversés sont placés sous le contrôle de l'URSS et y restent après la [[conférence de Yalta]]. Staline leur impose le modèle soviétique, notamment par le [[coup de Prague]] en [[1948]] et par la mise en place de gouvernements pro-soviétiques. En [[Tchécoslovaquie]], le seul pays de la sphère soviétique dotée d'une tradition démocratique, le [[Parti communiste tchécoslovaque|Parti communiste]] prend le pouvoir avec la bénédiction de Staline. Il crée en [[1947]] le [[Kominform]], un rassemblement de partis communistes européens à l'image de l'Internationale et dirigée par le [[Parti communiste de l'Union soviétique|PCUS]]. Impuissant à empêcher la rupture soviéto-yougoslave ([[1948]]), Staline développe une campagne intense contre [[Josip Broz Tito|Tito]], qu'il avait épargné au moment des [[Grandes Purges]], et multiplie les procès truqués de communistes disgraciés en Europe de l’Est, notamment à [[Prague]] où la plupart des accusés sont choisis parmi des Juifs ([[procès de Prague]] contre [[Rudolf Slánský]] et d'autres hauts dignitaires du [[Parti communiste tchécoslovaque]], [[1952]]). En [[1949]], il fait accéder son pays à l'[[arme nucléaire|arme atomique]], en partie grâce à ses réseaux d'espionnage aux États-Unis et aux prisonniers du Goulag et des ''[[charachka]]''. En [[Asie]], la politique stalinienne de l'après-guerre suit un cours sinueux : soutien au [[sionisme]] entre [[1946]] et [[1950]], suivi d'un net revirement anti-israélien et même [[antisémitisme|antisémite]]<ref>[[Arkady Vaksberg]], ''Staline et les Juifs'', Robert Laffont, 2003.</ref> ; accueil très réservé fait à la révolution chinoise (Staline fournit une aide aux communistes chinois, notamment en envoyant des instructeurs militaires, mais se méfie des dirigeants du [[Parti communiste chinois|PCC]], qui prennent le pouvoir essentiellement par leurs propres moyens), politique prudente en [[Corée]] mais suivie de 1950 à 1953 par la [[guerre de Corée]]<ref>{{Ouvrage|langue=Françaisfr|auteur1=Odd Arne Westad|titre=Histoire mondiale de la Guerre froide|passageéditeur=152[[Éditions - 154Perrin|éditeur=Perrin]]|dateannée=2019|pages totales=718|passage=152 - 154|isbn=}}.</ref>.
 
{{Article détaillé|Antisémitisme stalinien}}
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[[Fichier:100 Korun célébrant le 70e anniversaire de Staline.jpg|thumb|100 [[Couronne tchécoslovaque|couronnes tchécoslovaques]] célébrant le {{70e|anniversaire}} de Staline, le 21 décembre 1949.]]
 
Le système se reproduit dans certains partis communistes des pays frères, dont les dirigeants sont qualifiés de « meilleurs staliniens » de France, d'[[Italie]], etc. ([[Maurice Thorez]], [[Palmiro Togliatti]], [[Georgi Dimitrov]]…). Probablement repris de l'appellation d'[[Abraham]], le titre de « [[Père des peuples]] »<ref group ="Note">En français, la traduction la plus correcte retenue par l'Académie française est « [[Père des peuples]] » (voir la réponse au discours de réception de Hélène Carrère d'Encausse, ainsi que ses ouvrages), sans diminutif, bien que l'on trouve parfois, sous des plumes françaises le diminutif « petit », confusion avec d'autres surnoms historiques (le « petit père Combes »). La propagande veillait : ni la Pravda, ni le PCF n'utilisaient de diminutif, même chaleureux, pour parler de Staline de son vivant. Ses titres et surnoms se voulaient au contraire grandiloquents, accolant souvent l'épithète « génial » au « père des peuples ».</ref> (''Отец народов'') ou encore de « Grand guide des peuples » (''Великий вождь народов'') signale que Staline a réussi à s'identifier non seulement à la nation soviétique mais aussi à d'autres nations du monde grâce à sa victoire sur le nazisme qui lui confère un réel prestige dans le monde bien au-delà des seuls cercles communistes.
 
Le « second stalinisme » se caractérise aussi par un retour encore plus affirmé au [[nationalisme]] et au [[chauvinisme]], un renforcement de la [[russification]] et de la répression des minorités, une campagne [[antisémitisme|antisémite]] contre le « cosmopolitisme »<ref>[[Roy Medvedev]], ''Le Stalinisme'', 1971.</ref>.
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{{article détaillé|Funérailles de Joseph Staline}}
 
Souffrant depuis plusieurs années d'[[athérosclérose]], il avait déjà subi plusieurs [[attaques cardiaques]] qui l'avaient amené à arrêter de fumer et boire moins d'alcool au profit du [[thé]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|nom1=Zhores A. Medvedev|titre=The unknown Stalin|sous-titre=His Life, Death, and Legacy|lieu=New York|éditeur=Overlook|année=2005|passage=6|isbn=}}.</ref>.
 
Le soir du {{date|28|février|1953}}, après avoir réuni au [[Kremlin de Moscou|Kremlin]] un [[Præsidium du Soviet suprême|Præsidium]] de 25 membres au sujet du [[complot des blouses blanches]], Staline emprunte vers 23 heures une des trois [[ZIS 110|limousines ZIS 110]] devant le mener à sa [[datcha de Kountsevo]] (ancienne résidence d'été des princes d'{{page h'|Orlov}}<ref name="Ducret">{{Ouvrage|auteur1=[[Diane Ducret]], Emmanuel Hecht|titre=Les derniers jours des dictateurs|éditeur=L'Express/Perrin|année=2012|passage=221|isbn=}}.</ref>), près de [[Moscou]], les deux autres étant des leurres : chaque voiture prend un itinéraire différent chaque soir. Il prend son dîner dans le salon de la datcha en compagnie de [[Lavrenti Beria|Beria]], [[Gueorgui Malenkov|Malenkov]], [[Nikolaï Boulganine|Boulganine]] et [[Nikita Khrouchtchev|Khrouchtchev]] puis monte se coucher dans une de ses sept chambres, toutes fermées par une porte blindée<ref>{{Ouvrage|langue=en|nom1=[[Simon Sebag Montefiore]]|titre=Stalin|sous-titre=The Court of the Red Tsar|lieu=New York|éditeur=[[Alfred A. Knopf]]|année=2004|passage=189|isbn=}}.</ref>.
 
Staline ne se manifeste pas pendant toute la journée du [[1er mars|{{1er}} mars]] et ne commande aucun de ses repas, qu'il fait goûter par crainte d'empoisonnement, contrairement à son habitude. L'arrivée du courrier du comité central du Kremlin donne le prétexte de déranger Staline malgré ses consignes. Selon le garde du corps de Staline Alexandre Rybine, c'est l'officier de sécurité Piotr Lozgatchev qui force la porte et trouve Staline tout habillé (son pantalon de pyjama trempé d'urine<ref name="Ducret"/>), allongé sur le tapis, inconscient, frappé par une [[Accident vasculaire cérébral|attaque cérébrale]], vraisemblablement peu de temps après le départ de ses collaborateurs<ref>Alexandre Rybine, « Aux côtés de Staline », dans ''Sotsiologitcheskoe Issledovanie'' {{n°|3}}, 1988, {{p.|50}}.</ref>. Les ''Mémoires'' de Khrouchtchev mentionnent que c'est la vieille gouvernante de Staline Matrena Boutouzova qui le découvre ainsi. Les gardes déplacent Staline sur le canapé du salon avant de décider ce qu'il convient de faire. Son plus proche collaborateur [[Gueorgui Malenkov]], averti de la situation, téléphone à [[Lavrenti Beria|Beria]] seul habilité à autoriser un médecin à s'approcher de Staline (il soupçonnait ses médecins de vouloir le tuer) mais le chef de la police politique est introuvable<ref>Simon Sebag Montefiore, op. cité, {{p.|633}}.</ref>.
 
Dans la nuit du {{1er}} au [[2 mars]], le chef de la garde convoque les principaux collaborateurs de Staline à la datcha, dont [[Nikita Khrouchtchev|Khrouchtchev]], [[Nikolaï Boulganine|Boulganine]], [[Lavrenti Beria|Béria]], [[Gueorgui Malenkov|Malenkov]], qui découvrent alors Staline inconscient mais pas encore mort. Ayant peur de son courroux s'ils lui faisaient mal, ils attendent plusieurs heures avant d'appeler un médecin, alors que Staline avait déjà été frappé par cette attaque depuis plus de 24 heures. Selon certains témoignages, Béria s'opposa à la convocation de médecins, sachant que Staline préparait une purge qui le concernait (comme ses prédécesseurs à sa fonction) ; il avait donc tout intérêt à ce que Staline meure<ref>{{Lien web|url= https://www.youtube.com/watch?v=T0sOFFuqUPY|titre= Mystery of Stalin's Death (RT Documentary)|site= YouTube / RT|date= 16 décembre 2012|langue= en|format= vidéo|description= la thèse est évoquée à la {{16e}} minute}}</ref>. Molotov soupçonna que la [[Troïka (politique)|troïka]] Béria–Malenkov–Khrouchtchev, ainsi que Boulganine, pouvait profiter de la disparition du dirigeant<ref>{{ouvrageOuvrage|titreauteur1=[[Lilly Marcou]]|titre=Staline, vie privée|auteuréditeur= [[Lilly MarcouCalmann-Lévy]]|éditeurannée= Calmann-Lévy|commentaireisbn=}}{{Commentaire biblio|Se base sur l'ouvrage de Felix Tchouev, ''Conversations avec Molotov''.}}</ref>. Lorsque le médecin arrive, il est trop tard. Après 33 ans à la tête de l'URSS, Joseph Staline est déclaré mort le [[5 mars]] à 6 h du matin, à l'âge de 74 ans<ref>[http://www.histoire-en-questions.fr/personnages/stalinemort.html L'Histoire en questions].</ref>.
 
