Aller au contenu

« Belladone » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Balises : Révoqué Modification par mobile Modification par le web mobile
m correction faute de frappe : changé "iltalien" en "italien".
 
(20 versions intermédiaires par 15 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{sous-titre/Taxon|ns1=Atropa belladonna}}
{{sous-titre/Taxon|ns1=Atropa belladonna}}
{{Autre|la série de bande dessinée|Belladone (bande dessinée)}}
{{Autre|la série de bande dessinée|Belladone (bande dessinée)}}
{{Autre|le film d'animation|La Belladone de la tristesse}}
{{Voir homonymes|Belladonna|Belle-Dame}}
{{Voir homonymes|Belladonna|Belle-Dame}}
{{Taxobox début | végétal | ''Atropa belladonna'' | Atropa_belladonna_-_Köhler–s_Medizinal-Pflanzen-018.jpg | Belladone | classification=Cronquist }}
{{Taxobox début | végétal | ''Atropa belladonna'' | Atropa_belladonna_-_Köhler–s_Medizinal-Pflanzen-018.jpg | Belladone | classification=Cronquist }}
Ligne 21 : Ligne 22 :
Cette plante peut se révéler très [[Toxicité|toxique]], ses baies noires contenant de l'[[atropine]], substance active sur le [[système nerveux]] du fait de ses propriétés [[anticholinergique]]s. Les ophtalmologues l'utilisaient au {{S-|XIX}} pour dilater la pupille lors d'un examen des yeux.
Cette plante peut se révéler très [[Toxicité|toxique]], ses baies noires contenant de l'[[atropine]], substance active sur le [[système nerveux]] du fait de ses propriétés [[anticholinergique]]s. Les ophtalmologues l'utilisaient au {{S-|XIX}} pour dilater la pupille lors d'un examen des yeux.


== Histoire ==
== Étymologie ==
[[Carl Linné|Linné]] a nommé la plante ''Atropa belladonna'' en 1753 dans ''Species plantarum'' 1 :181<ref>{{Ouvrage
Très rare en [[Grèce]], la belladone était ignorée ou très peu connue dans l'[[Antiquité]]. Il est difficile de reconnaître cette plante dans les textes classiques<ref name=":2">{{Ouvrage|auteur1=G.J. Aillaud|titre=Les plantes aromatiques et médicinales|éditeur=Association Méditerranéenne de Diffusion des Sciences et des Techniques|année=1986|passage=89-90.|isbn=}}{{commentaire biblio|catalogue de l'exposition « Plantes aromatiques et médicinales en Provence ».}}</ref>. Toutefois, elle est probablement décrite par [[Théophraste]] sous le nom de Mandragore à fruit noir, de saveur vineuse<ref name=":3">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=P. Delaveau|titre=Histoire et renouveau des plantes médicinales|éditeur=Albin Michel|collection=Sciences d'Aujourd'hui|lieu=Paris|année=1982|pages totales=353|passage=139-140.|isbn=2-226-01629-5}}</ref>. Il est donc possible que ''Atropa belladonna'' soit considérée comme une plante capable de provoquer à une certaine dose les effets d'une [[plante magique]], hallucinations et transes, associées à la [[Magie (surnaturel)|magie noire]], mais pouvant provoquer la mort<ref name=":1">{{Lien web|langue=français|nom=Christophe Poupinel entrepreneur privé|titre=Belladone|url=https://jardinage.ooreka.fr/astuce/voir/454833/belladone|site=[[Ooreka]]|date=|consulté le=2 janvier 2017}}</ref>.

En grec ancien, le terme de στρύχνον ''strychnon'' renvoie à diverses plantes toxiques, parfois soporifiques, entre lesquelles il est difficile ou impossible de choisir, d’autant plus que [[Pline l’Ancien|Pline]] et [[Dioscoride]] ont mêlé souvent dans leurs notices les caractères morphologiques, Pline compilant {{Lien|langue=en|trad=Sextius Niger|fr=Sextius Niger}} (sa source commune avec Dioscoride) avec Théophraste<ref>{{Ouvrage
| titre = Les noms des plantes dans la Rome antique
| éditeur = Les Belles Lettres
| auteur = Jacques André
| année = 2010
| pages = 334
}}</ref>.

Au {{XIIIe siècle}}, [[sainte Hildegarde]] indique : {{Citation|La belladone est dangereuse à manger et à boire pour l’homme car elle agresse son esprit et le rend comme mort<ref>{{Ouvrage
| titre = Le livre des subtilités, des créatures de diverses nature. Physica
| éditeur = Éditions Grégoriennes (Kindle)
| auteur = Sainte Hildegarde de Bingen
| année = 2013
}}</ref>.}} Elle recommande de l'utiliser en onguent pour soigner les rages de dent, la belladone étant nommée sous le terme « ''dolo'' », de l'[[allemand]] « ''toll'' » (« ''Tollwut'' » signifiant « rage » aujourd'hui)<ref name=":3" />.

La belladone est nommée et clairement figurée à partir du {{S-|XVI}}. Elle perd son caractère de plante magique ou de sorcellerie pour devenir plante médicinale, cultivée dans les jardins d'apothicaires<ref name=":2" />.

== Étymologie et nomenclature ==
[[Carl Linné|Linné]]il a nommé la plante ''Atropa belladonna'' en 1763 dans ''Species plantarum'' 1 :181<ref>{{Ouvrage
| titre = Species plantarum :exhibentes plantas rite cognitas, ad genera relatas...
| titre = Species plantarum :exhibentes plantas rite cognitas, ad genera relatas...
| éditeur = Holmiae :Impensis Laurentii Salvii
| éditeur = Holmiae :Impensis Laurentii Salvii
Ligne 48 : Ligne 29 :
| année = 1753
| année = 1753
| url = https://www.biodiversitylibrary.org/page/358200#page/193/mode/1up
| url = https://www.biodiversitylibrary.org/page/358200#page/193/mode/1up
}}</ref>. Son nom générique, ''Atropa'', donné par [[Carl von Linné|Linné]], correspond à celui de l'une des trois [[Moires]], ''Atropos'' (« inflexible » en grec ancien), celle qui coupait le fil de la vie. Son [[épithète spécifique]] ''belladonna'' vient de l’italien ''bella donna'' {{cita|belle dame}}.
}}</ref>.


Cette dénomination de la plante est bien plus ancienne que l’époque de Linné. Deux siècles auparavant, [[Pierandrea Mattioli|Mattioli]] l’introduit dans son commentaire la matière médicale de [[Dioscoride]] (en italien en 1544, puis en latin en 1554) {{cita|Solanum majus, sive Herba Bella Donna}}<ref>{{Ouvrage
Son nom générique, ''Atropa'', donné par [[Carl von Linné|Linné]], correspond à celui de l'une des trois [[Moires]], ''Atropos'' (« inflexible » en grec ancien), celle qui coupait le fil de la vie.

Son [[épithète spécifique]] ''belladonna'' vient de l’italien ''bella donna'' {{cita|belle dame}}.

Cette dénomination de la plante est bien plus ancienne que l’époque de Linné. Deux siècles auparavant, [[Pierandrea Mattioli|Mattioli]] l’introduit dans son commentaire la matière médicale de [[Dioscoride]] (en iltalien en 1544, puis en latin en 1554) {{cita|Solanum majus, sive Herba Bella Donna}}<ref>{{Ouvrage
| titre = Commentarii in sex libros Pedacii Dioscoridis Anazarbei De medica materia
| titre = Commentarii in sex libros Pedacii Dioscoridis Anazarbei De medica materia
| éditeur = Venetiis : Ex Officina Valgrisiana
| éditeur = Venetiis : Ex Officina Valgrisiana
Ligne 68 : Ligne 45 :
}}</ref>), avec pour seule justification que c’est l’usage des herboristes et des Vénitiens.
}}</ref>), avec pour seule justification que c’est l’usage des herboristes et des Vénitiens.


