Aller au contenu

Barry Lyndon

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 23 avril 2012 à 05:20 et modifiée en dernier par Markadet (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Barry Lyndon
Description de l'image Barry Lyndon Logo (low).png.
Titre original Barry Lyndon
Réalisation Stanley Kubrick
Scénario Stanley Kubrick
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre Historique
Comédie dramatique
Durée 187 minutes
Sortie 1975

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Barry Lyndon est un film historique anglo-américain de Stanley Kubrick sorti en 1975 et adapté du roman picaresque de William Makepeace Thackeray, Mémoires de Barry Lyndon.

Il dépeint le destin d'un jeune intrigant irlandais sans le sou, Redmond Barry (Ryan O'Neal), de son ascension pleine d'audace et de perversité dans la fastueuse société anglaise du XVIIIe siècle à sa déchéance, après son mariage avec une riche Lady (Marisa Berenson), qui lui apporte une fortune considérable et un fils.

Synopsis

Le film se divise en deux parties.

  • By What Means Redmond Barry Acquired the Style and Title of Barry Lyndon (« Comment Redmond Barry a acquis la manière et le titre de Barry Lyndon »)

Au XVIIIe siècle, en Irlande, dans les années 1750, le père de Redmond Barry est tué en duel pour une querelle au sujet de l'achat d'un cheval. Sa veuve, Belle (Marie Kean), dédaigne toutes les offres de mariage pour ne se consacrer qu'à l'éducation de son fils unique.

Barry tombe amoureux de sa cousine Nora (Gay Hamilton) qui le séduit. Mais quand John Quin, un riche capitaine anglais, lui fait la cour, sa cousine délaisse Barry qui n'a pas d'argent. Nora et sa famille élaborent un plan pour sortir de la pauvreté par un mariage avantageux. Barry refuse la situation et tue Quin en duel.

Barry s'enfuit pour Dublin, mais il se fait dévaliser de son cheval, argent et de tout son équipement par un bandit de grand chemin, le capitaine Feeney (Arthur O'Sullivan). Brisé et sans le sou, il s'engage dans l'armée britannique. Il rencontre un ami de la famille, le capitaine Grogan (Godfrey Quigley) qui l'informe qu'il n'a pas tué Quin, son pistolet était rempli d'étoupe. Le duel a été élaboré pour que Barry s'éloigne de sa cousine et qu'elle puisse se marier avec Quin et rendre ainsi la fortune familiale. Pour fuir la justice de son pays, il s'engage dans l'armée anglaise pour combattre les Français sur le continent. Nous sommes au début de la guerre de Sept Ans, le régiment de Barry s'engage dans le conflit. Grogan est mortellement blessé par les fusiliers français. Barry vole un uniforme d'officier, un cheval, des papiers d'identité et un ordre de déplacement. En route pour la Hollande, pays réputé neutre, il fait la rencontre du capitaine prussien Potzdorf (Hardy Krüger), qui le démasque. Ce dernier lui offre le choix soit d'être fusillé, soit de s'engager dans l'armée prussienne. Barry est enrôlé dans la deuxième armée et sauve la vie de Potzdorf lors d'une escarmouche.

Après la fin de la guerre en 1763, Barry est engagé par la police prussienne comme serviteur du chevalier de Balibari (Patrick Magee), un joueur professionnel irlandais. Les Prussiens le suspectent d'être un espion et Barry doit amener des preuves. Barry lui avoue le stratagème et ils s'associent pour tricher aux cartes. Ils sont découverts et expulsés de Prusse. Barry et le chevalier se rendent dans toutes les cours d'Europe pour assouvir leur passion du jeu. Barry défie tous les débiteurs en duel.

Prenant conscience que cette vie ne le mène à rien, Barry décide de se marier avec une riche aristocrate. Il rencontre la belle et très riche comtesse de Lyndon (Marisa Berenson) et n'a peu de difficultés pour la séduire. Après que son mari âgé, Sir Charles Lyndon, décède, ils se marient.

