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Albert Girard

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Albert Girard
Page de couverture de Invention nouvelle en l'Algèbre d'Albert Girard, publié à Amsterdam en 1629 par Blauew.
Biographie
Naissance
Décès
Formation
Activités

Albert Girard, dit le « Samielois », également appelé Albertus Gerardus Metensis, parfois Albert Gérard, né vraisemblablement le à Saint-Mihiel[Note 1] et mort à 37 ans, le 8 ou [Note 2] en Hollande, probablement près de la Haye[Note 3], est un mathématicien barrois francophone ayant mené toute sa carrière aux Pays-Bas.

De son vivant, Albert Girard est connu comme ingénieur. Élève et traducteur des œuvres de Stevin, ami de Golius, de Snell et sans doute de Jacques Aleaume, il s'occupe en tout premier lieu de fortifications et d'ouvrages militaires.

Son importance est tardivement reconnue dans le domaine des mathématiques et son rôle de traducteur et de mécanicien masque longtemps l'originalité de ses travaux personnels dans cette discipline. Pour Henri Bosmans, ses ouvrages sont les plus importants qui ont été écrits entre Viète et Descartes[1].

Son œuvre, qui se situe à la transition des traditions de la Coss, des innovations de l'algèbre spécieuse de François Viète et des préoccupations qui à la même époque animent Pierre de Fermat ou Bachet de Méziriac, touche à des domaines variés et apporte de considérables nouveautés. Son écriture mathématique, héritée de la Coss et en partie de l'algèbre nouvelle, fourmille de nouvelles notations. Plusieurs ont enrichi l'univers des mathématiques, notamment les parenthèses, les crochets, et son indexation des radicaux pour les racines cubiques ou cinquièmes.

Sa contribution va bien au-delà de cet apport et plusieurs propositions qui font date dans l'histoire des mathématiques sont nées sous la plume de Girard. Parmi celles-ci, se trouvent dès 1626 les premières notations de la fonction sin (pour sinus). Il est parmi les premiers à formuler le théorème fondamental de l'algèbre dans le cas de polynômes réels (1629), et le théorème des quatre carrés. Il est l'auteur du premier énoncé connu du théorème des deux carrés, dit « Fermat de Noël » (1625), et d'un des premiers énoncés de la formule de Girard-Waring, d'une définition précise des suites de Fibonacci, etc. En anglais, la formule, qu'il est le premier à publier et qu'il démontre partiellement, donnant l'aire d'un triangle sphérique à l'aide de ses angles se nomme le théorème de Girard ou d'Harriot-Girard.

Albert Girard est né à la fin du XVIe siècle à Saint-Mihiel, petite ville de l'actuel département de la Meuse. Cette découverte fait d'Albert Girard un mathématicien français. Rien n'est connu néanmoins avec certitude, ni de ses premières études, ni de la date où sa famille rejoint la Hollande.

Exil en Hollande

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Le cartographe Hondius, dont le portrait est parfois présenté – à tort – comme étant celui de Girard.

Après 1610, le culte réformé est interdit sous le règne d'Henri II de Lorraine (le favori de ce prince est membre de la maison des Guise) et de nombreux protestants lorrains sont contraints à l'exil[2]. Le jeune Albert Girard et sa famille rejoignent alors les Pays-Bas[3]. Exilé, Albert Girard conserve toutefois sa vie durant un attachement à Saint-Mihiel et à Metz, dont il se réclame alternativement dans ses écrits. Il demeure simultanément adepte de la religion réformée, notamment au travers de ses polémiques avec son confrère Honorat de Meynier[Note 4], lorsque ce dernier traite les Huguenots d'hérétiques.

Musicien et mathématicien

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En 1613, Girard réside à Amsterdam, dans le quartier de la Halle. Il épouse le , Suzanne des Nouettes (également dénommée Suzanne de Noethes (née en 1596), des Monettes, des Mouettes, ou de Nouet)[4] dans l'église wallonne d'Amsterdam. Il est assisté de sa famille et se donne pour joueur de luth. Le , il fait baptiser son fils Daniel, le premier d'une longue lignée, dans cette même ville. La même année, Girard se lie à Jacob Golius, avec lequel il correspond dès 1616, échangeant avec lui quelques problèmes mathématiques[5].

En 1617, Girard s'établit à Leyde (probablement y est-il appelé par Golius) ; il s'inscrit par lui-même à l'université de cette ville le [6] où il étudie la musique. Il est toujours à Leyde, en juillet 1622[7]. Réfugié protestant, et toujours joueur de luth professionnel[8], il entre pendant ces années-là en relation avec Willebrord Snell, dont il ne cesse par la suite de chanter les louanges. Il y étudie également les mathématiques et donne quelques premiers travaux sur la chaînette qu'il identifie à tort[9] à une parabole[4] ; il prend, sans doute en hommage au Marolois et à sa ville natale, le titre de « Samielois » (les Sammielois sont les habitants de Saint-Mihiel, sur la Meuse, au sud de Verdun[10]). Dans d'autres textes, il se dit Metensis[11] c'est-à-dire Messin, en latin.

Les fortifications

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Hans Vredeman de Vries.

À l'instar de ses maîtres, Simon Stevin, pour lequel il déborde d'admiration[12], et probablement Jacques Aleaume, Girard est intéressé par les applications militaires des mathématiques, en particulier les fortifications. Il corrige et traduit les œuvres de Simon Stevin et les édite en 1625[13], œuvres auxquelles il ajoute un livre de sa composition traduit des livres V et VI de Diophante. Deux ans plus tard, il traduit en français les œuvres du cartographe hollandais Hendrik Hondius et participe à l'édition abondamment corrigée du Traité sur les fortifications de Samuel Marolois (1627). Ce traité est édité conjointement avec L’Architecture contenant la toscane, dorique, ionique, corinthiaque et composée de Hans Vredeman de Vries, et est publié par Henri Hondius de La Haye en 1606, et réédité en 1617, 1620, etc. Il est dédié par l'éditeur Jan Janssen au prince Henri de Nassau. Le second de ses ouvrages, Fortification ou Architecture militaire tant offensive que defensive a été publié chez Hondius en 1615. Il est divisé en deux parties, l'une concernant les fortifications régulières ou idéales, l'autre les fortifications irrégulières, les plus répandues en Hollande[14].

Une fin prématurée

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Girard demeure cependant sans grandes ressources, il affirme dans la dédicace de son Invention nouvelle en l'algèbre[1] :

« Étant ici en pays étranger, sans mécène et non sans perte, avec une grande famille, je n'y ai pas le loisir ni le pouvoir d'écrire ici tout ce qui pourrait être convenable. »

Un siècle plus tard, l'historien des mathématiques Jean-Étienne Montucla tire la morale de cette misère[15] :

« Les porismes d'Euclide sont une mine qui ne vaut pas celles du Pérou ou du Potosi. »

Frédéric-Henri d'Orange-Nassau, dont Girard est ingénieur militaire.

Parmi ses rencontres, figure Pierre Gassendi, qui sollicite un entretien en par l'entremise d'un ami commun, nommé Fresne-Canaye. Afin de mettre en présence le philosophe français et l'ingénieur militaire du Stathouder, Fresne-Canaye leur donne à souper. À cette occasion, le philosophe français remarque[16] :

« (que) tous ces gens-là sont pour le mouvement de la Terre. »

L'entrevue a lieu alors qu'Albert Girard sert le prince d'Orange Frédéric-Henri de Nassau ; Pierre Gassendi précise qu'elle se tient au camp de Bois-le-Duc[17]. Après le siège de Bois-le-Duc, auquel il assiste avec Henri de Bergaigne, Girard dédie à ce protecteur et ami son Invention nouvelle en l'algèbre[Note 5] (Amsterdam, 1629). Il envisage alors de rédiger un traité d'optique et un traité de musique[18] ; mais ses finances ne le lui permettent pas.

D'après le mathématicien Olry Terquem, Girard succombe sous les étreintes de cette profonde misère[19].

À l'heure de sa mort, le peuple le connaît davantage comme ingénieur militaire du prince Frédéric-Henri d'Orange-Nassau qu'en tant que mathématicien. Il meurt d'ailleurs dans un état voisin de l'indigence, selon Jean-Étienne Montucla[20] et Diederik Johannes Korteweg. Après sa mort, le , ses parents l'enterrent dans la « Groote Kerk » sous le nom de « Monsieur Albert », ingénieur.

