« Béla Bartók » : différence entre les versions
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{{nom hongrois|Bartók|Béla}}
{{Infobox Musique classique (personnalité)
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=== Jeunesse ===
[[Fichier:Bartok tablo.jpg|vignette|gauche|Bartók à 18 ans]]
Béla Viktor János Bartók naît dans le [[Banat historique|Banat]] [[Autriche-Hongrie|austro-hongrois]], région à la confluence des cultures [[Hongrois|magyare]], [[roumain]]e et [[slovaque]] et foyer d'[[irrédentisme]] et d'hostilité aux [[Maison de Habsbourg|Habsbourg]], puis au régime de [[Miklós Horthy]].
[[Fichier:Bartók Elza 1903.jpg|thumb|Elza Bartók (1885–1955), sœur du compositeur, à 18 ans.]]
Ses premières compositions révèlent une forte influence de la musique de [[Johannes Brahms]] et d'Ernő Dohnányi. En [[1902 en musique classique|1902]], l'audition de ''[[Ainsi parlait Zarathoustra (
=== Carrière ===
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Béla Bartók découvre aussi [[Paris]] en 1905, à l’occasion du concours Rubinstein : le cosmopolitisme de la ville l’ouvre au monde et le marque durablement. Cette période de sa vie a, semble-t-il, une influence déterminante sur le plan philosophique : Bartók se détache de toute religion pour un [[athéisme]] profond et serein (il s’en explique dans une lettre à [[Stefi Geyer]], une de ses premières amours, en 1907). Cet athéisme persiste jusqu'en 1916, année où il se convertit publiquement à l'[[unitarisme (théologie)|unitarisme]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://w3.enternet.hu/sandor64/bartokbela/e/bartok.html|titre=''Béla Bartók Memorial House''}} : À l'époque où il a collecté de la musique populaire en Transylvanie, il a rencontré des unitariens et a décidé de rejoindre l'[[Église unitarienne de Transylvanie]]. Son fils Béla Bartók le jeune a été président de l'Église unitarienne de Hongrie jusqu'à sa mort. En 2001 la maison des missions unitariennes de Budapest, fondée en 1922, a été renommée église Béla Bartók.</ref>.
De [[1907 en musique classique|1907]] à [[1934 en musique classique|1934]], il enseigne le piano à l'[[
En [[1911 en musique classique|1911]], il présente ce qui devait être son seul [[opéra]], ''[[Le Château de Barbe-Bleue]]''. Le gouvernement hongrois lui demande de retirer le nom du librettiste, [[Béla Balázs]]. Pendant la [[Première Guerre mondiale]], il écrit les ballets ''[[Le Prince de bois]]'' et ''[[Le Mandarin merveilleux]]'', suivis par deux sonates pour violon et piano qui sont parmi les pièces les plus complexes qu'il ait écrites. En [[1917 en musique classique|1917]], il écrit son ''[[Quatuors à cordes de Bartók|Deuxième Quatuor à cordes]]''. Il participe aux activités du [[Cercle du dimanche]], groupe de réflexion philosophique et artistique créé à Budapest par [[Georg Lukács]], et [[Karl Mannheim]] en 1915<ref>Claire Delamarche, ''Bela Bartok'', Fayard, 2012 {{ISBN|9782213675589}}</ref>.
