« Empire carolingien » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Thierry74 (discuter | contributions)
m petite relecture, ajout, et suppression des liens internes sans rapport avec le sujet de l'article - Lire ici les recommandations de WP
Authueil (discuter | contributions)
Annulation de la modification de 88.127.130.11 (d)
Balise : Annulation
 
(18 versions intermédiaires par 12 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 :
{{Voir homonymes|Empire romain (homonymie)|Empire d'Occident}}{{Infobox Ancienne entité territoriale
| nom français = Empire carolingien
| année début = [[{{date|25|décembre|800]]}}
| année fin = [[843]]/[[{{date|924]]}}
| durée = {{durée|25|12|800|13|01|888}}
| drapeau = Oriflamme_of_Charlemagne.png
| drapeau lien = Oriflamme de Charlemagne
Ligne 13 ⟶ 14 :
| gouvernement = [[Monarchie]]
| capitale = [[Metz]], puis [[Aix-la-Chapelle]]
| langues = [[Latin médiéval]], [[ancien français]], [[francique rhénan]]<ref>Le français [[Langues romanes|roman]] ([[Langues gallo-romanes|gallo-roman]]), dans ses déclinaisons de langues d'oïl et d'oc, ne commencera son réel développement, en Francies occidentale et médiane, qu'au {{s-|X}}.</ref>
| religion = [[Christianisme]]
| monnaie = [[Denier (monnaie)|Denier d'argent]]
| superficie = {{unité|1200000|km|2}} (814)<ref name=uconn>Peter Turchin, Thomas D. Hall andet Jonathan M. Adams, [http://jwsr.ucr.edu/archive/vol12/number2/pdf/jwsr-v12n2-tah.pdf « East-West Orientation of Historical Empires »], ''Journal of World-Systems Research'', {{vol. |12}}, {{n°|2}}, 2006, pp. 219-229{{page|219–229}}.</ref>{{,}}<ref>Rein Taagepera, « Expansion and Contraction Patterns of Large Polities: Context for Russia », ''International Studies Quarterly'', {{vol. |41}}, 1997, pp. 475-504{{page|475–504}}.</ref>
| population = < {{unité|30000000 habitants}}
| evt1 date = [[754]]
Ligne 75 ⟶ 76 :
| p1 = [[Royaume des Francs]]
| p2 = [[Royaume lombard]]
| p3 = [[RennaisDomnonée]], [[Pays nantais|NantaisCornouaille]] et [[Broërec|Vannetais]]
| p4 = [[Frise (région historique)|Frise]]
| p5 = [[Premier duché de Bavière|Bavière]]
Ligne 99 ⟶ 100 :
L''''Empire carolingien''' est le résultat de l'expansion territoriale du [[Royaumes francs|royaume franc]] sous l'influence de la [[Carolingiens|dynastie carolingienne]] pendant le [[haut Moyen Âge]]. Il s'étend de l'[[Europe de l'Ouest|Europe occidentale]] à l'[[Europe centrale]].
 
Amorcé par [[Pépin le Bref]], premier souverain de cette deuxième dynastie des [[Liste des monarques de France|rois de France]] (la première étant celle des [[Mérovingiens]]), elleil doit cependant son nom à son fils, [[Charlemagne|Carolus Magnus ou Charlemagne]], couronné [[empereur]] par le [[pape]] {{noble|Léon III (pape)}} en 800.
 
Cet Empire franc sera partagé entre les petits-fils de Charlemagne, à la suite de la mort de son fils, le roi {{noble-|Louis Ier}}, dit le Débonnaire, ou [[Louis le Pieux]], et donnera naissance à l'ouest à la [[Francie occidentale]], à l'est à la [[Francie orientale]], et à la [[Francie médiane]] au centre et au sud. Objet d'un siècle de luttes entre les Francies occidentale et orientale, la Francie médiane finira démembrée :, sa moitié nord, la [[Lotharingie]], se rattachant à la Francie orientale, qui deviendra au prochain changement dynastique le [[Saint-Empire romain germanique]], et sa moitié sud ressuscitant le [[royaume d'Italie (Saint-Empire romain)|royaume d'Italie]].
 
L'Empire carolingien prend fin en {{date|924}}{{sfn|Dunn|2016|p=62}}{{,}}{{sfn|id=Jeep 2001|texte=Jeep {{et al.}} 2001|loc={{s.v.}}Empire}}{{,}}{{sfn|Pagden|2008|p=119}} avec la mort par [[assassinat]]{{sfn|Bogdan|2015}}, le {{date|7 avril 924-}}{{sfn|Bogdan|2015}}{{,}}{{sfn|Lauer|1910|p=24}}, de l'empereur {{noble|Bérenger Ier de Frioul}}, petit-fils de Louis le Pieux. Le titre impérial restera [[Vacance|vacant]] jusqu'en {{date|962}}, où le couronnement, le {{date|2 février 962-}}, d'{{noble|Otton Ier (empereur du Saint-Empire)}} par le pape {{noble|Jean XII}}{{sfn|Bogdan|2015}}{{,}}{{sfn|id=Jeep 2001|texte=Jeep {{et al.}} 2001|loc={{s.v.}}Empire}} donnera naissance au [[Saint-Empire romain germanique]].
 