L'épouse du « Samielois » continue de publier ses ouvrages, essentiellement ses traductions de Stevin dont sa statique ou pondéraire. Il la laisse avec onze enfants (dont le dernier, posthume)[10]. La préface des œuvres de Stevin, publiée par eux, comporte cette dédicace évoquant leur situation[10] :

« Voici une pauvre veuve[Note 6] avec onze enfants orphelins auxquels le mari et père, décédé il y a un an, n’a laissé qu’une bonne réputation d’avoir fidèlement servi, et employé tout son temps à la recherche des plus beaux secrets des mathématiques ; ayant été ravi lorsqu’il projetait d’en laisser quelques monuments utiles à la postérité, et de sa propre invention : lesquels il eut lui-même apporté aux pieds de vos Seigneurs Très-illustres, si Dieu lui eût donné le loisir de les parachever. »

Longtemps Girard ne fut connu qu'à titre d'éditeur et de traducteur des œuvres de Simon Stevin. Le maître avait déjà traduit ses propres œuvres en français, notamment son Arithmétique, son traité sur Les fortifications par écluse et sa Castramétation (c'est-à-dire l'art de former des camps militaires) ; simultanément, le secrétaire du prince Henri, un certain Jean Tuning[Note 7], avait traduit une autre partie de ces ouvrages (vers 1605-1508) sous le titre de Mémoires mathématiques contenant ce en quoy s'est exercé Ie très excellent prince et seigneur Maurice, prince d'Orange etc, écrit premièrement en bas Allemand par Simon Stevin de Bruges. Ces œuvres étaient divisées en cinq volumes : la cosmographie (ou description du Monde, dans laquelle Stevin se montre ouvertement favorable à la théorie de Copernic[21]), la pratique de la géométrie, l'art de peser (ou pondéraire), les perspectives et des mélanges.

Girard les réédite en 1625, puis en 1634, de façon fidèle et bien écrite en distinguant scrupuleusement ce qui tient de sa traduction de ce qui relève de son interprétation[Note 8]. Il affirme notamment[22] :

« Il y a d'autres définitions qui sont nécessaires, comme celles qui suivent, lesquelles j'eusse mis en leur lieu, n'était que je ne désire pas mêler ce que l'auteur dit avec ce que j'écris. »

Dans ces commentaires, Girard essaye de simplifier les méthodes ou la doctrine. Mais il va souvent plus loin que Stevin et il apporte en 1629 une contribution personnelle qui dépasse amplement l'œuvre du traducteur[23].

Tant dans ses notations que dans ses résultats, il se montre notamment influencé par la nouvelle façon d'écrire les équations et de concevoir les polynômes initiée par François Viète dès 1591 avec la publication de ce livre fondateur qu'est l'Isagoge in Artem Analycitem ou Isagoge. Peut-être initié à cette nouvelle conception par le successeur de Stevin et élève de Viète Jacques Aleaume, alors professeur de mathématiques de l'Université de Leyde[24], Girard dépasse, là encore, les connaissances qui lui ont été léguées.

Alors que Viète n'admet pas les quantités négatives (ce qui lui vaut quelques fautes dans ses posthumes Equationum recognitione et emendation)[25] ou demeure prisonnier de notations respectant l'homogénéité (pour des raisons géométriques), le Sammielois Girard laisse entrevoir dans ses rares pages d'algèbre quelques-unes des découvertes qui ne seront fixées qu'avec D'Alembert ou Newton.

L'invention en l'algèbre

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Son principal ouvrage, l'Invention nouvelle en l'algèbre, est un commentaire de son édition des œuvres de Stevin. Il n'est pas divisé en chapitres mais se compose de trois parties : calcul arithmétique, théorie des équations et mesure des surfaces[1]. La seconde partie, sur la théorie des équations, est la seule originale. Girard s'y attache principalement à décrire les opérations qui permettent de simplifier les termes d'une équation, transformations qu'avaient initiées Viète et Alexander Anderson[26]. Cela fait, il s'attaque à la résolution de l'équation du troisième degré dans le cas de trois racines réelles par transformation de en , dont les solutions sont données par la trisection d'un angle. Il montre comment on peut représenter ces solutions comme trois cordes inscrites dans le cercle et enseigne à les construire géométriquement[27]. Il fournit également une méthode d'approximation de ces mêmes racines par l'utilisation d'une suite définie par récurrence à l'aide de la tangente et du sinus, conseillant de s'arrêter quand les deux termes consécutifs sont sensiblement égaux.

Plus loin, Girard invite son lecteur à définir lui-même la formation du triangle d'extraction (triangle de Pascal), dont il donne les premières lignes (ces coefficients binomiaux étaient déjà connus de Viète ou de Marule). Puis il s'attaque aux équations polynomiales à une inconnue ; ce qui fait de ce livre un des plus importants en algèbre.

Girard conclut enfin son Invention nouvelle en l'algèbre, en résolvant quelques systèmes d'équations à plusieurs inconnues (certaines viennent de Guillaume Gosselin) et termine par un système non linéaire qu'il traite très astucieusement[1]. Écrit sous forme contemporaine, ce système revient à déterminer tels que :

L'algèbre de Girard

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Quoique le nombre de publications de Girard soit peu élevé (huit livres) et que son algèbre n'ait pas toujours la richesse de l'algèbre nouvelle de Viète (sauf indication expresse du contraire, les équations de Girard sont numériques et son langage est celui de la Coss, ou de Stevin)[28], Girard occupe une place importante dans l'histoire des mathématiques. Si 49 pages sur 63 de son Invention nouvelle en l'algèbre sont de type cossique[29], Girard connaît les livres de Viète et fait plusieurs emprunts à son analyse spécieuse[28] ; il l'enrichit également, excellant dans l'art de la syncrèse[28],[Note 9] du mathématicien des Parthenay ; il y décèle des erreurs. Enfin, il le généralise, donnant un sens aux quantités négatives et admettant l'emploi des nombres complexes (ou solutions enveloppées)[1].

Il écrit notamment, afin de donner une interprétation aux quantités absurdes, que les géomètres se refusaient généralement à employer[Note 10] :

« La solution par moins s'explique en géométrie en rétrogradant, et le moins recule où le plus avance »

François Viète, l'un des maîtres d'Aleaume et de Girard.

En fait, les notations de Girard sont assez proches de celles de Viète[30] :

  • pour la différence absolue : signifiant chez eux  ;
  • pour le quotient, l'un comme l'autre le note :  ;
  • pour les notations des inconnues et des paramètres, Girard effectue la même séparation que Viète : les voyelles sont réservées aux inconnues, à l'image des langues sémitiques ;
  • comme Viète, il ne met pas systématiquement à 0 le second membre d'une équation ;
  • comme Alexander Anderson, le « Samielois » note les puissances dans la lignée de l'Algèbre nouvelle,  ;
  • comme Viète, il conserve l'homogénéité des coefficients, notant « nombre de première, seconde, troisième, etc. meslé » les factions auxquels Viète prêtait la même dimension (respectivement lineo, plano, solido, plano-plano, etc.)

Toutefois, ces notations divergent sur trois points fondamentaux :

  • la notation des racines (l pour « latus » chez Viète, chez Girard) ;
  • par ailleurs, Girard n'hésite pas à s'affranchir du « ducere in » cher à Viète, ni à écrire où Viète écrivait ;
  • enfin, il innove réellement en développant ses rares calculs algébriques, où il ne fait pas systématiquement mention de leur homogénéité[31].

D'autres progrès dans les notations.

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Simon Stevin, l'un des deux maîtres de Girard.

La limite du travail de Girard se fait sentir dans ses ouvrages, où il raisonne souvent en revenant à des exemples numériques, dans le langage de la Coss, encore très en vogue chez les mathématiciens amateurs et dans le large public auquel son livre veut s'adresser. C'est alors l'héritier de Stevin, qu'il traduit. Mais Girard est également un de ces mathématiciens créatifs qui, avec Pierre Hérigone et Girard Desargues bouleversent les notations établies :

Vers 1633, il propose qu'une racine cubique soit notée «» et une racine cinquième « ». Selon Florian Cajori[32], la première personne à adopter la suggestion de Girard est Michel Rolle (vers 1690) et Girard est le premier à écrire un exposant fractionnaire[33].