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=== Exil ===
Le {{date|8|août|1940}}, Bartók fait ses adieux à l’Europe lors d’un concert donné à Budapest. Il écrit alors à une amie :
{{citation|Et nous voici le cœur plein de tristesse, et nous devons vous dire adieu, à vous et aux vôtres – pour combien de temps ? Peut-être pour toujours, qui sait ? Cet adieu est dur, infiniment dur. [...] À proprement parler, ce voyage nous fait sauter de l’incertitude dans une insupportable sécurité. Je ne suis pas encore entièrement rassuré sur mon état. Je crois que la périarthrite n’est pas complètement guérie. Dieu sait combien de travail j’arriverai à fournir là-bas, et pendant combien de temps. Mais nous ne pouvions rien faire d’autre. La question n’est absolument pas {{citation étrangère|lang=de|Muss es sein ?}}, car {{citation étrangère|lang=de|es muss sein !}}.}} (Beethoven, évoquant peut-être le destin, avait noté cette question/réponse en tête du dernier mouvement de son ''[[Quatuor à cordes
[[Fichier:Grave of Béla Bartók.JPG|vignette|Tombe de Bartók au cimetière de Farkasrét]]
La rupture est profonde et Bartók ne s’en remet pas. L’accueil aux États-Unis est d’abord chaleureux. Il refuse un poste de professeur de composition à la [[
Il donne début 1943 son dernier concert en tant qu’interprète. Son état de santé se dégrade régulièrement mais, peu à peu, les musiciens américains tentent de l’aider financièrement : il refuse toute forme d’aumône, surtout déguisée. Il n’accepte que de composer. Il reçoit alors ses dernières commandes qui lui redonnent confiance : son ''Concerto pour orchestre''<ref>« Cette économie de moyens à part lui je ne connais que Ravel qui y soit parvenu ; écrire autant de musique avec aussi peu de notes. » (Sergiu Celibidache lors d'une répétition){{refnec}}</ref>, la ''sonate pour violon seul'' (commandée par [[Yehudi Menuhin]]) : 25 minutes de violon seul, la dernière œuvre d’une telle ampleur est de Bach ; un concerto pour alto (tout juste esquissé) et enfin son ''[[Concerto pour piano
La [[Hongrie]], à peine libérée, lui rend un dernier hommage en l’élisant député : il accepte sachant qu’il ne pourra sans doute pas honorer la fonction. Bartók s’éteint le {{date|26|septembre|1945}} à New-York à l'âge de 64 ans, vaincu par la [[leucémie]]. [[
Sa veuve, [[
== Analyse de l'œuvre ==
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Bartók est l’un des premiers compositeurs — si ce n’est le premier — à l’utiliser de manière systématique (Pierre Citron affirme dans son ouvrage sur Bartók que le premier quatuor (1908) est déjà construit à l’aide de ce type de structure. Citons aussi quelques œuvres dans lesquelles l’analyse a permis de mettre en lumière ce type de structures : la ''Sonate pour deux pianos et percussion'', le ''Divertimento'', ''Contrastes'', quelques pièces des ''Mikrokosmos'' dont ''Ce que la mouche raconte'', ou encore la ''[[Musique pour cordes, percussion et célesta]]''.)
Un rapport proportionnel particulier a un rôle fondamental chez Bartók : c’est le rapport de la section d’or. Cette section d’or n’est autre que la manifestation géométrique du fameux [[Nombre d'or|nombre d’or]] :
<center><math> \Phi = \frac{1 + \sqrt{5}}{2} \approx 1{,}618033988749894848204586834365\ldots\;</math></center>
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[[Fichier:Formule de la section d'or.JPG|center|400px|Formule de la section d'or.]]
[[Ernő
[[Image:Shéma de structure par section d'or 1° degrés.JPG|center|275px|Schéma d'une structure segmenté par le nombre d'or]]
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[[Image:Shéma de structure par section d'or 2° degrés.JPG|center|400px|Schéma d'une structure par section d'or]]
Le compositeur peut renouveler cette opération de section autant de fois que nécessaire jusqu’à obtenir une répartition des sections qui satisfasse au projet formel qu’il se donne : la structure ainsi créée organise la durée totale d'une œuvre en différentes parties ayant toutes un lien proportionnel ; ces parties correspondront avec autant de parties de la forme même de l'œuvre (voir les exemples de schéma de structure des proportions et de la forme du [[Concerto pour piano
Voici un exemple tiré du premier mouvement du ''[[Concerto pour piano
[[Fichier:Proportions du 1°mvt du concerto n°3 pour piano de Bartok.JPG|center|700px|Proportions du {{1er}} mouvement du ''Concerto n°3 pour piano'' de Bartok]]
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On doit aussi à Lendvaï<ref name=Lendvai/> la formulation du système d’axe tonal chez Bartók. Ce système d’axe est une partie de la réponse du compositeur aux questions et aux recherches propres au début du {{s-|XX|e}} portant sur l’harmonie et sur les « limites » du [[système tonal]] « classique » (entendons ici par « système tonal classique » l’ensemble des règles harmoniques telles qu’on les trouve généralement utilisées entre le début de l’époque baroque et la fin du romantisme). Mais si ce système d’axe est une réponse personnelle, il est néanmoins le fruit d’une logique interne à ce système tonal classique. Ce système n'est pas omniprésent dans l'œuvre du compositeur : il reste un outil compositionnel parmi d'autres.