Selon le témoignage de sa fille [[Svetlana Allilouïeva|Svetlana]], Staline, au cours de sa longue agonie, aurait manifesté des moments de conscience avant de mourir. Selon un mémorandum de Beria publié conformément à ses souhaits après sa mort, le décès de Staline est attribué à un [[empoisonnement]] par l'un de ses rivaux, [[Viatcheslav Molotov]], pour achever Staline : victime d'une attaque lors de la discussion houleuse du Præsidium du [[28 février]], il fut ramené dans sa datcha et Molotov aurait versé de la [[Coumaphène|warfarine]] dans son [[Cognac (eau-de-vie)|cognac]]<ref>Memorandum dans « Lavrentii Beria, 1953 », dans ''Moskva'', Fond Demokratia, 1999.</ref>. Le rapport médical officiel sur la mort de Staline déclare que ce dernier serait tombé malade dans les premières heures du {{date-|2 mars}}, sans doute pour dissimuler le fait qu'il fut laissé sans assistance médicale durant toute une journée<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Michael Wines|titre=New Study Supports Idea Stalin Was Poisoned|périodique=The New York Times|date=5 mars 2003|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2003/03/05/world/new-study-supports-idea-stalin-was-poisoned.html|consulté le=12 août 2018}}.</ref>. Une autre version, racontée dans les mémoires de Molotov publiées en 1993, dit que ce serait plutôt Beria qui aurait empoisonné Staline. Lors des funérailles nationales, Beria se serait vanté de ses actions à Molotov en lui disant : « C'est moi qui ai liquidé le tyran<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Vladimir Fédorovski]]|titre=Le fantôme de Staline|éditeur=Le Rocher|dateannée=2007|isbn=}}</ref>. »
 
L'aura de Staline est telle que la ''[[Pravda]]'' passe sous silence, pendant près d'une semaine, la mort du compositeur [[Sergueï Prokofiev]], survenue le même jour, 50 minutes avant celle du « génial père des peuples »<ref>{{article|prénom1=Norman |nom1=Lebrecht|lien auteur1=Norman Lebrecht|titre=Prokofiev, la dernière victime de Staline|périodique=La Scena Musicale|éditeur=La Scène musicale|lieu=Montréal|volume=8|numéro=9|jour=4|mois=juin|année=2003|pages=48-49|issn=1486-0317|issn2=1206-9973|url texte=http://www.scena.org/lsm/sm8-9/Prokofiev-fr.htm}}.</ref>.
[[FileFichier:Stalin's funeral procession entering Manezhnaya Square from Okhotny Ryad.jpg|vignette|Cortège funéraire de Staline.]]
Les [[funérailles de Joseph Staline]] se déroulent du 6 au {{date|9|mars|1953}} à Moscou. Elles sont marquées par des bousculades qui font près de {{Unité|1500|morts}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean Cathala|titre=Le fantôme de la place Rouge|éditeur=[[Éditions Albin Michel|Albin Michel]]|année=1991|passage=87|isbn=}}.</ref>. Dans le monde socialiste, dans le mouvement communiste international et chez les anciens [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale]], le chagrin et la déférence semblent alors les sentiments dominants, au moins en public, ainsi que la peur devant un avenir désormais incertain. En [[France]], l'[[affaire du portrait de Staline]], dessiné au fusain par le peintre communiste [[Pablo Picasso|Picasso]] en « Une » du journal dirigé par l'écrivain communiste [[Louis Aragon]], choque des lecteurs et oblige Aragon à s'excuser dans plusieurs numéros suivants.
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-18684-0002, Dresden, Tod Stalin, Parade KVP.jpg|vignette|Parade de deuil à [[Dresde]], en [[Allemagne de l’Est]], le 10 mars 1953.]]
Son cercueil est placé dans le [[mausolée de Lénine]] sur la [[Place Rouge]], à côté du sarcophage du [[Vladimir Ilitch Lénine|fondateur de l'URSS]]. En {{date-|octobre 1961}}, à la suite du {{XXIIe}} Congrès du PCUS dénonçant le [[culte de la personnalité]] du [[père des peuples]], [[Nikita Khrouchtchev]] décide de retirer le cercueil de Staline du mausolée<ref>Hélène Carrère d'Encausse, ''Le malheur russe, essai sur le malheur en politique'', Paris, Fayard, 1988.</ref>. Dans la nuit du {{date-|31 octobre}} au {{date-|1 novembre 1961}}, Staline est enterré à la sauvette derrière le mausolée, près du mur du [[Kremlin de Moscou|Kremlin]], dans ce qui deviendra un petit cimetière des hauts personnages de l'URSS<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Jean-Jacques Marie]]|titre=Khrouchtchev. La réforme impossible|éditeur=[[Payot (maison d'édition)|Payot]]|année=2010|passage=421|isbn=}}.</ref>.
 
=== « Legs politique » ===
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Le décès de Staline marque la confirmation de la « [[coexistence pacifique]] » sur le plan international, tout comme elle entraîne vite une vague d'événements en URSS et dans le bloc soviétique. En Union soviétique, une direction collégiale se met en place, dominée un temps par [[Lavrenti Beria]] qui contrôle toujours l'appareil policier et certains ministères stratégiques. Beria se transforme paradoxalement en champion de la [[libéralisation]] : il relâche les accusés du « [[complot des blouses blanches]] » en reconnaissant que leurs « aveux » ont été extorqués par la [[torture]], et amnistie dès le mois de mars près d'un million de condamnés de droit commun qui sortent alors du [[Goulag]]. Le [[stalinisme]] n'est pas pour autant renié encore officiellement.
 
Dans le [[bloc de l'Est]], la mort de Staline entraîne un [[Insurrection de juin 1953 en Allemagne de l'Est|soulèvement contre le régime]] à [[Berlin-Est]] et en [[république démocratique allemande|RDA]] à partir du [[16 juin]], donnant l'espoir d'une réunification allemande rapide, mais le mouvement est sévèrement réprimé.
 
Après une longue période de flottement, qui se solde entre autres par l'exécution du chef du [[KGB]] [[Lavrenti Beria]], [[Nikita Khrouchtchev]] arrive à la tête du pays. En [[1956]], l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] rompt officiellement avec le [[stalinisme]] au cours du [[XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique|{{XXe}} congrès du Parti communiste de l'Union soviétique]]. En [[1961]], le corps embaumé de Staline est retiré du [[mausolée de Lénine]] et Stalingrad devient [[Volgograd]]. Les rescapés du régime stalinien sont libérés du [[Goulag]] et la réhabilitation globale des victimes de Staline, initiée par [[Nikita Khrouchtchev|Khrouchtchev]], stoppée sous [[Léonid Brejnev|Brejnev]], est relancée sous [[Mikhaïl Gorbatchev|Gorbatchev]] et achevée après la [[dislocation de l'URSS]]. [[Hélène Carrère d'Encausse]] a qualifié la déstalinisation enclenchée en [[1956]] à la lecture du « rapport secret » de Khrouchtchev de « deuxième mort de Staline ».
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Après 1961, seules la [[Chine|république populaire de Chine]] de [[Mao Zedong]], la [[Corée du Nord]] de [[Kim Il-sung]] et l'[[Albanie]] d'[[Enver Hoxha|Enver Hodja]] continuent à se réclamer ouvertement de Staline, et ce jusqu'à la mort de [[Mao Zedong]] en [[1976]]. Même aujourd'hui, la critique de Staline n'est pas à l'ordre du jour en [[Chine|Chine populaire]] et encore moins en [[Corée du Nord]], souvent considérée comme « le dernier régime stalinien de la planète ».
 