La première explication<ref name=cordier>{{lien web
La première explication<ref name="cordier">{{lien web
| nom = Jean-Yves Cordier
| nom = Jean-Yves Cordier
| titre = Étude du nom Belladona (Atropa belladona L.1753), 22 février 2015
| titre = Étude du nom Belladona (Atropa belladona L.1753), 22 février 2015
Ligne 75 : Ligne 52 :
}}</ref> sera donnée en 1640 par le botaniste anglais [[John Parkinson]] dans le Theatrum Botanicum<ref>Theatrum Botanicum: The Theater of Plants : Or, An Herball of Large Extent .Chap. 6 Tribe 3 page 348.</ref> : les dames utilisent son jus ou son eau distillée, dont la qualité de grand froidure, permet d’obtenir un teint plus pâle. Vingt ans plus tard, le naturaliste [[John Ray]] reprend l’idée que les femmes l’utilisent pour {{cita|faire pâlir leur visage taché de rouge sous l’effet du vent froid}}<ref> 1660 Catalogus plantarum circa Cantabrigiam nascentium</ref>. Le même John Ray rapporte une observation importante : en appliquant la feuille de la plante près de l'œil pour soigner un ulcère chancreux, il observe une remarquable relaxation de la pupille<ref>John Ray, 1686 Historia plantarum</ref>.
}}</ref> sera donnée en 1640 par le botaniste anglais [[John Parkinson]] dans le Theatrum Botanicum<ref>Theatrum Botanicum: The Theater of Plants : Or, An Herball of Large Extent .Chap. 6 Tribe 3 page 348.</ref> : les dames utilisent son jus ou son eau distillée, dont la qualité de grand froidure, permet d’obtenir un teint plus pâle. Vingt ans plus tard, le naturaliste [[John Ray]] reprend l’idée que les femmes l’utilisent pour {{cita|faire pâlir leur visage taché de rouge sous l’effet du vent froid}}<ref> 1660 Catalogus plantarum circa Cantabrigiam nascentium</ref>. Le même John Ray rapporte une observation importante : en appliquant la feuille de la plante près de l'œil pour soigner un ulcère chancreux, il observe une remarquable relaxation de la pupille<ref>John Ray, 1686 Historia plantarum</ref>.


La découverte de cette propriété antispasmodique aura deux conséquences 1) la dilatation de la pupille provoquée par la plante sera utilisée par Reimarus, Grasmeyer, Himly, en préparation de l’opération de la [[Cataracte (maladie)|cataracte]]<ref name=cordier/> 2) l’étymologie sauvage selon laquelle, la dénomination de ''belladonna'' de la plante viendrait de ce qu'à la Renaissance, les Italiennes élégantes instillaient dans leurs yeux du jus de belladone pour faire briller leur regard et se donner plus d’attirance<ref name=":3" />.
La découverte de cette propriété antispasmodique aura deux conséquences 1) la dilatation de la pupille provoquée par la plante sera utilisée par Reimarus, Grasmeyer, Himly, en préparation de l’opération de la [[Cataracte (maladie)|cataracte]]<ref name="cordier" /> 2) l’étymologie sauvage selon laquelle, la dénomination de ''belladonna'' de la plante viendrait de ce qu'à la Renaissance, les Italiennes élégantes instillaient dans leurs yeux du jus de belladone pour faire briller leur regard et se donner plus d’attirance<ref name=":3">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=P. Delaveau|titre=Histoire et renouveau des plantes médicinales|lieu=Paris|éditeur=Albin Michel|collection=Sciences d'Aujourd'hui|année=1982|pages totales=353|passage=139-140.|isbn=2-226-01629-5}}</ref>.


Les deux « étymologies » du terme botanique ''bella donna'' selon lesquelles l’expression viendrait de l’usage cosmétique de la substance soit comme fard soit comme [[collyre]], par les élégantes italiennes, viennent donc de deux naturalistes anglais, environ un siècle après que le médecin naturaliste [[Pietro Andrea Mattioli]] a écrit en italien (en 1544, puis en latin en 1554) à [[Gorizia]] au nord-est de [[Venise]], la traduction et les Commentaires de la Matière médicale de [[Dioscoride]].
Les deux « étymologies » du terme botanique ''bella donna'' selon lesquelles l’expression viendrait de l’usage cosmétique de la substance soit comme fard soit comme [[collyre]], par les élégantes italiennes, viennent donc de deux naturalistes anglais, environ un siècle après que le médecin naturaliste [[Pietro Andrea Mattioli]] a écrit en italien (en 1544, puis en latin en 1554) à [[Gorizia]] au nord-est de [[Venise]], la traduction et les Commentaires de la Matière médicale de [[Dioscoride]].
Toutes ces explications très tardives demandent confirmation et nous obligent à chercher l’origine de l’emploi de ''belladonna'' par les herboristes du temps de Mattioli. Selon les étymologistes (Alain Rey<ref>{{Ouvrage
Toutes ces explications très tardives demandent confirmation et nous obligent à chercher l’origine de l’emploi de ''belladonna'' par les herboristes du temps de Mattioli. Selon les étymologistes, le terme serait peut-être de même origine que le latin médiéval ''bladonna'' ({{sp-|VIII|e|-|XI|e}}), adapté en moyen français français sous le nom de ''bladone'' ({{s-|XV|e}}). Le mot d'origine gauloise, en passant dans les dialectes du Nord de l’Italie, devint ''beladonna'', forme adaptée finalement en ''belladonna'' « belle dame »<ref>{{Ouvrage|auteur=[[Alain Rey]]|directeur1=oui|titre=Dictionnaire historique de la langue française|tome=II|lieu=Paris|éditeur=Le Robert|année=2022|pages totales=1456|passage=242.|isbn=978-2-32101-650-2}}</ref>.
| titre = Dictionnaire historique de la langue française (tome I, II)
| éditeur = Le Robert
| auteur = (direction) Alain Rey
| année = 2006
}}</ref>), le terme serait peut-être de même origine que le latin médiéval ''bladonna'' ({{sp-|VIII|e|-|XI|e}}), adapté en français sous le nom de ''bladone'' {{s-|XV|e}}) « [[Molène (plante)|molène]] » (bouillon blanc). Le mot d'origine gauloise, en passant dans les dialectes du Nord de l’Italie, devint ''°beladonna'', forme adaptée finalement en ''belladonna'' « belle dame ».


== Taxonomie ==
== Taxonomie ==
''Atropa belladonna'' appartient à la famille des ''[[solanacées]]'', famille très importante pour l'Homme qui comprend des végétaux alimentaires (par exemple : [[pomme de terre]], [[tomate]], [[aubergine]], [[piment]]…), des plantes médicinales ([[baie de goji]], [[Mandragore|mandragore…]]) et des plantes à forte toxicité<ref name=":4" /> parfois désignées sous le nom vernaculaire de [[Morelle|morelles]].
{{section à recycler|date=juin 2022}}''Atropa belladonna'' est dans la famille des [[Morelle|morelles]] ( ''solanacées'' ), qu'il partage avec les pommes de terre, les tomates, les aubergines, la [[stramoine]], le tabac, la [[baie de goji]] et les piments. Les noms communs de cette espèce incluent belladone, morelle mortelle, divale, dwale,  banewort, baies du diable, cerises de la mort, belle mort, herbe du diable, grande morille et dwayberry.

D'un point de vue [[Pharmacologie|pharmacologique]], les solanacées à toxicité élevée sont classées schématiquement en trois groupes<ref name=":4" /> :

# les solanacées à [[Alcaloïde|alcaloïdes]] de type [[nicotine]], comme ''[[Nicotiana tabacum]]''.
# à alcaloïdes de type [[atropine]], comme ''Atropa Belladona''.
# à [[glycoalcaloïde]] de type [[solanine]], comme ''[[Solanum nigrum]]''.