Bartók est le contemporain des recherches musicales ayant pour but de développer de nouveaux systèmes d'écriture. Face à des musiciens tels que [[Edgard Varèse]] ou [[Arnold
Le système tonal classique a deux niveaux de lecture. Il en est de même chez Bartók. Dans le premier niveau de lecture du système tonal classique, que l’on pourrait qualifier de « macro-tonal », sont mises en relation différentes tonalités plus ou moins éloignées : certaines tonalités sont dites « voisines ». Elles peuvent aussi être « relatives ». Les relations entre ces tonalités sont un des principaux éléments constituant les formes utilisées parallèlement au système tonal classique (la [[fugue]] ou la [[forme sonate]] par exemple). Ce niveau de lecture se situe en aval d’un second niveau de lecture, « micro-tonal » (en réalité le premier à s’être constitué sur le plan historique) qui concerne l’intérieur même des tonalités et leur organisation : à ce niveau « micro-tonal » sont mis en relation des degrés, constitués d’accords formés par empilement de tierces. La succession de ces degrés (accords) crée un mouvement harmonique censé affirmer une tonalité. Le système d’axes bartokien se situe au niveau « macro-tonal ».
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[[Fichier:Système d'axes complémentaires chez Bartok.JPG|center|400px|Axes complémentaires chez Bartok]]
La conséquence du système d’axes de Bartók est de mettre en relation toutes les tonalités, via leur fonction (Tonique, Dominante ou Sous-dominante), avec une seule tonalité de base. Il n’y a plus de rapport indirect entre les tonalités tel qu’on le trouve dans le système classique entre la tonique et les tons ne faisant pas partie des [[Ton voisin|tons voisins]] : toutes les tonalités ont ici un rapport direct avec la tonalité de base'. Ce système d’axes inspirera de nombreuses recherches harmoniques, particulièrement chez les jazzmen.
== Œuvres principales ==
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* ''Danse orientale'' (1913)
* ''[[Sonatine (Bartók)|Sonatine sur des airs populaires roumains]]'' (1915)
* ''
* ''Chants de Noël roumains'', en deux séries de 10 (1915)
* ''[[Suite
* ''Trois chants populaires hongrois'' (1914-1917)
* ''Quinze mélodies paysannes hongroises'' (1914-1918)
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=== Musique de chambre ===
* ''[[Quintette pour piano (Bartók)|Quintette pour piano et cordes]]'' (1904)
* Deux ''[[Sonate pour violon et piano en ''mi-mineur'' (Bartók)|Sonates pour violon et piano]]'' (1921-22)
* Deux [[rhapsodie]]s pour [[violon]] et [[piano]] (1928)
* ''[[44
* ''[[Sonate pour deux pianos et percussion]]'' (1937)
* ''[[Contrastes]]'' pour [[violon]], [[clarinette]] et [[piano]] (1938)
* Six [[Quatuors à cordes de Bartók|quatuors à cordes]].