À l'heure actuelle, sur le plan international, plusieurs partis communistes de faible importance (PC de Grèce ([[Parti communiste de Grèce|KKE]]), {{lien|lang=en|trad=All-Union Communist Party of Bolsheviks (1991)|fr=Parti communiste de tous les Bolcheviks (1991)|texte=Parti communiste bolchevik}} de [[Nina Andreïeva]], {{lien|lang=en|trad=Labour Russia|fr=Russie laborieuse}} de {{lien|lang=en|fr=Viktor Anpilov}}, [[Parti des travailleurs communistes russes du Parti communiste de l’Union soviétique|Parti communiste ouvrier de Russie]] de {{lien|lang=en|trad=Viktor Tyulkin|fr=Viktor Tioulkine}}, [[Union des partis communistes - Parti communiste de l'Union soviétique|Union des PC russe/biélorusse]] de {{lien|lang=en|trad=Oleg Shenin|fr=Oleg Chénine|texte=Chénine}}, entre autres) ont annoncé avoir réévalué positivement l'œuvre et les mérites de Staline. D'autres groupes parfois [[maoïsme|maoïstes]] continuent à se réclamer plus ou moins directement de Staline : [[Parti communiste unifié du Népal (maoïste)|Parti communiste du Népal]], [[Sentier lumineux]] au [[Pérou]]. Ces organisations affirment incarner le « marxisme-léninisme véritable ». Quelques rares auteurs staliniens très controversés développent également une vision encore très favorable de Staline et de son action, dont ils passent sous silence ou minimisent les nombreuses zones d'ombre : ainsi le Belge [[Ludo Martens]] ou l'historienne française [[Annie Lacroix-Riz]], qui s'appuient surtout sur l'ouverture des archives soviétiques et européennes pour relativiser la critique antistalinienneanti-stalinienne, encore dominante, déclenchée par le rapport Khrouchtchev de 1956.
 
{{ref nec|En [[Russie]], le culte de Staline n'est pas exclusivement le fait de nostalgiques du régime. Il est également entretenu par des milieux ultra-nationalistes qui considèrent que le mérite essentiel de Staline a été de créer un État fort incarnant le destin de la nation russe. Ce culte est généralement associé à l'[[antisémitisme]]. La plupart des staliniens considèrent que ce sont des Juifs qui ont incarné les tendances les plus internationalistes du marxisme ([[Léon Trotski|Trotsky]], [[Rosa Luxemburg]], [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]], [[Lev Kamenev|Kamenev]], etc.) — [[Karl Marx]] étant lui-même d'origine juive.}}
 
En 2008, 60 % des personnes interrogées estimaient que les crimes commis à l’époque de Staline n’étaient pas justifiés<ref name="Kozovoï202303">Andreï Kozovoï, [https://theconversation.com/70-ans-apres-la-mort-de-staline-son-spectre-hante-toujours-la-russie-199489 70 ans après la mort de Staline, son spectre hante toujours la Russie], theconversation.com, 2 mars 2023</ref>. Les opinions négatives de Staline n’auraient vraiment commencé à diminuer qu’à partir de 2015, l’année suivant l’[[annexion de la Crimée]]. Ainsi, dans un sondage réalisé cette année -là, 45 % de la population justifiait les répressions staliniennes<ref>{{Lien web|langue=russe|titre=Сталин и его роль в истории страны|url=http://www.levada.ru/2015/03/31/stalin-i-ego-rol-v-istorii-strany/|site=levada.ru|date=2015-03-31|consulté le=2017-03-22}}.</ref>. En 2021, quelques mois avant l'[[Invasion de l'Ukraine par la Russie depuis 2022|invasion de l'Ukraine]], 56 % voyaient en lui un « grand guide »<ref name="Kozovoï202303"/>. C'est notamment par le culte de la « Grande Guerre patriotique » (1941-1945) que Staline a pu être réhabilité aux yeux de millions de Russes, pour lesquels il demeure étroitement associé à la victoire de 1945<ref name="Kozovoï202303"/>. Une propagande mémorielle a lieu dans laquelle [[Vladimir Poutine]] qualifie le [[pacte Molotov-Ribbentrop]] de « triomphe de la diplomatie »<ref name="Kozovoï202303"/>.
 
== Controverses ==
De nombreuses interprétations contradictoires ont été suscitées par l'ampleur des crimes de Staline, mais aussi par celle des mutations qu'il a fait connaître à la Russie. Selon le mot d'[[Isaac Deutscher]], « Staline trouva la Russie travaillant avec une charrue en bois et la laissa équipée de piles atomiques »<ref>{{Ouvrage|auteurauteur1=Harpal Brar|traducteur=Johnny Coopmans|titre=Trotskisme ou léninisme?|traducteur=Johnny Coopmans|lieu=Bruxelles|éditeur=Etudes marxistes & EPO|année=1993|pages totales=613|format=pdf|passage=58|isbn=|lire en ligne=http://marxisme.fr/download/Trotskisme_ou_leninisme_Harpal_Brar.pdf|format=pdf}}.</ref>. Cette citation est fréquemment invoquée par les défenseurs de Staline, qui l'attribuent à tort à [[Winston Churchill|Churchill]]<ref group ="Note">Pour un exemple d'attribution à Churchill, voir : {{Lien web |langue=ru |auteur=Анастасия Плешакова |titre=Дмитрий Певцов: "Сталин — величайший человек в истории России" |url=https://www.spb.kp.ru/daily/27024/4087291/ |site=Комсомольская правда |date=03.09.2019 |consulté le=05.06.2020}}. Sur les origines de cette attribution erronée, voir : {{Lien web |langue=ru |auteur=Ирина Лагунина |titre=Трансформация исторического сталинского мифа |url=https://www.svoboda.org/a/438155.html |site=Радио Свобода |date=06.03.2008 |consulté le=05.06.2020}}.</ref>, tandis que leurs adversaires pensent que, sans Staline, l'industrialisation du pays, amorcée déjà à l'époque tsariste, aurait connu la même dynamique à un coût moins élevé<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Леонид Радзиховский|titre=Дурная бесконечность банальности|url=https://echo.msk.ru/blog/radzihovski/672564-echo/|date=17.04.2010|site=Эхо Москвы|consulté le=05.06.2020}} ; {{Lien web|langue=ru|auteur=Леонид Радзиховский|titre=Старые песни о "главном"|url=https://rg.ru/2015/04/14/pesni.html|date=13.04.2015|site=Российская газета|consulté le=05.06.2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Андрей Маркевич|titre=При Сталине такого не было: почему успешность плановой экономики и значение индустриализации – миф|url=https://theoryandpractice.ru/posts/17652-pri-staline-takogo-ne-bylo-pochemu-uspeshnost-planovoy-ekonomiki-i-znachenie-industrializatsii--mif|date=02.07.2019|site=Теории и практики|consulté le=05.06.2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Сергей Медведев|titre=Джугафилия|url=https://www.svoboda.org/a/30511648.html|date=29.03.2020|site=Радио Свобода|consulté le=05.06.2020}}.</ref>. Ils rappellent aussi que l'industrialisation n'a été rendue possible que grâce à un important investissement occidental en spécialistes et en technologies allant jusqu'au transfert, pièce par pièce, d'une usine construite aux États-Unis et réassemblée en URSS<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Евгений Беляков|titre= Сталинскую индустриализацию на самом деле ковали американцы и немцы|url= https://www.kp.ru/daily/25863.3/2829607/|date=05.04.2012|site=Комсомольская правда|consulté le=05.06.2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Сергей Латышев|titre= Зачем США индустриализировали СССР?|url=https://tsargrad.tv/articles/zachem-ssha-industrializirovali-sssr_49165|date=14.02.2017|site=Царьград|consulté le=05.06.2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|titre=Сергей Цыпляев: "Сталинскую модернизацию в СССР провели Германия и США"|url=https://newizv.ru/news/society/21-10-2018/sergey-tsyplyaev-stalinskuyu-modernizatsiyu-v-sssr-proveli-germaniya-i-ssha|date=21.10.2018|site=Новые известия|consulté le=05.06.2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Дмитрий Милин|titre=Прочь иллюзии: модернизация экономики невозможна без помощи Запада|url=https://newizv.ru/comment/dmitriy-milin/09-04-2018/modernizatsiya-ekonomiki-rossii-nevozmozhna-bez-pomoschi-zapada|date=09.04.2018|site=Новые известия|consulté le=05.06.2020}}.</ref>.
 
Pendant les [[Grandes Purges]], de nombreux Soviétiques, dans les villes surtout, étaient sincèrement convaincus que Staline ignorait ce qui se passait dans le pays et qu'on lui cachait la vérité. C'était là la reprise du très vieux thème du bon tsar victime de ses mauvais ministres.
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D'autres voient Staline avant tout comme un chef d'État russe, continuateur des [[tsar]]s et incarnation des ambitions nationales de l'ancienne Russie. Il n'aurait conservé que pour la forme un vernis de discours révolutionnaire. C'était en gros la vision du général [[Charles de Gaulle|de Gaulle]], ou celle des [[national-bolchévisme|nationaux-bolcheviks]] allemands. Staline a lui-même invité à interroger sa place dans la continuité de l'histoire russe, en se comparant volontiers aux despotes modernisateurs [[Ivan le Terrible|Ivan ''le Terrible'']] et [[Pierre Ier le Grand|Pierre ''le Grand'']]. Néanmoins, il reste difficile de concevoir, par exemple, pourquoi Staline aurait tant tenu à aligner les pays de l'Est, déjà sous sa coupe, sur le modèle soviétique, si ses ambitions impériales avaient été étrangères à toute adhésion profonde au projet révolutionnaire hérité du parti [[Bolcheviks|bolchevique]].
 