== Description ==
== Description ==
C'est une grande plante [[Plante vivace|vivace]] à [[rhizome]], robuste et ramifiée. Les tiges sont légèrement velues, de couleur rougeâtre<ref name=":2" />. La plante peut atteindre jusqu'à {{unité|1.5 à 2|m}} de hauteur<ref name=":4">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=A.M. Debelmas|titre=Guide des plantes dangereuses|éditeur=Maloine|lieu=Paris|année=1983|pages totales=200|passage=102-104.|isbn=2-224-00933-X}}</ref>. Son port est dense et très touffu.
La belladone est une grande plante [[Plante vivace|vivace]] à [[rhizome]], robuste et ramifiée. Les tiges sont légèrement velues, de couleur rougeâtre<ref name=":2">{{Ouvrage|auteur1=G.J. Aillaud|titre=Les plantes aromatiques et médicinales|éditeur=Association Méditerranéenne de Diffusion des Sciences et des Techniques|année=1986|passage=89-90.|isbn=}}{{commentaire biblio|catalogue de l'exposition « Plantes aromatiques et médicinales en Provence ».}}</ref>. La plante peut atteindre jusqu'à {{unité|1.5 à 2|m}} de hauteur<ref name=":4">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=A.M. Debelmas|titre=Guide des plantes dangereuses|éditeur=Maloine|lieu=Paris|année=1983|pages totales=200|passage=102-104.|isbn=2-224-00933-X}}</ref>. Son port est dense et très touffu.


Elle est inégalement répartie en France, de préférence [[Plante calcicole|calcicole]] (sols riches en calcium), elle se trouve dans les clairières de bois humides mésohydriques, [[Eutrophisation|eutrophiles]], et [[Neutrophile (biologie)|neutrophiles]]. On la trouve surtout dans les régions médioeuropéennes et alpines<ref name=":1" />, mais aussi en Asie occidentale et en Afrique du Nord<ref name=":2" />. En Suisse, on la rencontre principalement sur le [[Plateau suisse|Plateau]] et dans le [[Massif du Jura|Jura]]<ref>{{Lien web |titre=Fiche espèce |url=https://www.infoflora.ch/fr/flore/atropa-bella-donna.html |site=www.infoflora.ch |consulté le=2021-05-14}}</ref>.
<gallery>
<gallery>
Image:Atropa belladonna 003.JPG|Une grande plante, robuste et ramifiée.
Image:Atropa belladonna 003.JPG|Une grande plante, robuste et ramifiée.
Ligne 100 : Ligne 77 :
</gallery>
</gallery>


Les feuilles sont entières, ovales pointues (15 sur {{unité|8|cm}} environ), pétiolées, d'odeur un peu fétide.
Les feuilles sont entières, ovales pointues (15 sur {{unité|8|cm}} environ), pétiolées, d'odeur un peu fétide. La floraison débute en juin, mais fleurs et fruits peuvent coexister sur un même pied, d'août à octobre en Europe. Les fleurs sont [[Hermaphrodisme|hermaphrodites]], en cloche ou en doigt de gant, solitaires, pendantes, brunes à l'aisselle des feuilles, violacées ou parfois jaunes chez les variétés cultivées. L'inflorescence est en [[cyme]] multipare. La pollinisation est [[Pollinisation|entomogame]].

La floraison débute en juin, mais fleurs et fruits peuvent coexister sur un même pied, d'août à octobre en Europe.

Les fleurs sont [[Hermaphrodisme|hermaphrodites]], en cloche ou en doigt de gant, solitaires, pendantes, brunes à l'aisselle des feuilles, violacées ou parfois jaunes chez les variétés cultivées. L'inflorescence est en [[cyme]] multipare. La pollinisation est [[Pollinisation|entomogame]].


Les fruits sont des [[Baie (botanique)|baies]] noires luisantes de la taille d'une petite cerise (sphérique, de 15 à {{unité|17|mm}} de diamètre), de couleur noir violet à maturité, luisante. La baie se reconnait facilement par son calice persistant, de forme étoilée (5 dents courtes). La pulpe est juteuse violacée. Les graines sont nombreuses, du gris au noir selon le degré de maturité, d'un diamètre inférieur au millimètre, avec une surface finement chagrinée<ref name=":4" />.
Les fruits sont des [[Baie (botanique)|baies]] noires luisantes de la taille d'une petite cerise (sphérique, de 15 à {{unité|17|mm}} de diamètre), de couleur noir violet à maturité, luisante. La baie se reconnait facilement par son calice persistant, de forme étoilée (5 dents courtes). La pulpe est juteuse violacée. Les graines sont nombreuses, du gris au noir selon le degré de maturité, d'un diamètre inférieur au millimètre, avec une surface finement chagrinée<ref name=":4" />.


La dissémination des graines est [[Zoochorie|endozoochore]].
La dissémination des graines est [[Zoochorie|endozoochore]], propagées principalement par les oiseaux.


Toutes les parties de la plante sont très toxiques pour l'humain, mais c'est la baie qui provoque le plus grand nombre d'accidents, surtout chez l'enfant par confusion, par exemple la belladone peut se trouver au voisinage de framboisiers sauvages très recherchés<ref name=":4" />.
Toutes les parties de la plante sont très toxiques pour l'humain, mais c'est la baie qui provoque le plus grand nombre d'accidents, surtout chez l'enfant par confusion, par exemple la belladone peut se trouver au voisinage de framboisiers sauvages très recherchés<ref name=":4" />.


Il existe une variété assez rare de belladone à fleurs jaunes, dénommée ''Atropa belladonna var. lutea''
Il existe une variété assez rare de belladone à fleurs jaunes, dénommée ''Atropa belladonna var. lutea''.

{{clr|left}}
== Distribution ==
Elle est inégalement répartie en France, de préférence [[Plante calcicole|calcicole]] (sols riches en calcium), elle se trouve dans les clairières de bois humides mésohydriques, [[Eutrophisation|eutrophiles]], et [[Neutrophile (biologie)|neutrophiles]].

En Europe, on la trouve surtout dans les régions médioeuropéennes et alpines<ref name=":1">{{Lien web |nom=Christophe Poupinel |titre=Belladone |url=https://jardinage.ooreka.fr/astuce/voir/454833/belladone |site=[[Ooreka]] |date= |consulté le=2 janvier 2017}}.</ref>, [[plateau suisse]] et [[Jura (département)|Jura]]<ref>{{Lien web |titre=Fiche espèce |url=https://www.infoflora.ch/fr/flore/atropa-bella-donna.html |site=infoflora.ch |consulté le=2021-05-14}}.</ref>, et de l'Afrique du Nord jusqu'au Caucase, qui sont ses régions d'origine (Europe méridonale et centrale, Asie occidentale)<ref name=":2" />.

Cependant la belladone a été cultivée et introduite ailleurs. En Grande-Bretagne, elle n'est indigène que sur les sols calcaires, les sols perturbés, les bords des champs, les haies et les forêts claires. Plus répandue en tant qu'exogène, il s'agit souvent d'un vestige de culture en tant qu'herbe médicinale. Dans le sud de la Suède, elle a été enregistrée en 1870 comme cultivée dans des [[Jardin botanique|jardins botaniques]] près de [[Malmö]].

La belladone est naturalisée dans certaines régions d'Amérique du Nord, où elle se trouve souvent dans l'ombre, les endroits humides sur sol calcaire. Elle est considérée comme une espèce de mauvaise herbe dans certaines parties du monde où elle colonise des zones aux sols perturbés.


