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« Commission des réguliers » : différence entre les versions

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La '''commission des réguliers''' (1766-1780) est instituée à la demande de [[Louis XV de France|Louis XV]] pour réfréner les abus du clergé et examiner la situation financière des établissements ecclésiastiques aux ressources insuffisantes. Elle intervient après l'expulsion des jésuites de France (décret de Louis XV du 26 novembre 1764).
La '''commission des réguliers''' (1766-1780) est instituée en France à la demande de [[Louis XV]] pour réfréner les abus du clergé régulier et examiner la situation financière des établissements monastiques aux ressources insuffisantes. En fait, il s'agit pour le haut clergé séculier de s'emparer des biens et bénéfices des monastères à leur profit, alors que le royaume traverse une crise financière. Elle intervient après l'expulsion des [[jésuites]] de France (décret de Louis XV du {{date-|26 novembre 1764}}).


== Historique ==
== Historique ==

=== Contexte ===
=== Contexte ===
Ayant surmonté le [[Grand schisme d'Occident]] et la [[Réforme protestante]], les ordres monastiques avaient retrouvé un essor spirituel au {{s-|XVII}} ; cent ans plus tard, ils sont moribonds. Ils vivent sur une économie seigneuriale, assise sur la propriété foncière, économie en partie obsolète depuis les découvertes maritimes des {{s2-|XV|XVI}} et où les techniques restent traditionnelles avec des rendements agricoles relativement faibles ; d'anciens privilèges assurent une survie relative aux moines qui n'arrivent pas à se libérer du système de la [[Régime de la commende|commende]]<ref>La disparition de la commende à la Révolution a rendu possible la renaissance de la vie monastique au {{s2-|XIX|XX}}</ref>. Ce blocage économique et institutionnel se complique de querelles doctrinales entre un clergé [[gallicanisme|gallican]] et les partisans de l'autorité du pape : naguère brillants, ces ordres restent, en dépit de notables exceptions, à l'écart du mouvement d'idées au [[siècle des Lumières]].
Ayant surmonté le [[Grand Schisme d'Occident]] et la [[Réforme protestante]], les ordres monastiques avaient retrouvé un essor spirituel au {{s-|XVII|e}} ; cent ans plus tard, ils étaient moribonds.
Ils vivaient sur une économie seigneuriale, assise sur la propriété foncière, économie en partie obsolète depuis les découvertes maritimes des {{s2-|XV|e|XVI|e}} et où les techniques restaient traditionnelles avec des rendements agricoles relativement faibles ; d'anciens privilèges assuraient une survie relative aux moines qui n'arrivaient pas à se libérer du système déplorable de la [[Régime de la commende|commende]]<ref>La disparition de la commende à la Révolution a rendu possible la renaissance de la vie monastique au {{s2-|XIX|e|XX|e}}</ref>. Ce blocage économique et institutionnel se compliqua de querelles doctrinales entre un clergé [[gallican]] et les partisans de l'autorité du pape: naguère brillants, ces ordres restent, en dépit de notables exceptions, à l'écart du mouvement d'idées au [[siècle des Lumières]].


Or, le siècle des Lumières peine à comprendre l'"oisiveté" de ces hommes inutiles à l'État<ref>Jean Belin, ''La logique d'une idée force: l'idée d'utilité sociale pendant la Révolution française'', Paris, 1939.</ref>, assume une tradition des légistes gallicans qui assimile les vœux de religion à un contrat révocable<ref>Catherine Maire, « La critique gallicane et politique des vœux de religion », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 24, 2000, URL : http://ccrh.revues.org/index2052.html.</ref>, se situe aussi dans une tradition janséniste d"émancipation vis-à-vis du pouvoir pontifical. Cependant, la critique sans doute la plus radicale est exprimée par [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] pour qui les moines n'ont aucune raison d'être car: "'''''renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme.'''''"<ref>Rousseau, ''Du [[Contrat social]]'', 1re version, Œuvres complètes, Paris, Pléiade, 1964, p. 356. Cité par C. Maire,.</ref>.
Or, le siècle des Lumières peine à comprendre l'« oisiveté » de ces hommes inutiles à l'État<ref>Jean Belin, ''La logique d'une idée force: l'idée d'utilité sociale pendant la Révolution française'', Paris, 1939.</ref>, assume une tradition des légistes gallicans qui assimile les vœux de religion à un contrat révocable<ref>Catherine Maire, « La critique gallicane et politique des vœux de religion », ''Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques'', 24, 2000, URL : http://ccrh.revues.org/index2052.html.</ref>, se situe aussi dans une tradition [[janséniste]] d'émancipation vis-à-vis du pouvoir pontifical. Cependant, la critique sans doute la plus radicale est exprimée par [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] pour qui les moines n'ont aucune raison d'être car : « renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme »<ref>Rousseau, ''[[Du Contrat social]]'', 1re version, Œuvres complètes, Paris, Pléiade, 1964, {{p.|356}}. Cité par C. Maire,.</ref>.