== Une dynastieDynastie puissante en quête de légitimité ==
=== Conquêtes ===
[[Fichier:Frankish Empire 481 to 814-fr.svg|redresse=1.4|gauche|vignette|Expansion du Royaume franc.]]
 
Au {{s-|VII}}, les [[royaumes barbares]] connaissent une période de crise et se morcellent. L'[[Expansion de l'islam|expansion musulmane]]<ref>{{ouvrage|auteur=Robert Durand|titre=Musulmans et chrétiens en Méditerranée occidentale, {{sp-|X|-|XIII|s}}. Contacts et échanges|éditeur=Presses universitaires de Rennes|date=2000|passage=181-183}}.</ref> a longtemps été évoquée comme cause de cette crise<ref>Selon la [[Henri Pirenne#Contributions à l'histoire du Moyen Âge|Thèsethèse de Pirenne]] selon laquelle, les [[Califat islamique|musulmans]] auraient fermé la [[Méditerranée]] à la navigation et coupé les liens commerciaux entre l'Occident et l'Orient.</ref> mais on connaît mieux désormais le rôle de l'[[Italie byzantine]] comme courroie de transmission ininterrompue [[Influence de Byzance en Occident|entre l'Orient et l'OrientOccident]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Bernard Germain É. de La Ville, ''sur Illon|prénom1=|nom1=|titre=Histoire généralegénèrale, physique et civile de l'Europe,'' Volume |volume=3, p. |date=1826|passage=45}}.</ref>. N'étant plus assurée par l'État romain disparu, la sécurité est désormais prise en charge par l'[[Noblesse|aristocratie germanique]]<ref name="Bal42">{{Ouvrage|prénom1=Michel |nom1=Balard, |prénom2=Jean-Philippe |nom2=Genet et |prénom3=Michel |nom3=Rouche, ''|titre=Le Moyen Âgeâge en Occident'', |éditeur=Hachette, supérieur|collection=HU histoire|date=2003,|pages {{p.totales=|passage=42|isbn=978-2-01-145540-6}}.</ref>. Les puissants accueillent des hommes libres, les éduquent, les protégentprotègent et les nourrissent. L'entrée dans ces groupes se fait par la cérémonie de la recommandation : ces hommes deviennent des guerriers domestiques (''vassus'') attachés à la personne du ''senior''<ref>''Vassus'' signifie « jeune homme fort » et a donné en français « vassal » en opposition à ''Senior'' qui signifie « vieux » et a donné « seigneur ».</ref>. Le seigneur doit entretenir cette clientèle par des dons pour entretenir sa fidélité<ref name="Bal42"/>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Laurent Vissière, « |titre=Le chevalier, un héros laborieux »,|url=https://www.historia.fr/histoire-de-france/capetiens/le-chevalier-un-heros-laborieux-2048523 ''|site=Historia'' thématique {{n°|90}}, juillet date=2004-07-01 : «|consulté La France féodale »le=2024-03-30}}.</ref>. La monnaie d'or devenant rare, la richesse provient surtout de la guerre : butin ou terres conquises à redistribuer. En l'absence d'expansion territoriale, les liens [[Vassalité|vassaliques]] se distendent, donc pour se pérenniser une puissance doit s'étendre.
 
[[Fichier:Empires voies commerciales.jpg|redresse=1.2|gauche|vignette|Conséquences de [[Expansion de l'islam|l'expansion musulmane]] des {{s2-|VII|VIII}} sur les voies commerciales et les royaumes européens selon la [[Henri Pirenne#Contributions à l'histoire du Moyen Âge|thèse de Pirenne]].
Ligne 121 ⟶ 122 :
{{Légende/Fin}}]]
 
Même si les voies terrestres romaines sont encore utilisables à cette époque, le trafic commercial est essentiellement fluvial (et permet le transfert de marchandises d'un bassin fluvial à l'autre) mais il ne permet que le transport de denrées suffisamment onéreuses pour être rentable<ref>{{Ouvrage|auteur1=Philippe Contamine, |auteur2=Marc Bompaire, |auteur3=Stéphane Lebecq, |auteur4=Jean-Luc Sarrazin, ''|titre=L'économie médiévale'',|éditeur=Armand Colin|collection=Collection U,|date=1997|passage=44–45|isbn=978-2-200-01546-6|consulté Armand Colin, 2004, pages 23le=2024-03-2630}}.</ref>. Même si le trafic est faible, ces voies sont capitales pour acquérir de quoi entretenir ses vassaux<ref name="Bal44"/>. Avec la présence musulmane en Méditerranée occidentale, les voies commerciales [[Empire byzantin|byzantines]] ne peuvent plus passer que par l'[[Adriatique]]. Dès lors, l'axe [[Rhône]]-[[Saône]]-[[Rhin]] (ou [[Seine]]) est supplanté par l'axe [[Pô]]-Rhin-[[Meuse (fleuve)|Meuse]]<ref name="Bal44"/>.
 