== Statuts de protection, menaces ==
== Statuts de protection, menaces ==
En 2021 l'espèce est considérée en ''Danger'' ('''[[Liste rouge de l'UICN|EN]]''') dans le Monde mais comme non menacée en France où elle est classée ''[[Espèce de préoccupation mineure]]'' ('''[[Espèce de préoccupation mineure|LC]]''') par l'[[Union internationale pour la conservation de la nature|UICN]].
En 2021 l'espèce est considérée en ''Danger'' ('''[[Liste rouge de l'UICN|EN]]''') dans le monde mais comme non menacée en France où elle est classée ''[[Espèce de préoccupation mineure]]'' ('''[[Espèce de préoccupation mineure|LC]]''') par l'[[Union internationale pour la conservation de la nature|UICN]].


Toutefois localement l'espèce peut se raréfier: elle est considérée ''Quasi menacée'' ('''[[Liste rouge de l'UICN|NT]]'''), proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée si des mesures de conservation spécifiques n'étaient pas prises, en [[Bourgogne (ancienne région administrative)|Bourgogne]], [[Nord-Pas-de-Calais]] et [[Aquitaine (ancienne région administrative)|Aquitaine]]; elle est considérée ''Vulnérable'' ('''[[Liste rouge de l'UICN|VU]]''') en [[Auvergne]]; elle est en ''Danger-critique'' ('''[[Liste rouge de l'UICN|CR]]''') en [[Poitou-Charentes]] et [[Pays-de-la-Loire]]; en ''Danger'' ('''[[Liste rouge de l'UICN|EN]]''') en [[Limousin (ancienne région administrative)|Limousin]], [[région Centre]] et [[Île-de-France]].
Toutefois localement l'espèce peut se raréfier : elle est considérée ''Quasi menacée'' ('''[[Liste rouge de l'UICN|NT]]'''), proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée si des mesures de conservation spécifiques n'étaient pas prises, en [[Bourgogne (ancienne région administrative)|Bourgogne]], [[Nord-Pas-de-Calais]] et [[Aquitaine (ancienne région administrative)|Aquitaine]]; elle est considérée ''Vulnérable'' ('''[[Liste rouge de l'UICN|VU]]''') en [[Auvergne]]; elle est en ''Danger-critique'' ('''[[Liste rouge de l'UICN|CR]]''') en [[Poitou-Charentes]] et [[Pays-de-la-Loire]]; en ''Danger'' ('''[[Liste rouge de l'UICN|EN]]''') en [[Limousin (ancienne région administrative)|Limousin]], [[région Centre]] et [[Île-de-France]].


== Culture ==
== Culture ==
''Atropa belladonna'' est rarement utilisée dans les jardins, mais, lorsqu'elle est cultivée, c'est généralement pour son port érigé et ses baies voyantes. La germination des petites graines est souvent difficile, en raison des téguments durs qui provoquent la dormance des graines . La germination prend plusieurs semaines dans des conditions de température alternées, mais peut être accélérée avec l'utilisation d'[[acide gibbérellique]]. Les plantules ont besoin d'un sol stérile pour éviter la fonte des semis et ressentir les perturbations racinaires pendant le repiquage. <sup>[ ''citation nécessaire'' ]</sup>
''Atropa belladonna'' est rarement utilisée dans les jardins, mais, lorsqu'elle est cultivée, c'est généralement pour son port érigé et ses baies voyantes. La germination des petites graines est souvent difficile, en raison des téguments durs qui provoquent la dormance des graines . La germination prend plusieurs semaines dans des conditions de température alternées, mais peut être accélérée avec l'utilisation d'[[acide gibbérellique]]. Les plantules ont besoin d'un sol stérile pour éviter la fonte des semis et ressentir les perturbations racinaires pendant le repiquage. <sup>[ ''citation nécessaire'' ]</sup>
== Histoire ==


== Pharmacopée ==
=== Antiquité ===
Très rare en [[Grèce]], la belladone était ignorée ou très peu connue dans l'[[Antiquité]]. Il est difficile de reconnaître cette plante dans les textes classiques<ref name=":2" />. Toutefois, elle est probablement décrite par [[Théophraste]] sous le nom de Mandragore à fruit noir, de saveur vineuse<ref name=":3" />. Il est donc possible que ''Atropa belladonna'' soit considérée comme une plante capable de provoquer à une certaine dose les effets d'une [[plante magique]], hallucinations et transes, associées à la [[Magie (surnaturel)|magie noire]], mais pouvant provoquer la mort<ref name=":1" />.
=== Histoire ===

[[Image:Atropa belladona L ag1.jpg|thumb|upright|''Atropa belladonna'']]
En grec ancien, le terme de {{grec ancien|στρύχνον|strúkhnon}} renvoie à diverses plantes toxiques, parfois soporifiques, entre lesquelles il est difficile ou impossible de choisir, d’autant plus que [[Pline l’Ancien|Pline]] et [[Dioscoride]] ont mêlé souvent dans leurs notices les caractères morphologiques, Pline compilant {{Lien|langue=en|trad=Sextius Niger|fr=Sextius Niger}} (sa source commune avec Dioscoride) avec Théophraste<ref>{{Ouvrage|auteur=Jacques André|titre=Les noms des plantes dans la Rome antique|éditeur=Les Belles Lettres|année=2010|pages=334}}.</ref>.

=== Moyen Âge et Renaissance ===
Au {{XIIIe siècle}}, [[sainte Hildegarde]] indique : {{Citation|La belladone est dangereuse à manger et à boire pour l’homme car elle agresse son esprit et le rend comme mort<ref>{{Ouvrage
| titre = Le livre des subtilités, des créatures de diverses nature. Physica
| éditeur = Éditions Grégoriennes (Kindle)
| auteur = Sainte Hildegarde de Bingen
| année = 2013
}}.</ref>.}} Elle recommande de l'utiliser en onguent pour soigner les rages de dent, la belladone étant nommée sous le terme ''dolo'', de l'[[allemand]] ''{{Langue|de|toll}}'' (''{{Langue|de|Tollwut}}'' signifiant « rage » aujourd'hui)<ref name=":3" />.[[Image:Atropa belladona L ag1.jpg|vignette|upright|''Atropa belladonna'']]


Selon [[Jules Michelet]], au Moyen Âge, les [[Sorcier|sorcières]] auraient été les seules à savoir utiliser la belladone par voie interne dans du lait, de l'hydromel, du vin ou par voie externe sous forme d'onguents. Du point de vue moderne, une telle utilisation reste confuse<ref name=":3" />. Selon P. Delaveau, il existe une hypothèse selon laquelle le sabbat des sorcières serait en fait un délire [[Atropine|atropinique]]. Pour se rendre au sabbat, la sorcière chevauchait un manche enduit d'onguent. La résorption au niveau de la vulve, plus intense et plus rapide, aurait entrainé un délire hallucinatoire (lévitation, transport dans un autre lieu, vision du diable)<ref>P. Delaveau 1982, op.cit, {{p.|140}} donne comme référence de cette hypothèse « R. Mauny, ''Communication personnelle'' » sans autre précision.</ref>.
Selon [[Jules Michelet]], au Moyen Âge, les [[Sorcier|sorcières]] auraient été les seules à savoir utiliser la belladone par voie interne dans du lait, de l'hydromel, du vin ou par voie externe sous forme d'onguents. Du point de vue moderne, une telle utilisation reste confuse<ref name=":3" />. Selon P. Delaveau, il existe une hypothèse selon laquelle le sabbat des sorcières serait en fait un délire [[Atropine|atropinique]]. Pour se rendre au sabbat, la sorcière chevauchait un manche enduit d'onguent. La résorption au niveau de la vulve, plus intense et plus rapide, aurait entrainé un délire hallucinatoire (lévitation, transport dans un autre lieu, vision du diable)<ref>P. Delaveau 1982, op.cit, {{p.|140}} donne comme référence de cette hypothèse « R. Mauny, ''Communication personnelle'' » sans autre précision.</ref>.


