Portes de Bruxelles

Sous l'appellation Porte de Bruxelles sont désignées à la fois, les portes défensives médiévales, et les portes d'octroi (passages de taxation ouverts durant la première moitié du XIXe siècle) de la ville historique de Bruxelles (stricto sensu, le Cœur de Bruxelles actuel, dont les limites contemporaines reprennent — nonobstant la partie du lieu-dit Quartier Dixmude dans la pointe nord du Quartier des Quais et la bande nord-est du Quartier des Libertés délimitée par la Place des Barricades, tous deux géographiquement extérieurs à l'ancienne ville médiévale — globalement, le tracé de la seconde enceinte).

Cartographie Bruxelles au XIe et au XIVe siècles — Les deux enceintes (présentée orientée vers le sud) (Louis, Henri et Paul Hymans, page 7 de Bruxelles à travers les âges, 1884).

Les portes défensives (XIeXIXe siècle)

modifier

Les Portes historiques de Bruxelles étaient au nombre de sept[1] pour chacune des deux enceintes fortifiées qu'a possédé la ville :

La garde des portes et des remparts était à l'origine à charge exclusive des milices des sept Lignages de Bruxelles, qui monopolisaient les fonctions dirigeantes de la ville, puis partagée à dater de 1422 avec les neuf Nations de Bruxelles (Bourgeois chefs des Métiers formés en quarante‑neuf corporations) à la suite d'une lutte de pouvoir durant la révolution urbaine sanglante de l'année précédente.

Portes de la première enceinte Portes de la seconde enceinte
1. Porte Noire, Ancienne Porte de Laeken ou Porte Intérieure de Laeken[2] ; peut-être aussi, Porte de Malines 1. Porte de Laeken, Nouvelle Porte de Laeken ou Porte Extérieure de Laeken[3]
2. Porte Sainte-Catherine 2. Porte de Flandre
3. Porte d'Overmolen (« Haut‑Moulin ») ou Porte Saint-Jacques 3. Porte d'Anderlecht ou de t'Cruyseken(e)[4]
4. Steenpoort, Steenporte[5] (« porte de/en pierre » ou « porte pavée ») ou Porte de la Chapelle[6] 4. Porte de Hal ou d'Obbrussel (« Haut‑Bruxelles » ou lez‑Bruxelles)
5. Porte du Coudenberg (Froidmont ou « Mont froid » et Lignage Coudenbergh) ou Porte Intérieure[7] du Coudenberg 5. Porte de Namur ou Nouvelle porte du Coudenberg[8]
6. Porte Sainte-Gudule[9] ou du Treurenberg (« Mont des Larmes ») 6. Porte de Louvain
7. Warmoespoort ou Porte aux Herbes Potagères 7. Porte de Schaerbeek ou Porte de Cologne[10]

Auxquelles on peut ajouter des Portes médianes ou pseudo‑portes :

  • Au début du XIVe siècle (probablement vers 13401350), la Porte de Philippe (Filipspoort, d'après un résident local) devenue la Porte à Peine Perdue ; poste défensif avancé du Rempart des Moines — du couvent de Jéricho — extérieur avant l'érection de la seconde enceinte, elle était située à mi‑chemin entre les Portes Sainte-Catherine et de Flandre (et rendue obsolète dans sa fonction première, d'où le nom), et reliée par le Canal des Béguines ou Canal du Béguinage (Begijnengracht ; bordant d'ouest en nord le Béguinage bruxellois, il correspondait globalement au tracé formé par la moitié septentrionale des Anciens Bassins de l'actuel Quartier des Quais) à la Petite Porte de Laeken en aval ; reconstruite en 1464, elle fut définitivement abattue à la suite d'un incendie en 1727 ;
  • Au moins à dater de 1373, la Porte Médiane de Laeken ou Petite Porte de Laeken ; située, comme ses noms l'indiquent, dans la zone médiane aux deux enceintes entre leur Porte de Laeken respective — la Porte Intérieure de Laeken et la Porte Extérieure de Laeken (la Médiane sise en son temps sur la Rue de Laeken, au niveau de l'actuel Théâtre royal flamand), elle était reliée à la Porte à Peine Perdue par un bras (le Canal des Béguines ou Canal du Béguinage, Begijnengracht) bordant d'ouest en nord le Béguinage bruxellois pour rejoindre au-delà de ladite Porte le cours principal de la Senne, juste avant l'Écluse de Laeken en aval, adjointe à la Porte Extérieure ; la date exacte de sa disparition est incertaine (sa dernière mention sur une carte — avant de disparaître complètement — remontant à 1572) ;
  • En 1561, le Trou du Rivage, devenu la Porte du Rivage (aussi tardivement, Porte du Canal) ; accès fluvial à l'ancien port intérieur ouvert à l'extrême nord des remparts (entre les Portes de Laeken et de Flandre, à l'emplacement actuel du lieu-dit reliant l'Ancien Bassin des Barques et celui de l'Entrepôt — au cœur du Quartier des Quais — qui a conservé son nom), elle est abattue en 1783 ; parfois, elle est informellement considérée comme une « huitième Porte ».