Au milieu du siècle, on dénombre environ {{formatnum:35000}} religieux en France, mais, après 1750, apparait une crise de recrutement, très sensible. Les élites se détournent des monastères. Des bâtiments classiques avaient remplacé les constructions romanes ou gothiques, mais restaient vides. Les deux tiers des abbayes masculines françaises avaient des effectifs moyens inférieurs à dix moines.
Au milieu du siècle, on dénombre environ {{nb|35000 religieux}} en France, mais, après 1750, apparaît une crise de recrutement, très sensible. Les élites se détournent des monastères. Des bâtiments classiques avaient remplacé les constructions romanes ou gothiques, mais restaient vides. Les deux tiers des abbayes masculines françaises avaient des effectifs moyens inférieurs à dix moines.


Leur patrimoine pouvait être très varié :
* vingt à trente sont très riches,
* environ une centaine ont des ressources convenables mais aléatoires,
* plus de deux cents abbayes sont pauvres.


* vingt à trente abbaye étaient très riches,
La France compte à cette époque 412 abbayes [[Ordre de Saint-Benoît|bénédictines]], de dimension importantes; mais chacune d'entre elles n'est occupée que par une dizaine de religieux en moyenne.
* environ une centaine avaient des ressources convenables mais aléatoires,
* plus de deux cents abbayes étaient pauvres.

La France compte à cette époque {{nb|412 abbayes}} [[Ordre de Saint-Benoît|bénédictines]], de dimension importantes ; mais chacune d'entre elles n'est occupée que par une dizaine de religieux en moyenne, d'autant que les [[Régime de la commende|commendataires]] avaient intérêt à limiter le nombre des moines au minimum de trois, pour limiter la part de ceux-ci, dans le revenu de l'abbaye, à leur profit.


=== Création ===
=== Création ===
À la clôture de la session de l'Assemblée du Clergé en juin 1766, une lettre à destination du pape fut remise au roi pour obtenir la nomination d'une commission de cardinaux et d"évêques chargée de réformer les abus; {{lequel|[[Famille de Choiseul|Choiseul]]}} omit de l'envoyer.
À la clôture de la session de l'Assemblée du Clergé en {{date-|juin 1766}}, une lettre à destination du pape est remise au roi pour obtenir la nomination d'une commission de cardinaux et d'évêques chargée de réformer les prétendus abus ; [[Étienne-François de Choiseul|Choiseul]] refuse de l'envoyer. En effet, toute communauté religieuse s'installant dans le royaume est soumise à des [[lettres patentes]] d'approbation<ref>Édit de mars 1667 : ''Édit du Roy contenant les formalités nécessaires pour l'établissement des maisons religieuses, ou autres communautés. Registré en Parlement le 31 mars 1667'', Paris, 1667.</ref>. Ainsi, [[Louis XV]] s'estime-t-il en droit de régler les abus qui se sont introduits dans les communautés religieuses :
* Par l'arrêt du Conseil d'État du {{date-|23 mai 1766}}, le roi [[Louis XV]] constate des abus dans les monastères et envisage de mener une enquête.
Or, toute communauté religieuse s'installant dans le royaume était soumise à des [[lettres patentes]] d'approbation<ref>Edit de mars 1667: ''Édit du Roy contenant les formalités nécessaires pour l'établissement des maisons religieuses, ou autres communautés. Registré en Parlement le 31 mars 1667'', Paris, 1667.</ref>. Ainsi, [[Louis XV]] s'estima-t-il en droit de régler les abus qui s'étaient introduits dans les communautés religieuses:
* Une commission royale est instituée par l'arrêt du {{date-|31 juillet}} : cinq archevêques et cinq conseillers d'État la composent, aidés d'avocats et de théologiens. La Commission est chargée d'enquêter et de proposer des mesures soumises à l'examen du [[Conseil du roi de France#Le Conseil des Dépêches|Conseil des Dépêches]]<ref>Le Conseil des Dépêches, institué vers 1650, réglait les questions d'administration intérieure communes aux secrétaires d'État. On y examinait les affaires rapportées dans des dépêches rédigées par des [[gouverneur]]s et [[intendant (Royaume de France)|intendants]] des provinces.</ref>.