La belladone est nommée et clairement figurée à partir du {{S-|XVI}}. Elle perd son caractère de plante magique ou de sorcellerie pour devenir plante médicinale, cultivée dans les jardins d'apothicaires<ref name=":2" />.
Poison mortel, la belladone fut aussi utilisée pour parfaire la beauté des femmes de la Renaissance. Les Italiennes élégantes appliquaient sur leurs yeux quelques gouttes d'une infusion à base de belladone qui avait pour effet de dilater leurs pupilles et de leur donner de profonds yeux noirs<ref name=":1" /> (« yeux de [[Cervidae|biche]] »). D'où l'expression ''belladonne'', c'est-à-dire « belle femme » en italien. Un regard sombre lié à la dilatation de la [[pupille]] avait semble-t-il le pouvoir de susciter la convoitise de la gent masculine<ref name=":1" />{{,}}<ref>Selon Delaveau 1982, il ne s'agit pas de regard sombre mais de regard brillant, ce qui parait plus plausible. En matière de regard, il semble bien qu'un regard ''profond'' n'est pas forcément sombre.</ref>. Ce serait l'une des manifestations de l'[[excitation sexuelle]] et du désir<ref>{{Lien web|langue=français|auteur1=Bernard Long|titre=Belladone, la belle qui a du chien|url=http://www.jung-reve-alchimie.fr/bernard-long-homeopathie/plante-belladona-belladone/|site=G.G Jung Rêve, alchimie et homéopathie|date=|consulté le=2 janvier 2017}}</ref>. La belladone faisait aussi légèrement loucher, ce qui, à l'époque, était caractéristique de la beauté (cf. l'expression « avoir une coquetterie dans l'œil »).


Poison mortel, la belladone fut aussi utilisée pour parfaire la beauté des femmes de la Renaissance. Les Italiennes élégantes appliquaient sur leurs yeux quelques gouttes d'une infusion à base de belladone qui avait pour effet de dilater leurs pupilles et de leur donner de profonds yeux noirs<ref name=":1" /> (« yeux de [[Cervidae|biche]] »). D'où l'expression ''{{Langue|it|bella donna}}'', c'est-à-dire « belle femme » en italien. Un regard sombre lié à la dilatation de la [[pupille]] avait semble-t-il le pouvoir de susciter la convoitise de la gent masculine<ref name=":1" />{{,}}<ref>Selon Delaveau 1982, il ne s'agit pas de regard sombre mais de regard brillant, ce qui parait plus plausible. En matière de regard, il semble bien qu'un regard ''profond'' n'est pas forcément sombre.</ref>. Ce serait l'une des manifestations de l'[[excitation sexuelle]] et du désir<ref>{{Lien web|auteur1=Bernard Long|titre=Belladone, la belle qui a du chien|url=http://www.jung-reve-alchimie.fr/bernard-long-homeopathie/plante-belladona-belladone/|site=G.G Jung Rêve, alchimie et homéopathie|date=|consulté le=2 janvier 2017}}.</ref>. La belladone faisait aussi légèrement loucher, ce qui, à l'époque, était caractéristique de la beauté (cf. l'expression « avoir une coquetterie dans l'œil »).
En 1548, [[Pierandrea Mattioli|Mattioli]] donne les doses à employer selon l'effet désiré. Ainsi : <blockquote>« Pour rendre une femme un peu folâtre pensant être la plus belle du monde, il faut lui faire boire une [[Drachme (unité)|drachme]] de belladone [eau distillée de la plante]. Si on la veut faire plus folle, il lui faudra bailler deux drachmes. Mais qui la voudra faire demeurer folle toute sa vie, il lui convient bailler à boire trois drachmes et non plus ; car si on baillait quatre, on la ferait mourir ». (''Commentaires sur [[Dioscoride]]'')<ref name=":2" />.</blockquote>Au début du {{S-|XIX}}, les préparations à base de belladone sont utilisées par les médecins allemands {{Lien|langue=de|trad=Franz Reisinger (Mediziner)|Franz Reisinger}}(1787-1855) et [[Karl Gustav Himly|Karl Himly]] (1772-1837) pour effectuer des examens des yeux<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=M. L.|nom1=Sears|titre=Pharmacology of the Eye|éditeur=Springer Science & Business Media|date=2012-12-06|isbn=978-3-642-69222-2|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=T27tCAAAQBAJ&pg=PA11&lpg=PA11&dq=Karl+Himly+atropine&source=bl&ots=-Uv0tMRpqx&sig=ACfU3U0EkBpoulfyfPTIJ4xWPznhb5FXKQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiz4t-0rfLxAhUG2BoKHXE-B14Q6AEwEXoECBUQAw#v=onepage&q=Karl%20Himly%20atropine&f=false|consulté le=2021-07-20}}</ref>.

En 1548, [[Pierandrea Mattioli|Mattioli]] donne les doses à employer selon l'effet désiré. Ainsi : <blockquote>« Pour rendre une femme un peu folâtre pensant être la plus belle du monde, il faut lui faire boire une [[Drachme (unité)|drachme]] de belladone [eau distillée de la plante]. Si on la veut faire plus folle, il lui faudra bailler deux drachmes. Mais qui la voudra faire demeurer folle toute sa vie, il lui convient bailler à boire trois drachmes et non plus ; car si on baillait quatre, on la ferait mourir ». (''Commentaires sur [[Dioscoride]]'')<ref name=":2" />.</blockquote>

=== Temps modernes ===
Au début du {{S-|XIX}}, les préparations à base de belladone sont utilisées par les médecins allemands {{Lien|langue=de|trad=Franz Reisinger (Mediziner)|Franz Reisinger}}(1787-1855) et [[Karl Gustav Himly|Karl Himly]] (1772-1837) pour effectuer des examens des yeux<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=M. L.|nom1=Sears|titre=Pharmacology of the Eye|éditeur=Springer Science & Business Media|date=2012-12-06|isbn=978-3-642-69222-2|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=T27tCAAAQBAJ&pg=PA11&lpg=PA11&dq=Karl+Himly+atropine&source=bl&ots=-Uv0tMRpqx&sig=ACfU3U0EkBpoulfyfPTIJ4xWPznhb5FXKQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiz4t-0rfLxAhUG2BoKHXE-B14Q6AEwEXoECBUQAw#v=onepage&q=Karl%20Himly%20atropine&f=false|consulté le=2021-07-20}}</ref>.


Bien dosé, un poison peut aussi être un médicament. Ainsi des principes actifs de la belladone, comme l'[[atropine]], sont toujours utilisés en médecine moderne.
Bien dosé, un poison peut aussi être un médicament. Ainsi des principes actifs de la belladone, comme l'[[atropine]], sont toujours utilisés en médecine moderne.

== Pharmacologie ==


=== Composition et toxicité ===
=== Composition et toxicité ===
Ligne 153 : Ligne 151 :


=== Propriétés thérapeutiques ===
=== Propriétés thérapeutiques ===
La plante (la feuille) doit être exclusivement réservée à la préparation de [[Forme galénique|formes galéniques]] en milieu pharmaceutique : teintures, extraits, poudres entrant dans différentes préparations ([[sirop]]s, [[suppositoire]]s), gouttes et granules homéopathiques.
La plante (la feuille) doit être exclusivement réservée à la préparation de [[Forme galénique|formes galéniques]] en milieu pharmaceutique : teintures, extraits, poudres entrant dans différentes préparations ([[sirop]]s, [[suppositoire]]s).