Les [[Pépinides]] ou [[Pippinides]], une famille [[austrasie]]nne dont le berceau est situé sur la [[Meuse (fleuve)|Meuse]], acquièrent un avantage économique qui va leur permettrepermet de mettre sur pied des armées bien plus nombreuses que ses rivales<ref name="Bal44">{{Ouvrage|prénom1=Michel |nom1=Balard, |prénom2=Jean-Philippe |nom2=Genet et |prénom3=Michel |nom3=Rouche, ''|titre=Le Moyen Âgeâge en Occident'', |éditeur=Hachette, supérieur|collection=HU histoire|date=2003,|pages {{p.totales=|44passage=44–45|isbn=978-2-01-145540-456}}.</ref>. Le basculement à l'est des voies commerciales réactive les régions riches en minerai de fer, lequel était déjà exploité, à l'origine de la [[La Tène#Civilisation|puissance agricole et militaire des Celtes]]. Ceci permet de bénéficier d'armes et protections en acier de bonne qualité, augmentant leurla supériorité militaire. L'outillage agraire s'en trouve amélioré et la productivité augmente. Les Pippinides, en contrôlant plus de 90 grands domaines agricoles de part et d'autre de la Meuse, se sont procuré une puissance sans égale<ref name="Bal44" />. Ainsi, [[Pépin de Herstal]], devient [[maire du palais]] d'[[Austrasie]] en 679, contrôle la [[Neustrie]] en 687 et prend le titre de prince des [[Francs]]. Pour conserver ses conquêtes, ses descendants doivent maintenir cette politique expansive pour éviter la dissolution de leur empire naissant. Son fils [[Charles Martel]], issu de sa deuxième épouse, doit ainsi réduire les révoltés neustriens, puis assujettir les [[Frisons]], les [[Alamans]], [[Bourguignons]] et les [[Provençaux]]<ref name="Bal44" />.
 
Parallèlement à cette évolution, le bassin méditerranéen est victime aux {{s2-|VI|VII}} d'[[Peste de Justinien|d'épidémies de peste et de variole récurrentes]] que les chroniqueurs de l'époque décrivent comme de véritables fléaux. Le bilan est impossible à chiffrer, mais, certains historiens le comparent à celui de la [[peste noire]] de 1347-1350 : [[Jacques Le Goff]] et [[Jean-Noël Biraben]] y voient la cause d'un important affaiblissement démographique du sud de l'Europe qui explique en partie le basculement du centre de gravité de l'Occident vers le nord<ref>{{Ouvrage|auteur1=Philippe Contamine, |auteur2=Marc Bompaire, |auteur3=Stéphane Lebecq, |auteur4=Jean-Luc Sarrazin, ''|titre=L'économie médiévale'',|éditeur=Armand Colin|collection=Collection U, Armand Colin, |date=2004,|passage=46–47|isbn=978-2-200-01546-6|consulté pages 46le=2024-03-4730}}.</ref>.
 
=== L'allianceAlliance avec la papauté, un échange de bons procédés ===
<gallery>
Steuben - Bataille de Poitiers.png|''La bataille de Poitiers'' -, Steuben.
Franks expansion.gif|Expansion de l'Empire franc.
Empire carolingien.png|L'Empire de [[Charlemagne]].
</gallery>
 
Au [[Europe méridionaledu Sud|sud de l'Europe]], l'opposition (dite [[querelle des Images]]) entre les [[Période iconoclaste de l'Empire byzantin|iconoclastes byzantins]], soutenus par l'empereur {{noble|Léon III l'Isaurien}}, et l'[[église romaine]], soutenue par le [[Papauté byzantine|pape]] {{noble|Grégoire III}}, dresse les [[Italie byzantine|autorités impériales romaines]] contre le [[Saint-Siège]], notamment en [[Sicile]] : [[Constantinople]] envoie une flotte pour combattre les villes [[Iconodulie|vénérant les images]]. L'empereur étend les droits du [[patriarcat de Constantinople]] sur toutes les régions (districts) de l’[[Italie du Sud]] et ne laisse au pape que la région du Nord, que les [[Lombards]] ne cessent d'assaillir. Comme les Pépinides, les Lombards bénéficient de l'axe commercial Rhin - Pô et ne cessent d'étendre leur royaume en Italie au détriment de l'Empire, obtenant un butin et des terres à redistribuer pour maintenir les liens vassaliques<ref name="Bal42"/>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Aurélie Thomas,|titre=Positions ''Lesdes duchéstheses desoutenues Bénéventpar etles de Spolète :eleves de la conquêtepromotion lombardede au2006 débutpour deobtenir l’époquele carolingienne'',diplôme Thèse de ld'Écolearchiviste nationale des chartespaléographe|éditeur=Librairie Droz|date=2006|isbn=978-2-900791-82-0|lire [httpen ligne=https://thesesbooks.enc.sorbonnegoogle.fr/document997.htmlbooks?id=471MYbu5MxsC&pg=PA201&lpg=PA201&dq=%22moment+o%C3%B9+l%E2%80%99invasion+lombarde+porte+ses+premiers+coups+contre+le+pouvoir+byzantin%22&source=bl&ots=_Q4U--KuXb&sig=ACfU3U3zSiPvx0RGtcBUK6bjAjDU6QowRA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjChp3t25uFAxV4BfsDHQ26BvMQ6AF6BAgKEAM#v=onepage&q=%22moment%20o%C3%B9%20l%E2%80%99invasion%20lombarde%20porte%20ses%20premiers%20coups%20contre%20le%20pouvoir%20byzantin%22&f=false|consulté Sitele=2024-03-30|titre chapitre=Les duchés de Bénévent et de Spolète de la Sorbonne]conquête etlombarde ''Lesau Lombards''début [de l’époque carolingienne}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien archive|url=http://clionide.free.fr/Clionide2/Lombards.htm|titre=Les Lombards|site=Clionide]|horodatage archive=20050211064845}}.</ref> : ils sont une grande puissance européenne de l'époque et menacent directement la [[papauté byzantine]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Michel |nom1=Balard, |prénom2=Jean-Philippe |nom2=Genet et |prénom3=Michel |nom3=Rouche, ''|titre=Le Moyen Âgeâge en Occident'', |éditeur=Hachette, supérieur|collection=HU histoire|date=2003,|pages {{p.totales=|passage=46|isbn=978-2-01-145540-6}}.</ref>.
 