Girard introduit dans la même année, l'emploi des parenthèses et des crochets, qui est restée[34], et de notations moins heureuses, qui n'ont pas été retenues[35]. Il note par exemple la « haute extrémité » le terme de plus haut degré d'un polynôme, et « triangle d’extraction » le triangle de Pascal, ou encore « ff » pour «  » et « § » pour «  »[36]

Girard en revendique l'originalité[37] :

« L'invention exige de l'industrie à l'inventeur et du jugement à suffisance au traducteur pour comprendre l'invention des auteurs, comme aussi de la facilité au lecteur à concéder ces nouveaux termes, qui sont substitués au lieu de ceux qu'il faudrait avoir. »

Ces notations originales ne sont pas sans raison : Girard nomme du nom de « meslés » les puissances de l'inconnue intervenant dans une équation composée (ou meslée) comportant plus que deux termes. Les coefficients d'un polynôme deviennent donc sous sa plume les « nombres de meslés ». De sorte qu'en langage moderne, pour

,

le nombre du premier meslé est, selon Girard, , celui du second meslé , et ainsi de suite.

Lorsque est un polynôme scindé, c'est-à-dire s'il possède racines notée autant de fois que leur ordre de multiplicité, il s'écrit

.

Girard nomme alors « factions » les polynômes symétriques élémentaires des racines de ce polynôme, de sorte que la première faction est , la seconde faction et ainsi de suite, jusqu'à la dernière identifiée au produit des racines[38].

Puis, à la suite de Viète qui a déjà donné une partie de ces relations, Girard établit (sur des exemples) les liaisons entre les coefficients et les racines[39] ; plus précisément, il remarque que le nombre du premier meslé est - au signe près - la somme des racines (comptées avec leur multiplicité), le nombre du second meslé la somme des produits de deux racines, de même pour le nombre du troisième meslé, etc. ce qu'on note de façon plus moderne .

Il tourne la difficulté des signes en présentant l'équation polynomiale correspondante sous forme

,

isolant de part et d'autre de l'égalité les termes d'exposants pairs et impairs. En cette occurrence, ses notations demeurent celles de Stevin.

Pour Girard, les nombres complexes sont des solutions enveloppées[1], des nombres inexplicables ou impossibles... avec lesquels, toutefois, il ne rechigne pas à travailler[40]. Il n'hésite pas à faire remarquer, par exemple[41], l'égalité suivante[Note 11] :

Exemple d'écriture de Girard
Soit le premier meslé, le second,
le troisième le quatrième, etc.
Alors, en toutes sortes d'équations

sera la somme des solutions, quarez, cubes, quaré-quarez

Il justifie d'ailleurs leur emploi, dans le même passage, non seulement par leur utilité, mais aussi parce que ces solutions, (qui ne sont ni des nombres, ni des quantités, ni des grandeurs) permettent d'unifier le théorème de décomposition pour tous les polynômes :

« On pourroit dire à quoy sert ces solutions qui sont impossibles ? Je répond pour trois choses : pour la certitude de la règle générale, et qu'il n'y a point d'autre solution, et pour son utilité. »

Outre cela, Girard est un des propagateurs des termes « million, billion, et trillion », inventés par Nicolas Chuquet. Il est également un des premiers mathématiciens (concomitamment avec Thomas Fincke (1583 d'après Florian Cajori), Samuel Marolois, William Oughtred (1631 d'après Isaac Asimov)[Note 12] à utiliser les symboles « sin », « cos » et « tan »[42],[43]. Quelques occurrences de la notation «  » dans sa mise en forme des travaux du Marolois[44] font de lui le premier mathématicien à employer cette notation fonctionnelle.

Un apport fondamental de Girard

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Dans son livre sur L'invention nouvelle en l'algèbre, Girard est réellement le premier mathématicien à énoncer (de façon un peu floue et sans en fournir de preuves)[Note 13] le théorème fondamental de l'algèbre, auquel les historiens des sciences associent le plus souvent le nom de d'Alembert[Note 14]. Ce théorème, qui assure la factorisation de tout polynôme (réel chez Girard) dans le corps des nombres complexes sous la forme d'un produit de binômes, apparaît en 1629[45] sous cette forme :

« Toutes les équations d'algèbre reçoivent autant de solutions que la dénomination de la plus haute quantité le démontre. »

À la suite de quoi, Girard tente d'en donner une « explication ». Pour cela, il part des meslés, et affirme l'existence de solutions abstraites qui vérifie l'identité des meslés et des factions. En fait, il postule davantage l'existence d'un corps de rupture formel que son identification au corps des nombres complexes.

« Le dénominateur de la plus haute quantité (le degré) est qui signifie qu'il y a quatre certaines solutions, et non plus ny moins (elles sont comptés avec leur multiplicité) tellement que le nombre du premier meslé est la premiere faction des solutions, le nombre du deuxième meslé, et tousjours ainsi ; mais pour voir la chose en sa perfection, il faut prendre les signes qui se remarquent en l'ordre alternatif. »

Il donne également dans ce même livre quelques identités concernant les polynômes symétriques. Newton retrouvera ces relations par la suite, indépendamment[46]. Elles permettent de calculer, grâce aux formules de Viète, les sommes des puissances de toutes les racines d'un polynôme à l'aide de ses seuls coefficients (voir l'encadré ci-dessus). Elles seront définitivement complétées par Leonhard Euler, Carl Friedrich Gauss et Edward Waring[Note 15].

D'après Bosmans, il est également le premier à énoncer la règle reliant le nombre de variations de signes des coefficients des équations complètes et le nombre de solutions réelles, communément appelé le théorème de Descartes[1].

Trigonométrie sphérique

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Les mathématiciens doivent encore à Girard un traité de trigonométrie (édité en 1626), un an après sa première traduction des travaux de Stevin (1625). Le livre fut réédité trois fois, en 1627, et en 1629. Ce sont des raretés de bibliophile. Outre sa préface, qui rend louange à Dieu et adresse quelques reproches à Stevin pour l'imprécision de sa définition des « flèches » (ou sinus verse)[Note 16], Girard attaque le mathématicien Valentin Mennher, arithméticien alors célèbre, puis donne son traité des triangles rectilignes[47]. Dans cette partie, se trouve notamment reproduite le formule de Thomas Fincke, qui, en langage moderne, s'écrit :

où dans un triangle rectangle, désignent les longueurs de deux côtés de l'angle droit et les deux angles qui leur sont opposés. À la suite, se trouvent encore quelques formules de Girard, originales pour l'époque, puis un traité sur les triangles rectangles, ou rectilignes. Mais c'est dans la dernière partie, sur la trigonométrie sphérique, que Girard déploie tous ses talents[48].

Triangle sphérique

D'après l'étude que Michel Chasles consacre à cette partie des œuvres de Girard, le « Samielois » démontre dans ce travail qu'il fait partie du petit nombre de géomètres qui, à l'imitation de Viète, sont à l'instigation des transformations des triangles sphériques. Un an avant Snellius, Girard englobe dans ce traité les quatre triangles formés par les arcs de cercle qui ont pour pôles les trois sommets d'un triangle donné sous le nom collectif de triangle réciproque ; ainsi, il regarde comme réciproques d'un triangle donné, à la fois le triangle de Viète et celui de Snellius[49].

Plus loin, il développe à partir des formules de « prostaphérèse »[Note 17] la résolution d'un problème original :

« Trois arcs étant donnés dont le premier est droit, trouver un quatrième arc tels que les sinus soient proportionnels à l'aide d'addition et de soustraction seulement. »

Ce problème conduit à la détermination de , puis , lorsque[50] :

Parallèlement, la formule de Girard donne l'aire d'un triangle sphérique à l'aide de ses angles[51]. Cette découverte, apparemment connue de Regiomontanus, puis de Thomas Harriot vers 1603, n'a pas été publiée par les Anglais et Girard est le premier à l'énoncer publiquement, en 1629 dans son Invention[52], et le premier à la démontrer partiellement. Mais il n'est guère satisfait de sa démonstration, et l'écrit. À cette occasion il pressent la possibilité de raisonner sur des éléments différentiels, affirmant d'un triangle sphérique infinitésimal qu'on peut le confondre avec un triangle plat, celui-ci étant sans « tumeur »[53]. Sa preuve est contestée à la fin du XVIIIe siècle par Lagrange[54]. Le même résultat est publié en 1632 par Bonaventura Cavalieri puis peu après par Roberval. Les travaux trigonométriques de Girard influencent néanmoins le mathématicien Jan Stampioen, qui devient quelques années après la mort du « Samielois », le rival de Descartes et le précepteur de Christiaan Huygens. Une preuve définitive de la formule des aires sera donnée au XVIIIe siècle par Adrien-Marie Legendre (voir ci-dessous)[2] et par Leonhard Euler[55].