Les portes secondaires (« viquets »)

modifier

En raison des emplacements peu pratiques des portes fortifiées, il n'est pas surprenant que la première enceinte de la ville ait également eu d'autres ouvertures : des « viquets » ou guichets (donc, pas des portes de ville à proprement parler). Qu'ils aient été prévus dès le départ ou non, il n'est pas encore possible de le déterminer avec les données actuelles. Il y a aussi peu de clarté sur leur nombre exact[11] :

  • En 1291, la Porte (ou le « Viquet ») du Driesmolen, ou Moulin de la Jachère/Friche (Driesmolenwiket, d'après l'ancien moulin à eau, à ne pas confondre avec celui du XVIIe siècle au village de Velzeke (nl)Velzeke‑Ruddershove) située à l'ouest, entre la Porte Sainte‑Catherine et l'accès fluvial intérieur occidental de la Senne (celui qui reliera à l'Écluse de Ransfort, de la seconde enceinte) ;
  • Aux environs de 13211346, La Porte (ou le « Viquet ») de Ruysbroeck, ou Ruisbroek (Ruisbroekwiket) située au sud‑sud‑est, dans l'angle marqué de l'enceinte séparant la Porte de la Chapelle et le Coudenberg, et orientée dans le prolongement de l'extrémité nord de l'ancienne rue homonyme (côté extérieur) vers les Église et Hôpital Saint‑Jean (côté intérieur) ;
  • En 1329, la Porte (ou le « Viquet ») du Lion (Leeuwswiket, d'après le Lignage Sleeus et ses armoiries) située au sud‑ouest, en bordure ouest (et orientée vers son cours côté extérieur) de l'accès fluvial intérieur méridional de la Senne (celui qui reliera à la Grande Écluse, de la seconde enceinte), côté opposé à celui de la Porte Saint‑Jacques ;
  • En 1353, la Porte (ou le « Viquet ») du Loup (Wolfswiket, d'après des Maison et armoiries — et le lieudit des Fossés aux Loups), ou Saint‑Jean (Sint-Janswiket, d'après les lieuxdits Église — et Hôpital, voisin — Saint‐Jean, ainsi que la Nation du même nom) située au nord‑nord‑ouest, en bordure est de l'accès fluvial intérieur septentrional de la Senne, côté opposé à celui de la Porte Noire ;
  • En 1356, la Porte (ou le « Viquet ») de Bogaerden — ou Bogaarden, ou des Béguards (Bogaardenwiket, d'après l'aumônerie masculine des béguins).

Les portes d'octroi (XIXe siècle)

modifier

Dès la fin du XVIIIe siècle les anciens remparts de la seconde enceinte, ayant perdu toute fonction défensive, sont progressivement démantelés, puis remplacés au siècle suivant par une barrière percée de nouvelles portes destinées à l'octroi, impôt indirect perçu à l'importation de denrées et de marchandises sur le territoire de la ville. Une administration (tour à tour selon le régime : françaisePremière République puis Premier Empire ; néerlandaiseRoyaume des Belgiques, sous lequel Bruxelles avait une fonction de co‑capitale en alternance avec La Haye ; et enfin, belge) avait pour mission de contrôler le passage entre les pavillons symétriques des portes et de percevoir les taxes.