Le rapport de Staline à la [[révolution russe]] est pareillement controversé. Pour [[Nikita Khrouchtchev]] en 1956, la dérive de Staline n'aurait commencé qu'en 1934, ce qui permettait de ne pas remettre en cause la collectivisation désastreuse ni les choix d'industrialisation forcenée, encore moins l'œuvre de Lénine. Les communistes furent à ses yeux les principales victimes de Staline, et les [[Grandes Purges]], tombées sur un Parti présenté comme innocent, ne seraient dues qu'à sa « paranoïa » personnelle — explication intenable aujourd'hui, et au demeurant fort peu marxiste. Pour [[Léon Trotski|Trotski]] et les trotskistes, Staline est d'abord le représentant de la [[bureaucratie]], qui a « trahi la révolution » en la privant de sa dimension internationale au profit du « socialisme dans un seul pays », et qui a liquidé l'héritage de Lénine ainsi que la vieille garde. Aux yeux de Trotski, Staline représentait le « [[Thermidor]] » de la révolution russe (bien qu'au contraire du Thermidor français, celui-ci ait relancé la transformation sociale et la terreur à un degré que nul n'aurait osé prévoir)<ref group ="Note">Voir Tamara Kondratieva, ''Bolcheviks et jacobins'', Payot, 1989, sur la façon dont les acteurs de la [[révolution d'Octobre]] ont interprété son évolution au prisme du précédent de la [[Révolution française|Grande Révolution]].</ref>.
 
Pour de nombreux [[anarchisme|anarchistes]] ou [[social-démocratie|sociaux-démocrates]], ainsi que pour la plupart des historiens actuels, il n'y a pas au contraire de discontinuité entre Lénine et Staline.
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Aujourd'hui, le jugement du peuple russe, pourtant parmi les premiers à avoir souffert des méfaits de Staline, est loin d'être unanime. Ainsi, un sondage<ref>[http://fr.rian.ru/russia/20060511/47976094.html Comment les Russes jugent ceux qui ont dirigé leur pays au {{s-|XX}}.]</ref> réalisé par le [[Centre analytique Levada|centre Levada]] en {{nobr|mai 2006}} révèle que les avis favorables et défavorables des Russes envers la personnalité de dirigeant de Joseph Staline s'équilibrent à peu près (différence des pourcentages favorables moins défavorables égale à -2). Si l'on compare au même jugement porté par exemple sur [[Mikhaïl Gorbatchev]] (-24), on constate une forte inversion par rapport au jugement généralement porté par l'Occident. Le même sondage mené par le centre Levada en {{date-|mars 2019}} montre que le nombre de Russes qui ont une vision positive de Staline a atteint son plus haut niveau depuis 2001, grimpant à 70 %<ref>{{Lien web|langue=ru|titre="Левада-центр": 70% россиян положительно оценивают роль Сталина в жизни страны|url=https://novayagazeta.ru/news/2019/04/16/150907-levada-tsentr-70-rossiyan-polozhitelno-otsenivayut-rol-stalina-v-zhizni-strany|date=16.04.2019|site=Новая газета|consulté le=05.06.2020}}.</ref>.
 
La poétesse [[Anna Akhmatova]] qualifiait Staline de « plus grand bourreau » de l'histoire mondiale, à côté de qui même Hitler faisait figure d'« enfant de chœur »<ref>{{Ouvrage|langue=ru|auteurauteur1=Лидия Чуковская|titre=Записки об Анне Ахматовой|éditeur=YMCA-PRESS|lieu=Paris|année=1980|volume=2|titre volume=1952 – 1962|lieu=Paris|éditeur=YMCA-PRESS|année=1980|pages totales=626|passage=136|isbn=|lire en ligne=https://vtoraya-literatura.com/pdf/chukovskaya_zapiski_ob_anne_akhmatovoj_tom2_1952-1962_1980__ocr.pdf}}.</ref>. L'écrivain [[Victor Astafiev]] avait une opinion similaire<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Евгения Литвинова)|titre=Актуальна ли сегодня полемика – Натан Эйдельман vs Виктор Астафьев?|url=http://www.cogita.ru/analitka/otkrytye-diskussi/aktualna-li-segodnya-polemika-natan-eidelman-vs-viktor-astafev|date=04.05.2010|site=Когита.ру|consulté le=05.06.2020}}.</ref>. Leur collègue, [[Alexandre Zinoviev]], est passé d'une critique sans concession du stalinisme à une critique non moins mordante de l'antistalinismeanti-stalinisme.
 
En 2008, Staline se place en troisième dans le classement des 500 plus grands Russes de tous les temps, selon l'adaptation russe de l'émission britannique ''[[100 Greatest Britons]]''<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Алия Самигуллина|titre=Запрос на величие|url=https://www.gazeta.ru/politics/2008/12/29_a_2919791.shtml|date=29.12.2008|site=Газета.ru|consulté le=07.05.2020}}.</ref>. D'aucuns pensent même que Staline est arrivé en premier, comme l'augurait le score initial, et que les créateurs de l'émission lui ont enlevé quelques milliers de votes pour le détrôner et éviter ainsi un scandale<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Сергей Баймухаметов|titre=Имя России – Сталин|url=http://russian-bazaar.com/ru/content/12981.htm|date=24.07.2008|site=Русский базар|consulté le=13.05.2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Владимир Тольц|titre=История сталинизма в современной России|url=https://www.svoboda.org/a/476104.html|date=06.12.2008|site=Радио Свобода|consulté le=13.05.2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Ольга Солонарь|titre=Конкурс "Имя Россия": пиар Невского и триумф Пушкина|url=https://p.dw.com/p/GOqE|date=29.12.2008|site=Deutsche Welle|consulté le=13.05.2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Вероника Боде|titre=Отношение к Сталину и его эпохе в России|url=https://www.svoboda.org/a/2324708.html|date=06.03.2011|site=Радио Свобода|consulté le=13.05.2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Елена Рычкова|titre= Андрей Фурсов: Если России суждено сохраниться, то Сталин вернется|url=https://www.nakanune.ru/articles/17519/|date=05.03.2013|site=Накануне.RU|consulté le=13.05.2020}}.</ref>.
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La [[déportation]] continue de centaines de milliers d'opposants réels ou supposés, les emprisonnements arbitraires, et l'interdiction de toute contestation de la personne de Staline sont emblématiques de la période [[1922]]-[[1953]]. L'historienne [[Anne Applebaum]] estime que 18 millions de Soviétiques ont connu le [[Goulag]] sous Staline et six autres millions l'exil forcé au-delà de l'[[Oural]] ; un à deux millions de personnes y décédèrent. En tout, un Soviétique adulte sur cinq connut le Goulag de par la politique stalinienne<ref>''Goulag, une histoire'', tr. Grasset, 2005.</ref>. {{refnec|Des gens disparurent pour avoir mal orthographié le nom de Staline ou pour avoir enveloppé un pot de fleurs avec une page de journal comprenant sa photo}}. On distingue cependant plusieurs épisodes marquants :
* [[1930]]-[[1932]] : « [[déportation]]-abandon » ([[Nicolas Werth]]) de deux millions de [[koulak]]s au-delà de l'[[Oural]], où ils sont laissés à eux-mêmes sans les moindres structures ni habitations pour les accueillir. Beaucoup périrent de faim et de dénuement ;
* [[1932]]-[[1933]] : résultante notamment de la collectivisation forcée des terres, la [[Famines soviétiques de 1931-1933|famine]] ravage les riches terres à blé ukrainiennes, et fait entre 6 et 8 millions de morts, dont 2,6 à 6 en Ukraine, où elle est appelée ''[[holodomor]]'' (littéralement : meurtre par la faim). Si sa qualification en tant que génocide demeure [[Holodomor#Controverse sur le qualificatif de g.C3.A9nocide|controversée]]<ref>Andrea Graziosi, ''The Great Famine of 1932-33: consequences and implications'' sur [http://www.huri.harvard.edu/famine_sym_03.html The Ukrainian Terror-Famine of 1932-1933 : Revisiting the Issues and the Scholarship Twenty Years after the HURI Famine Project], Université Harvard, 20 octobre 2003, et ''Les famines soviétiques de 1931-1933 et le Holodomor ukrainien'' dans ''Cahiers du monde russe'', {{n°|46}}/3, 2005.</ref>, Staline porte en tout cas la responsabilité d'avoir refusé d'écouter les avertissements nombreux qui lui parvenaient, et qui démontraient que la poursuite des collectes forcées conduirait au désastre<ref group ="Note">Voir par exemple la correspondance entre l'écrivain [[Mikhaïl Cholokhov]] et Staline, publiée par [[Nicolas Werth]] dans ''[[Le Livre noir du communisme]]'', {{p.}}193.</ref>. {{refsou|Il a nié l'existence même de la famine}}. Cependant, selon certains chercheurs (notamment [[Mark Tauger]] ou [[Stephen Wheatcroft]]), les exportations soviétiques en 1932 et 1933 étaient inférieures à deux millions de tonnes, soit moins que la moyenne des années précédentes et suivantes. Pour eux, la famine est également due à une très mauvaise récolte en 1932 et à l’abandon partiel des populations par le régime. La famine était probablement évitable, mais {{refnec|Staline semble l'avoir laissé se produire plus qu'il ne l'a délibérément organisée}} ;
* [[1937]]-[[1938]] : les [[Grandes Purges]] conduisent à l'exécution de {{unité|681000|personnes}} et à l'envoi au Goulag d'à peu près un million, aux dires du chef du KGB sous Gorbatchev, Krjuckov en 1989<ref>Moshe Lewin, ''Le siècle soviétique'', Paris, Fayard-Le Monde diplomatique, 2003, {{p.|515}}.</ref>. De nombreuses minorités frontalières sont aussi déplacées de force, comme les {{unité|170000|[[Coréens]]}} qui se retrouvent en [[Asie centrale]], ou de très nombreux [[Baltes]] et Polonais. À l'été 1937, Staline instaure officiellement la [[torture]] dans les prisons<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Никита Петров|titre= Пытки от Сталина|url=https://novayagazeta.ru/articles/2012/07/26/50748-pytki-ot-stalina|date=26.07.2012|site=Новая газета|consulté le=05.06.2020}}.</ref>, laquelle ne sera abolie qu'après sa mort, en {{date-|avril 1953}}<ref>{{Ouvrage|langue=ru|auteur1=В. Наумов|auteur2=Ю. Сигачев|champ libre=sous la direction de А. Н. Яковлев|titre=Лаврентий Берия. 1953|sous-titre=Стенограмма июльского пленума ЦК КПСС и другие документы|lieu=Moscou|éditeur=Международный фонд «Демократия»|lieu=Moscou|année=1999|pages totales=512|passage=28-29|isbn=|lire en ligne=https://imwerden.de/pdf/lavrentiy_beria_1953_dokumenty_1999.pdf|format électronique=pdf}}.</ref>. Il a personnellement signé 383 listes de condamnations à mort collectives représentant un total de {{unité|44000|individus}}. Rayant tout au plus un nom de temps à autre, quelques mots en marge voire un simple signe d'approbation lui suffisait pour mettre fin en bloc et sans appel à plusieurs centaines d'existences. Dans la soirée du {{date|25|novembre|1938}}, il signe ainsi avec [[Viatcheslav Molotov|Molotov]] l'arrêt de mort de {{unité|3173|personnes}}, un record ;
* de {{date-|septembre 1939}} à {{date-|juin 1941}}, dans la partie orientale de la [[Pologne]] (revenue à l'URSS à la suite du [[pacte germano-soviétique]]), deux millions de personnes sont déportées par trains entiers. Des centaines de milliers de ces déportés périrent soit dans les trains, soit dans les camps de Russie septentrionale, de [[Sibérie]] ou du [[Kazakhstan]], où beaucoup succombèrent au froid ou à la faim. En mars [[1940]] y a lieu le [[massacre de Katyń]] : {{unité|14736|officiers}} et fonctionnaires polonais ainsi que {{unité|10685}} de leurs concitoyens déjà détenus par le [[NKVD]] sont exécutés dans la forêt de Katyń, près de [[Smolensk]], sur ordre de Staline et en raison de leur statut social dans la société polonaise. Katyń ne fut d'ailleurs pas un lieu d'exécution spécifiquement réservé aux Polonais<ref group ="Note">C'est en [[1928]] que la forêt de Katyń a été allouée au commissariat du Peuple aux Affaires intérieures. Le NKVD y dispose d'une spacieuse datcha de repos près des rives du Dniepr. Les {{nobr|100 hectares}} qui l'entourent vont devenir, au fil des années de terreur stalinienne, un gigantesque ossuaire. Trois cents fosses communes y ont été creusées. Plus de {{unité|8000|Russes}} et ressortissants de l'Union soviétique y ont été ensevelis par le NKVD.</ref>. Cependant des estimations plus récentes ont sensiblement réduit à la baisse les chiffres de [[Répressions soviétiques des citoyens polonais|cette répression]] : « Entre {{date-|septembre 1939}} et {{date-|juin 1941}}, les Soviétiques assassinèrent ou déportèrent plus de {{unité|440000 Polonais}}<ref>Stéphane Courtois, « Tout le symbole du mensonge totalitaire », ''Le Figaro'', {{1er}} avril 2009.</ref> » ;
 
