« Joseph Staline » : différence entre les versions

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'''Joseph Staline'''<ref group ="Note">En cyrillique : {{lang|ru|Иосиф Сталин}}<br />Nom de naissance en géorgien : Iosseb Bessarionis dze Djoughachvili ({{lang|ka|იოსებ ბესარიონის ძე ჯუღაშვილი}}) ; en russe : Iossif Vissarionovitch Djougachvili ({{lang|ru|Иосиф Виссарионович Джугашвили}}{{prononciation|ru-Stalin.ogg|prononciation}}).</ref>, né le {{Date de naissance|18 décembre 1878}}<ref name="naiss" group="Note">Officiellement le {{Date|21|décembre|1879}}. Quoiqu'il y ait des informations contradictoires dans les sources au sujet de la date de naissance de Staline, le registre des naissances de l'église Ouspensky à Gori mentionne la naissance de Iossif Djougachvili le {{Date|18|décembre|1878}} ({{nobr|6 décembre}} selon le [[calendrier julien]] alors en vigueur)[http://state.rin.ru/cgi-bin/persona_e.pl?id=4140&id_subcat=6&r=8]. Cette date est également mentionnée sur son diplôme scolaire, sa fiche signalétique de la police tsariste, un procès-verbal d'une arrestation datée du {{nobr|18 avril 1902}} où il affirme avoir {{nobr|23 ans}}, ainsi que dans tous les documents pré-révolutionnaires existants. Staline lui-même mentionne le {{nobr|18 décembre 1878}} dans un ''curriculum vitæ'' rédigé de sa main en 1921. Cependant, à partir de 1922, cette date de naissance est changée pour le {{Date|21|décembre|1879}} ({{nobr|9 décembre}} en [[calendrier julien]]), date à laquelle sera fêté son anniversaire en [[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]. Le dramaturge [[Edvard Radzinsky]] suggère que ce changement fut opéré afin que la célébration du {{50e|anniversaire}} de Staline puisse se dérouler à travers tout le pays, et qu'en 1928 son pouvoir n'était pas encore suffisamment assis pour ce faire. Dans son ouvrage ''Staline'' (éd. Fayard, 2001), l'historien [[Jean-Jacques Marie]] montre en revanche qu'il avait déjà modifié sa date de naissance bien avant 1914.</ref> à [[Gori (Géorgie)|Gori]] ([[Empire russe]], actuelle [[Géorgie (pays)|Géorgie]]) et mort le {{Date de décès|5 mars 1953}} à [[Moscou]], est un [[révolution russe|révolutionnaire]] [[Bolcheviks|bolchevik]] et [[homme d'État]] [[Union des républiques socialistes soviétiques|soviétique]] d'origine [[Géorgiens|géorgienne]]. Il dirige l'[[Union des républiques socialistes soviétiques]] (URSS) à partir de la fin des {{nobr|[[années 1920]]}} jusqu'à sa mort en établissant un régime de [[dictature]] personnelle absolue de type [[Totalitarisme|totalitaire]]<ref>[[Henry Rousso]], [[Nicolas Werth]], ''[https://books.google.fr/books?id=SzUUNUTAn1MC&pg=PA61&dq=staline+dictature&cd=2#v=onepage&q=staline%20dictature&f=false Stalinisme et nazisme, histoire et mémoires comparées]'', Éditions Complexe, 1999, {{p.|61}}.</ref>. Les historiens le jugent responsable, à des degrés divers, de la mort de trois à plus de {{nobr|vingt millions}} de personnes<ref>Voir le[[#Bilan §des ''assassinats de masse et déportations commis sous Staline|Bilan des assassinats de masse et déportations commis sous Staline'']].</ref>.
 