Son action [[parasympatholytique]] (principe actif atropine) est la principale raison de son emploi en thérapeutique.
Son action [[parasympatholytique]] (principe actif atropine) est la principale raison de son emploi en thérapeutique.
Ligne 161 : Ligne 159 :


Les effets [[Psychodysleptique|psychodysleptiques]] de la belladone et la découverte de nouvelles classes thérapeutiques lui confèrent un mauvais rapport bénéfice-risque pour le traitement de la plupart des affections, ce qui a entraîné sa suppression progressive de nombreuses spécialités pharmaceutiques vers la fin du {{S-|XX}}, et l'abandon de ces spécialités (même sans belladone) au début du {{S-|XXI}}.
Les effets [[Psychodysleptique|psychodysleptiques]] de la belladone et la découverte de nouvelles classes thérapeutiques lui confèrent un mauvais rapport bénéfice-risque pour le traitement de la plupart des affections, ce qui a entraîné sa suppression progressive de nombreuses spécialités pharmaceutiques vers la fin du {{S-|XX}}, et l'abandon de ces spécialités (même sans belladone) au début du {{S-|XXI}}.

== Distribution ==
''Atropa belladonna'' est originaire d'Europe méridionale, centrale et orientale tempérée; Afrique du Nord , Turquie , Iran et Caucase , mais a été cultivé et introduit en dehors de son aire d'origine. Dans le sud de la Suède, il a été enregistré dans Flora of Skåne en 1870 comme cultivé dans des jardins d' apothicaires près de Malmö.

En Grande-Bretagne, il n'est indigène que sur les sols calcaires, les sols perturbés, les bords des champs, les haies et les forêts claires. Plus répandu en tant qu'exogène, il s'agit souvent d'un vestige de culture en tant qu'herbe médicinale. Les graines sont propagées principalement par les oiseaux.

Il est naturalisé dans certaines régions d' Amérique du Nord , où il se trouve souvent dans l' ombre, les endroits humides sur sol calcaire. Il est considéré comme une espèce de mauvaise herbe dans certaines parties du monde  il colonise des zones aux sols perturbés.


== Galerie ==
== Galerie ==
Ligne 197 : Ligne 188 :
* {{Tela-métro|8493|''Atropa belladonna'' L.|consulté le=23 juin 2013}}
* {{Tela-métro|8493|''Atropa belladonna'' L.|consulté le=23 juin 2013}}
* {{Tropicos|29600155|Atropa belladonna|L.|consulté le=23 juin 2013}}
* {{Tropicos|29600155|Atropa belladonna|L.|consulté le=23 juin 2013}}
* {{uBIO|5825342|''Atropa belladonna'' L.|consulté le=23 juin 2013}}


{{Palette|Fruits sauvages}}
{{Portail|plantes utiles|pharmacie|Solanaceae|médecine}}
{{Portail|plantes utiles|pharmacie|Solanaceae|médecine}}


[[Catégorie:Flore (nom vernaculaire)]]
[[Catégorie:Solanoideae|+]]
[[Catégorie:Solanaceae]]
[[Catégorie:Espèce de Solanaceae (nom vernaculaire)]]
[[Catégorie:Plante médicinale]]
[[Catégorie:Plante médicinale]]
[[Catégorie:Plante nitrophile]]
[[Catégorie:Plante nitrophile]]

Dernière version du 15 septembre 2024 à 08:04

Atropa belladonna

La Belladone (Atropa belladonna) est une plante herbacée vivace de la famille des Solanacées. Elle est parfois désignée par divers noms vernaculaires : « belle cerise », « belle-dame », « bouton noir », « cerise du diable », « cerise empoisonnée », « guigne de côte », « herbe empoisonnée », « mandragore baccifère », « morelle furieuse », « morelle marine », « morelle perverse » ou encore « permenton »[1],[2].

Cette plante peut se révéler très toxique, ses baies noires contenant de l'atropine, substance active sur le système nerveux du fait de ses propriétés anticholinergiques. Les ophtalmologues l'utilisaient au XIXe siècle pour dilater la pupille lors d'un examen des yeux.

Étymologie

[modifier | modifier le code]

Linné a nommé la plante Atropa belladonna en 1753 dans Species plantarum 1 :181[3]. Son nom générique, Atropa, donné par Linné, correspond à celui de l'une des trois Moires, Atropos (« inflexible » en grec ancien), celle qui coupait le fil de la vie. Son épithète spécifique belladonna vient de l’italien bella donna « belle dame ».

Cette dénomination de la plante est bien plus ancienne que l’époque de Linné. Deux siècles auparavant, Mattioli l’introduit dans son commentaire la matière médicale de Dioscoride (en italien en 1544, puis en latin en 1554) « Solanum majus, sive Herba Bella Donna »[4] (ou traduction en français de 1572[5]), avec pour seule justification que c’est l’usage des herboristes et des Vénitiens.

La première explication[6] sera donnée en 1640 par le botaniste anglais John Parkinson dans le Theatrum Botanicum[7] : les dames utilisent son jus ou son eau distillée, dont la qualité de grand froidure, permet d’obtenir un teint plus pâle. Vingt ans plus tard, le naturaliste John Ray reprend l’idée que les femmes l’utilisent pour « faire pâlir leur visage taché de rouge sous l’effet du vent froid »[8]. Le même John Ray rapporte une observation importante : en appliquant la feuille de la plante près de l'œil pour soigner un ulcère chancreux, il observe une remarquable relaxation de la pupille[9].

La découverte de cette propriété antispasmodique aura deux conséquences 1) la dilatation de la pupille provoquée par la plante sera utilisée par Reimarus, Grasmeyer, Himly, en préparation de l’opération de la cataracte[6] 2) l’étymologie sauvage selon laquelle, la dénomination de belladonna de la plante viendrait de ce qu'à la Renaissance, les Italiennes élégantes instillaient dans leurs yeux du jus de belladone pour faire briller leur regard et se donner plus d’attirance[10].

Les deux « étymologies » du terme botanique bella donna selon lesquelles l’expression viendrait de l’usage cosmétique de la substance soit comme fard soit comme collyre, par les élégantes italiennes, viennent donc de deux naturalistes anglais, environ un siècle après que le médecin naturaliste Pietro Andrea Mattioli a écrit en italien (en 1544, puis en latin en 1554) à Gorizia au nord-est de Venise, la traduction et les Commentaires de la Matière médicale de Dioscoride.

Toutes ces explications très tardives demandent confirmation et nous obligent à chercher l’origine de l’emploi de belladonna par les herboristes du temps de Mattioli. Selon les étymologistes, le terme serait peut-être de même origine que le latin médiéval bladonna (VIIIe – XIe siècle), adapté en moyen français français sous le nom de bladone (XVe siècle). Le mot d'origine gauloise, en passant dans les dialectes du Nord de l’Italie, devint beladonna, forme adaptée finalement en belladonna « belle dame »[11].

Atropa belladonna appartient à la famille des solanacées, famille très importante pour l'Homme qui comprend des végétaux alimentaires (par exemple : pomme de terre, tomate, aubergine, piment…), des plantes médicinales (baie de goji, mandragore…) et des plantes à forte toxicité[12] parfois désignées sous le nom vernaculaire de morelles.

D'un point de vue pharmacologique, les solanacées à toxicité élevée sont classées schématiquement en trois groupes[12] :

  1. les solanacées à alcaloïdes de type nicotine, comme Nicotiana tabacum.
  2. à alcaloïdes de type atropine, comme Atropa Belladona.
  3. à glycoalcaloïde de type solanine, comme Solanum nigrum.

Description

[modifier | modifier le code]

La belladone est une grande plante vivace à rhizome, robuste et ramifiée. Les tiges sont légèrement velues, de couleur rougeâtre[13]. La plante peut atteindre jusqu'à 1,5 à 2 m de hauteur[12]. Son port est dense et très touffu.