Au nord, [[Charles Martel]], le grand-père de [[Charlemagne]], arrête l'expansion musulmane à [[Bataille de Poitiers (732)|Poitiers]] en [[732]]. [[Maire du palais]] [[mérovingien]], autrement dit intendant principal du roi, il dispose d'une telle puissance qu'il a le pouvoir de fait, mais celui-ci ne se fonde ni sur l'hérédité, ni sur le charisme ; il ne peut prétendre au titre de roi. Sa famille, les [[Pippinides]] (qui deviendront les [[Carolingiens]]), a l'expérience du pouvoir. Après avoir remporté une victoire contre les Arabes à [[Poitiers]], Charles Martel écrit au pape {{noble-|Grégoire III}} lui annonçant l'heureuse nouvelle<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Charles |nom1=Burgaux|titre=Histoire des papes: biographie de tous les souverains pontifes, [depuis les débuts de l'ère chrétienne jusqu'à nos jours ...|éditeur=Persan-Beaumont|date=1949|passage=74|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=xENpAAAAIAAJ&q=%22Martel+envoya+un+courrier%22&dq=%22Martel+envoya+un+courrier%22&pgis=1|consulté ''Histoire des papes: biographie de tous les souverains pontifes, depuis les débuts de l'ère chrétienne jusqu'à nos jours''], 1949, {{p.le=2024-03-30}}74.</ref>{{,}}<ref>[[{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Alexis- François Artaud de |nom1=Montor]],|titre=Histoire [des souverains pontifes romains|éditeur=Lecoffre|date=1851|passage=405|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=QfEQAAAAIAAJ&pg=PA405&dq=%22Martel+envoya+un+courrier%22|consulté ''Histoire des souverains pontifes romains''], 1851, {{p.le=2024-03-30}}405.</ref>. Celle-ci a un très vif retentissement et désigne Charles, notamment aux yeux de la papauté, comme le défenseur en Occident de la foi et de l'Église<ref>{{Ouvrage|prénom1=Laurent |nom1=Theis, ''|titre=Histoire du Moyen ÂgeAge français'',: Perrinchronologie commentée de Clovis à Louis XI, 486-1483|éditeur=Perrin|date=1992, p.|passage=30|isbn=978-2-262-00718-8|consulté le=2024-03-30}}.</ref>. [[Charles Martel]] reçoit le titre de « Très Chrétien » accordé par le pape et auquel ont droit tous ses successeurs.
 