Né '''Iossif Vissarionovitch Djougachvili''' (en {{Lang-ka|იოსებ ბესარიონის ძე ჯუღაშვილი}}, ''Ioseb Besarionis Dze Jughashvili'' ; en {{Lang-ru|Ио́сиф Виссарио́нович Джугашви́ли}}), il est surnommé '''Sosso''' (diminutif de Iossif ou de Iosseb) pendant son enfance. Il se fait ensuite appeler '''Koba''' (d'après un héros populaire géorgien) par ses amis proches et dans ses premières années de militantisme clandestin au sein du [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie]] (POSDR), auquel il adhère en {{date|1898}}. Il utilise ensuite le pseudonyme de '''Staline''', formé sur le mot russe {{Langue|ru|сталь|trans=stal}}, qui signifie « [[acier]] ».
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[[Fichier:Joseph Stalin birth registration crop.jpg|thumb|upright=2.8|left|La naissance de Ioseb, dans le registre des naissances de Gori.]]
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Joseph Staline est né le {{Date|18|décembre|1878}}<ref name="naiss" group="Note"/> dans la ville [[Géorgie (pays)|géorgienne]] de [[Gori (Géorgie)|Gori]], alors dans le [[gouvernement de Tiflis]] ([[Empire russe]]), troisième enfant et seul survivant de sa fratrie au sein d'une famille pauvre. L'aîné, Mikheil Djougachvili, naît et meurt deux mois après sa naissance en 1875, tandis que le deuxième enfant, Giorgi Djougachvili, naît en 1876 et meurt en 1877<ref>{{Ouvrage|auteur1=Simon Sebag Montefiore|titre=Le jeune Staline|passage=53}}</ref>.
 
Le père<ref>La paternité discutée de Vissarion est étudiée dans {{harvsp|Sebag Montefiore|2008|p=57}}.</ref> de Staline, [[Vissarion Djougachvili]] (1850-1909) (prénom parfois aussi retranscrit Besarion), est un ouvrier cordonnier qui sombre dans l'[[alcoolisme]] et qui le bat<ref name="Minassian1996">Taline Ter Minassian, [https://www.persee.fr/doc/receo_0338-0599_1996_num_27_3_2807 Jean-Jacques Marie, Staline (compte-rendu)], ''Revue d'études comparatives Est-Ouest'', Année 1996, 27-3, {{p.|180-183}}</ref>. Il est originaire d'un village du Nord de la [[Géorgie (pays)|Géorgie]], Djougha (d'où son nom) et on lui prête des origines [[Ossétie|ossètes]]. Sa mère, [[Kéké Geladzé|Ekaterina Gavrilovna Gueladzé]] (1858-1937), est une couturière d'[[Ossétie]]. Fervente [[Christianisme orthodoxe|orthodoxe]], abandonnée par son mari, elle pousse son fils, {{citation|garnement des rues […] d’une intelligence exceptionnelle}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}, vers la [[Prêtre orthodoxe|prêtrise]] et finance difficilement ses études. De sa jeunesse, Staline resta {{citation|traumatisé par la violence, l’insécurité et la méfiance, mais inspiré par les traditions locales de dogmatisme religieux, de vendetta et de brigandage romantique}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}. À cette période, sa famille habite au 10 de la rue de la Cathédrale à [[Gori (Géorgie)|Gori]]<ref>''Staline'' de [[Jean Elleinstein]].</ref>.
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Stalin 1894.jpg|Ioseb Djougachvili, à 15 ans.
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Des documents du [[Internationale communiste|Komintern]] montrent cependant que même dans ces années où il fait figure d'allié des démocraties, Staline n'a pas renoncé à l'espoir secret d'un pacte avec Hitler, qui mettrait à l'abri l'URSS et lui garantirait en outre des bénéfices territoriaux. Il fait régulièrement modérer les attaques de la presse contre le régime nazi, ou tente quelques sondages secrets à [[Berlin]]<ref>[[Jean-Jacques Marie]], ''Staline'', [[Librairie Arthème Fayard|Fayard]], 2001.</ref>. Les [[procès de Moscou]] et les purges qui meurtrissent l'[[Armée rouge]] troublent les démocraties occidentales, où l'anticommunisme reste très fort, et les font douter des capacités militaires soviétiques.
 