* Enfin, par l'arrêt du {{date-|3 avril 1767}}, le roi, constatant les insuffisances de l'enquête menée, ordonne la réunion du chapitre de tous les établissements religieux du royaume et décide la suppression des maisons sous-peuplées<ref>François Zanatta, ''La résistance à la commission des réguliers: l'exemple du Nord (1766-1780)'', Mémoire de DEA, Lille II, 2001.</ref>.
* Par l'arrêt du Conseil d'État du 23 mai 1766, le roi [[Louis XV de France|Louis XV]] constate des abus dans les monastères et envisage de mener une enquête.
* Une commission royale est instituée par l'arrêt du 31 juillet: cinq archevêques et cinq conseillers d'État la composent, aidés d'avocats et de théologiens. La Commission est chargée d enquêter et de proposer des mesures soumises à l'examen du [[Conseil des dépêches]]<ref>Le Conseil des Dépêches, institué vers [[1650]], réglait les questions d'administration intérieure communes aux secrétaires d'État. On y examinait les affaires rapportées dans des dépêches rédigées par des [[gouverneur]]s et [[intendant]]s des provinces.</ref>.
* Enfin, par l'arrêt du 3 avril 1767, le roi, constatant les insuffisances de l'enquête menée, ordonne la réunion du chapitre de tous les établissements religieux du royaume et décide la suppression des maisons sous-peuplées<ref>François Zanatta, ''La résistance à la commission des réguliers: l'exemple du Nord (1766-1780)'', Mémoire de DEA, Lille II, 2001.</ref>.


Cette Commission des Réguliers, c'est-à-dire des religieux soumis à une [[Règle monastique|règle]] et membres des différents [[ordre religieux|ordres]] et [[Congrégation monastique|congrégations]], a fonctionné de 1766 à 1780. Elle est suivie jusqu'en 1784 par la Commission des Unions à laquelle succède le Bureau des réguliers jusqu'en 1790.
Cette Commission des Réguliers, c'est-à-dire des religieux soumis à une [[Règle monastique|règle]] et membres des différents [[ordre religieux|ordres]] et [[Congrégation monastique|congrégations]], a fonctionné de 1766 à 1780. Elle est suivie jusqu'en 1784 par la Commission des Unions à laquelle succède le Bureau des réguliers jusqu'en 1790.


[[Fichier:Lomeniedebrienne.jpg|frame|Étienne Charles de Loménie de Brienne]]
[[Fichier:Lomeniedebrienne.jpg|frame|[[Loménie de Brienne]].]]


=== Composition de la Commission ===
=== Composition de la Commission ===
La commission des Réguliers,ouvertement gallicane, et fortement influencée par [[Loménie de Brienne]], préféra la manière forte à la concertation: elle n'accueillit aucun "régulier", ne tint pas compte des remarques formulées par les intéressés, ni des protestations du pape, des abbés ou des évêques.
La commission des Réguliers, ouvertement gallicane, et fortement influencée par [[Étienne-Charles de Loménie de Brienne|Loménie de Brienne]], ami des philosophes et incroyant notoire, préfère la manière forte à la concertation : elle n'accueille aucun « régulier », ne tient pas compte des remarques formulées par les intéressés, ni des protestations du pape, des abbés ou des évêques.


Les membres de la commission sont :
Les membres de la commission sont :
* {{Mgr}} [[Charles Antoine de La Roche-Aymon]], [[Liste des archevêques de Reims|Archevêque de Reims]], président de la Commission;
* [[Charles Antoine de La Roche-Aymon]], [[Liste des évêques et archevêques de Reims|archevêque de Reims]], président de la Commission ;
* [[D'Aguesseau]], conseiller d'État ordinaire et au Conseil royal des Dépêches, et au Conseil royal du Commerce;
* [[Henri d'Aguesseau]], conseiller d'État ordinaire et au Conseil royal des Dépêches, et au Conseil royal du Commerce ;
* [[Gilbert des Voisins]], conseiller d'État ordinaire et au Conseil royal des Dépêches;
* [[Gilbert des Voisins]], conseiller d'État ordinaire et au Conseil royal des Dépêches ;
* [[d'Ormesson]], conseiller d'État ordinaire et au Conseil royal des Dépêches;
* [[Famille Lefèvre d'Ormesson|Lefèvre d'Ormesson]], conseiller d'État ordinaire et au Conseil royal des Dépêches ;
* [[Jean-François Joly de Fleury]], conseiller d'État;
* [[Jean-François Joly de Fleury]], conseiller d'État ;
* [[Pierre Étienne Bourgeois de Boynes]], conseiller d'État;
* [[Pierre Étienne Bourgeois de Boynes]], conseiller d'État ;
* {{Mgr}} [[Jean-Joseph de Jumilhac]], [[Archevêché d'Arles|archevêque d'Arles]];
* [[Jean-Joseph de Jumilhac]], [[Archidiocèse d'Arles|archevêque d'Arles]] ;
* {{Mgr}} [[Georges-Louis Phélypeaux d'Herbault]], [[archevêque de Bourges]];
* [[Georges-Louis Phélypeaux d'Herbault]], [[Liste des archevêques de Bourges|archevêque de Bourges]] ;
* {{Mgr}} [[Arthur Richard Dillon]], [[Liste des archevêques de Narbonne|archevêque de Narbonne]];
* [[Arthur Richard Dillon]], [[Liste des archevêques de Narbonne|archevêque de Narbonne]] ;
* {{Mgr}} [[Étienne-Charles de Loménie de Brienne|Loménie de Brienne]], [[Archidiocèse de Toulouse|archevêque de Toulouse]], rapporteur de la commission<ref>[[Étienne-Charles de Loménie de Brienne|Loménie de Brienne]], partisan des idées nouvelles de philosophes, en réalité indifférent aux intérêts de l'[[Église (institution)|Église]] contribue à promouvoir des mesures hardies voire radicales.
* [[Étienne-Charles de Loménie de Brienne|Loménie de Brienne]], [[Archidiocèse de Toulouse|archevêque de Toulouse]], rapporteur de la commission<ref>[[Étienne-Charles de Loménie de Brienne|Loménie de Brienne]], partisan des idées nouvelles de philosophes, en réalité indifférent aux intérêts de l'[[Église (institution)|Église]] contribue à promouvoir des mesures hardies voire radicales.
</ref>.
</ref>.