Également dans son Invention, Girard généralise son travail et donne une formule analogue pour la mesure de la surface d'un polygone sphérique terminé par des arcs de grands cercles (nommée parfois formule de Gauss)[56],[57].

Explicitement, si , etc. désignent les angles du polygone sphérique (convexe) et n leur nombre, l'aire du polygone est donnée par[58],[Note 19] :

Dans son « Traité de trigonométrie », qui est à la suite d'une table des sinus, tangentes et sécantes, il montre par sa préface qu'il s'était également occupé à restaurer l'analyse géométrique des Anciens, et à rétablir les traités dont les titres ont été transmis par Pappus ; il dit, à ce sujet, qu'après ce petit « Traité de Trigonométrie », qu'il donne comme échantillon, « il mettra au jour quelque chose de plus grand »[49]. La mort l'en a empêché.

Dans la préface à sa traduction des œuvres de Stevin (éditée en 1625), il annonce derechef son intention de restaurer les Porismes d'Euclide[Note 20] mais cet ouvrage, prêt à paraître, n'aura pas vu le jour et s'est perdu.

Fragments des Éléments d'Euclide

Dans le chapitre des polygones rectilignes, Girard affirme une fois encore[Note 21],[59] :

« (...) les Porismes d'Euclides, qui sont perduz, lesquelz j'espere de mettre bient tost en lumiere, les ayant restituez il y a quelques années en ça. »

Dans le Traité de l'art pondéraire ou de la statique de Stevin, Girard ajoute de nouveau[Note 22],[59] :

« Celuy qui n'entend pas ceste maniere de demonstration doit recourir premierement au lieu cité de Ptolémée, puis à l'Arithmetique du présent autheur vers la fin touchant l'addition et soustraction des raisons. Les Anciens, comme Archimedes, Euclides, Apollone, Pergée, Eutocius Ascalonite, Pappus Alexandrin, etc., ont leurs livres remplis de l'égalité d'une raison à deux autres, excepté ce qu'en a escrit Euclides ès Elemens (...). Mais il est à estimer qu'il en a plus escrit en ses trois livres de Porismes qui sont perdus, lesquels, Dieu aidant, j'espere de mettre en lumiere, les ayant inventez de nouveau. »

Un siècle plus tard, l'historien des sciences Jean-Étienne Montucla doute fortement que Girard ait réellement restauré ces Porismes[20]. Lorsqu'en 1860, le géomètre Michel Chasles tente de restaurer à son tour les Porismes d'Euclide à partir des indications de Pappus, il se montre plus prudent. Il écrit[59] :

« Albert Girard, savant géomètre des premiers temps du XVIIe siècle, avait fait espérer qu'il rétablirait ces Porismes, dont il parle dans deux endroits différents de ses œuvres ; mais ce travail n'a peut-être pas été terminé ; du moins il ne nous est pas parvenu, et l'on ne peut préjuger jusqu'à quel point l'auteur avait entrevu la pensée d'Euclide. »

Après Girard, de nombreux géomètres s'évertuent à reconstituer ces trois livres d'Euclide, notamment Ismaël Boulliau, Carlo Renaldini, Pierre de Fermat, Edmond Halley, Robert Simson, Michel Chasles et Paul Émile Breton (1814-1885)[Note 23].

Pierre de Fermat.

Vers 1624, Claude-Gaspard Bachet de Méziriac remarque que le produit de deux sommes de deux carrés est une somme de deux carrés. Ce résultat était déjà connu de Viète, avec une interprétation géométrique, dans ses Notae priores. Il était également connu de Diophante (livre III, problème 19).

En 1625, après avoir repris les traductions de Diophante par Bachet (livres V et VI, 1621)[60], Girard fournit une traduction des œuvres de Stevin, dans laquelle il reproduit une conjecture de Bachet : le théorème des quatre carrés[61], qui sera démontré par Lagrange en 1770.

Du même coup, le « Samielois » est le premier à formuler une conjecture correcte donnant une condition nécessaire et suffisante pour qu'un nombre entier soit somme de deux carrés seulement[62].

La formulation moderne habituelle, équivalente à son énoncé, est la suivante :

Théorème des deux carrés (cas général) — Un entier strictement positif est somme de deux carrés si et seulement si chacun de ses facteurs premiers de la forme 4k + 3 apparaît à une puissance paire dans sa décomposition.

En 1640, Pierre de Fermat décrit à Marin Mersenne en termes très généraux comment il propose de démontrer ce théorème, qui porte désormais son nom, dans le cas de nombres premiers[63]. Il faut attendre l'article de 1760 de Leonhard Euler[64] pour une première démonstration complète publiée, grâce à un plan qui s'écarte de celui esquissé par Fermat. La formulation moderne est la suivante :

Théorème des deux carrés (cas des nombres premiers) — Un nombre premier p impair est somme de deux carrés d'entiers si et seulement si p est congru à 1 modulo 4 :

De plus cette décomposition, quand elle existe, est unique à l'ordre près des termes et .

Dickson[65] donne le nom de Girard au théorème selon lequel tout nombre premier de la forme 4n + 1 est somme de deux carrés.

Girard et les fractions continues

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Leonardo Pisano

Girard est également le premier à donner l'expression générale de la formation des suites de Fibonacci[66] :

Il le fait dans sa traduction des cinquième et sixième livres de Diophante, en marge de l'édition de 1625 des œuvres de Simon Stevin. La veuve de Girard réédite cet énoncé en 1634, dans la publication de son œuvre posthume. Girard ne fournit pas sa méthode et parle de « particularités non encore par cy devant pratiquées »[67].

Ce faisant, il approche de très près la première définition des fractions continues. Il remarque également qu'en divisant un terme de la suite par son précédent, le calcul donne une approximation du nombre d'or. Cette propriété a déjà été énoncée par un anonyme du XVIe siècle dans une note manuscrite, à propos de la traduction des Éléments d'Euclide par Luca Pacioli (1509). Elle est confirmée par Kepler vers 1608, dans une de ses lettres. Girard est un des premiers à l'énoncer dans une publication (en 1634), son Invention nouvelle en l'algèbre.

Ses mots exacts sont les suivants[68] :

« Soit faite une telle progression 0,1,1,2,3,5,8,13,21, etc., dont chaque nombre est égal aux deux précédents, alors deux nombres pris immédiatement dénoteront la même raison, comme 5 et 8 ou 8 et 13, etc., et tant plus grands, tant plus près, tellement que 13 à 21 constitue assez précisément un triangle isocèle pris dans un pentagone. »

Selon Georges Maupin[69], il a sans doute découvert le moyen de construire une suite de rationnels convergeant rapidement vers une racine carrée par la création de fractions continues. Raphaele Bombelli l'avait cependant précédé sur ce domaine en 1572. Sans donner la façon générale de former de telles suites, Girard fournit dans le même livre deux approximations de ce type :

pour 2, il donne : puis ,
pour 10, il donne : ,

dont il est possible (cf. ci-dessous) de vérifier rapidement l'appartenance aux fractions continues[70],[Note 24] approchant respectivement 2 et 10.

Le même procédé vaut pour 10

La cosmographie

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Dans sa traduction de la cosmographie, publiée à titre posthume en 1634 par sa veuve, Girard demeure fidèle au point de vue héliocentrique de Simon Stevin. Quoiqu'il juge impossible de pouvoir démontrer que le soleil est au centre la sphère des fixes, et qu'il consacre de nombreuses propositions à décrire les mouvements des planètes selon le modèle géocentrique, Girard (comme Stevin) est persuadé que l'hypothèse de Copernic est la plus vraisemblable. Il la nomme « propre », à l'opposé du système de Ptolémée, qu'il qualifie « d'impropre » et donne dans les pages 295-340 des Œuvres Mathematiques de Simon Stevin de Bruges un véritable plaidoyer en faveur des théories de la Terre mobile[71]. Cette affirmation paraît alors que Galilée a été condamné l'année précédente pour son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde.

Girard ajoute au texte de Stevin quelques remarques sur les planètes. Il affirme qu'il s'en trouve davantage que les huit planètes connues des anciens, et qu'on en trouvera bien plus grâce à l'invention des « yeux artificiels » que sont les lunettes (ou « lynx »). Pour lui la Voie lactée est un amas d'étoiles, situées fort près les unes des autres. Il cite enfin Aristarque de Samos comme un lointain prédécesseur de Copernic[72].