En [[1938]], Staline est furieux que son pays n'ait pas été convié à la conférence qui décide des [[accords de Munich]] ([[30 septembre]]) et craint une entente des Occidentaux avec Hitler contre l'URSS. Staline fait clairement savoir à Berlin, début [[1939]], que [[Moscou]] se liera au plus offrant. Mais persuadé que la guerre avec les nazis est inévitable, il décide le transfert des usines d'armement vers l'est (au-delà de Moscou) et arrête la stratégie de l'Armée rouge pour cette confrontation. Ce sera une posture défensive, copie de celle de [[Mikhaïl Koutouzov]] devant [[Napoléon Ier|Napoléon]] en [[1812]] et qui prend en compte la possibilité d'une invasion en profondeur. La prise des capitales, Moscou et Leningrad, qui seront protégées par des troupes d'élite, est, cette fois, exclue. Staline table sur l'usure des troupes d'élite allemandes qu'Hitler devra engager dès le début de l'attaque, scénario qui se vérifiera complètement devant Moscou et partiellement devant Leningrad.
 
Le {{date|12 août 1939}}, les plénipotentiaires de la [[France]] et du [[Royaume-Uni]] sont en visite en URSS afin de tenter – bien tardivement et sans conviction – de refonder l’alliance de [[1914]], après avoir refusé à de nombreuses reprises des propositions similaires faites auparavant par Staline<ref group ="Note">Churchill écrit à ce sujet : « L'offre des Soviétiques fut de fait ignorée. Ils ne furent pas mis à peser sur la balance contre Hitler et furent traités avec une indifférence, pour ne pas dire un dédain, qui marqua l'esprit de Staline. Les événements se déroulèrent comme si la Russie soviétique n'existait pas. Nous avons après-coup terriblement payé pour cela. » (''The Second World War'', {{vol.|1}}, {{p.|104}}).</ref>. Staline dénonce une absence de réelle volonté des démocraties occidentales de combattre Hitler et signe, le {{Date|23 août 1939}}, le [[pacte germano-soviétique]]. Un protocole secret prévoit le partage de l'[[Europe centrale]] en « zones d'influences » et les [[relations économiques entre l'Union soviétique et l'Allemagne nazie]] sont très fortement accrues permettant à Berlin d'accumuler des stocks vitaux de matières premières. Il gagne alors de l'espace et du temps, mais moins que prévu du fait de la [[Armistice du 22 juin 1940|rapide défaite]] de la France à l'ouest, qu'il interprète comme l'intégration de celle-ci à la puissance nazie.
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{{article détaillé|Histoire de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale}}
[[Fichier:JStalin Secretary general CCCP 1942 flipped.jpg|thumb|Staline vers 1942.]]
Avant le début de la [[Seconde Guerre mondiale]] en Europe, l'URSS remporte deux batailles de frontières contre le [[empire du Japon|Japon]] : la [[bataille du lac Khassan]] en 1938, puis la [[bataille de Khalkhin Gol]] en [[Mongolie]] en 1939. Le {{date-|17|septembre|1939}}, les troupes de Staline entrent en [[Pologne]] {{incise|jusqu'à sa frontière orientale actuelle}} et prennent à revers l'armée de ce pays qui se défend face à l’invasion nazie sur sa frontière occidentale, en cours depuis deux semaines. Le {{nobr|[[30 novembre]]}}, l'armée soviétique [[guerre d'Hiver|attaque]] la [[Finlande]] et, après des échecs spectaculaires et inquiétants, parvient à la faire plier en {{nobr|mars 1940}}, sous le nombre des assaillants.
 
Le {{date-|5|mars|1940}}, Staline fait contresigner par le [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]] son ordre d'exécuter sommairement plus de {{unité|20000|officiers}} et notables polonais capturés, qui seront en particulier enterrés près de [[Massacre de Katyń|Katyń]].
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C'est le début du recul allemand. À la [[bataille de Koursk]] en {{nobr|été 1943}}, au cours de la plus grande confrontation de blindés de l'histoire, {{unité|500000|hommes}} et {{unité|1500|chars}} sont mis hors de combat.<br>
Du [[28 novembre]] au {{date|1er|décembre|1943}} il participe à la [[conférence de Téhéran]], avec [[Winston Churchill]] et [[Franklin Delano Roosevelt]], où les services secrets alliés découvrent l'[[opération Grand Saut]], un projet d'assassinat des participants.
 