  • Containing an Account of the Misfortunes and Disasters Which Befell Barry Lyndon (« Relation des malheurs et désastres qui menèrent Barry Lyndon à sa chute »)

Barry parvient à devenir l'amant, puis l'époux de Lady Lyndon, riche et belle jeune femme (dont le vieil époux, qui devient dépressif, meurt de dépit après avoir eu connaissance de l'adultère). Après son mariage en 1773, Barry prend le nom du comté de Lyndon et s'installe en Angleterre pour profiter de sa fortune. Redmond Barry devient Barry Lyndon mais le destin saura frapper. Bien qu'il soit Lord Lyndon, il ne dispose pas de fortune personnelle. Son beau-fils, Lord Bullingdon, fils de Sir Charles et âgé de 10 ans, le déteste et le voit comme un vil opportuniste qui a pris la place de son père et qui dilapide la fortune familiale. Barry Lyndon le corrige régulièrement. Le mariage est malheureux. La comtesse met au monde un enfant, Bryan Patrick. Barry dépense l'argent de sa femme et la rend malheureuse en la réduisant à rester seule à la maison à s'occuper des enfants. Plus tard, il revient à la raison et s'excuse auprès d'elle.

Des années plus tard, la mère de Barry vient vivre avec lui. Elle se rend compte de la précarité de la position sociale de son fils. Si Lady Lyndon venait à mourir, la fortune familiale irait à son fils, Lord Bullingdon (qui est maintenant un jeune homme, joué par Leon Vitali) et laisserait Barry sans le sou. La mère de Barry le pousse à obtenir un titre nobiliaire pour se protéger de cette situation. Il cultive des relations avec l'influent Lord Wendover (André Morell) en dépensant beaucoup d'argent pour atteindre cet objectif. Tous ses efforts sont sans effets. Le jour de l'anniversaire de Lady Lyndon, Lord Bullingdon proclame sa haine envers son beau-père et ce dernier se met alors à le battre devant l'assemblée composée d'invités très importants. Après cela, Bullingdon quitte sa famille et l'Angleterre pour une destination inconnue. La cruauté en public de Barry envers son beau-fils lui fait perdre tous ses appuis dans la haute société, malgré tous ses efforts pour s’intégrer socialement.

Aussi mal qu'il traite son beau-fils, à l'inverse il est bon père et compatissant avec son fils Bryan, avec lequel il passe tout son temps. Cependant, le jour précédent son neuvième anniversaire, le garçon est désarçonné d'un cheval et meurt un peu plus tard. Fou de chagrin, Barry sombre dans l'alcoolisme, tandis que Lady Lyndon trouve son réconfort dans la religion avec excès, assisté par le révérend Samuel Runt (Murray Melvin), premier tuteur de Lord Bullingdon et ensuite de Bryan. Cependant, la mère de Barry congédie le révérend, principalement parce qu'il n'est plus besoin de tuteur et que l'influence de ce dernier sur Lady Lyndon est considérée comme néfaste. Plongeant plus encore dans le désespoir, elle tente de se suicider. Au courant des dernières nouvelles, Lord Bullingdon revient en Angleterre et défie Barry en duel.

Dans la grange où le duel a lieu, le tirage au sort donne à Bullingdon le privilège de tirer en premier. Le pistolet se déclenche de manière inopportune. Barry, de manière volontaire et magnanime, tire au sol. Mais Bullingdon refuse d'arrêter le duel. Il fait feu et cette fois, son tir touche la jambe de son adversaire. Barry doit être amputé sous le genou.