Les feuilles sont entières, ovales pointues (15 sur 8 cm environ), pétiolées, d'odeur un peu fétide. La floraison débute en juin, mais fleurs et fruits peuvent coexister sur un même pied, d'août à octobre en Europe. Les fleurs sont hermaphrodites, en cloche ou en doigt de gant, solitaires, pendantes, brunes à l'aisselle des feuilles, violacées ou parfois jaunes chez les variétés cultivées. L'inflorescence est en cyme multipare. La pollinisation est entomogame.

Les fruits sont des baies noires luisantes de la taille d'une petite cerise (sphérique, de 15 à 17 mm de diamètre), de couleur noir violet à maturité, luisante. La baie se reconnait facilement par son calice persistant, de forme étoilée (5 dents courtes). La pulpe est juteuse violacée. Les graines sont nombreuses, du gris au noir selon le degré de maturité, d'un diamètre inférieur au millimètre, avec une surface finement chagrinée[12].

La dissémination des graines est endozoochore, propagées principalement par les oiseaux.

Toutes les parties de la plante sont très toxiques pour l'humain, mais c'est la baie qui provoque le plus grand nombre d'accidents, surtout chez l'enfant par confusion, par exemple la belladone peut se trouver au voisinage de framboisiers sauvages très recherchés[12].

Il existe une variété assez rare de belladone à fleurs jaunes, dénommée Atropa belladonna var. lutea.

Distribution

[modifier | modifier le code]

Elle est inégalement répartie en France, de préférence calcicole (sols riches en calcium), elle se trouve dans les clairières de bois humides mésohydriques, eutrophiles, et neutrophiles.

En Europe, on la trouve surtout dans les régions médioeuropéennes et alpines[14], plateau suisse et Jura[15], et de l'Afrique du Nord jusqu'au Caucase, qui sont ses régions d'origine (Europe méridonale et centrale, Asie occidentale)[13].

Cependant la belladone a été cultivée et introduite ailleurs. En Grande-Bretagne, elle n'est indigène que sur les sols calcaires, les sols perturbés, les bords des champs, les haies et les forêts claires. Plus répandue en tant qu'exogène, il s'agit souvent d'un vestige de culture en tant qu'herbe médicinale. Dans le sud de la Suède, elle a été enregistrée en 1870 comme cultivée dans des jardins botaniques près de Malmö.

La belladone est naturalisée dans certaines régions d'Amérique du Nord, où elle se trouve souvent dans l'ombre, les endroits humides sur sol calcaire. Elle est considérée comme une espèce de mauvaise herbe dans certaines parties du monde où elle colonise des zones aux sols perturbés.

Statuts de protection, menaces

[modifier | modifier le code]

En 2021 l'espèce est considérée en Danger (EN) dans le monde mais comme non menacée en France où elle est classée Espèce de préoccupation mineure (LC) par l'UICN.

Toutefois localement l'espèce peut se raréfier : elle est considérée Quasi menacée (NT), proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée si des mesures de conservation spécifiques n'étaient pas prises, en Bourgogne, Nord-Pas-de-Calais et Aquitaine; elle est considérée Vulnérable (VU) en Auvergne; elle est en Danger-critique (CR) en Poitou-Charentes et Pays-de-la-Loire; en Danger (EN) en Limousin, région Centre et Île-de-France.

Atropa belladonna est rarement utilisée dans les jardins, mais, lorsqu'elle est cultivée, c'est généralement pour son port érigé et ses baies voyantes. La germination des petites graines est souvent difficile, en raison des téguments durs qui provoquent la dormance des graines . La germination prend plusieurs semaines dans des conditions de température alternées, mais peut être accélérée avec l'utilisation d'acide gibbérellique. Les plantules ont besoin d'un sol stérile pour éviter la fonte des semis et ressentir les perturbations racinaires pendant le repiquage. [ citation nécessaire ]

Très rare en Grèce, la belladone était ignorée ou très peu connue dans l'Antiquité. Il est difficile de reconnaître cette plante dans les textes classiques[13]. Toutefois, elle est probablement décrite par Théophraste sous le nom de Mandragore à fruit noir, de saveur vineuse[10]. Il est donc possible que Atropa belladonna soit considérée comme une plante capable de provoquer à une certaine dose les effets d'une plante magique, hallucinations et transes, associées à la magie noire, mais pouvant provoquer la mort[14].

En grec ancien, le terme de στρύχνον / strúkhnon renvoie à diverses plantes toxiques, parfois soporifiques, entre lesquelles il est difficile ou impossible de choisir, d’autant plus que Pline et Dioscoride ont mêlé souvent dans leurs notices les caractères morphologiques, Pline compilant Sextius Niger (en) (sa source commune avec Dioscoride) avec Théophraste[16].

Moyen Âge et Renaissance

[modifier | modifier le code]

Au XIIIe siècle, sainte Hildegarde indique : « La belladone est dangereuse à manger et à boire pour l’homme car elle agresse son esprit et le rend comme mort[17]. » Elle recommande de l'utiliser en onguent pour soigner les rages de dent, la belladone étant nommée sous le terme dolo, de l'allemand toll (Tollwut signifiant « rage » aujourd'hui)[10].

Atropa belladonna

Selon Jules Michelet, au Moyen Âge, les sorcières auraient été les seules à savoir utiliser la belladone par voie interne dans du lait, de l'hydromel, du vin ou par voie externe sous forme d'onguents. Du point de vue moderne, une telle utilisation reste confuse[10]. Selon P. Delaveau, il existe une hypothèse selon laquelle le sabbat des sorcières serait en fait un délire atropinique. Pour se rendre au sabbat, la sorcière chevauchait un manche enduit d'onguent. La résorption au niveau de la vulve, plus intense et plus rapide, aurait entrainé un délire hallucinatoire (lévitation, transport dans un autre lieu, vision du diable)[18].

La belladone est nommée et clairement figurée à partir du XVIe siècle. Elle perd son caractère de plante magique ou de sorcellerie pour devenir plante médicinale, cultivée dans les jardins d'apothicaires[13].

Poison mortel, la belladone fut aussi utilisée pour parfaire la beauté des femmes de la Renaissance. Les Italiennes élégantes appliquaient sur leurs yeux quelques gouttes d'une infusion à base de belladone qui avait pour effet de dilater leurs pupilles et de leur donner de profonds yeux noirs[14] (« yeux de biche »). D'où l'expression bella donna, c'est-à-dire « belle femme » en italien. Un regard sombre lié à la dilatation de la pupille avait semble-t-il le pouvoir de susciter la convoitise de la gent masculine[14],[19]. Ce serait l'une des manifestations de l'excitation sexuelle et du désir[20]. La belladone faisait aussi légèrement loucher, ce qui, à l'époque, était caractéristique de la beauté (cf. l'expression « avoir une coquetterie dans l'œil »).

En 1548, Mattioli donne les doses à employer selon l'effet désiré. Ainsi :

« Pour rendre une femme un peu folâtre pensant être la plus belle du monde, il faut lui faire boire une drachme de belladone [eau distillée de la plante]. Si on la veut faire plus folle, il lui faudra bailler deux drachmes. Mais qui la voudra faire demeurer folle toute sa vie, il lui convient bailler à boire trois drachmes et non plus ; car si on baillait quatre, on la ferait mourir ». (Commentaires sur Dioscoride)[13].

Temps modernes

[modifier | modifier le code]

Au début du XIXe siècle, les préparations à base de belladone sont utilisées par les médecins allemands Franz Reisinger (de)(1787-1855) et Karl Himly (1772-1837) pour effectuer des examens des yeux[21].

Bien dosé, un poison peut aussi être un médicament. Ainsi des principes actifs de la belladone, comme l'atropine, sont toujours utilisés en médecine moderne.