Après ses erreurs dramatiques de 1941, Staline a su faire progressivement un réel apprentissage militaire, et surtout accepter de laisser une plus grande autonomie à ses généraux : il ne se rend jamais en personne au front. Par ailleurs, vis-à-vis de la société soviétique, il desserre l'emprise du gouvernement, noue une trêve avec les Églises, met l'accent sur la défense de la patrie plutôt que sur la révolution. Cependant, son pouvoir absolu reste intact et même renforcé : chef du gouvernement depuis {{date-|mai 1941}}, Staline se fait nommer commissaire à la Défense en [[Août 1941 (guerre mondiale)|août]], « commandant en chef suprême » en [[Juillet 1942 (guerre mondiale)|{{date-|juillet 1942}}]], maréchal en 1943, [[Généralissime de l'Union soviétique|généralissime]] en [[1945]]. ''[[L'Internationale]]'' cesse d'être l'[[Hymne de l'Union soviétique|hymne soviétique]] pour être remplacée par un [[Hymne de l'Union soviétique|chant patriotique]] qui mentionne son nom. C'est aussi la nature totalitaire du gouvernement qui lui permet d'imposer une stratégie d'offensive à tout prix et d'attaque frontale de l'ennemi, très coûteuse en hommes, [[Pertes humaines de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale|où les pertes humaines se dénombrent par millions]] : ce type de stratégie n’a plus cours en Occident depuis la fin de la [[Première Guerre mondiale|Grande Guerre]].
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Staline ne se manifeste pas pendant toute la journée du [[1er mars|{{1er}} mars]] et ne commande aucun de ses repas, qu'il fait goûter par crainte d'empoisonnement, contrairement à son habitude. L'arrivée du courrier du comité central du Kremlin donne le prétexte de déranger Staline malgré ses consignes. Selon le garde du corps de Staline Alexandre Rybine, c'est l'officier de sécurité Piotr Lozgatchev qui force la porte et trouve Staline tout habillé (son pantalon de pyjama trempé d'urine<ref name="Ducret"/>), allongé sur le tapis, inconscient, frappé par une [[Accident vasculaire cérébral|attaque cérébrale]], vraisemblablement peu de temps après le départ de ses collaborateurs<ref>Alexandre Rybine, « Aux côtés de Staline », dans ''Sotsiologitcheskoe Issledovanie'' {{n°|3}}, 1988, {{p.|50}}.</ref>. Les ''Mémoires'' de Khrouchtchev mentionnent que c'est la vieille gouvernante de Staline Matrena Boutouzova qui le découvre ainsi. Les gardes déplacent Staline sur le canapé du salon avant de décider ce qu'il convient de faire. Son plus proche collaborateur [[Gueorgui Malenkov]], averti de la situation, téléphone à [[Lavrenti Beria|Beria]] seul habilité à autoriser un médecin à s'approcher de Staline (il soupçonnait ses médecins de vouloir le tuer) mais le chef de la police politique est introuvable<ref>Simon Sebag Montefiore, op. cité, {{p.|633}}.</ref>.
 