La Papautépapauté fait partie de l'[[Italie byzantine]], mais l'essentiel de l'[[Armée byzantine|armée de l'empire]] doit faire face à l'[[Expansion de l'islam|expansion musulmane]] en Orient ; en Italie même, elle ne peut jouer son rôle de protecteur contre les Lombards et Rome en profite pour s'émanciper<ref name="Cheynet">{{Lien web |auteur=Jean-Claude Cheynet, ''L'exarchat|titre=L’exarchat de Ravenne et l'Italie byzantine'' : [http|url=https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUEbibliotheque/bibliothequeenligne/l_exarchat_de_ravenne_et_litalie_byzantine.aspphp?letter=A |site=clio.fr] |date=mars 2002 |consulté le=2024-03-30}}.</ref>. Ainsi, le pape sollicite le secours de [[Charles Martel]] pour repousser les Lombards ; il met sous la protection des [[Francs]] toutes ses propriétés et les invite à conquérir l'[[Péninsule italienne|Italie]]. L'[[Église romaine]] décide de s'appuyer sur cette forte dynastie germanique pour contrer les menaces islamique, lombarde et iconoclaste. Le nouveau pape {{noble|Étienne II (pape)}}, successeur de [[Zacharie (pape)|Zacharie]] mort en [[752]], demande lui aussi l'aide militaire de Pépin contre les Lombards et leur roi [[Aistulf]] (ou ''Astolf'') qui menacent [[Rome]]. En [[750]], [[Pépin le Bref]], successeur de Charles Martel comme maire de palais, envoie une délégation franque auprès du pape [[Zacharie, (pape)|Zacharie]] pour lui demander l'autorisation de mettre fin au règne décadent des Mérovingiens en prenant la couronne à la place de {{noble|Childéric III}}. Zacharie accepte et déclare : « Mieux vaut appeler roi celui qui possède le pouvoir plutôt que celui qui ne l'a pas »<ref name="Theis32">{{Ouvrage|prénom1=Laurent |nom1=Theis, ''|titre=Histoire du Moyen ÂgeAge français'',: Perrinchronologie commentée de Clovis à Louis XI, 486-1483|éditeur=Perrin|date=1992, p. |passage=32|isbn=978-2-262-00718-8|consulté le=2024-03-30}}.</ref>. » En novembre [[751]], Pépin dépose {{nobleSouverain-|Childéric III}}, puis se fait élire [[roi des Francs]], à [[Soissons]], en se faisant acclamer par une assemblée d'évêques, de nobles et de [[leude]]s (grands du royaume)<ref name="Theis32" />. Le nouveau pape {{noble|Étienne II (pape)}}, successeur de Zacharie mort en [[752]], demande lui aussi l'aide militaire de Pépin contre les Lombards et leur roi [[Aistulf]] (ou ''Astolf'') qui menacent [[Rome]].
 
=== L'évolution de l'empire d'Occident ===
Ligne 160 ⟶ 161 :
[[Fichier:Psalterium aureum 140 Ioab.jpg|vignette|<center>[[Joab]], neveu du roi [[David (roi d'Israël)|David]], mène au combat l'armée de son oncle : l'[[enluminure]] représente les [[Liste des personnages de la Bible|personnages bibliques]] comme des cavaliers francs de l'ère carolingienne. <small>''Psalterium Aureum'', [[bibliothèque cantonale de Saint-Gall]], {{s-|IX}}.</small></center>]]
 
Cependant, du fait de la faiblesse du commerce et faute de ressources financières suffisantes, Charlemagne est confronté au même problème que ses prédécesseurs : il doit s'étendre en permanence pour entretenir ses vassaux et éviter la dissolution de ses possessions. Pendant tout son règne, il tente de les fidéliser par tous les moyens en leur faisant prêter serment, en leur allouant des terres (seule richesse de l'époque) qu'ils devaient lui restituer à leur mort, et en envoyant des ''[[missi dominici]]'' surveiller ce qui se tramait à travers son empire<ref>Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, ''Le Moyen Âge en Occident'', Hachette, 2003, {{p.|65-66}}.</ref>. Pour pérenniser son empire naissant, il doit chaque année réunir son armée et la lancer vers de nouvelles conquêtes. En [[774]], déjà, Charlemagne intervenait en Italie et défaisait [[Didier de Lombardie|Didier]], roi des Lombards, qui menaçait de nouveau le pape, et s'emparait de ses États. Par ailleurs, en 774, l'[[exarchat de Ravenne|exarchat byzantin de Ravenne]] n'est tombé que {{nobr|23 ans}} plus tôt et c'est donc une région riche et cultivée qui passe sous domination franque. Une fois seul maître du Royaume franc, il agrandit son royaume vers le nord et l’est ([[Bavière]], [[Saxe primitive|Saxe]], [[Frise (région historique)|Frise]]), vers l’ouest ([[Bretagne]]) et vers le sud (nord de l’[[Èbre]] en [[Espagne]] en [[778]], établissant des [[marche (juridiction)|marches]]). Il fait, à partir de [[772]], une guerre acharnée aux [[Saxons]], qui, commandés par [[Witikind]], lui opposent une vigoureuse résistance. Il n'achève de les soumettre qu'en 804 ; il en déporte un certain nombre pour prévenir leurs révoltes. Sa lutte contre les peuples [[Paganisme|païens]], dont les [[Saxe primitive|Saxons]], et {{refnec|leur conversion (forcée de fait) au [[christianisme]] a ainsi surtout un caractère d'action politique, lui permettant de pacifier un peuple qui menaçait son empire, et ne constitue pas une guerre menée au nom de la [[chrétienté]]|date=5 mai 2017}}.
 
<gallery caption="Représentations anachroniques de batailles des conquêtes de Charlemagne">
Ligne 174 ⟶ 175 :
Mais ce fils survivant s'assurera qu'aucun des autres descendants illégitimes de son père ne puisse interférer sur la succession. En revanche, lui-même partagera l'Empire entre ses trois fils.
 