Un greffier, un secrétaire, quatre théologiens et quatre avocats leur sont adjoints<ref>Suzanne Lemaire,''La Commission des réguliers'', Paris, 1926, p. 55-56</ref>.
Un greffier, un secrétaire, quatre théologiens et quatre avocats leur sont adjoints<ref>Suzanne Lemaire,''La Commission des réguliers'', Paris, 1926, {{p.|55-56}}</ref>.


=== Actions et conséquences ===
=== Actions et conséquences ===
La Commission des réguliers fut surnommée '''commission de la Hache''' par ses détracteurs, elle remédia à sa façon au déclin des ordres. Ses méthodes furent contestées à plus d'un titre.
La Commission des réguliers fut surnommée « commission de la Hache » par ses détracteurs, qui la jugeaient trop brutale. Ses méthodes furent contestées à plus d'un titre.


Un édit de mars 1768 repoussa l'âge des vœux religieux de seize à vingt-et-un ans pour les garçons et dix-huit ans pour les filles<ref>Abrogeant les décisions de l'''[[Ordonnance de Blois]]'' de 1579 et du [[Concile de Trente]], ses. XXV, ch. 15.</ref>. ordonna la rédaction des constitutions et abolit l'[[exemption]], garantie de leur indépendance, en 1773; cette dernière mesure permit aux évêques de fermer les monastères aux effectifs jugés trop restreints et d'affecter la [[mense]] (revenus) à leur évêché. Des hôpitaux et des séminaires récupèrent aussi une partie des biens.
Un édit de {{date-|mars 1768}} repoussa l'âge des vœux religieux de seize à vingt-et-un ans pour les garçons et dix-huit ans pour les filles<ref>Abrogeant les décisions de l'[[Ordonnance de Blois]] de 1579 et du [[Concile de Trente]], ses. XXV, ch. 15.</ref>, et ordonna la rédaction des constitutions. L'abolition de l'[[exemption (droit canonique)|exemption]], garantie de l'indépendance des monastères, fut décidée en 1773 ; cette dernière mesure permit aux évêques de fermer les monastères aux effectifs jugés trop restreints et d'affecter la [[mense]] (revenus) à leur évêché (des hôpitaux et des séminaires récupèrent aussi une partie des biens).


Un monastère indépendant devait comporter 16 religieux et une abbaye affiliée à une congrégation, au moins 9. On ferma 426 abbayes ou prieurés d'effectif inférieur sur un total de 2972. Les [[bénédictins]] perdirent 122 établissements sur 410; 40 couvents [[augustins]] disparurent. Leurs membres sont rattachés au clergé séculiear et gratifiés d'une pension viagère.
Un monastère indépendant devait comporter seize religieux et une abbaye affiliée à une congrégation, au moins neuf. On ferma {{nb|426 abbayes}} ou prieurés d'effectif inférieur sur un total de {{nb|2972 abbayes}}. Les [[Ordre de Saint-Benoît|bénédictins]] perdirent {{nb|122 établissements}} sur {{nb|410}} ; {{nb|40 couvents}} [[augustins]] disparurent. Leurs membres furent rattachés au clergé séculier et gratifiés d'une pension viagère, ou bien accueillis dans d'autres ordres monastiques.


Neuf ordres ou congrégations disparurent de 1770 à 1780
Neuf ordres ou congrégations disparurent de 1770 à 1780
* [[Ancienne observance de Cluny]] ;
* [[Ordre de Cluny#Cluny à l'époque moderne, l'impossible renouveau|Ancienne observance de Cluny]] ;
* [[Ordre camaldule]] ;
* [[Ordre camaldule]] ;
* [[Ordre de Grandmont]] ;
* [[Ordre de Grandmont]] ;
* [[Ordre des célestins]] ;
* [[Ordre des Célestins]] ;
* [[Ordre de Saint-Guillaume]] ;
* [[Ordre de Saint-Guillaume]] ;
* [[Antonins (chanoines)|Les Antonins]] intégrés à l'[[Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte|Ordre de Malte]] en 1777.
* [[Ordre hospitalier de Saint-Antoine|Les Antonins]] intégrés à l'[[ordre de Saint-Jean de Jérusalem]] en 1777.
* [[Ruf d'Avignon|Ordre de saint-Ruf]] ;
* [[Chanoines réguliers de Saint Ruf]] ;
* [[Ordre de la Sainte-Croix]] ;
* [[Chanoines réguliers de la Sainte-Croix]] ;
* [[Servites de Marie]].
* [[Ordre des Servites de Marie]].


