La Belle Équipe

film de Julien Duvivier, sorti en 1936

La Belle Équipe est un film français réalisé par Julien Duvivier, sorti en 1936.

La Belle Équipe
Description de l'image La Belle équipe (1936), film de Julien Duvivier.jpg.
Réalisation Julien Duvivier
Scénario Julien Duvivier
Charles Spaak
Acteurs principaux
Sociétés de production Ciné Arys Production
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Film dramatique
Durée 101 minutes
Sortie 1936

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Synopsis

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à la fin des années 1930, pendant le Front Populaire, cinq ouvriers parisiens Jean, Charles, Raymond, Jacques et Mario, réfugié espagnol menacé d'expulsion, souffrent du chômage et autres difficultés. Ils achètent ensemble un billet de la loterie nationale et gagnent le gros lot : 100.000 francs ! L’un d’entre eux, Jean, suggère aux autres d'acheter ensemble une maison en ruine sur les bords de la Marne pour la transformer en une guinguette dont ils feront leur entreprise sous forme de coopérative, au lieu de profiter de leurs gains chacun de leur côté et de manière éphémère. Tous adhèrent à ce plan susceptible de leur permettre de se forger un avenir plus prometteur.

Pleins d'espoir et de joie, ils se lancent dans la rénovation mais le destin va s'acharner sur eux, mettant l'amitié et la solidarité des cinq compagnons à rude épreuve:

La police arrête Mario, qui sera expulsé. Jacques, le plus jeune, qui souhaite refaire sa vie, s'enfuit au Canada. Survient ensuite une femme à la fois vénale et fatale, Gina, ex-femme de Charles, lui réclame sa part du gain. Et la veille de l'inauguration de la guinguette, Raymond le joyeux drille, fait une chute mortelle alors qu'il dansant sur le toit.

Le jour de l'ouverture, des cinq compagnons de la « belle équipe » ne restent que Jean et Charles. L'inauguration est un franc succès, jusqu'à ce que Gina, dont ils sont tous deux amoureux, monte Charles contre Jean par dépit.

Dans la version initiale, Jean abat Charles et il est arrêté.

Mais à l'époque, en plein Front populaire, les producteurs craignèrent que cette fin tragique n'ait un effet négatif sur le nombre de spectateurs et n'en compromette le succès financier. C'est pourquoi un autre dénouement fut tourné, dans lequel Gina est évincée par les deux hommes, faisant passer l'amitié et la solidarité avant tout[1].

Fiche technique

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Distribution

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Des fins différentes

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À l'origine, le réalisateur Julien Duvivier tourna une fin pessimiste dans laquelle Jeannot (Jean Gabin) tue Charlot (Charles Vanel). Cette fin, dans le contexte des débuts du Front populaire, fut jugée trop négative par les producteurs, qui obtinrent de Duvivier qu'il tournât une fin optimiste. C'est cette dernière qui est exploitée quand le film sort en salles, film qui d'ailleurs ne rencontre pas le succès public espéré[4].

En réalité, pour la 2e fin, une seule scène est retournée, avec les seuls Gabin et Vanel. Le retournement de Charles, manipulé par Gina, fait place à l'arrivée d'un télégramme du Canada de Jacques, annonçant vouloir revenir dans la belle équipe. Charles comprend alors que sa place est avec eux et Gina, dépitée, s'en va. Mais Viviane Romance n'a pas participé à ce raccord (refus, indisponibilité, désaccord sur les conditions ?), on ne la voit pas et on ne l'entend pas, ce qui est assez invraisemblable pour le personnage : son départ se lit seulement dans le regard de Jean et Charles, qui suivent une caméra subjective peu cohérente avec l'esprit du film. Pour le reste, tout est dans le remontage, notamment le déplacement de la scène de bal, qui cette fois conclut, plutôt astucieusement, le film[5].

Dans le ciné-club de Claude-Jean Philippe du sur Antenne 2, les deux fins du film sont présentées l'une à la suite de l'autre. La version d'origine avec la fin pessimiste est notamment rediffusée le sur France 3 et projetée à Paris sur la butte Montmartre le .

Le film en DVD

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Jusqu'en 2016, il n'existait pas d'édition de ce film en DVD. C'est le dernier des grands films de Jean Gabin des années d'avant-guerre à attendre sa réédition pour cause de mésentente entre un éditeur potentiel et les héritiers de Julien Duvivier et de Charles Spaak, à propos de la fin à présenter. Duvivier voulait la fin pessimiste, l'éditeur pressenti (René Château) privilégiait la fin optimiste, celle exploitée en salle.

Depuis 2000, Christian Duvivier, fils de Julien Duvivier, ainsi que Janine Spaak, épouse de Charles Spaak, le scénariste du film, reprochaient aux Éditions René Chateau d'exploiter sans autorisation le long métrage en cassette VHS sortie en 1997.

En 2006, René Chateau s'était déjà vu opposer l'interdiction d'exploiter le film et avait été condamné à verser 20 000  aux ayants droit de Julien Duvivier. Une décision de justice a condamné en 2011 les éditions René Chateau pour avoir exploité la fin optimiste, interdisant la société d'exploiter le film. Dans un arrêt rendu le , la cour d'appel de Paris a confirmé la contrefaçon, évalué à 60 000  le préjudice patrimonial, y ajoutant 35 000  de frais de justice[6].

Le différend est désormais réglé puisqu'un DVD est sorti chez Pathé, présentant le film dans une version restaurée le avec la fin pessimiste de la version initiale originale de Duvivier[7].

Autour du film

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Maurice Bessy, Raymond Chirat, Histoire du cinéma Français - Encyclopédie des films 1935-1939, 1987, Éditions Pygmalion Gérard Wateley, p. 173.
  2. [vidéo] « Quand on s'promène au bord de l'eau », sur YouTube.
  3. « La Belle Equipe - Julien Duvivier », sur encyclocine.com via Wikiwix (consulté le ).
  4. (fr) « Les Éditions René Chateau condamnées pour avoir escamoté la fin tragique de "La Belle Equipe" », sur AFP, .
  5. La Belle Équipe, sur Internet Archives, à 1 h 36 min 36.
  6. (fr) « La Belle Équipe finit mal », sur Libération, 22 mars 2011.
  7. Présentation du DVD Pathé sur le site Culturellementvotre.fr, consulté le 17 octobre 2016.
  8. Bertrand Matot, La Guerre des cancres, Perrin, 2010 (ISBN 978-2262033347) p. 265.
  9. Michel Peyrard et Margaux Rolland, « Sur la terrasse de la Belle équipe, la joie de vivre massacrée », Paris Match,‎ (lire en ligne, consulté le )