Charlemagne avait réussi à maintenir l'unité de l'Empire au prix de guerres incessantes, et d'une surveillance accrue de ses [[comte]]s et [[évêque]]s qu'il assermente. Puissant et bien structuré, l'Empire carolingien présente cependant une faiblesse. En l'absence de guerre, l'État n'est pas assez riche pour entretenir ses vassaux. [[Louis le Pieux]] doit ainsi concéder des terres en pleine propriété et non plus à titre d'usufruit viager comme le faisait son père, qui récupérait ainsi ses terres à la mort de ses vassaux<ref>Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, ''Le Moyen Âge en Occident'', {{p.|66}}.</ref>. Après [[Louis le Pieux]], les règles de partage équitable des terres entre les héritiers conduisent au morcellement de l'Empire. Quand ses fils s'entre-déchirent pour le partage de l'Empire, ils doivent donner de plus en plus d'indépendance à leurs vassaux pour conserver leur soutien<ref name="Vehulstvass">Adriaan Vehulst, « La construction carolingienne » tiré de ''Histoire de la France des origines à nos jours'' sous la direction de [[Georges Duby]], Larousse, 2007, {{p. |202-203}}.</ref>. Par exemple, le roi Charles le Chauve, en promulguant le [[Capitulaire de Quierzy|capitulaire de Quierzy-sur-Oise]] le {{date|14 juin-}} ou le {{date|16 juin 877}}, garantit à ses seigneurs la faculté de léguer leurs terres à leurs héritiers<ref name="a">André Larané, ''An Mil : Féodalité, Église et chevalerie'' : [http://www.herodote.net/motAnMilEurope.htm herodote.net].</ref>. Le pouvoir royal s'affaiblit considérablement et l'Empire se divise en principautés entre lesquelles les communications diminuent<ref name="Girot" />. La partie située à l'est de cet ''empire d'Occident'' deviendra par la suite le [[Saint-Empire romain germanique]]. L'empereur y était élu par les grands princes sans avoir beaucoup de pouvoir sur eux. Le titre d'empereur restera ensuite dans la lignée carolingienne, sans qu'une réelle légitimité ni pouvoir n'y soient associés. Au contraire, ce titre est plutôt un facteur de conflit, lorsque par exemple {{noble|Lothaire Ier}} essaye de le faire valoir sur ses frères, et lorsque [[Charles II le Chauve|Charles le Chauve]] se fait attaquer par [[Louis II de Germanie|Louis le Germanique]] après son couronnement à Rome. Avec le ralentissement des communications, la culture générale baisse. La fin de règne des Carolingiens voit s'arrêter la production artistique durant trois générations. Il faut attendre le {{s-|X}} pour que se recréent sous l'impulsion des Ottoniens des États puissants et pérennes en Europe.
 
== Structuration de l'Empire ==
Ligne 218 ⟶ 219 :
[[Fichier:Caroline 2.jpg|thumb|Minuscule Caroline.]]
 
Charlemagne développe l’utilisation de l’écrit comme moyen de diffusion de la connaissance, et particulièrement l’usage de la langue latine. S'appuyant sur les érudits britanniques comme [[Alcuin]], le ''[[latin]] médiéval''<ref>[[latin médiéval]], point d'entrée : succède au ''[[latin vulgaire]]''.</ref> s'uniformise et incorpore des mots nouveaux (avec des racines grecques ou germaniques) pour servir de langue internationale. Vers [[770]], la mise au point par des scribes de l'[[Abbaye Saint-Pierre de Corbie|abbaye de Corbie]] d’une nouvelle écriture, la [[minuscule caroline]] permet de gagner en lisibilité car les mots sont séparés les uns des autres, et les lettres sont mieux formées<ref name="balard culture"/>{{,}}<ref name="Girot">Marc Girot, ''De Charlemagne à la féodalité'', [http://pedagene.creteil.iufm.fr/ressources/histoire/charlemagne.html Site de l'IUFM de Créteil].</ref>. Des ateliers de copie (''[[scriptorium|scriptoria]]'') se développent dans les abbayes carolingiennes : Saint-Martin de Tours, [[Abbaye Saint-Pierre de Corbie|Corbie]], [[Abbaye de Saint-Riquier|Saint-Riquier]]… Les connaissances s'échangent dans toute l'[[Europe]]. À la fin du {{s-|VIII}} et au début du <small>{{IXe}}</small>, on avait ainsi recopié [[Hippocrate]] à [[Saint-Gall]], [[Pline l'Ancien|Pline]] à Corbie, à Saint-Gall et à [[Basilique Saint-Denis|Saint-Denis]], [[Dioscoride]] à l'abbaye de Fleury-sur-Loire, [[Galien]] à Fleury-sur-Loire et à Saint-Gall, [[Columelle]] à Corbie, [[Rutilius Taurus Aemilianus Palladius|Palladius]] à Saint-Gall et à Saint-Denis, [[Isidore de Séville|Isidore]] à Tours, Fleury, [[Luxeuil-les-Bains|Luxeuil]] et Saint-Gall, {{page h'|Apicius}} à [[Tours]], Marcellus à [[Fulda]], lui-même recopié dans le Nord-Est de la France au début du {{s-|IX}}, [[Cassiodore]] à Tours, Corbie, Saint-Gall, Saint-Denis, [[Alcuin]] à Tours, Fleury et Saint-Gall, [[Vitruve]] à [[Abbaye de Wearmouth-Jarrow|Jarrow]], Fulda et [[Abbaye de Reichenau|Reichenau]]<ref>Extrait de « Le jardin médiéval », colloque à l'abbaye de saint-Arnoult, éditions Adama, 1988.</ref>{{,}}<ref name="raban">« Strabon », [http://www.encyclopedie-universelle.net/abbaye%20-%20jardins2.html#ancre753094 ''Encyclopédie Universelle de la Langue française''].</ref>{{,}}<ref name="Vitruve">{{Ouvrage |prénom1=Jean |nom1=Gimpel |lien auteur1=Jean Gimpel |titre=La Révolutionrévolution industrielle du Moyen Âge |éditeur=[[Éditions du Seuil]] |année=1975 |passage=129-130 |isbn=2-02-054151-3}}.</ref>…
 