  • 1625 : Commentaires de l'édition des œuvres de Stevin, Arithmétique de Simon Stevin, revue, corrigée et augmentée de plusieurs traittez et annotations, par Albert Girard, sammielois, mathématicien, imprimé à Leyde, chez Jacques Elzevier. Seuls deux livres furent édités par Jacob ou Jacques Elzevier ; ces commentaires sont l'un d'eux [lire en ligne].
  • 1625 : Description et brève déclaration des règles générales de la fortification, l’artillerie, des munitions et vivres, des officiers et de leurs commissions, des retranchemens de camp, des approches, avec la manière de se deffendre, et des feux artificiels, par Henri Hondius. Le tout traduit du flamend en langue françoise par A. G. S., La Haye, Hendrik Hondius [lire en ligne].
  • 1626 : Tables des Sinus, tangentes et secantes, avec un traicté succinct de la Trigonométrie tant des triangles plans, que sphéricques, par Albert Girard, sammielois, chez Jacques Elzevier à La Haye [lire en ligne]. Seconde édition 1634 [lire en ligne].
  • 1627 : Geometrie contenant la théorie et pratique d’icelle, nécessaire à la fortification. Jadis écrite par Samuel Marolois, mais depuis corrigée, et la plupart du discours changé et rédigé en meilleur état, par Albert Girard, mathématicien, Amsterdam, Jan Janssen.
  • 1627 : Fortification, ou architecture militaire, tant offensive que défensive par Samuel Marolois, revue, augmentée et corrigée par Albert Girard, Amsterdam, Jan Janssen [lire en ligne]. Réimpr. 1651, lire en ligne sur Gallica précédé de L’architecture contenant la Toscane, Dorique, Ionique, Corinthiaque et Composee, faict par Henri Hondius. Avec quelques belles ordonnances d’Architecture mises en perspective par Iean Vredman frison.
  • 1628 : Opera mathematica ou œuvres mathématiques..., De nouveau reveuë, augmentée, et corrigée par Albert Girard, Amsterdam], Jan Ianssen, [lire en ligne] (numérisation e-rara). Réimpr. 1647, [lire en ligne].
  • 1629 : Invention nouvelle en l'algèbre, chez Jan Janssen [lire en ligne]. Ce livre, dit Montucla, est « fort remarquable, en ce qu'on y trouve une connaissance des racines négatives plus développée que dans ceux de la plupart des autres analystes »[20]. Un des objets de ce livre est de montrer que, dans les équations qui conduisent au cas irréductible, il y a toujours trois racines.
= Invention nouvelle en l'Algèbre, tant pour la solution des équations que pour recognoistre le nombre des solutions qu'elles reçoivent avec plusieurs choses qui sont nécessaires à la perfection de cette divine science, Amsterdam, 1629, 70 p. / Reproduction identique par M. Biereus de Haan, Leyde, 1884 et N.A.W.nl [Nieuw Archief voor wiskunde uitgegeven door bet Wiskundig Genootschap], Amsterdam, 1884, 11, 85-152

Œuvres posthumes

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  • 1634 : Les œuvres mathématiques de Simon Stevin de Bruges, où sont insérés les mémoires mathématiques, auxquels s'est exercé le très haut et très illustre Prince Maurice de Nassau, prince d'Orange, gouverneur des Provinces des Pays-Bas etc., le tout revu, corrigé et augmenté par Albert Girard, sammiélois, mathématicien ; publié à Leyde, chez Elzevier disponible sur diglib, [lire en ligne].

Retentissements

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Le , au lendemain de sa rencontre avec Girard, Pierre Gassendi écrit à Nicolas Fabri de Peiresc qu'il a dîné avec un des ingénieurs du prince Frédéric de Nassau. C'est à ce titre que son siècle le connaît, et l'ignore. Galilée le connaît comme le traducteur de l'Art pondéraire de Stevin. Le père du mathématicien Huygens apprécie ses travaux, et lui décerne dans une lettre à leur ami commun Golius le titre de « vir stupendus ». Pour autant, la renommée de Girard n'atteint pas le Toulousain Pierre de Fermat ou très tardivement, et son œuvre demeure confidentielle au XVIIe siècle. Mersenne le connaît comme mathématicien flamand, alors qu'il est né en Lorraine et écrit en français[Note 25]. Le philosophe René Descartes - selon son habitude - emprunte sans le citer plusieurs de ses idées à Girard[73],[26]. Blaise Pascal lit Stevin au travers de sa traduction, selon Léon Brunschvicg[74] ; le père Niceron le conseille comme livre portatif[75].

Pierre Bayle le nomme dans son dictionnaire[76] affirmant qu'on peut aisément distinguer ce qui vient de Stevin et ce qui vient du « Samielois ». En 1752, dans une lettre au comte Stanhope, Robert Simson mentionne la règle d'approximation des racines carrées énoncée par Girard en 1629 et son emploi de la suite de leurs fractions continues. Le Comte de Chesterfield encourage Simson à publier cette découverte et, l'année suivante[77], Simson rend hommage à Girard pour sa clairvoyance quant aux suites de Fibonacci et ses approximations de 2 dans les Philosophical Transactions of the Royal Society, 1754, t. 2.

En 1758, Jean-Étienne Montucla l'évoque comme un géomètre flamand ; et bien qu'il connaisse l'article de Simson, il ne croit pas aux promesses de Girard de restaurer les Porismes d'Euclide[20],[78]. Montucla affirme ironiquement :

« Si Girard avait en effet réussi, comme il le dit, il faudrait convenir qu'il était en ce genre, encore plus grand œdipe que Simson. »

Pour lui, Girard, comme Alexander Anderson, n'est qu'un habile successeur de Viète.

En 1773, Fortuné Barthélemy de Félice, lui consacre un article dans son encyclopédie ou dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines. Il l'évoque comme un ingénieux hollandais, s'attaquant aux équations cubiques, et poursuivant les travaux de Viète ou de Cardan[79].

Le premier numéro des Philosophical Transactions of the Royal Society.

Le « Samielois » est néanmoins remarqué par Charles Hutton (1737-1823), qui, en 1815[80], fait l'exact catalogue de ce que la théorie des équations doit à Girard :

  • il est le premier à avoir compris la formation des coefficients des polynômes (Viète l'avait déjà vu dans le cas de polynômes scindés sur les réels positifs) ;
  • il est le premier à avoir compris la signification géométrique des racines négatives ;
  • il est le premier qui, incluant les racines complexes, comprend qu'il n'y a pas plus de racines que le degré de l'équation ne l'autorise ;
  • il est le premier à donner des règles pour sommer les puissances des solutions d'une équation.

À quoi il eut pu ajouter bien d'autres titres de gloire.

En 1837 pourtant, Michel Chasles le mentionne négligemment dans son mémoire sur l'histoire des méthodes en géométrie[81] ; il rend hommage à Girard, au travers d'un théorème singulier issu de sa Trigonométrie stipulant que d'un quadrilatère inscrit dans un cercle, on peut former deux autres quadrilatères inscrits dans le même cercle, ces trois quadrilatères ayant, deux à deux, une même diagonale et pour aire (identique), le produit des trois diagonales, divisé par le double du diamètre du cercle circonscrit[82]. Chasles regrette dans ce même ouvrage la perte éventuelle du manuscrit de Girard contenant sa reconstitution des Porismes d'Euclide et note que les triangles réciproques de Girard contiennent à la fois ceux de Viète et de Snell (il en donne une figure plus complète après 1860 et sa propre reconstitution des Porismes).

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Adolphe Quetelet le tient toujours pour hollandais, ou le croit né à Bruges. Il en va de même pour Florian Cajori. Ce dernier distingue cependant Albert Girard des autres propagateurs de l'algèbre spécieuse. En 1870, le généalogiste Vorsterman Van Oijen[83] révèle qu'il n'est pas hollandais. En 1875, Ernest Rousseau, recteur de l'université libre de Bruxelles, confirme ces premiers doutes quant à la nationalité du « Samielois »[84] et le veut d'origine belge. En 1883, l'historien Paul Tannery révèle enfin qu'il vient de Saint-Mihiel[85].

Vers la fin du XIXe siècle, la plupart des historiens des mathématiques, quelques mathématiciens, et des historiens du XVIIe siècle, notamment Antonio Favaro, Gustave Cohen et Henri Bosmans, approfondissent son étude. Georges Maupin[Note 26] dans ses Opinions et curiosités touchant la mathématique fournit de larges extraits des travaux de Girard dans la seconde partie de son ouvrage consacré à Stevin. Le professeur Maupin y donne également une étude des notations du « Samielois » (p. 160-173) et de ses apports personnels, en particulier, dans le domaine des fractions continues, de la résolution des équations (p. 174-218) de la cosmographie, de la musique (p. 233-278), de la géométrie sphérique (pp. 279-287), voire de la statique (p. 288-322).