Abbayes supprimées :
Quelques abbayes supprimées :
* [[Abbaye Notre-Dame de Boscodon]], [[Hautes-Alpes]] ;
* [[Abbaye Notre-Dame de Boscodon]], [[Hautes-Alpes]] ;
* [[Prieuré Notre-Dame et Saint-Étienne de Villiers|Prieuré de Grandmont-Villiers]] à [[Villeloin-Coulangé]], [[Indre-et-Loire]] ;
* [[Prieuré Notre-Dame et Saint-Étienne de Villiers|Prieuré de Grandmont-Villiers]] à [[Villeloin-Coulangé]], [[Indre-et-Loire]] ;
* [[Abbaye des Guillemins]] à [[Walincourt-Selvigny]], [[Nord (département)|Nord]] ;
* [[Abbaye des Guillemins]] à [[Walincourt-Selvigny]], [[Nord (département français)|Nord]] ;
* ...
*


Le roi reste sourd aux protestations de l'[[Assemblée du clergé]], qui dénonce avec véhémence le caractère arbitraire des décisions prises, maintient l'intégralité de celles-ci, et parvient malgré les protestations initiales de [[Clément XIV]] et de [[Pie VI]] à obtenir la ratification de ses décisions. Les résistances émanent aussi des communautés paroissiales qui soulignent les bienfaits des monastères. Des brochures anonymes dénoncent l'incompétence de la Commission en [[droit canonique]] et particulièrement son incompréhension profonde du droit monastique. L'abbé de Grandmont tente de défendre son ordre pendant six ans, en vain<ref>Rousset Maurice. Suzanne Lemaire. La Commission des Réguliers, 1766- 1780, Revue d'histoire de l'Église de France, 1927, vol. 13, n° 58, pp. 73-76. url : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1927_num_13_58_2420_t1_0073_0000_2</ref>.
Le roi reste sourd aux protestations de l'[[Assemblée du clergé]], qui dénonce avec véhémence le caractère arbitraire des décisions prises, maintient l'intégralité de celles-ci, et parvient malgré les protestations initiales de [[Clément XIV]] et de [[Pie VI]] à obtenir la ratification de ses décisions. Les résistances émanent aussi des communautés paroissiales qui soulignent les bienfaits des monastères. Des brochures anonymes dénoncent l'incompétence de la Commission en [[droit canonique]] et particulièrement son incompréhension profonde du droit monastique. L'[[Ordre de Grandmont|abbé de Grandmont]], François-Xavier Mondain de La Maison-Rouge<ref>[[Gilles Bresson]], ''La Malédiction des Grandmontains'', 2002, éd. d'Orbestier</ref>, tente de défendre son ordre pendant six ans, en vain<ref>Maurice Rousset et Suzanne Lemaire. La Commission des Réguliers, 1766- 1780, ''Revue d'histoire de l'Église de France'', 1927, vol. 13, n° 58, {{p.|73-76}}. url : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1927_num_13_58_2420_t1_0073_0000_2</ref>. Entre-temps, Louis XV meurt et [[Louis XVI de France|Louis XVI]], peu favorable à Loménie de Brienne, monte sur le trône.


=== Epilogue ===
=== Épilogue ===
La rigueur que le cardinal de [[Étienne-Charles de Loménie de Brienne|Loménie de Brienne]] met à supprimer ordres et couvents finit par mécontenter tant de gens que la commission est dissoute le 19 mars [[1780]].
La rigueur que le cardinal de [[Étienne-Charles de Loménie de Brienne|Loménie de Brienne]] met à supprimer ordres et couvents finit par mécontenter tant de gens que la commission est dissoute le {{date-|19 mars 1780}}. Elle est remplacée le jour même par la ''[[Commission des Unions]]'', présidée cette fois par le [[Garde des sceaux de France|Garde des Sceaux]]. La Commission des Réguliers jeta cependant le discrédit de l'élite sur les ordres, et à l'exception des [[Ordre des Chartreux|Chartreux]] et des [[Ordre cistercien de la stricte observance|Trappistes]] : ceux-ci n'avaient pas su se réformer malgré l'intervention de l'État. Et, fait révélateur de l’ambiguïté de la mission de la Commission des Réguliers, comment l'auraient-ils pu, alors que la pratique du [[Régime de la commende]], raison cardinale de bien des dérives, est maintenue ?
Elle est remplacée le jour même par la ''[[Commission des Unions]]'', présidée cette fois par le [[Garde des Sceaux]].
La Commission des Réguliers jeta le discrédit sur les ordres, et à l'exception des [[Ordre des chartreux|Chartreux]] et des [[Ordre cistercien de la stricte observance|Trappistes]], ceux-ci n'avaient pas su se réformer malgré l'intervention de l'État. Et, fait révélateur de l'ambigüité de la mission de la Commission des Réguliers, comment l'auraient-ils pu, alors que la pratique de la [[commende]], raison cardinale de bien des dérives, est maintenue ?