=== Uniformisation comptable et monétaire ===
En raison d'un commerce déficitaire avec les [[Omeyyades]] (soit directement, soit via [[Byzance]])<ref>Philippe Norel, ''L'Invention du marché'', Seuil, 2004, {{p.|133}}.</ref>, et de la diminution des échanges avec le monde méditerranéen due à la perte de contrôle de la Méditerranée par Byzance, la diminution du numéraire en or rend nécessaire l'adoption d'une monnaie frappée avec un métal plus abondant en Europe que l'or. D'autre part, il faut une monnaie de valeur plus faible adaptée aux transactions courantes<ref name="Contamine argent"/>. Le développement du commerce autour de la [[mer du Nord]] entraîne la frappe de monnaies d'argent par les [[Frise (région historique)|Frisons]] et les [[Anglo-Saxons]] dès 680<ref name="Contamine argent">Philippe Contamine, Marc Bompaire, Stéphane Lebecq, Jean-Luc Sarrazin, ''L'économie médiévale'', {{p.|68}}.</ref>. Au début du règne des [[Pippinides]], les différentes parties de l'Empire utilisent des monnaies différentes, ce qui freine les échanges. En 755, [[Pépin le Bref]] prend le contrôle de [[Dorestadt]] et des ateliers de frappe de monnaie frisons, le roi affirme son monopole à battre monnaie, ordonnant la frappe d'un denier d'argent normalisé, orné de son monogramme<ref>''Les Carolingiens : Pépin le Bref, sa vie. La mort de Pépin le Bref'' [http://chrisagde.free.fr/carolingiens/pepinbref.php3?page=3 chrisagde.free.fr].</ref>.
 
[[Fichier:Denier Charlemagne1.jpg|left|thumb|[[Denier (monnaie)|Denier]] frappé sous Charlemagne (argent, poids de {{unité|1,.19 |g}}, recto et verso).]]
 
Dans le même esprit, [[Charlemagne]] institue par capitulaire, en 794, un système fondé sur une masse d'argent : la nouvelle [[Livre (unité)|livre]] correspond à un poids de {{unité|434.80|grammes}} d'argent<ref name="Theismonaie"/>. Il se fonde sur des monnaies de l'[[Empire romain]] : le [[Solidus (monnaie)|solidus]] ou sol, et le denier. Au départ, on taille, dans cette livre d'argent, 240 [[Denier (monnaie)|deniers]] : le poids théorique du denier est donc de {{unité|1,.812 |g}}. Un [[sol (monnaie de l'ancien régime)|sol]] (un sou) vaut 12 deniers soit un vingtième de livre carolingienne. Circulent aussi des monnaies divisionnaires, comme l'[[Obole (monnaie)|oboles]] (demi-denier) et des [[Picte (monnaie)|pictes]] (quarts de denier)<ref name="Theismonaie">Laurent Theis, ''Histoire du Moyen Âge français'', Perrin, 1992, page 36.</ref>. Seul le denier sert de monnaie d'usage, le sol et la livre servant, eux, de monnaie de compte : un « sol de farine » est la quantité de farine que l'on peut acheter avec 12 deniers<ref name="Balardmonaie">Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, ''Le Moyen Âge en Occident'', {{p.|74}}.</ref>. Cette uniformisation de la monnaie facilite les transactions commerciales à travers l'Empire et donc augmente les échanges entre les différentes régions. Une véritable révolution économique est lancée, l'utilisation de la monnaie s'accélère et est attestée même pour des échanges modestes<ref name="contmoul"/>. Une des implications est qu'il devient rentable de produire des surplus agricoles susceptibles d'être vendus. La voie est ouverte au développement démographique et à la mutation progressive vers une société plus commerçante, artisanale et citadine.
 