* en [[1944]], en six jours, l'ensemble du peuple tchétchène est déporté, soit {{unité|500000|personnes}}, en [[Asie centrale]], ainsi que d'autres peuples [[Koryo-saram|Coréens de l'Extrême-Orient russe]] (1937), [[Allemands de la Volga]] (1941), [[Kalmouks]] (1943), [[Tatars de Crimée]] (1944) ; ou en partie : [[Ukrainiens]], [[Estoniens]], [[Lettons]], [[Lituaniens]]{{Etc.}}). On dénombre au moins 52 campagnes de [[Déportation des peuples en URSS|déportation dans l'URSS]] des années 1920-1952, dont 38 sont d'ordre ethnique<ref>{{Ouvrage|langue=ru|auteur1=Н. Поболь|auteur2=П. Полян|champ libre=sous la direction de А. Н. Яковлев|titre=Сталинские депортации|sous-titre=1928–1953|lieu=Moscou|éditeur=Международный фонд «Демократия»: Материк|année=2005|pages totales=904|passage=11-13|isbn=|lire en ligne=https://imwerden.de/pdf/stalinskie_deportatsii_1928-1953_2005__izd.pdf|format électronique=pdf}}.</ref>. Ces dernières sont reconnues en Russie comme revêtant un aspect génocidaire<ref group ="Note">Voir le préambule et l'art. 2 d'une loi signée par [[Boris Eltsine]], alors président du Soviet suprême de la [[République socialiste fédérative soviétique de Russie|RSFSR]], le 26 avril 1991 ({{article|langue=ru|titre=Закон РСФСР от 26 апреля 1991 г. N 1107-I "О реабилитации репрессированных народов"|périodique=Ведомости Съезда народных депутатов и Верховного Совета Российской Федерации|numéro=18|date=02.05.1991|pages=572|lire en ligne=http://base.garant.ru/3960226/|consulté le=05.06.2020}}). Le {{1er}} juillet 1993, désormais président de la [[Russie|fédération de Russie]], Eltsine y fit deux menus ajouts ({{article|langue=ru|titre=Закон РФ от 1 июля 1993 г. N 5303-I "О внесении изменений и дополнений в Закон РСФСР "О реабилитации репрессированных народов"|périodique=Ведомости Съезда народных депутатов и Верховного Совета Российской Федерации|numéro=32|date=12.08.1993|pages=1230|lire en ligne=http://base.garant.ru/1548477/|consulté le=05.06.2020}}).</ref>.
 
Les archives soviétiques ouvertes après la [[dislocation de l'URSS|dislocation de l'Union soviétique]], montrent qu'environ {{unité|800000|prisonniers}} ont été condamnés à mort sous Staline (période 1921-1953, soit {{nobr|32 ans}}) pour des raisons politiques ou criminelles, qu'environ {{unité|1,7|million}} de personnes décédèrent dans les [[goulag]]s et environ {{unité|390000}} dans les [[Transfert de population|transferts de population]] pour un total d'environ {{nobr|3 millions}} de morts officiellement recensés<ref group ="Note">Stephen G. Wheatcroft, « Victims of Stalinism and the Soviet Secret Police: The Comparability and Reliability of the Archival Data. Not the Last Word », source : ''Europe-Asia Studies'', Vol. 51, {{numéro|2}} (mars 1999), {{pp.|315–345}}, donne les chiffres suivants : pendant la {{nobr|période 1921–53}}, le nombre de condamnations pour raisons politiques s'établit comme suit, {{unité|4060306|condamnations}} ; {{unité|799473|peines de mort}} ; {{unité|2634397|en camps et prisons}} ; {{unité|413512|exilés}} ; {{unité|215942|autres}}. En outre, sur la {{nobr|période 1937–52}}, il y a eu {{unité|14269753|condamnations}} non politiques, dont {{unité|34228|peines}} de morts, {{unité|2066637|condamnations}} à {{nobr|0–1 an}}, {{unité|4362973|condamnations}} à {{nobr|2–5 ans}}, {{unité|1611293|condamnations}} à {{nobr|6–10 ans}}, et {{unité|286795|condamnations}} à plus de {{nobr|10 ans}}.</ref>.
 