Dans la nuit du {{1er}} au [[2 mars]], le chef de la garde convoque les principaux collaborateurs de Staline à la datcha, dont [[Nikita Khrouchtchev|Khrouchtchev]], [[Nikolaï Boulganine|Boulganine]], [[Lavrenti Beria|Béria]], [[Gueorgui Malenkov|Malenkov]], qui découvrent alors Staline inconscient mais pas encore mort. Ayant peur de son courroux s'ils lui faisaient mal, ils attendent plusieurs heures avant d'appeler un médecin, alors que Staline avait déjà été frappé par cette attaque depuis plus de 24 heures. Selon certains témoignages, Béria s'opposa à la convocation de médecins, sachant que Staline préparait une purge qui le concernait (comme ses prédécesseurs à sa fonction) ; il avait donc tout intérêt à ce que Staline meure<ref>{{Lien web|url= https://www.youtube.com/watch?v=T0sOFFuqUPY|titre= Mystery of Stalin's Death (RT Documentary)|site= YouTube / RT|date= 16 décembre 2012|langue= en|format= vidéo|description= la thèse est évoquée à la {{16e}} minute}}</ref>. Molotov soupçonna que la [[Troïka (politique)|troïka]] Béria–Malenkov–Khrouchtchev, ainsi que Boulganine, pouvait profiter de la disparition du dirigeant<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Lilly Marcou]]|titre=Staline, vie privée|éditeur=[[Calmann-Lévy]]|année=|isbn=}}{{Commentaire biblio|Se base sur l'ouvrage de Felix Tchouev, ''Conversations avec Molotov''.}}</ref>. Lorsque le médecin arrive, il est trop tard. Après 33 ans à la tête de l'URSS, Joseph Staline est déclaré mort le [[5 mars]] à 6 h du matin, à l'âge de 74 ans<ref>[http://www.histoire-en-questions.fr/personnages/stalinemort.html L'Histoire en questions].</ref>.
 
Selon le témoignage de sa fille [[Svetlana Allilouïeva|Svetlana]], Staline, au cours de sa longue agonie, aurait manifesté des moments de conscience avant de mourir. Selon un mémorandum de Beria publié conformément à ses souhaits après sa mort, le décès de Staline est attribué à un [[empoisonnement]] par l'un de ses rivaux, [[Viatcheslav Molotov]], pour achever Staline : victime d'une attaque lors de la discussion houleuse du Præsidium du [[28 février]], il fut ramené dans sa datcha et Molotov aurait versé de la [[Coumaphène|warfarine]] dans son [[Cognac (eau-de-vie)|cognac]]<ref>Memorandum dans « Lavrentii Beria, 1953 », dans ''Moskva'', Fond Demokratia, 1999.</ref>. Le rapport médical officiel sur la mort de Staline déclare que ce dernier serait tombé malade dans les premières heures du {{date-|2 mars}}, sans doute pour dissimuler le fait qu'il fut laissé sans assistance médicale durant toute une journée<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Michael Wines|titre=New Study Supports Idea Stalin Was Poisoned|périodique=The New York Times|date=5 mars 2003|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2003/03/05/world/new-study-supports-idea-stalin-was-poisoned.html|consulté le=12 août 2018}}.</ref>. Une autre version, racontée dans les mémoires de Molotov publiées en 1993, dit que ce serait plutôt Beria qui aurait empoisonné Staline. Lors des funérailles nationales, Beria se serait vanté de ses actions à Molotov en lui disant : « C'est moi qui ai liquidé le tyran<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Vladimir Fédorovski]]|titre=Le fantôme de Staline|éditeur=Le Rocher|année=2007|isbn=}}</ref>. »
 
L'aura de Staline est telle que la ''[[Pravda]]'' passe sous silence, pendant près d'une semaine, la mort du compositeur [[Sergueï Prokofiev]], survenue le même jour, 50 minutes avant celle du « génial père des peuples »<ref>{{article|prénom1=Norman |nom1=Lebrecht|lien auteur1=Norman Lebrecht|titre=Prokofiev, la dernière victime de Staline|périodique=La Scena Musicale|éditeur=La Scène musicale|lieu=Montréal|volume=8|numéro=9|jour=4|mois=juin|année=2003|pages=48-49|issn=1486-0317|issn2=1206-9973|url texte=http://www.scena.org/lsm/sm8-9/Prokofiev-fr.htm}}.</ref>.
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Le décès de Staline marque la confirmation de la « [[coexistence pacifique]] » sur le plan international, tout comme elle entraîne vite une vague d'événements en URSS et dans le bloc soviétique. En Union soviétique, une direction collégiale se met en place, dominée un temps par [[Lavrenti Beria]] qui contrôle toujours l'appareil policier et certains ministères stratégiques. Beria se transforme paradoxalement en champion de la [[libéralisation]] : il relâche les accusés du « [[complot des blouses blanches]] » en reconnaissant que leurs « aveux » ont été extorqués par la [[torture]], et amnistie dès le mois de mars près d'un million de condamnés de droit commun qui sortent alors du [[Goulag]]. Le [[stalinisme]] n'est pas pour autant renié encore officiellement.
 