À leur suite, Gray Funkhouser (A short account of the history of symmetric functions of roots), George Sarton et René Taton, tracent des monographies reprenant ces découvertes, à la lumière de Stevin ou de Viète. Henri Lebesgue évoque plusieurs fois son travail[86]. Plus récemment, Cornelis de Waard, Michael Sean Mahoney[87], Jean Itard[88], Roshdi Rashed et Jean-Pierre Le Goff[89] ont tenté de réhabiliter sa mémoire. D'autres enfin, à l'image de Stella Baruk, utilisent les interrogations de Girard, voire ses notations, pour faire progresser, en collège, la compréhension des fondements de l'algèbre[90].

Notes et références

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  1. Paul Tannery, Mémoires scientifiques: Sciences modernes, 1883-1904, publié en 1926, chez E. Privat, retrouve en 1883 un Humbert Girard né à cette date à Saint-Mihiel. Il est le seul Girard né entre 1576 et 1610 dans cette paroisse.
  2. Christaan Huyguens donne la date du 9 décembre 1632 dans son journal mais la date du 8 décembre figure dans le Dictionary of Scientific Biography. Elle correspond à la mort, à Middelbourg, de Philippe Lansberge de Maulabeecke in le Journal tenu par Isaac Beeckman [lire en ligne]. On trouve parfois l'année 1633 comme dans la monographie de Henri Dannreuther, Le mathématicien Albert Girard de Saint-mihiel 1595-1633.
  3. Ce lieu figure dans de nombreuses biographies comme celle de NNBW (voir ici. D'autres citent La Haye comme son lieu d'inhumation (Gustave Cohen, Écrivains français en Hollande dans la première moitié du 17e siècle, p. 342), mais on trouve aussi Leyde dans (en) John J. O'Connor et Edmund F. Robertson, « Albert Girard », sur MacTutor, université de St Andrews.
  4. D'origine provençale, cet auteur d'un livre sur les fortifications laisse un portrait de lui ; ce portrait d'Honorat de Meynier se trouve sur le site de la banque image crcv.
  5. « À Mr. Henry de Bergaigne, capitaine d'une compagnie de cavalerie .... Receveur des contributions de Brabant au quartier de Breda’, en relevant que, dans les mathématiques il avait fait ‘un progrez au delà du vulgaire. » Henri de Bergaigne, capitaine d'une compagnie de cavalerie à la bataille de Bar le Duc est mort en 1666, après avoir reçu le titre de bailli (ou de sénéchal -hoogschout en hollandais-), probablement le même Henri Bergaigne, né à Breda vers 1588, et enregistré comme juriste à Leyde le 21 mai 1612. Cornelis de Waard (ed.), Journal tenu par Isaac Beeckman de 1604 à 1634, t. 1 : 1604-1619, La Haye, Martinus Nijhoff, (lire en ligne), p. 261
  6. Certains auteurs dont Verduin, Laudatione de Simone Stevino ont cru qu'il s'agissait de la veuve de Simon Stevin lui-même et ont voulu y voir une preuve de l'ingratitude du prince Maurice et de son frère Hendrick. Article d'A. Ricour « Simple remarque concernant la biographie de Stevin », Bulletin du Comité flamand de France, vol. 2, 1862, p. 234, [lire en ligne].
  7. Né à Leyde, immatriculé à son université en 1593, licencié es lois et secrétaire du frère de Maurice d'Orange, Jean Tuning publia en 1605 et 1608, chez Jean Paedts, plusieurs traductions de Stevin, ses Mémoires mathématiques, comprenant les leçons qu'il donnait au prince d'Orange et la façon de tenir les comptes à l'italienne ; sa figure est évoquée par Henri Bosman, Le mathématicien belge Simon Stevin, p. 6, [lire en ligne] et Georges Sarton.
  8. De sorte que, selon Bosmans, les craintes de Moritz Cantor d'après lesquelles il est impossible de distinguer ce qui est dans Stevin de ce qui appartient à Girard sont infondées, in Le mathématicien belge Simon Stevin, p. 5, [lire en ligne].
  9. La syncrèse naît de la confrontation de divers points de vue sur un sujet donné. Elle est la première étape de la formalisation d'un problème géométrique sous forme d'équation (ou examen zététique) ; la seconde étape du raisonnement étant l'analyse de cette équation, et sa résolution générale (ou Poristique), la dernière étape, étant la synthèse, géométrique ou numérique, que Viète nomme Exégétique ou Rhéthique.
  10. Citée par Montucla, son assertion se trouve dans L'invention nouvelle en l'algèbre, Guillaume Jansson Blaeuw, Amsterdam, [lire en ligne], p. 15.
  11. L'écriture des complexes à l'aide de racines carrées de nombres négatifs disparaitra peu à peu après l'introduction par Euler du symbole « i » pour désigner l'une des deux racines carrées de -1. Elle finira par être déconseillée puis bannie des notations mathématiques, comme ambiguë ; le corps des complexes ne pouvant être muni d'un ordre compatible avec l'addition et la multiplication, il est impossible d'effectuer un choix entre les deux racines carrées d'un nombre complexe tout en conservant les propriétés fonctionnelles des racines, dont .
  12. En fin de compte, la notation des lignes trigonométriques ne se fixe qu'en 1729 avec Euler ; in (en) Marco Ceccarelli, Symposium on History of Machines and Mechanisms, Springer, 2004, p. 197 (ISBN 1-4020-2203-4), [lire en ligne].
  13. La notion de preuve algébrique s'élabore lentement au cours du XVIIe siècle et Girard, quoiqu'il cherche à expliquer ce théorème n'a pas encore les mots pour le prouver. Article L'algèbre de Viète et de Girard publié par l'Irem de Rennes [lire en ligne].
  14. Remarquable, à ce sujet, l'absence d'article « Girard » dans l'Encyclopédie raisonnée des sciences et des techniques de Diderot et D'Alembert, [lire en ligne] ; toutefois, il apparaît dans l'Encyclopédie ou dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines (vol. 21) mis en forme par Fortuné Barthélemy de Félice et publié chez Yverdon en 1775, p. 576, [lire en ligne].
  15. Quelques démonstrations de ces théorèmes d'arithmétique se trouvent sur le site de l'université de Jussieu [lire en ligne].
  16. La flèche est la partie de diamètre découpée à angle droit par la corde d'un arc et le sinus verse la partie du rayon d'un cercle qui est comprise entre l'arc et le pied du sinus. Ces termes ont subi des altérations dans le temps. Voir Trigonométrie et Georges Maupin, Opinions et curiosités touchant la mathématique (deuxième série) d'après les ouvrages français des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Naud, Paris, 1898, p. 234, télécharger ici.
  17. Les formules de prostaphérèse sont celles du produit des sinus ; apparues au milieu du XVIe siècle, elles remplacent les logarithmes et servent à l'époque à multiplier de grands nombres in Brian Borchers, Prosthaphaeresis [lire en ligne].
  18. Le lecteur trouvera quelques explications supplémentaires sur le site du Palais de la découverte
  19. Évoquant ce théorème, Henri Lebesgue écrit : « Il est un peu triste de constater que des jeunes gens ayant terminé le cycle des études leur conférant les grades nécessaires pour enseigner dans les classes secondaires puissent ne jamais avoir entendu parler du magnifique théorème d'Albert Girard. Quand on le leur fait connaître, ils sont toujours émerveillés de la beauté du résultat et stupéfaits qu'on ne leur ait pas parlé plus tôt d'une propriété indispensable pour bien comprendre le postulat d'Euclide. » in Henri Lebesgue, « Sur la mesure des grandeurs », L'Enseignement Mathématique, vol. 33, 1934, [lire en ligne].
  20. Les Porismes d'Euclide formaient trois livres de propositions ; ils nous sont parvenus au travers des écrits de Pappus d'Alexandrie. De nombreux auteurs modernes ont tenté de les restaurer, dont Albert Girard, Robert Simson et Michel Chasles. Ces trois livres faisaient partie, avec ceux d'Apollonios de Perge, des « Trésors de l'Analyse » des Anciens. Michel Chasles, Les Trois livres de porismes d'Euclide, Mallet-Bachelier, 1860 [lire en ligne].
  21. Il en a effectivement restitué une partie dans ses Tables des sinus, tangentes et secantes, avec un traicté succinct de la Trigonométrie tant des triangles plans, que sphéricques.
  22. Girard réitère l'affirmation selon laquelle il a déjà restauré ces Porismes à la suite d'une proposition relative au centre de gravité du triangle.
  23. Paul Émile Breton de Champ, Michel Chasles, Question des Porismes : notice sur les débats de priorité, éd. veuve Bouchard-Huzard, 1865 [lire en ligne]. Le même Paul Émile Breton dénonce la supercherie de Lucas Vrain (à lire sur les éditions de la BNF).
  24. Paul Davalan offre un site de calcul pour les fractions continues
  25. Cette erreur sera reprise par Cornelis de Waard dans ses éditions de la correspondance du père minime, selon l'article de Jean Itard, « Correspondance du P. Marin Mersenne, religieux minime : tables et index cumulatif des tomes I à X (années 1617-1641) », Revue d'histoire des sciences, 1974, vol. 27, n° 1, p. 91-92, [lire en ligne].
  26. Georges Maupin, de Rennes, se fait connaître très tôt par une intervention dans les Nouvelles annales mathématiques alors qu'il n'est qu'encore élève de spéciale (1887, [lire en ligne]). Licencié es sciences mathématiques [lire en ligne]), il est nommé professeur à Rennes. Ami d'Édouard Lucas et de Henri Auguste Delannoy ([lire en ligne]), il est nommé au lycée de Saintes, puis au collège d'Issoire. Membre actif de l'AFAS, il publie de 1892 à 1903 plusieurs livres de curiosités mathématiques ainsi que des travaux probabilistes, une critique de d'Alembert, et des livres à vocations pédagogiques.