Les historiens qui ont travaillé après la dislocation de l'Union soviétique estiment quant à eux que le nombre des victimes du régime {{nobr|en dehors des famines}} se situe entre 4 et {{nobr|10 millions}}<ref>[[Steven Rosefielde]], [http://www.paulbogdanor.com/left/soviet/rosefielde.pdf « Documented Homicides and Excess Deaths: New Insights into the Scale of Killing in the USSR during the 1930s »]. ''Communist and Post-Communist Studies'', vol. 30, {{n°|3}}, {{pp.|321–333}}, 1997. [[Université de Californie|University of California]].</ref>. Vadim Erlikman donne les estimations suivantes :
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|}
 
En incluant les victimes de la famine on arrive à des chiffres de plus de {{nobr|20 millions}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Simon|nom1=Sebag Montefiore|lien auteur1=Simon Sebag Montefiore|titre=Stalin|sous-titre=The Court of the Red Tsar|éditeur=|année=2004|pages totales=720|passage=649 : « Perhaps 20 million had been killed; 28 million deported, of whom 18 million had slaved in the Gulags. »|isbn=978-0-7538-1766-7|isbn2=0-7538-1766-7}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|langue originale=ru-Latn|prénom1=Dmitri|nom1=Volkogonov|lien auteur1=Dmitri Volkogonov|titre=Autopsy for an empire|sous-titre=the seven leaders who built the Soviet regime|lieu=New York|éditeur=Free Press|année=1998|pages totales=139 : « Between 1929 and 1953 the state created by Lenin and set in motion by Stalin deprived 21.5 million Soviet citizens of their lives. »|isbn=978-0-684-83420-7|isbn2=0-684-83420-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=S5XlHA_75YwC&printsec=frontcover}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Alexander|nom1=N. Yakovlev|lien auteur1=Alexander Nikolaevich Yakovlev|prénom2=Anthony|nom2=Austin|prénom3=Paul|nom3=Hollander|titre=A Century of Violence in Soviet Russia|éditeur=[[Yale University Press]]|année=2002|date=10 avril 2004|pages totales=234 : « My own many years and experience in the rehabilitation of victims of political terror allow me to assert that the number of people in the USSR who were killed for political motives or who died in prisons and camps during the entire period of Soviet power totaled 20 to 25 million. And unquestionably one must add those who died of famine more than 5.5 million during the civil war and more than 5 million during the 1930s. »|isbn=978-0-300-10322-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=ChRk43tVxTwC&pg=PA234}}.</ref>{{,}}<ref>[[Robert Gellately]], ''Lenin, Stalin, and Hitler: The Age of Social Catastrophe'', Knopf, 2007, {{ISBN|1400040051}}, {{p.|584}} : « More recent estimations of the Soviet-on-Soviet killing have been more 'modest' and range between ten and twenty million. »</ref>{{,}}<ref>[[Stéphane Courtois]], ''[[Le Livre noir du communisme|The Black Book of Communism]]: Crimes, Terror Repression'', [[Harvard University Press]], 1999, {{p.|4}} : « U.S.S.R.: 20 million deaths. » et Jonathan Brent, ''Inside the Stalin Archives: Discovering the New Russia'', Atlas & Co., 2008, ({{ISBN|0977743330}}) [http://atlasandco.com/images/uploads/samples/pdf/InsideStalinArchives-web.pdf Introduction online] [PDF] : « Estimations on the number of Stalin's victims over his twenty-five year reign, from 1928 to 1953, vary widely, but 20 million is now considered the minimum. »</ref>{{,}}<ref>[[Steven Rosefielde]], ''[[Red Holocaust]]'', [[Routledge]], 2009, {{ISBN|0415777577}}, {{p.|17}} : « We now know as well beyond a reasonable doubt that there were more than 13 million Red Holocaust victims 1929–53, and this figure could rise above 20 million. »</ref>{{,}}<ref>[[Norman Naimark]]. ''Stalin's Genocides (Human Rights and Crimes against Humanity).'' [[Princeton University Press]], 2010. {{p.|11}}: « Yet Stalin's own responsibility for the killing of some fifteen to twenty million people carries its own horrific weight... »</ref>{{,}}<ref name="Conquest">[[Robert Conquest]], ''The Great Terror: A Reassessment, 40th Anniversary Edition'', Oxford University Press, 2007, dans la préface, p. xvi : « Exact numbers may never be known with complete certainty, but the total of deaths caused by the whole range of Soviet regime's terrors can hardly be lower than some fifteen million. »</ref>.
 
D'autres relèvent {{formatnum:4000060}} condamnations entre 1921 et 1953, dont {{formatnum:799455}} à mort, {{nombre|963766|décès}} — « ennemis du peuple » et droits communs confondus — dans les camps entre le {{Date-|1|janvier|1934}}, jour officiel de la création de l'administration pénale pénitentiaire, et le {{date-|31|décembre|1947}}. « Ce dernier chiffre, ainsi que celui des personnes décédées lors de la déportation des koulaks peut être ajouté au « terrible prix » qui a été payé », indique Moshe Lewin<ref>Moshe Lewin, ''op. cit.'', {{p.|515}}.</ref>. Ce chiffre s'élève à {{formatnum:1800000}} déportés, parmi lesquels quelques centaines de milliers de décès dans les famines consécutives. En outre, il faut ajouter quelque {{formatnum:1500000}} condamnations après 1945 pour faits de collaboration, la plupart à l'emprisonnement, avec une « indulgence relative » pour les nationalistes ukrainiens et baltes<ref>Moshe Lewin, ''op. cit.'', {{p.|515}}</ref>. En comptant les « {{formatnum:440000}} Polonais déportés ou fusillés » entre 1939 et 1941, l’estimation du nombre de victimes ''directes'' du stalinisme est d’environ {{nombre|7740000|personnes}} en 32 ans ; environ 2.500.000 d'entre elles trépassèrent devant un peloton d'exécution ou en déportation.
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== Famille ==
=== Mère ===
La [[Kéké Geladzé|mère de Staline]] meurt en [[1937]]. Staline ne vint pas aux funérailles, mais envoya une couronne. Cet épisode peut dépasser le cadre de la simple anecdote ; en effet, l'absence d'un fils aux funérailles de sa mère constitue dans une famille géorgienne quelque chose d'absolument inconcevable<ref group ="Note">Voir par exemple sur la question et les conséquences qu'il en tire R. Conquest, ''Stalin'' Chap.I § 2</ref>. Or Ekaterina Geladzé est morte le {{date-|4 juin 1937}}, c'est-à-dire en pleine affaire [[Mikhaïl Toukhatchevski|Toukhatchevski]] (ce dernier et les autres accusés ont été arrêtés fin {{date-|mai 1937}}, le procès a eu lieu le {{date-|11 juin}} et l'exécution de la sentence vraisemblablement le 12). L'absence de Staline aux funérailles de sa mère pourrait donc indiquer qu'il considérait sa présence à Moscou comme absolument nécessaire et donc, contrairement à ce qui est généralement admis, que le risque d'un coup d'État militaire était réel ou à tout le moins que Staline le croyait tel{{refnec}}.
 
=== Mariages ===
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==== Premier mariage ====
[[Fichier:Ekaterina Svanidze.jpg|vignette|redresse|Kato Svanidzé en 1904.]]
La première femme de Staline, [[Ekaterina Svanidzé]] dite « Kato », qu’il ne voyait qu’épisodiquement{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}, meurt du [[typhus]]<ref group ="Note">L’hypothèse du typhus est proposée par Simon Sebag Montefiore dans ''Young Stalin The Dictator as a Young Poet-Thug'' – cité dans "The New York Times", Book Review of Sunday, October 21, 2007</ref> ou de la [[tuberculose]]{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}} en [[1907]], quatre ans seulement après leur mariage. À ses funérailles, Staline aurait confié à un ami que {{citation|cette créature adoucissait mon cœur de pierre. Elle est morte et, avec elle, les derniers sentiments d’affection que pouvaient m’inspirer les êtres humains}}, puis, désignant son cœur, {{citation|C’est vide à l’intérieur}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}. Pendant les [[Grandes Purges]], la belle-famille de Staline, après avoir partagé des années son quotidien au Kremlin, est arrêtée puis exécutée avec son accord : [[Alexandre Svanidzé|Aliocha Svanidze]] et sa femme [[Maria Svanidze]] seront fusillés en 1941.
 