== Ailleurs en Europe ==
== Ailleurs en Europe ==
Les autres nations catholiques rejetèrent aussi les ordres contemplatifs:
D'autres souverains catholiques rejetèrent aussi les ordres contemplatifs :
* En [[Autriche]], en 1756, l'impératrice [[Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780)|Marie-Thérèse]] institue une commission de contrôle des ordres monastiques. Puis, le [[joséphisme]] initié en 1783 par son fils l'empereur [[Joseph II du Saint-Empire|Joseph II]] supprima 800 monastères, ceux qui selon lui, n'avaient pas d'utilité sociale ou pastorale immédiate, et en étatisa les biens. Le "fonds religieux" ainsi constitué fut employé à la formation et à l'entretien du clergé. Les couvents qui subsistèrent (par exemple, [[Abbaye de Melk|Melk]], [[Abbaye de Saint-Florian|Saint-Florian]], [[Abbaye de Göttweig|Göttweig]] et [[Kremsmünster]]) échapperont par la suite à la sécularisation dans l'Empire.
* En [[Autriche]], en 1756, l'impératrice [[Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780)|Marie-Thérèse]] institue une commission de contrôle des ordres monastiques. Puis, le [[joséphisme]] lancé en 1783 par son fils l'empereur [[Joseph II (empereur des Romains)|Joseph II]] supprima {{nb|800 monastères}}, ceux qui, selon lui, n'avaient pas d'utilité sociale ou pastorale immédiate, et en étatisa les biens. Le « fonds religieux » ainsi constitué fut employé à la formation et à l'entretien du clergé. Les couvents qui subsistèrent (par exemple, [[Abbaye de Melk|Melk]], [[Abbaye de Saint-Florian|Saint-Florian]], [[Abbaye de Göttweig|Göttweig]] et [[Kremsmünster]]) échapperont par la suite à la sécularisation dans l'Empire.
* En [[Espagne]], le roi [[Charles III d'Espagne|Charles III]] limita la puissance des ordres religieux dans ses états.
* En [[Espagne]], le roi [[Charles III (roi d'Espagne)|Charles III]] limita la puissance des ordres religieux dans ses États.


== Sources ==
== Sources ==
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pascal|nom1=Arnoux|titre=Abbayes et Monastères|sous-titre=Principaux ordres monastiques et religieux|éditeur=Editions TSH|lieu=Le Cannet|année=2004|mois=avril|isbn=2-907854-42-9|bnf=37087211w}}
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage|prénom1=Gaston et Monique|nom1=Duchet-Suchaux|titre=Les Ordres Religieux|éditeur=Flammarion|année=1993|isbn=2-08-012297-5}}
|langue=
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* [[Alain Blondy]] ''La Commission des Réguliers (1766-1784). Un joséphisme à la française ?'' in Stéphane-Marie Morgain éd., Libertas Ecclesiæ. Esquisse d’une généalogie (1650-1800), Toulouse, 2010, 281-295.
* [[Alain Blondy]] ''La Commission des Réguliers (1766-1784). Un joséphisme à la française ?'' in Stéphane-Marie Morgain éd., Libertas Ecclesiæ. Esquisse d’une généalogie (1650-1800), Toulouse, 2010, 281-295.


== Notes et références ==
== Notes ==
{{Références}}
{{Références}}


{{Portail|Catholicisme|histoire}}
{{Portail|Catholicisme|histoire}}


[[Catégorie:Ancien Régime]]
[[Catégorie:Clergé en France sous l'Ancien Régime]]
[[Catégorie:Administration française d'Ancien Régime]]

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La commission des réguliers (1766-1780) est instituée en France à la demande de Louis XV pour réfréner les abus du clergé régulier et examiner la situation financière des établissements monastiques aux ressources insuffisantes. En fait, il s'agit pour le haut clergé séculier de s'emparer des biens et bénéfices des monastères à leur profit, alors que le royaume traverse une crise financière. Elle intervient après l'expulsion des jésuites de France (décret de Louis XV du ).