Pharmacologie

[modifier | modifier le code]

Composition et toxicité

[modifier | modifier le code]

La partie utilisée est la feuille qui contient 7 % d'eau environ et jusqu'à 15 % de matières minérales, et moins de 1 % d'alcaloïdes qui sont les principes actifs. Il s'agit de 90 à 95 % d'alcaloïdes atropiniques : hyoscyamine (dont le racémique est l'atropine) et 5 à 10 % de scopolamine (hyoscine). On trouve aussi des traces de scopolétol (une coumarine), ce qui permet son identification sous ultra-violets[13].

Les effets de la belladone peuvent différer selon les espèces animales. Parmi les mammifères, les lapins, lièvres et rongeurs sont moins sensibles. Ils possèdent en effet, une atropinase hépatique, enzyme qui dégrade l'atropine[22].

Les fruits (baies) sont le plus souvent responsables d'intoxications, surtout chez l'enfant (le goût du fruit de la belladone est doux[23]). Ils peuvent aisément confondre les myrtilles et les baies de belladone[14]. Les effets sont extrêmement violents chez l'humain. Chez l'adulte, 10 à 15 baies ingérées peuvent provoquer la mort, 2 à 3 peuvent entrainer une intoxication grave chez l'enfant[12].

Cette intoxication se manifeste par des troubles digestifs immédiats : nausées, vomissements, avec rejet de débris de baies rouge noirâtre.

Suivent rapidement des troubles neuro-végétatifs : tachycardie, sécheresse de la peau et des muqueuses, gêne respiratoire et pour avaler, douleurs vulvaires chez la fillette, mydriase avec troubles de la vision voire cécité complète transitoire. En même temps des troubles neurologiques apparaissent : anxiété, vertiges, délire gai ou furieux, hallucinations étranges et terrifiantes, crises convulsives[12].

Par ailleurs on peut noter une hyperthermie, avec rougeur du cou et de la face, une constipation avec rétention urinaire.

L'intoxication évolue vers une prostration, une perte de conscience, un coma calme avec perte des réflexes. La mort peut survenir par paralysie cardio-respiratoire.

Une intoxication humaine peut aussi se produire par consommation d'oiseaux ou d'escargots se nourrissant eux-mêmes de feuilles ou fruits de belladone, à laquelle ils sont insensibles[12].

Propriétés thérapeutiques

[modifier | modifier le code]

La plante (la feuille) doit être exclusivement réservée à la préparation de formes galéniques en milieu pharmaceutique : teintures, extraits, poudres entrant dans différentes préparations (sirops, suppositoires).

Son action parasympatholytique (principe actif atropine) est la principale raison de son emploi en thérapeutique.

Elle entrait dans la composition de diverses préparations à visée antispasmodique : troubles fonctionnels du tube digestif et des voies biliaires, en association avec des laxatifs. Cette dernière association, médicalement non rationnelle, était présente dans des « dépuratifs », dont « tout usage prolongé devait se révéler plutôt caustique » selon Pierre Lieutaghi[24]. Ces dépuratifs étaient encore vendus en pharmacie rurale en Haute-Provence jusque dans les années 1980[25].

Les effets psychodysleptiques de la belladone et la découverte de nouvelles classes thérapeutiques lui confèrent un mauvais rapport bénéfice-risque pour le traitement de la plupart des affections, ce qui a entraîné sa suppression progressive de nombreuses spécialités pharmaceutiques vers la fin du XXe siècle, et l'abandon de ces spécialités (même sans belladone) au début du XXIe siècle.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Jean-Claude Rameau, Dominique Mansion et Gérard Dumé, Flore forestière française : guide écologique illustré, t. 1 : Plaines et collines, Paris, Institut pour le développement forestier, , 1785 p. (ISBN 2-904740-16-3 et 978-2904740169, présentation en ligne, lire en ligne), p. 879.
  2. « La Belle Empoisonneuse », La Hulotte, nos 33-34,‎ , p. 60-72.
  3. Carl von Linné, Lars Salvius, Species plantarum :exhibentes plantas rite cognitas, ad genera relatas..., Holmiae :Impensis Laurentii Salvii, (lire en ligne)
  4. Petri Andreæ Matthioli, Commentarii in sex libros Pedacii Dioscoridis Anazarbei De medica materia, Venetiis : Ex Officina Valgrisiana, 1565 [1554] (lire en ligne)
  5. Mattioli, Commentaires de M.P. André Matthiolus, medecin senois, sur les six liures de Pedacius Dioscoride Anazarbeen de la matiere medecinale : traduits de latin en françois par M. Antoine du Pinet,, A Lyon : A l'Escu de Milan, (lire en ligne)
  6. a et b Jean-Yves Cordier, « Étude du nom Belladona (Atropa belladona L.1753), 22 février 2015 » (consulté le )
  7. Theatrum Botanicum: The Theater of Plants : Or, An Herball of Large Extent .Chap. 6 Tribe 3 page 348.
  8. 1660 Catalogus plantarum circa Cantabrigiam nascentium
  9. John Ray, 1686 Historia plantarum
  10. a b c et d P. Delaveau, Histoire et renouveau des plantes médicinales, Paris, Albin Michel, coll. « Sciences d'Aujourd'hui », , 353 p. (ISBN 2-226-01629-5), p. 139-140.
  11. Alain Rey (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, t. II, Paris, Le Robert, , 1456 p. (ISBN 978-2-32101-650-2), p. 242.
  12. a b c d e f g et h A.M. Debelmas, Guide des plantes dangereuses, Paris, Maloine, , 200 p. (ISBN 2-224-00933-X), p. 102-104.
  13. a b c d e et f G.J. Aillaud, Les plantes aromatiques et médicinales, Association Méditerranéenne de Diffusion des Sciences et des Techniques, , p. 89-90.
    catalogue de l'exposition « Plantes aromatiques et médicinales en Provence ».
  14. a b c d et e Christophe Poupinel, « Belladone », sur Ooreka (consulté le ).
  15. « Fiche espèce », sur infoflora.ch (consulté le ).
  16. Jacques André, Les noms des plantes dans la Rome antique, Les Belles Lettres, , 334 p..
  17. Sainte Hildegarde de Bingen, Le livre des subtilités, des créatures de diverses nature. Physica, Éditions Grégoriennes (Kindle), .
  18. P. Delaveau 1982, op.cit, p. 140 donne comme référence de cette hypothèse « R. Mauny, Communication personnelle » sans autre précision.
  19. Selon Delaveau 1982, il ne s'agit pas de regard sombre mais de regard brillant, ce qui parait plus plausible. En matière de regard, il semble bien qu'un regard profond n'est pas forcément sombre.
  20. Bernard Long, « Belladone, la belle qui a du chien », sur G.G Jung Rêve, alchimie et homéopathie (consulté le ).
  21. (en) M. L. Sears, Pharmacology of the Eye, Springer Science & Business Media, (ISBN 978-3-642-69222-2, lire en ligne)
  22. « Toxicologie des animaux de compagnie », sur toxivet.free.fr (consulté le )
  23. « Braxton Smyntek's Vlog », sur herbes-medicinales.ca (consulté le ).
  24. P. Lieutaghi, L'herbe qui renouvelle, un aspect de la médecine traditionnelle en Haute-Provence, Paris, Maison des sciences de l'homme - Ministère de la Culture, , 374 p. (ISBN 2-7351-0181-9), p. 237
    la pagination est celle de la version papier (et non de la version numérique), elle correspond au chap.6, vers la fin de la section 3.
  25. Selon Lieutaghi, ces associations « dépuratives » représentent un détournement abusif d'un savoir traditionnel incompris, exploité par le commerce pharmaceutique du XIXe siècle (p. 237-238).

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes

[modifier | modifier le code]