* ''[[Sonate pour violon
=== Musique orchestrale ===
* ''[[Kossuth (Bartók)|Kossuth]]'' (1903)
* ''[[Suite n° 1 (Bartók)|Suite {{numéro}}1]]'' pour orchestre op. 3 (1904)
* ''[[Suite
* ''[[
* ''[[Deux Images|Deux images]]'' op. 10 (1910)
* ''[[Quatre
* ''[[Six Danses populaires roumaines]]'' (1917)
* ''[[Suite de danses (Bartók)|Suite de danses]]'' (1923)
* ''[[Musique pour cordes, percussion et célesta]]'' (1936)
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* ''Scherzo (ou Burlesque) pour piano'', op.2 (1904)
* Quatre [[concerto]]s pour [[piano]] :
** ''[[Concerto pour piano
** ''[[Concerto pour piano
** ''[[Concerto pour piano
** ''Concerto pour deux pianos et orchestre'' (adaptation de la sonate pour deux pianos et percussions, 1941)
* ''[[
* ''[[
* Deux [[concerto]]s pour violon :
** ''[[Concerto pour violon
** ''[[Concerto pour violon
* ''[[Concerto pour alto (Bartók)|Concerto pour alto]]'' (1945) (esquissé ; orchestré par T. Serly)
=== Œuvres scéniques ===
* ''[[Le Château de Barbe-Bleue]]'', op.11 [[opéra]] (1911, création 1918)
* ''[[
* ''[[
=== Œuvres chorales ===
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* ''Scènes villageoises'', 5 chants populaires slovaques pour voix de femme et piano (1924)
* ''Quatre Mélodies populaires hongroises'', pour chœur mixte à 4 voix (1930)
* ''[[Cantata profana|Cantata Profana]]'', [[cantate]] pour double chœur mixte, ténor, baryton et orchestre (1930)
* Six chants sicules, pour chœur d'hommes à 6 voix (1932)
* Vingt-sept Chœurs à 2 et 3 voix égales, en 8 cahiers (les 21 premiers chœurs pour voix d'enfants, les autres pour voix de femmes, (1935)
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== Hommages ==
* À [[Villeneuve-sur-Lot]], le Conservatoire à Rayonnement Intercommunal de l'Agglomération du Grand Villeneuvois porte le nom de Béla Bartók.
* Un [[McDonnell Douglas C-17 Globemaster III]] du [[Heavy Airlift Wing]] de l'[[Organisation du traité de l'Atlantique nord|OTAN]] a reçu son nom en 2009.
*À Paris, [[Square Béla-Bartók|un square]] du {{15e}} arrondissement porte le nom du compositeur (le square Béla-Bartók est situé au cœur des immeubles du [[Front de Seine]], et entouré par le [[quai de Grenelle]] et la [[place de Brazzaville]]. Il est desservi par la ligne M 6 à la station ''[[Bir-Hakeim (métro de Paris)|Bir-Hakeim]]''). Il abrite une statue du musicien réalisée par [[Imre Varga]] (don de la ville de Budapest), ainsi qu'une sculpture-fontaine expressionniste : [[Fontaine Béla-Bartók|''Cristaux'']], hommage à Béla Bartók, de l'artiste [[Jean-Yves Lechevallier]].
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* {{de}} Alica Elscheková, Oskar Elschek et Josef Kresánek (dir.), ''Slowakische Volkslieder'', 3 vol., Academia Scientiarum Slovaca, Bratislava, 1959-71.
* {{en}} B. Suchoff (dir.), ''Rumanian Folk Music'', 5 vol., Martinus Nijhoff, La Haye, 1967-75.
* {{en}} János Demény (dir.), ''Letters'', [[Faber and Faber|Faber & Faber]], Londres, 1971, 463 pages.
*:Contient la plupart des lettres de Bartók.
* {{en}} B. Suchoff (dir.), ''Turkish Folk Music from Asia Minor'', Martinus Nijhoff, La Haye, 1976.
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* {{en}} [http://www.bartokmuseum.hu/ Béla Bartók Memorial House de Budapest]
{{Liens}}
{{Palette|Œuvre de Béla Bartók}}
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