Durant la convalescence de Barry, Bullingdon prend le contrôle de son patrimoine. Il envoie son comptable et émissaire Graham (Philip Stone) à son cottage, où Barry récupère, pour lui faire une offre. Bullingdon garantit une rente annuelle de 500 guinées à vie s'il quitte l'Angleterre et met fin au mariage avec Lady Lyndon, sinon sa rente et son compte en banque seront annulés et Lord Bullingdon veillera personnellement que ses débiteurs puissent le jeter en prison. Brisé psychologiquement et physiquement, Barry accepte l'offre. Il se rend en Irlande avec sa mère, puis il voyage à travers le continent européen en redevenant un joueur professionnel, mais bien loin de ses succès d'antan. Il ne reverra plus Lady Lyndon. La scène finale, en 1789, montre Lady Lyndon, entre deux âges, signant le chèque de la rente annuelle de Barry sous le regard de Bullingdon.

Épilogue : « It was in the reign of King George III that the aforesaid personages lived and quarreled ; good or bad, handsome or ugly, rich or poor, they are all equal now. » (« Ce fut sous le règne du roi Georges III que ces personnages vécurent et se querellèrent ; bons ou mauvais, beaux ou laids, riches ou pauvres, ils sont tous égaux maintenant. »).

Fiche technique

Distribution

Distinctions

Récompenses

Nominations

Production

Scénario

Dans son adaptation du roman de Thackeray, Kubrick a ajouté quelques éléments comme la discussion entre les deux soldats homosexuels et le dernier duel de Barry avec son beau-fils.

On retrouve dans ce film beaucoup d'éléments présents dans La Bataille de Culloden de Peter Watkins : le thème de la bataille, le rythme assez lent et répétitif et l'utilisation de la voix-off (Michael Hordern en VO, Jean-Claude Brialy en VF).

Kubrick utilise la narration depuis ses premiers films (notamment L'Ultime Razzia ou Lolita ). Dans Barry Lyndon, elle permet à Kubrick de limiter les dialogues entre les différents protagonistes, de préciser les lieux et les dates, mais il l'utilise également pour contredire les images. Il permet également à Kubrick d'annoncer à l'avance les moments importants de l'intrigue pour renforcer le côté « inévitable » de ce qui doit se passer[1].

Contrairement au roman qui est à la première personne, le conteur dans le film utilise la troisième personne. Kubrick pensait que dans le livre, la première personne avait pour but de présenter les faits réels de manière déformée. Selon lui, un film montrant une réalité objective racontée par un héros de manière faussée ne pouvait être qu'une comédie, ce qu'il ne voulait pas[2].

Esthétique du film

Depuis 1969 et la préparation de son Napoléon, Kubrick a en tête de tourner avec pour seul éclairage des bougies. Malheureusement, à ce moment-là, l'idée est impossible à mettre en œuvre techniquement et sera un des éléments empêchant la réalisation de ce film[3]. En 1973, année du début du tournage de Barry Lyndon, l'idée d'éclairer un film à la bougie refait surface. Kubrick, ancien photographe, se documente énormément sur la question.

Tourné entièrement en décors d’époque (à Castle Howard notamment) et en lumière naturelle, grâce à des objectifs de caméra très lumineux (un Zeiss de focale 50 mm et d'ouverture f/0,7 fourni par la NASA monté sur une caméra Mitchell BNC, déjà utilisée pour Orange mécanique et sacrifiée pour l'occasion puisqu'elle subit des modifications irréversibles afin de la rendre compatible avec l'objectif) et au traitement spécial des pellicules, ce film bénéficie d'une photographie exceptionnelle qui lui confère une esthétique plutôt sombre et très particulière, tout à fait dans le ton de l'histoire et des peintures de genre de l'époque.

Le spectateur se trouve ainsi de fait plongé dans l'intimité des personnages, ainsi que le désirait Kubrick, qui voulait réaliser un documentaire qui se serait passé au XVIIIe siècle. Il disait à ce propos : « Le cinéma doit avoir l'air réaliste, puisque son point de départ est de faire croire à l'histoire qu'il raconte ». Ces exigences expliquent que le film a nécessité un an de préparation[4].