Références

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  1. a b c d e f et g Article du R. P. Henri Bosmans, La théorie des équations dans l'invention nouvelle en l'algèbre de Girard, 1923, [lire en ligne].
  2. a et b (en) David Scott Richeson, Euler's gem: the polyhedron formula and the birth of topology, Princeton University Press, 2008, p. 91-98 [lire en ligne].
  3. À propos des recherches du pasteur Henri Dannreuther, Le Mathématicien Albert Girard de Saint-Mihiel, 1595-1633, in Société de l'histoire du protestantisme français (France), Bulletin historique et littéraire, volume 43, année 1894, p. 335.
  4. a et b (nl) Nieuw Nederlandsch Biografisch Woordenboek [lire en ligne].
  5. D.J.Korteweg, « Descartes et les manuscrits de Snellius d'après quelques documents nouveaux » in Nieuw archief voor wiskunde, volume 1 à 3, 1895 republié chez Weytingh & Brave, 1969 p. 65.
  6. D'après Cornelis de Waard et Richard S. Westfall, Biographie d'Albert Girard, Projet Gallileo, [lire en ligne].
  7. Girard fait baptiser sa fille Marie en l'église Saint-Pierre : (nl) Nieuw Nederlandsch Biografisch Woordenboek, [lire en ligne].
  8. Article de Christian Houzel extrait d'un article de La Recherche, novembre 1995, disponible sur e-doc Mathématiques.
  9. Girard partage cette croyance avec Galilée. Il faut attendre Joachim Jung et Huyguens pour que la différence entre les deux courbes soit clairement établie. Voir (en) « Catenary or funicular curve », sur mathcurve.com.
  10. a b et c Irem de l'université de Rennes, Équations du troisième et du second degré, Viète et Girard, chap. 12, [lire en ligne].
  11. Gustave Cohen, Écrivains français en Hollande, p. 341 [lire en ligne].
  12. Sylvain Van de Weyer, Simon Stevin et M. Dumortier ; lettre à messieurs de l'Academie des sciences, 1845 p. 100 [lire en ligne].
  13. Catherine Secrétan, Pim den Boer, De la vie civile, 1590, ENS Editions, 2005 (ISBN 2-84788-047-X) p. 131 [lire en ligne]. Le R.P. Henri Bosmans juge que sa traduction conserve une marge d'approximation, quoique très fidèle eu égard aux habitudes de l'époque.
  14. Article de Piet Lombaerde, Notice bibliographique, [lire en ligne].
  15. Ernest Rousseau, Histoire des sciences physiques,mathématiques et naturelles, in Patria Belgica, p. 172, [lire en ligne].
  16. C. de Waard, Journal tenu par Isaac Beeckman de 1604 à 1634, p. 153, [lire en ligne]. Dans une lettre de Gassendi à Peiresc du 21 juillet 1629, ce dernier précise qu'il s'agit de Mr de Fresne Canaye ; sans doute un parent de l'ambassadeur d'Henri IV.
  17. (en) Rienk Vermij, Part II : The challenge to philosophy : The Calvinist Copernicans sur le site Knaw.nl de l'Académie royale de Hollande, [lire en ligne].
  18. Georges Maupin, Opinions et curiosités touchant la mathématique (deuxième série) d'après les ouvrages français des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Naud, Paris, 1898 p. 246-247, Télécharger ici.
  19. Georges Maupin, Opinions et curiosités touchant la mathématique (deuxième série) d'après les ouvrages français des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Naud, Paris, 1898, p. 173, télécharger ici.
  20. a b c et d Joseph François Michaud et Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, vol. 16, chez Madame C. Desplaces, 1856, p. 521 [lire en ligne].
  21. R. Pastiels, « Les Émissions lumineuses du Ciel nocturne », Ciel et Terre, vol. 69, p. 277, [lire en ligne].
  22. Georges Maupin, Opinions et curiosités touchant la mathématique (deuxième série) d'après les ouvrages français des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Naud, Paris, 1898, p. 170, télécharger ici.
  23. (en) D. J. Struik, Source Book in Mathematics, 1200-1800, p. 8 et seq., [lire en ligne].
  24. Frédéric Ritter, Étude sur la vie du mathématicien François Viète (1540-1603), son temps et son œuvre, t. I, [lire en ligne]. Elles sont disponibles sous forme de microfilm (87Mi/1) auprès du CARAN.
  25. Article du R. P. Henri Bosmans, Le mathématicien belge Simon Stevin, p. 18, [lire en ligne]. Bosmans affirme que l'ouvrage publié par Alexander Anderson en 1615 comporte des erreurs de signes.
  26. a et b Jean-Étienne Montucla, Histoire des mathématiques: dans laquelle on rend compte de leurs progrès, volume 1, 1758, à Paris chez Antoine Jombert, p. 495, [lire en ligne].
  27. A.-S. de Montferrier, Dictionnaire des sciences mathématiques, pures et appliquées, Dénain et Delamare, 1835, p. 47, [lire en ligne].
  28. a b et c R. P. Henri Bosmans, « Albert Girard et Viète ; à propos de la théorie de la « syncrèse » de ce dernier », Annales de la société scientifique de Bruxelles, [lire en ligne].
  29. (en) Charles Hutton, « Albert Girard », dans Algebra, Mathematical and Philosophical Dictionary, J. Johnson, Londres, 1796, p. 93 et 100-101, [lire en ligne].
  30. Florian Cajori, Histoire des notations mathématiques, vol. 1, réimpr. Cosimo, 2007 (ISBN 1-60206-684-1), p. 158 et 380 [lire en ligne].
  31. A. Girard, Invention nouvelle en l'algèbre, p. 41, [lire en ligne].
  32. (en) F. Cajori, A History of mathematical notations vol. 1, Cosimo, New York, 2007, p. 159 et 372 (ISBN 1-60206-684-1), [lire en ligne].
  33. (en) F. Cajori, A History of mathematical notations, vol. 1, Cosimo, New York, 2007, p. 159 (ISBN 1-60206-684-1) [lire en ligne].
  34. (en) Florian Cajori, A History of mathematical notations, vol. 1, Cosimo, New York, 2007, p. 160 (ISBN 1-60206-684-1) [lire en ligne].
  35. Sa nomenclature algébrique est parfois très originale ; voir l'étude sur les notations de Girard disponible ici sur une page de Institut für Theoretische Physik (Karlsruhe Institute of Technology).
  36. Catherine Secrétan et Pim den Boer, De la vie civile, 1590, p. 162 [lire en ligne].
  37. Dominique Descotes, Blaise Pascal, littérature et géométrie, Presses Univ. Blaise Pascal, 2001, p. 64 (ISBN 2-84516-173-5) [lire en ligne].
  38. A. Girard, Invention nouvelle en l'algèbre, p. 37 [lire en ligne].
  39. Michel Serfati et Dominique Descotes, Mathématiciens français du XVIIe siècle, Presses Univ. Blaise Pascal, 2008, p. 164 (ISBN 2-84516-354-1) [lire en ligne].
  40. « enveloppé » est à prendre au sens étymologique, aujourd'hui désuet, proche d'inexplicable ; Descartes, lecteur de Girard, s'oppose à lui sur ces dénominations, ne souhaitant pas d'« inexplicable » dans ses mathématiques, et préfèrera en 1637 appeler ces nombres « imaginaires », cf. René Descartes Règles utiles et claires pour la direction de l'esprit en la recherche de la vérité, traduction du latin par Jean-Luc Marion (avec annotations de celui-ci et de Pierre Costabel), Springer, 1977 (ISBN 90-247-1907-0), note 28 de Pierre Costabel p. 354 [lire en ligne]. Voir également « Histoire des nombres complexes ».
  41. A. Girard, Invention nouvelle en algèbre p. 40, Jassons Blauew, 1629 [lire en ligne].
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  43. (de) Johannes Tropfke, Geschichte Der Elementar-Mathematik in Systematischer Darstellung, vol. 5 à 6, p. 135, 308, 325, 330 (ISBN 1-113-08570-3) [lire en ligne].