Kato avait eu un fils, [[Iakov Djougachvili]], que Staline ne vit pas avant son adolescence<ref>[[Jean-Jacques Marie]], ''Staline''.</ref>, l’ayant confié à la famille de sa mère décédée{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}. Iakov était un garçon timide, souffre-douleur de son jeune demi-frère Vassili, jaloux de lui, mais il était le préféré de sa demi-sœur Svetlana. Un tic crispait régulièrement son visage ce qui exaspérait Staline. Après un mariage raté avec [[Zoïa Gounina]], fille d’un [[Prêtre orthodoxe|pope]], Iakov tenta même de se suicider<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Beata de Robien]]|titre=La malédiction de Svetlana|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Albin Michel]]|année=2016|pages totales=554|passage=29|isbn=978-2-226-32860-1|lire en ligne=http://beataderobien.com/malediction-de-svetlana-allilouieva-biographie-fille-de-staline/}}.</ref> avec une arme à feu à cause de l'incroyable dureté de son père envers lui, mais il ne fit que se blesser, Staline se contentant de déclarer : {{Citation|Dire qu’il n’a même pas su viser juste}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}. Iakov servit comme lieutenant dans l'Armée rouge et fut capturé par les Allemands en {{date-|juillet 1941}}, prisonnier à l'[[Oflag X-C]] de [[Lübeck]]. Ayant l'habitude de considérer les prisonniers comme des traîtres et de soumettre leurs familles à des représailles, Staline fit arrêter pendant quelque temps la jeune femme de son fils. Sa sœur Svetlana s’était vivement opposée et a sauvé sa fille Galina quand Staline voulait l’envoyer à ''Dietskiï Dom''<ref>Dietskiï Dom : Orphelinat pour les enfants d’ennemis du peuple.</ref>{{,}}<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Beata de Robien]]|titre=La malédiction de Svetlana|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Albin Michel]]|année=2016|pages totales=554|passage=137|isbn=978-2-226-32860-1|lire en ligne=http://beataderobien.com/malediction-de-svetlana-allilouieva-biographie-fille-de-staline/}}.</ref>. En 1943, Staline refusa de l'échanger contre le maréchal [[Friedrich Paulus]], capturé par l'Armée rouge lors de la [[bataille de Stalingrad]] : « Un lieutenant ne vaut pas un général », aurait-il dit ; selon d'autres sources, il aurait répondu à cette offre : « Je n'ai pas de fils ». Le rapport officiel indique que Iakov s'est suicidé en se jetant contre une barrière électrique du camp de concentration de [[Camp de concentration d'Oranienbourg-Sachsenhausen|Sachsenhausen]]. Si les circonstances exactes de sa mort n'ont pas été entièrement élucidées, la thèse du suicide n'est cependant guère controversée.
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==== Second mariage ====
===== Nadia =====
La seconde femme de Staline, [[Nadejda Allilouïeva-Staline|Nadejda Alliloueva]], meurt le {{date|9|novembre|1932}}. Elle se suicida au moyen d'une arme à feu (une balle dans le cœur) après une querelle avec Staline, laissant une lettre qui selon sa fille était {{citation|en partie personnelle, en partie politique}}. Officiellement, elle mourut de maladie. Le dossier médical de Nadia, conservé par Staline et disponible aujourd'hui, révèle qu'elle souffrait de dépression et de solitude, son mari n'ayant plus guère de temps libre à lui consacrer, comme il le reconnut dans les années 1950{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=163}}. Militante bolchevique fervente, et bien que des amis fréquentés à l'université l'aient mise au courant des horreurs de la [[koulak|dékoulakisation]] et de la famine sévissant en Ukraine, il n'est plus certain aujourd'hui qu'une opposition à la politique de son mari ait été la raison principale de son suicide, comme on le supposait traditionnellement<ref group ="Note">Sur le suicide de Nadia, l'ensemble du début du livre de Simon Sebag Montefiore, ''Staline. La Cour du Tsar Rouge'', Éd. des Syrtes, 2005, le plus complet aussi sur la vie et la mort des autres membres de sa famille.</ref>{{,}}<ref group ="Note">Sur le suicide de Nadejda Allilouieva, on peut également consulter les mémoires de Khrouchtchev, qui se fonde sur l'audition du chef du service de protection de Staline, Vlasik, et qui attribue le geste de Nadejda à une jalousie morbide : Н. С. ХРУЩЁВ, Воспоминания, ''Личное знакомство со Сталиным'', {{p.|51-53}}.</ref>. Il est certain, toutefois, que la connaissance que Nadia avait de l’état du pays alimentait certains conflits conjugaux, d’autant plus que Nadia, [[Hypersensibilité (psychologie)|hypersensible]], était confrontée à un mari confinant à l’insensibilité{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=175}} : en une occasion, Nadia jeta à la figure de son mari {{citation|Tu es un bourreau, voilà ce que tu es ! Tu tourmentes ton propre fils, ta femme, le peuple russe tout entier.}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=156}}. Les tensions empirèrent avant son suicide ; Staline confia par exemple à [[Nikita Khrouchtchev|Khrouchtchev]] qu’il lui arrivait de s’enfermer dans une pièce pendant que Nadia hurlait et tambourinait à la porte : {{citation|Tu es un homme impossible. Il est impossible de vivre avec toi !}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=156}}.
 
Sa mort aurait profondément affecté Staline, qui n’aurait jamais réellement fait son [[deuil]] : il se serait [[Culpabilité (émotion)|reproché]], jusqu’à sa mort, de n’avoir pas été présent pour elle{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=188}}. Il évoque ce point jusqu’à la fin avec amis et famille, s’entourant de photographies d’elle et renonçant à la danse{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=190}}. Les funérailles de Nadia sont d’ailleurs l’une des rares occasions où il pleure ouvertement{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=186}} ; il tente brièvement de noyer son chagrin dans l’alcool, puis reporte rage et désespoir sur ses ennemis d’alors{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=189}}. [[Simon Sebag Montefiore]] voit dans ce drame personnel la cause de son durcissement ultérieur, une {{citation|transformation radicale de son caractère […] tarissant en lui ses dernières sources de sensibilité, redoublant sa brutalité, sa jalousie et sa tendance à s’apitoyer sur lui-même}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=188}}.
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===== Enfants =====
[[Fichier:Joseph Stalin with daughter Svetlana, 1935.jpg|vignette|Joseph Staline avec sa fille Svetlana, en 1935.]]
Le couple a deux enfants : un fils, [[Vassili Djougachvili|Vassili]], et une fille, [[Svetlana Allilouïeva|Svetlana Allilouieva]]. En outre, Staline et Nadia adoptent [[Artyom Sergueïev|Artiom Sergueïev]], fils d’un autre révolutionnaire, en 1921{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}.
 
Choqué par le suicide de sa mère (il a alors 11 ans) et marqué par son enfance très particulière dans un foyer familial gardé par les agents du [[NKVD]], Vassili est un adolescent dissolu et fugueur, travaillant mal à l'école, puis s'adonnant vite à l'alcoolisme. Il s'élève dans les rangs de l'armée de l'air soviétique où son père l'a poussé à s'engager, bien que Vassili n'ait pas de réel intérêt pour les forces aériennes de l'Armée rouge<ref name="Marie">Jean-Jacques Marie, ''Staline'', Fayard, 2001.</ref>. Il se bat — plutôt bien — pendant la guerre et, grâce à son père, obtient d'importantes promotions. À la mort de Staline, Vassili est interné quelque temps par Beria<ref name="Marie"/>. Il meurt officiellement d'alcoolisme en 1962 ; ce point est parfois débattu. Il laisse à Staline quatre petits-enfants : [[Alexandre Bourdonski|Alexandre]] (1941-2017) devenu metteur en scène du [[Théâtre académique central de l'Armée russe]], et une fille Nadejda (1943-1999) de son mariage avec Galina Aleksandrovna Bourdonskaïa (1921-1990), et VassiliSvetlana (19491947-19721989) et SvetlanaVassili (19471949-19891972) de son mariage avec Iekaterina Semionovna Timochenko (1923-1988), la fille du [[maréchal de l'Union soviétique]] [[Semion Timochenko]].
 
Svetlana a une relation privilégiée avec son père, celui-ci étant très attentionné vis-à-vis d'elle pendant son enfance, au contraire des sentiments qu'il manifeste envers ses fils Yakov et Vassili. Il a également une bonne relation avec Artiom. Après la mort de Nadia, Staline reporte son affection sur leur fille. Leur relation est un temps d’une affection débordante {{incise|Svetlana admit être {{citation|son chouchou […] [j]e comprends maintenant que c’était un père très aimant}}}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=201}} mais finit par devenir étouffante pour Svetlana. Les amis qu'elle a en grandissant sont pour certains d'origine juive, ce qui aurait confirmé Staline dans son idée d'infiltration de son entourage par les milieux [[sionisme|sionistes]]. En 1943, il l'oblige à rompre sa relation avec un cinéaste juif, [[Alexeï Kapler|Alexis Kapler]], de vingt-quatre ans plus âgé qu'elle, et envoie celui-ci au Goulag. La distance avec son père se creuse encore plus après son mariage avec un juif, Grigori Morozov, que Staline refuse de voir, ainsi que leur fils Iossif Morozov<ref group ="Note">Staline n’a vu son petit-fils que brièvement deux fois dans sa vie.</ref>. Un grand choc pour Svetlana est la découverte, en lisant en 1942 un article dans une revue anglaise, que sa mère n’est pas morte d’une crise de l’appendicite, mais d’un suicide<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Beata de Robien]]|titre=La malédiction de Svetlana|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Albin Michel]]|année=2016|pages totales=554|passage=142, 212|isbn=978-2-226-32860-1|lire en ligne=http://beataderobien.com/malediction-de-svetlana-allilouieva-biographie-fille-de-staline/}} {{commentaire biblio SRL|Note : Staline n’a vu son petit-fils que brièvement deux fois dans sa vie}}.</ref>. Conséquence de la dégradation croissante de leurs relations personnelles, Svetlana critique durement la politique de l'État et donc de son propre père après la fin de l'ère stalinienne<ref name="Marie" />, surtout après 1967 et sa fuite de l'Union soviétique<ref name=":0" />.
 
Une descendance de Staline subsiste aujourd'hui<ref group ="Note">En particulier un petit-fils, Evgueni Djougachvili, colonel en retraite, qui s'est manifesté en juillet 2009 en assignant en justice un journal de Moscou auquel il reprochait d'offenser la mémoire de son grand-père, mis en cause dans un article pour avoir ordonné en 1939 l'exécution des officiers polonais prisonniers à [[Massacre de Katyń|Katyń]]. [http://www.liberation.fr/monde/0101583349-evgueni-djougachvili-le-pe Evgueni Djougachvili, le petit-fils de Staline offensé].</ref>. En {{date-|mars 2001}}, la chaîne russe privée [[NTV (Russie)|NTV]] découvre un petit-fils auparavant inconnu vivant à [[Novokouznetsk]]. Iouri Davydov raconte à la NTV que son père l'avait informé de son lignage, mais, parce que la campagne contre le culte de la personnalité de Staline était à son apogée, lui avait dit de se taire. L'écrivain dissident [[Alexandre Soljenitsyne]] avait effectivement mentionné l'existence d'un fils de Staline né en 1918, durant l'exil de Staline en [[Sibérie]] du Nord.
 