Ayant surmonté le Grand schisme d'Occident et la Réforme protestante, les ordres monastiques avaient retrouvé un essor spirituel au XVIIe siècle ; cent ans plus tard, ils sont moribonds. Ils vivent sur une économie seigneuriale, assise sur la propriété foncière, économie en partie obsolète depuis les découvertes maritimes des XVe et XVIe siècles et où les techniques restent traditionnelles avec des rendements agricoles relativement faibles ; d'anciens privilèges assurent une survie relative aux moines qui n'arrivent pas à se libérer du système de la commende[1]. Ce blocage économique et institutionnel se complique de querelles doctrinales entre un clergé gallican et les partisans de l'autorité du pape : naguère brillants, ces ordres restent, en dépit de notables exceptions, à l'écart du mouvement d'idées au siècle des Lumières.

Or, le siècle des Lumières peine à comprendre l'« oisiveté » de ces hommes inutiles à l'État[2], assume une tradition des légistes gallicans qui assimile les vœux de religion à un contrat révocable[3], se situe aussi dans une tradition janséniste d'émancipation vis-à-vis du pouvoir pontifical. Cependant, la critique sans doute la plus radicale est exprimée par Rousseau pour qui les moines n'ont aucune raison d'être car : « renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme »[4].

Au milieu du siècle, on dénombre environ 35 000 religieux en France, mais, après 1750, apparaît une crise de recrutement, très sensible. Les élites se détournent des monastères. Des bâtiments classiques avaient remplacé les constructions romanes ou gothiques, mais restaient vides. Les deux tiers des abbayes masculines françaises avaient des effectifs moyens inférieurs à dix moines.

Leur patrimoine pouvait être très varié :

  • vingt à trente abbaye étaient très riches,
  • environ une centaine avaient des ressources convenables mais aléatoires,
  • plus de deux cents abbayes étaient pauvres.

La France compte à cette époque 412 abbayes bénédictines, de dimension importantes ; mais chacune d'entre elles n'est occupée que par une dizaine de religieux en moyenne, d'autant que les commendataires avaient intérêt à limiter le nombre des moines au minimum de trois, pour limiter la part de ceux-ci, dans le revenu de l'abbaye, à leur profit.

À la clôture de la session de l'Assemblée du Clergé en , une lettre à destination du pape est remise au roi pour obtenir la nomination d'une commission de cardinaux et d'évêques chargée de réformer les prétendus abus ; Choiseul refuse de l'envoyer. En effet, toute communauté religieuse s'installant dans le royaume est soumise à des lettres patentes d'approbation[5]. Ainsi, Louis XV s'estime-t-il en droit de régler les abus qui se sont introduits dans les communautés religieuses :

  • Par l'arrêt du Conseil d'État du , le roi Louis XV constate des abus dans les monastères et envisage de mener une enquête.
  • Une commission royale est instituée par l'arrêt du  : cinq archevêques et cinq conseillers d'État la composent, aidés d'avocats et de théologiens. La Commission est chargée d'enquêter et de proposer des mesures soumises à l'examen du Conseil des Dépêches[6].
  • Enfin, par l'arrêt du , le roi, constatant les insuffisances de l'enquête menée, ordonne la réunion du chapitre de tous les établissements religieux du royaume et décide la suppression des maisons sous-peuplées[7].

Cette Commission des Réguliers, c'est-à-dire des religieux soumis à une règle et membres des différents ordres et congrégations, a fonctionné de 1766 à 1780. Elle est suivie jusqu'en 1784 par la Commission des Unions à laquelle succède le Bureau des réguliers jusqu'en 1790.

Loménie de Brienne.

Composition de la Commission

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La commission des Réguliers, ouvertement gallicane, et fortement influencée par Loménie de Brienne, ami des philosophes et incroyant notoire, préfère la manière forte à la concertation : elle n'accueille aucun « régulier », ne tient pas compte des remarques formulées par les intéressés, ni des protestations du pape, des abbés ou des évêques.

Les membres de la commission sont :

Un greffier, un secrétaire, quatre théologiens et quatre avocats leur sont adjoints[9].

Actions et conséquences

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La Commission des réguliers fut surnommée « commission de la Hache » par ses détracteurs, qui la jugeaient trop brutale. Ses méthodes furent contestées à plus d'un titre.

Un édit de repoussa l'âge des vœux religieux de seize à vingt-et-un ans pour les garçons et dix-huit ans pour les filles[10], et ordonna la rédaction des constitutions. L'abolition de l'exemption, garantie de l'indépendance des monastères, fut décidée en 1773 ; cette dernière mesure permit aux évêques de fermer les monastères aux effectifs jugés trop restreints et d'affecter la mense (revenus) à leur évêché (des hôpitaux et des séminaires récupèrent aussi une partie des biens).

Un monastère indépendant devait comporter seize religieux et une abbaye affiliée à une congrégation, au moins neuf. On ferma 426 abbayes ou prieurés d'effectif inférieur sur un total de 2 972 abbayes. Les bénédictins perdirent 122 établissements sur 410 ; 40 couvents augustins disparurent. Leurs membres furent rattachés au clergé séculier et gratifiés d'une pension viagère, ou bien accueillis dans d'autres ordres monastiques.