Les [[Carolingiens]] prennent d'autres mesures pour favoriser le commerce : ils entretiennent les routes, favorisent les foires ([[Charles Martel]] autorise la création de marchés ruraux dans les ''vici'' dès 744<ref name="Balardmonaie"/>)… Cependant, ce commerce est étroitement encadré et taxé<ref name="Norel140">Philippe Norel, ''L'invention du marché'', {{p.|140}}.</ref>, les prix sont fixés depuis 794 et l'exportation des armes est prohibée. Ceci permet au souverain de récupérer des entrées fiscales et des produits précieux nécessaires à l'entretien de ses vassaux.
Ligne 245 ⟶ 246 :
 
== Conséquences ==
En 877, [[Charles II le Chauve|Charles le Chauve]] meurt. Son règne aura été celui de l'apogée artistique de la renaissance carolingienne. Mais la dissolution de l'Empire s'aggrave, des charges ecclésiastiques sont données à des laïcs par des princes soucieux de récompenser leurs vassaux. L'Église sombre dans une crise plus profonde encore que celle du {{s-|VII}}<ref>[[Jean Dhondt]], « Les dernières invasions » tiré de ''Histoire de la France des origines à nos jours'' sous la direction de [[Georges Duby]], Larousse, 2007, {{p. |250-251}}.</ref>.
 
La renaissance aura au total duré quelques décennies et l'ambitieux programme de rénovation culturelle voulu par Charlemagne n'aura eu qu'une pénétration superficielle de la société. Il touche essentiellement les ecclésiastiques et la haute aristocratie. L'enseignement des prêtres dont Charlemagne avait fait l'une de ses priorités n'a que très partiellement porté ses fruits<ref>Adriaan Vehulst, « La construction carolingienne » tiré de ''Histoire de la France des origines à nos jours'' sous la direction de [[Georges Duby]], Larousse, 2007, {{p. |219}}.</ref>. Cependant, la conversion de l'Occident au [[catholicisme]] est un succès, le [[paganisme]] est en net recul, même si l'Église a dû s'adapter et accepter la multiplication du culte des [[relique]]s ou des saints, qui entraînent une multiplication des pèlerinages (le [[pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle]] commence vers l'an 800). Des évolutions économiques et structurelles encore peu visibles sont cependant lancées. L'institution du denier d'argent métamorphose l'économie et bientôt la société, l'Europe entre dans l'âge féodal.
 
=== La féodalité ===
Ligne 267 ⟶ 268 :
=== Croissance des villes ===
[[Fichier:Prima bibbia di carlo il calvo, scene della vita di san girolamo, 846 circa, Ms. Lat 1 f. 423 v. 37,50x49,5 cm, parigi, biblioteque nationale.jpg|thumb|Scènes de la vie urbaine. Première Bible de Charles le Chauve, 846.]]
Les surplus agricoles monnayables engendrent un enrichissement de certains exploitants et dégagent de la main d'œuvre pour l'artisanat ou le commerce : les villes grossissent et de nombreux bourgs se créent. Un capitulaire de 743 révèle qu'il n'existe pas de marché dans chaque évêché ; cent ans plus tard, Charles le Chauve doit demander à chaque comte de dresser la liste des marchés dans leur comté<ref name="Dhondtdenier"/>. La relation commerciale entre villes et campagnes s'accroît et un réseau routier secondaire se crée : la densité du réseau de communication devient à partir du {{s-|X}} sans commune mesure avec celle des voies romaines, qui ne desservent que les grands axes<ref>Olivier Guyot Janin, ''Atlas de l'histoire de France : la France médiévale {{IXe}}-{{s-|XV}}'', Éditions Autrement, Paris, 2005, {{p. |35}}.</ref>. Si la révolution agricole engendrée par la diffusion de la monnaie voit ses effets ralentis dans un premier temps par les invasions du {{s-|IX}}, celles-ci ont pour effet paradoxal d'accélérer le processus de réorganisation des grands domaines et de défrichage et de grossir la population urbaine<ref name="Contamine94">Philippe Contamine, Marc Bompaire, Stéphane Lebecq, Jean-Luc Sarrazin, ''L'économie médiévale'', Collection U, Armand Colin, 2004, {{p. |94-95}}.</ref>.
 
=== Renforcement de l'influence économique et politique des abbayes ===
Ligne 312 ⟶ 313 :
* [[Carolingiens]]
* [[Marche hispanique]]
* [[Succession de l'Empire Romain]]
 
=== Liens externes ===
 
{{Liens}}
 
{{Palette|Renaissance carolingienne|Histoire de l'Allemagne|Histoire de la Belgique|Histoire de l'Italie|Histoire de France|Histoire du Luxembourg|Histoire des Pays-Bas|Histoire de la Suisse|Partitions de l'empire carolingien}}
{{Portail|Empire carolingien|Europe|histoire militaire|politique|monarchie|France|Allemagne|Pays-Bas|Belgique|Suisse|Italie}}
 
[[Catégorie:Histoire de la France médiévale]]
[[Catégorie:Pays ou peuple au Moyen Âge]]
[[Catégorie:Histoire de l'Europe]]
[[Catégorie:Ancien empire en Europe]]