===== Belle-famille =====
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=== Culture personnelle ===
Des travaux récents ont contesté la représentation traditionnelle d'un Staline grossier et inculte, terrorisant ses proches à coup de colères menaçantes. Dans la synthèse récente de [[Simon Sebag Montefiore]]{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}{{,}}{{sfn|Sebag Montefiore|2010b}}, la {{citation|plus éminente médiocrité du Parti}} (''dixit'' Trotski) est décrit comme étant, en réalité, un autodidacte passionné et un dévoreur de livres —&nbsp;capable de lire plus de {{Nombre|500&nbsp; pages}} par jour, il se faisait déjà remarquer à ce sujet en exil, s’appropriant sans partage les livres de ses camarades décédés{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=170}}. Sa bibliothèque comportait {{unité|20000|volumes}} dont beaucoup soigneusement annotés et fichés. Son sujet préféré était l'[[histoire]], suivi des études marxistes et de la [[fiction]]. Il aimait particulièrement étudier l'[[histoire de la Russie]], la [[Mésopotamie]], la [[Rome antique]] et l'[[Empire byzantin]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Robert Service|titre=Stalin: |sous-titre=A Biography|lieu=Londres|éditeur=[[Macmillan Publishers|Macmillan]]|année=2004|pages totales=715|isbn=978-0-333-72627-3|consulté le=16 mai 2023}}</ref>. Il possédait tous les ouvrages de référence du marxisme, mais aussi toutes les œuvres de ses ennemis, tels [[Léon Trotski|Trotski]] ou [[Boris Souvarine|Souvarine]], et même des œuvres d’auteurs tels que [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]], [[Victor Hugo]], [[Honoré de Balzac|Balzac]], [[Oscar Wilde]], [[Ernest Hemingway|Hemingway]] ou encore [[Émile Zola|Zola]], qu’il {{citation|vénérait}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=171}}. Il connaissait tous les grands classiques géorgiens, russes et européens, et était capable d’en faire des commentaires littéraires remarquables<!-- par un [[Chalva Noutsoubidzé|maître de conférences]] en la matière-->{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=172}}. Staline appréciait également le ballet et la musique, allant revoir une vingtaine de fois incognito ''[[Le Lac des cygnes|Le Lac des Cygnes]]''. Tel jadis le [[tsar]] [[Nicolas Ier (empereur de Russie)|Nicolas {{Ier}}]] censurant en personne [[Alexandre Pouchkine]], il lisait lui-même de nombreux manuscrits de poètes et romanciers, et visionnait pratiquement tous les films (il raffolait des westerns et des films policiers américains et était un admirateur de [[Spencer Tracy]] et [[Clark Gable]]<ref>Cité dans ''Le fantôme de Staline'' de [[Vladimir Fédorovski]], éditions du Livre de Poche, {{p.|104}}.</ref>) qui sortaient en URSS. S'il fit fusiller sans état d'âme tous les écrivains qui avaient un jour pu le critiquer ([[Boris Pilniak]], [[Ossip Mandelstam]], [[Isaac Babel]], etc.), il laissa libres [[Mikhaïl Boulgakov]] et [[Boris Pasternak]]{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=173}}, jugeant ce dernier comme un « {{Citation|doux rêveur »}} inoffensif, et persécuta à plusieurs reprises [[Anna Akhmatova]], qui le supplia de faire libérer son fils, l'essayiste Goumiliev, qu'il avait fait arrêter.
 
== Décorations ==
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* {{Déco Ordre du Drapeau rouge}} (1919, 1930, 1944).
* {{Déco Ordre de l'Étoile rouge}} (1922).
* [[Fichier:20 years saf rib.png|50px]] 20[[Médaille ansdu 20e anniversaire de l’Arméel'Armée rouge des ouvriers et paysans|Médaille du {{20e}} anniversaire de l'Armée rouge des ouvriers et travailleurspaysans]] (1938).
* {{Déco Ordre de Lénine}} (1939, 1945, 1949).
* {{Déco Ordre de Souvorov}} (1943).
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==== Œuvres ====
[[FileFichier:Oeuvres de Staline en anglais et en français.jpeg|alt=Les œuvres complètes de Staline.|thumb|Les œuvres complètes de Joseph Staline. Treize volumes ''In-8'' reliés en vinyle pour l'édition anglophone, sept volumes brochés pour l'édition [[Français|francophone]].]]
Les œuvres complètes de Staline sont disponibles en [[russe]] sur internet {{ru}} [http://grachev62.narod.ru/stalin/index.htm Сталин И.В. ''Сочинения''].
 
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* Rapport sur le culte de la personnalité et ses conséquences, présenté au {{XXe}} congrès du Parti communiste d'Union soviétique, dit ''Le rapport Khrouchtchev'', traduction et présentation par [[Jean-Jacques Marie]], [[Éditions du Seuil]], 2015, {{ISBN|978-2021170542}}.
* {{article|prénom1=Jean-Jacques|nom1=Marie|lien auteur1=Jean-Jacques Marie|titre=Staline sous Gorbatchev|périodique=[[L'Histoire]]|numéro=120|mois=mars |année=1989 |passage=50-59}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Simon Sebag|nom1=Montefiore|lien auteurauteur1= Simon Sebag Montefiore |titre=Staline|sous-titre=La cour du tsar rouge|volume=I|titre volume=1929-1941|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]|année=2010a|pages totales=723|isbn=978-2-262-03434-4|id=Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Simon Sebag|nom1=Montefiore|lien auteurauteur1= Simon Sebag Montefiore |titre=Staline|sous-titre=La cour du tsar rouge|volume=II|titre volume=1941-1953|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]|année=2010b|pages totales=624|isbn=978-2-262-03490-0|plume=oui}}
* {{Ouvrage|plumelangue=fr|langue oui originale=en|prénomprénom1= Simon Sebag|nomnom1=Montefiore |lien auteurauteur1= Simon Sebag Montefiore |titre= Le jeune Staline |lieu=Paris|éditeur= [[Calmann-Lévy |lieu= Paris ]]|année= 2008|pages totales=501|isbn= 978-2-7021-3926-4|plume=oui}}.
* David E. Murphy, ''Ce que savait Staline : L'énigme de l'opération Barberousse'', éd. Stock, coll. Les Essais, 457 p., 2006, {{ISBN|2234058279}}.
* Andrew Nagorski. ''La Bataille de Moscou'', éd. de Fallois. 2008 {{ISBN|9782877066549}}.
* [[Beata de Robien]], ''La Malédiction de Svetlana'', éd. [[Éditions Albin Michel|Albin Michel]], 2016, 554 pages, {{ISBN|978-2-226-32860-1}}.
* {{ouvrageOuvrage |auteurlangue=fr |langue originale=en |auteur1=[[Joshua Rubenstein]] |titre= Les Derniers Jours de Staline |lieu=Paris/61-Lonrai |éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]] |année=2023 |pages totales=364 |isbn=978-2-262-09704-2 |présentation en ligne= https://www.lemonde.fr/livres/article/2023/01/06/les-derniers-jours-de-staline-de-joshua-rubenstein-onde-de-choc_6156933_3260.html }}.
* [[Boris Souvarine]], ''L'U.R.S.S. en 1930'', présenté par Charles Jacquier, [[champ libre|éditions Ivrea]], 1997, {{ISBN|978-2-85184-257-2}}.
* {{Ouvrage |langue=en |auteur1=Ronald Grigor Suny |titre=Stalin |sous-titre=passage to revolution |lieu=Princeton |éditeur=[[Princeton University Press]] |année=2020 |pages totales=857 |isbn=978-0-691-18203-2 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=j0XcDwAAQBAJ&printsec=frontcover}}.
* Arkady Vaksberg, ''Staline et les Juifs'', Laffont, 2003, {{ISBN|2221093739}}.
* Alexandra Viatteau, ''Staline assassine la Pologne, 1939-1945'', Seuil, 1999, {{ISBN|2020231719}}.
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{{Succession/Ligne
|icone=Flag of the Soviet Union.svg
|nom=[[Liste des dirigeants de l'Union soviétique#Les dirigeantsDirigeants du Parti communiste de l'Union soviétique|Secrétaire général]] du [[Parti communiste de l'Union soviétique]]
|période=3 avril 1922-16 octobre 1952
|avant=Création du poste <br />Chef du parti : [[Vladimir Ilitch Lénine]]
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|Personnalité de l'année
}}
{{Portail|URSS|Géorgie|communisme|marxisme|nationalisme|politique|XXe siècle|Années 1920|Années 1930|Années 1940|Années 1950|Seconde Guerre mondiale|Guerre froide}}
 
{{DEFAULTSORT:Staline, Joseph}}