Neuf ordres ou congrégations disparurent de 1770 à 1780

Quelques abbayes supprimées :

Le roi reste sourd aux protestations de l'Assemblée du clergé, qui dénonce avec véhémence le caractère arbitraire des décisions prises, maintient l'intégralité de celles-ci, et parvient malgré les protestations initiales de Clément XIV et de Pie VI à obtenir la ratification de ses décisions. Les résistances émanent aussi des communautés paroissiales qui soulignent les bienfaits des monastères. Des brochures anonymes dénoncent l'incompétence de la Commission en droit canonique et particulièrement son incompréhension profonde du droit monastique. L'abbé de Grandmont, François-Xavier Mondain de La Maison-Rouge[11], tente de défendre son ordre pendant six ans, en vain[12]. Entre-temps, Louis XV meurt et Louis XVI, peu favorable à Loménie de Brienne, monte sur le trône.

La rigueur que le cardinal de Loménie de Brienne met à supprimer ordres et couvents finit par mécontenter tant de gens que la commission est dissoute le . Elle est remplacée le jour même par la Commission des Unions, présidée cette fois par le Garde des Sceaux. La Commission des Réguliers jeta cependant le discrédit de l'élite sur les ordres, et à l'exception des Chartreux et des Trappistes : ceux-ci n'avaient pas su se réformer malgré l'intervention de l'État. Et, fait révélateur de l’ambiguïté de la mission de la Commission des Réguliers, comment l'auraient-ils pu, alors que la pratique du Régime de la commende, raison cardinale de bien des dérives, est maintenue ?

Ailleurs en Europe

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D'autres souverains catholiques rejetèrent aussi les ordres contemplatifs :

  • En Autriche, en 1756, l'impératrice Marie-Thérèse institue une commission de contrôle des ordres monastiques. Puis, le joséphisme lancé en 1783 par son fils l'empereur Joseph II supprima 800 monastères, ceux qui, selon lui, n'avaient pas d'utilité sociale ou pastorale immédiate, et en étatisa les biens. Le « fonds religieux » ainsi constitué fut employé à la formation et à l'entretien du clergé. Les couvents qui subsistèrent (par exemple, Melk, Saint-Florian, Göttweig et Kremsmünster) échapperont par la suite à la sécularisation dans l'Empire.
  • En Espagne, le roi Charles III limita la puissance des ordres religieux dans ses États.
  • Pascal Arnoux, Abbayes et Monastères : Principaux ordres monastiques et religieux, Le Cannet, Editions TSH, (ISBN 2-907854-42-9, BNF 37087211)
  • Gaston et Monique Duchet-Suchaux, Les Ordres Religieux, Flammarion, (ISBN 2-08-012297-5)
  • Alain Blondy La Commission des Réguliers (1766-1784). Un joséphisme à la française ? in Stéphane-Marie Morgain éd., Libertas Ecclesiæ. Esquisse d’une généalogie (1650-1800), Toulouse, 2010, 281-295.
  1. La disparition de la commende à la Révolution a rendu possible la renaissance de la vie monastique au XIXe et XXe siècles
  2. Jean Belin, La logique d'une idée force: l'idée d'utilité sociale pendant la Révolution française, Paris, 1939.
  3. Catherine Maire, « La critique gallicane et politique des vœux de religion », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 24, 2000, URL : http://ccrh.revues.org/index2052.html.
  4. Rousseau, Du Contrat social, 1re version, Œuvres complètes, Paris, Pléiade, 1964, p. 356. Cité par C. Maire,.
  5. Édit de mars 1667 : Édit du Roy contenant les formalités nécessaires pour l'établissement des maisons religieuses, ou autres communautés. Registré en Parlement le 31 mars 1667, Paris, 1667.
  6. Le Conseil des Dépêches, institué vers 1650, réglait les questions d'administration intérieure communes aux secrétaires d'État. On y examinait les affaires rapportées dans des dépêches rédigées par des gouverneurs et intendants des provinces.
  7. François Zanatta, La résistance à la commission des réguliers: l'exemple du Nord (1766-1780), Mémoire de DEA, Lille II, 2001.
  8. Loménie de Brienne, partisan des idées nouvelles de philosophes, en réalité indifférent aux intérêts de l'Église contribue à promouvoir des mesures hardies voire radicales.
  9. Suzanne Lemaire,La Commission des réguliers, Paris, 1926, p. 55-56
  10. Abrogeant les décisions de l'Ordonnance de Blois de 1579 et du Concile de Trente, ses. XXV, ch. 15.
  11. Gilles Bresson, La Malédiction des Grandmontains, 2002, éd. d'Orbestier
  12. Maurice Rousset et Suzanne Lemaire. La Commission des Réguliers, 1766- 1780, Revue d'histoire de l'Église de France, 1927, vol. 13, n° 58, p. 73-76. url : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1927_num_13_58_2420_t1_0073_0000_2