En plus des portes d'octroi construites sur les sites de presque toutes les anciennes portes médiévales de la seconde enceinte (excepté celle de Laeken, rendue obsolète par la Porte d'Anvers, et celle de Hal, préservée et toujours existante, actuellement convertie en musée royal d'Art et d'Histoire) :

S'ajoutaient de nouvelles Portes, toujours sur le tracé de la seconde enceinte médiévale :

À partir de 1830, l'indépendance de la Belgique (dont Bruxelles devient la capitale) amena en parallèle des ajouts progressifs d'autres Portes, aux destructions et/ou remplacements des infrastructures jugées obsolètes, puis à la disparition finale des trois‑quarts des pavillons (les pavillons jumeaux de deux des Portes d'octroi ont été conservés sur place et reconvertis, à l'instar de l'ancienne porte médiévale de Hal, et ceux d'une troisième furent transférés à l'entrée du Bois de la Cambre en 1862 ; y sis toujours actuellement, et également préservés).

Après trois décennies d'indépendance de facto du Royaume de Belgique (qui n'est définitivement reconnu qu'à partir de 1839), l'abolition de l'octroi le (jour calendaire de la prestation de serment de 1831 par Léopold Ier en tant que Premier Roi des Belges et, par corollaire, de la future Fête nationale) donna à son tour lieu à d'importantes festivités, cette taxation ayant rendu la vie à Bruxelles excessivement chère.

Tous les pavillons survivants sont, à l'instar des vestiges de la seconde version de la Grande Écluse (rebâtie une troisième fois pour usage de 1871 à 1955, puis reconvertie en restaurant depuis les années 1990), de style néo‑classique et signés Auguste Payen le Jeune.

Liens externes

modifier

  1. Chiffre symbole de Bruxelles : 7 portes, 7 paroisses, 7 fontaines, 7 issues de la Grand-Place et 7 lignages de Bruxelles
  2. À dessein de la distinguer de son homologue postérieure de la seconde enceinte, nommée ultérieurement la (Nouvelle) Porte de Laeken ou Porte Extérieure de Laeken.
  3. À dessein de la distinguer de son homologue antérieure de la première enceinte, nommée ultérieurement l'Ancienne Porte de Laeken ou Porte Intérieure de Laeken (autre nom de la Porte Noire).
  4. Orthographe alternative attestée sur une cartographie des enceintes aux XIe et XIVe siècles [1] (Bruxelles à travers les âges, 1884) par les frères Hymans (l'historien Louis ainsi que le lithographe et littérateur Henri), travaux poursuivis par Paul (fils du premier).
  5. Orthographe alternative attestée sur une carte de la ville historique du XVIe siècle.
  6. D'après l'Église Notre-Dame de la Chapelle.
  7. À dessein de la distinguer de son homologue postérieure de la seconde enceinte, la Nouvelle Porte du Coudenberg (autre nom de la Porte de Namur).
  8. En remplacement de l'ancienne Porte du Coudenberg de la première enceinte [2].
  9. D'après l'ancienne collégiale du même nom
  10. Premier nom de la porte de Schaerbeek, accès à l'importante route commerciale de Bruges à Cologne, à ne pas confondre avec la porte d'octroi du même nom ouverte à l'emplacement de l'actuelle place Rogier
  11. Attestés sur des cartes historiques (entre autres, celles de la ville : du XVIe siècle ; aux environs de 1577, latinisée en tant que « Bruxella » ; de 1711, francisée en tant que « Brusselles » par Eugène-Henri Fricx [3], ainsi que celle des frères et fils Hymans de Bruxelles à travers les âges de 1884 [4], voir note précédente).
  12. Voir note précédente