Dans le [[bloc de l'Est]], la mort de Staline entraîne un [[Insurrection de juin 1953 en Allemagne de l'Est|soulèvement contre le régime]] à [[Berlin-Est]] et en [[république démocratique allemande|RDA]] à partir du [[16 juin]], donnant l'espoir d'une réunification allemande rapide, mais le mouvement est sévèrement réprimé.
 
Après une longue période de flottement, qui se solde entre autres par l'exécution du chef du [[KGB]] [[Lavrenti Beria]], [[Nikita Khrouchtchev]] arrive à la tête du pays. En [[1956]], l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] rompt officiellement avec le [[stalinisme]] au cours du [[XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique|{{XXe}} congrès du Parti communiste de l'Union soviétique]]. En [[1961]], le corps embaumé de Staline est retiré du [[mausolée de Lénine]] et Stalingrad devient [[Volgograd]]. Les rescapés du régime stalinien sont libérés du [[Goulag]] et la réhabilitation globale des victimes de Staline, initiée par [[Nikita Khrouchtchev|Khrouchtchev]], stoppée sous [[Léonid Brejnev|Brejnev]], est relancée sous [[Mikhaïl Gorbatchev|Gorbatchev]] et achevée après la [[dislocation de l'URSS]]. [[Hélène Carrère d'Encausse]] a qualifié la déstalinisation enclenchée en [[1956]] à la lecture du « rapport secret » de Khrouchtchev de « deuxième mort de Staline ».
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En incluant les victimes de la famine on arrive à des chiffres de plus de {{nobr|20 millions}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Simon|nom1=Sebag Montefiore|lien auteur1=Simon Sebag Montefiore|titre=Stalin|sous-titre=The Court of the Red Tsar|éditeur=|année=2004|pages totales=720|passage=649 : « Perhaps 20 million had been killed; 28 million deported, of whom 18 million had slaved in the Gulags. »|isbn=978-0-7538-1766-7|isbn2=0-7538-1766-7}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|langue originale=ru-Latn|prénom1=Dmitri|nom1=Volkogonov|lien auteur1=Dmitri Volkogonov|titre=Autopsy for an empire|sous-titre=the seven leaders who built the Soviet regime|lieu=New York|éditeur=Free Press|année=1998|pages totales=139 : « Between 1929 and 1953 the state created by Lenin and set in motion by Stalin deprived 21.5 million Soviet citizens of their lives. »|isbn=978-0-684-83420-7|isbn2=0-684-83420-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=S5XlHA_75YwC&printsec=frontcover}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Alexander|nom1=N. Yakovlev|lien auteur1=Alexander Nikolaevich Yakovlev|prénom2=Anthony|nom2=Austin|prénom3=Paul|nom3=Hollander|titre=A Century of Violence in Soviet Russia|éditeur=[[Yale University Press]]|année=2002|date=10 avril 2004|pages totales=234 : « My own many years and experience in the rehabilitation of victims of political terror allow me to assert that the number of people in the USSR who were killed for political motives or who died in prisons and camps during the entire period of Soviet power totaled 20 to 25 million. And unquestionably one must add those who died of famine more than 5.5 million during the civil war and more than 5 million during the 1930s. »|isbn=978-0-300-10322-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=ChRk43tVxTwC&pg=PA234}}.</ref>{{,}}<ref>[[Robert Gellately]], ''Lenin, Stalin, and Hitler: The Age of Social Catastrophe'', Knopf, 2007, {{ISBN|1400040051}}, {{p.|584}} : « More recent estimations of the Soviet-on-Soviet killing have been more 'modest' and range between ten and twenty million. »</ref>{{,}}<ref>[[Stéphane Courtois]], ''[[Le Livre noir du communisme|The Black Book of Communism]]: Crimes, Terror Repression'', [[Harvard University Press]], 1999, {{p.|4}} : « U.S.S.R.: 20 million deaths. » et Jonathan Brent, ''Inside the Stalin Archives: Discovering the New Russia'', Atlas & Co., 2008, ({{ISBN|0977743330}}) [http://atlasandco.com/images/uploads/samples/pdf/InsideStalinArchives-web.pdf Introduction online] [PDF] : « Estimations on the number of Stalin's victims over his twenty-five year reign, from 1928 to 1953, vary widely, but 20 million is now considered the minimum. »</ref>{{,}}<ref>[[Steven Rosefielde]], ''[[Red Holocaust]]'', [[Routledge]], 2009, {{ISBN|0415777577}}, {{p.|17}} : « We now know as well beyond a reasonable doubt that there were more than 13 million Red Holocaust victims 1929–53, and this figure could rise above 20 million. »</ref>{{,}}<ref>[[Norman Naimark]]. ''Stalin's Genocides (Human Rights and Crimes against Humanity).'' [[Princeton University Press]], 2010. {{p.|11}}: « Yet Stalin's own responsibility for the killing of some fifteen to twenty million people carries its own horrific weight... »</ref>{{,}}<ref name="Conquest">[[Robert Conquest]], ''The Great Terror: A Reassessment, 40th Anniversary Edition'', Oxford University Press, 2007, dans la préface, p. xvi : « Exact numbers may never be known with complete certainty, but the total of deaths caused by the whole range of Soviet regime's terrors can hardly be lower than some fifteen million. »</ref>.
 