  44. Samuel Marolois, Œuvres mathématicques traictant de la géométrie et fortification, réduictes en meilleur ordre, et corrigées d'un nombre infiny de fautes escoulées aux impressions précédentes, 1628, p. 158 et seq., [lire en ligne].
  45. A. Girard, Invention nouvelle en l'algèbre, Jansons, 1629, p. 38, [lire en ligne].
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  47. R.P. Henri Bosmans, La trigonométrie de Girard sur le site de l'ULB, p. 337-340, [lire en ligne].
  48. R.P. Henri Bosmans, La trigonométrie de Girard sur le site de l'ULB, p. 342 et seq., [lire en ligne].
  49. a et b Michel Chasles, Aperçu historique sur l'origine et le développement des méthodes en géométrie ; particulièrement de celles qui se rapportent à la géométrie moderne, suivi d'un mémoire de géométrie sur deux principes généraux de la science, la dualité et l'homographie, M. Hayez, 1837, p. 546 [lire en ligne].
  50. R.P. Henri Bosmans, La trigonométrie de Girard sur le site de l'ULB, p. 345 et seq., [lire en ligne].
  51. O. Terquem, Nouveau manuel de géométrie, Librairie encyclopédique de Roret, 1838, p. 451, [lire en ligne].
  52. A. Girard, Invention nouvelle en l'algèbre, Jan Jansens Blauew, 1629, p. 19, aperçu sur Google Livres.
  53. Georges Maupin, Opinions et curiosités touchant la mathématique (deuxième série) d'après les ouvrages français des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Naud, Paris, 1898 p. 170, télécharger ici.
  54. Œuvres de Lagrange Pièces diverses non comprises dans le recueil académique publiées chez Gauthier-Villars en 1877, p. 337.
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  56. Marie, Maximilien, Histoire des sciences mathématiques et physiques (1883), Gauthier Villars, Paris, p. 205-206, [lire en ligne].
  57. Une analyse de la démonstration de ce théorème par Girard est donnée par (en) Boris A. Rosenfeld, A History of Non-Euclidean Geometry, Springer, 1988 (ISBN 0-387-96458-4), p. 27, [lire en ligne].
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  62. (en) Harold Davenport, The Higher Arithmetic: An Introduction to the Theory of Numbers, Cambridge University Press, 1999 (ISBN 0-521-63446-6), p. 115 sur Google Livres.
  63. (en) K. R. Chowdhary, Fundamentals of Discrete Mathematical Structures, PHI Learning (ISBN 81-203-3332-2), [lire en ligne] : « Fermat proved a speculation of Albert Girard that every prime number of the form 4n + 1 can be written in a unique way as the sum of two squares. »
  64. E421.
  65. (en) Leonard Eugene Dickson, History of the Theory of Numbers (en) [détail des éditions], vol. 2, p. 228 sur Google Livres.
  66. Robert Simson, « Une explication d'un passage obscur d'Albert Girard », Royal Society de Londres[réf. incomplète], 1753, no 48, p. 368-376, remarque le premier ce fait.
  67. Edouard Lucas, « Recherche sur divers ouvrages de Leonard de Pise » (1877), cité par Robert Halleux, Kepler ou l'étrenne ou la neige sexangulaire, Vrin, 2002 (ISBN 2-7116-0443-8), p. 98, [lire en ligne].
  68. (en) John Emery Murdoch et Edith Dudley Sylla, The Cultural Context of Medieval Learning, Springer, 1975, p. 475 (ISBN 90-277-0587-9) [lire en ligne].
  69. Georges Maupin, Opinions et curiosités touchant la mathématique (deuxième série) d'après les ouvrages français des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles (Albert Girard tire parti des fractions continues), Naud, Paris, 1898, p. 203-209, télécharger ici.
  70. Leonard Eugene Dickson, Diophantine analysis, réedition AMS Bookstore, 1999, p. 356 (ISBN 0-8218-1935-6).
  71. Les œuvres mathématiques de Simon Stevin de Bruges : Ou sont inserées les mémoires mathématiqves, esquelles s'est exercé le Tres-haut & Tres-illustre Prince Maurice de Nassau publié à Leyde chez Elsevier, en 1634 [lire en ligne].
  72. Georges Maupin, Opinions et curiosités touchant la mathématique (deuxième série) d'après les ouvrages français des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Naud, Paris, 1898, p. 268-269, télécharger ici.
  73. Émile Jalley, La guerre de la psychanalyse : Hier, aujourd'hui, demain, L’Harmattan, 2008 (ISBN 2-296-06774-3), p. 251, [lire en ligne].
  74. Léon Brunschvicg, Œuvres de Blaise Pascal, publićes suivant l'ordre chronologique, avec documents complémentaires, introductions et notes, Volume 9, Hachette, 1914
  75. Jean-François Niceron, La perspective curieuse du révérend P. Niceron minime, divisée en quatre livres ; avec l'optique et la catoptrique du R. P. Mersenne mise en lumière apres la mort de l'auteur, chez la veuve Langlois, dit Chartres, 1652, p. 104, [lire en ligne].
  76. Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, t. XIII, 1820 (1re éd. 1730), p. 493, [lire en ligne].
  77. (en) William Trail, Account of the Life and Writings of Robert Simson, G. et W. Nicol, 1812, p. 29, [lire en ligne].
  78. J.-É. Montucla, Histoire des mathématiques : dans laquelle on rend compte de leurs progrès, vol. 1, 1758, Paris, Antoine Jombert, p. xxxii, [lire en ligne].
  79. Fortunato Bartolomeo De Felice, Dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines, mis en ordre par M. de Felice, vol. 21, Yverdon, 1773, p. 576, [lire en ligne].
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  81. M. Chasles, Mémoires couronnés par l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles, vol. 11, 1837, p. 263, 440 et 546 [lire en ligne].
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  83. Antonie Abraham Vorsterman Van Oijen (1845-1912) publie cette thèse dans le Bullettino di bibliografia édité par Baldassare Boncompagni, tome III, Rome, 1870 p. 360, cité par Edouard Lucas, Recherche sur Leonard de Pise, [lire en ligne].
  84. Ernest Rousseau, Histoire des sciences physiques,mathématiques et naturelles, in Patria Belgica, p. 173, [lire en ligne].
  85. Paul Tannery, « Albert Girard de Saint-Mihiel », Bulletin des sciences mathematiques et astronomiques, 2e série, 7, 1883.
  86. Henri Lebesgue, article « Sur la mesure des grandeurs », L'Enseignement Mathématique, vol. 33, 1934, [lire en ligne].
  87. (en) M. S. Maloney, The early theory of equations ; on their nature and constitution: translations of three treatises by Viete, Girard, and De Beaune, Golden Hind Press, 1986.
  88. Théodore Lecomte, « L'histoire des mathématiques dans l'enseignement d'Henri Lebesgue », L'enseignement mathématiques, vol. 2, 1956, [lire en ligne], affirme que Henri Lebesgue conseille à Jean Itard de s'y atteler dès 1932.
  89. Jean-Pierre Le Goff et Jacky Sip, « L'Invention Nouvelle en l'Algèbre d'Albert Girard (1629) » in Actes du XIIe colloque inter-IREM d'Épistémologie et d'Histoire des Mathématiques, Douai, 14-16 mai 1998. Pré-publication de l'IREM de Basse-Normandie.
  90. Stella Baruk, Quelles mathématiques pour l'école ?, Odile Jacob, 2004 (ISBN 2-7381-1376-1), [lire en ligne].

Bibliographie

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Liens externes

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