Pour les extérieurs, Kubrick utilisa des focales de 18 ou 25 mm et de faibles ouvertures ; la profondeur de champ importante qui en résulte confère aux paysages une allure de peinture filmée. Pour les scènes éclairées à la bougie, Kubrick a utilisé un éclairage complémentaire, ainsi qu'un modificateur de focale transformant le 50 mm f/0,7 en 35 mm[3].

La plupart des prises en extérieur ont été tournées en Irlande, de même pour les scènes se passant en Angleterre et en Prusse durant la Guerre de Sept ans. L'inspiration artistique de Ken Adams et de Roy Walker provient des paysages peints par Watteau et Gainsborough.

Le tournage dura 300 jours du printemps 1973 jusqu'au début de 1974, avec une interruption pour Noël[5]. Le budget du film atteignit 11 millions d'USD.

Bande originale

Contrairement à ses films précédents, Kubrick choisit des musiques d'époque et non une partition originale. « Dans 2001, j'ai utilisé Ligeti, compositeur contemporain. Mais si l'on veut utiliser de la musique symphonique, pourquoi le demander à un compositeur qui de toute évidence ne peut rivaliser avec les grands musiciens du passé ? Et c'est un tel pari que de commander une partition originale. Elle est toujours faite au dernier moment, et si elle ne vous convient pas, vous n'avez plus le temps d'en changer. Mais quand la musique convient à un film, elle lui ajoute une dimension que rien d'autre ne pourrait lui donner. Elle est de toute première importance »[6].

La bande originale mêle donc folklore irlandais (joué par The Chieftains) et musique classique, avec entre autres :

Kubrick explique : « J'avais d'abord voulu m'en tenir exclusivement à la musique du XVIIIe siècle quoiqu'il n'y ait aucune règle en ce domaine. Je crois bien que j'ai chez moi toute la musique du XVIIIe siècle enregistrée sur microsillons. J'ai tout écouté avec beaucoup d'attention. Malheureusement, on n'y trouve nulle passion, rien qui, même lointainement, puisse évoquer un thème d'amour ; il n'y a rien dans la musique du XVIIIe siècle qui ait le sentiment tragique du Trio de Schubert. J'ai donc fini par tricher de quelques années en choisissant un morceau écrit en 1814. Sans être absolument romantique, il a pourtant quelque chose d'un romanesque tragique »[6].

Accueil

Si Barry Lyndon est salué comme un film d'une grande beauté visuelle, c'est un échec commercial dans les pays anglo-saxons. Kubrick fut particulièrement affecté par le fait que son travail de retranscription de l'esthétique du XVIIIe siècle n'ait pas été accueilli avec enthousiasme. En Europe en revanche, le film connait un certain succès, notamment en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Au niveau mondial, le film rapporta 20 millions $.[réf. nécessaire]

Autour du film

Bibliographie

  • Lara Fitzgerald et Christopher James Keep, « Barry Lindon démembré : La Perte de l’histoire dans le film de Stanley Kubrick », Cinémas : Revue d'études cinématographiques, vol. 4, no 1,‎ (lire en ligne)
  • Michel Ciment, Kubrick, Calmann-Lévy, , 328 p. (ISBN 978-2702135181)
  • Emile Baron, « L'« aglorification » du héros », Cadrage.net,‎ (lire en ligne, consulté le )

Notes et références

  1. Ciment 2004, p. 170
  2. Ciment 2004, p. 167
  3. a et b La Cinémathèque française, Stanley Kubrick, l'exposition
  4. Jean-Pierre Frimbois, Les 100 Chefs-d'œuvres du film historique, Marabout, 1989 (ISBN 2-5010-1141-4), p. 34
  5. Baron 2001
  6. a et b Stanley Kubrick in Ciment 2004

Voir aussi

Liens externes


Modèle:Lien AdQ