D'autres relèvent {{formatnum:4000060}} condamnations entre 1921 et 1953, dont {{formatnum:799455}} à mort, {{nombre|963766|décès}} — « ennemis du peuple » et droits communs confondus — dans les camps entre le {{Date-|1|janvier|1934}}, jour officiel de la création de l'administration pénale pénitentiaire, et le {{date-|31|décembre|1947}}. « Ce dernier chiffre, ainsi que celui des personnes décédées lors de la déportation des koulaks peut être ajouté au « terrible prix » qui a été payé », indique Moshe Lewin<ref>Moshe Lewin, ''op. cit.'', {{p.|515}}.</ref>. Ce chiffre s'élève à {{formatnum:1800000}} déportés, parmi lesquels quelques centaines de milliers de décès dans les famines consécutives. En outre, il faut ajouter quelque {{formatnum:1500000}} condamnations après 1945 pour faits de collaboration, la plupart à l'emprisonnement, avec une « indulgence relative » pour les nationalistes ukrainiens et baltes<ref>Moshe Lewin, ''op. cit.'', {{p.|515}}</ref>. En comptant les « {{formatnum:440000}} Polonais déportés ou fusillés » entre 1939 et 1941, l’estimation du nombre de victimes ''directes'' du stalinisme est d’environ {{nombre|7740000|personnes}} en 32 ans ; environ 2.500.000 d'entre elles trépassèrent devant un peloton d'exécution ou en déportation.
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* {{Déco Ordre du Drapeau rouge}} (1919, 1930, 1944).
* {{Déco Ordre de l'Étoile rouge}} (1922).
* [[Fichier:20 years saf rib.png|50px]] 20[[Médaille ansdu 20e anniversaire de l’Arméel'Armée rouge des ouvriers et paysans|Médaille du {{20e}} anniversaire de l'Armée rouge des ouvriers et travailleurspaysans]] (1938).
* {{Déco Ordre de Lénine}} (1939, 1945, 1949).
* {{Déco Ordre de Souvorov}} (1943).
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|Personnalité de l'année
}}
{{Portail|URSS|Géorgie|communisme|marxisme|nationalisme|politique|XXe siècle|Années 1920|Années 1930|Années 1940|Années 1950|Seconde Guerre mondiale|Guerre froide}}
 
{{DEFAULTSORT:Staline, Joseph}}